L'auteur Mohamed Sari nous invite à une grande virée en Algérie en sondant la société algérienne avec toutes les mutations sociologiques et économico-politiques à travers son nouveau roman au coquet titre Pluies d'or paru aux éditions Chihab .
Le romancier fait une introspection de la société algérienne avec les nouvelles valeurs et les marqueurs qui la balisent. Cette nouvelle société qui s'érige renvoie à de nouvelles notions héritées de temps anciens et importées. A travers l'histoire de M'barek le cheikh fécondateur de femmes stériles, du moudjahid Amar kerrouche, de Neila, victime d'un viol colonial, c'est toute l'histoire de l'Algérie qui est décrite en détail.
Il axe sur les problèmes qui la minent, notamment chômage, jeunesse en mal d'être, islamisme, pauvreté, illettrisme et charlatanisme. Mohamed Sari fait une longue diatribe de la société. Il raille et fait un pamphlet de cet ouvrage qui montre une société déliquescente. Pluies d'or met en valeur l'histoire de ce village, Aïn karma, dans le pays profond où la jeunesse se meurt d'ennui, de chômage et où les idées rétrogrades de la bannière verte font des ravages. El Mehdi, fils de cheikh M'barek, qui veut changer le monde trop délétère et plein de luxure, s'autoproclame imam prédicateur à l'image de ibn Tumert. Il commet des actes réprouvables en tabassant les adeptes de luxure, d'adultère et de vapeurs éthyliques. Il n'hésite pas à brûler les maisons de tous les prétendus mécréants. Ce roman couleur locale, truculent, au ton plein de fureur et de violence, nous introduit dans cette bourgade léthargique qui semble hors du temps. Mohamed Sari plonge le lecteur dans cet univers sombre, sordide et offensif où les nouveaux prêcheurs font la loi selon leurs propres systèmes de valeurs complètement à l'opposé de la religion et de ces propos sensés d'un des personnages de ce roman pathétique : «Allah seul possède le pouvoir de convertir ses serviteurs égarés. Les musulmans doivent se contenter de prêcher sa parole par la sagesse et la bonne morale, dialoguer avec les dénégateurs en montrant le bon côté de la religion. Et l'homme doit déclarer son acte de foi et embrasser l'Islam librement sans contrainte. Ce que vous faites est contraire aux préceptes du Coran. Vous êtes des assassins et non des prédicateurs Vous serez les premiers à être brûlés par les feux de la géhenne».
Les valeurs ancestrales
Dans ce livre, l'auteur met en relief, en opposition, un Islam synonyme de bonté, de tolérance et d'amour et la nouvelle religion de ces jeunes zélés qui veulent un autre monde taillé à leurs aspirations. Bien structuré, ce récit pittoresque renvoie à une période passée que l'on ne peut que déplorer. Il évoque encore les stigmates de cette époque révolue mais encore présente par certains aspects. Cette satire sociale empreinte de railleries et de cynisme interpelle notre identité et nos valeurs ancestrales. L'auteur qui est professeur à l'université d'Alger est bilingue, traducteur et romancier. Avec doigté et sagacité, il a su évoquer un pan de notre histoire avec ses zones d'ombre.
Posté Le : 11/11/2016
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Kheira A.
Source : http://www.letempsdz.com/