Tindouf - Patrimoine Culturel

Les mille et une merveilles de Tindouf



Les mille et une merveilles de Tindouf
A l’est comme à l’ouest, au nord comme au sud de la ville de Tindouf, c’est la découverte, l’étonnement. Un monde jamais soupçonné dans cette immensité de 158 000 km2, traversée du nord au sud par une route de 457 km et sillonnée par 685 km de pistes. Des sites témoins d’une civilisation millénaire. Des fragments de poterie de la période paléolithique à Laqsibat, à 120 km du chef-lieu, des empreintes à El-Henk, distant de 500 km, des tombes de formes arrondies à Séfiat près de Ghar Djebilet à 300 km, des fossiles d’animaux et de végétaux de la fin du 3e âge géologique à Oum Laâksa à 60 km, des gravures rupestres à Laouinet, à 350 km et à Kebch Eddeheb aux environs de Oum El Assel. Les plateaux de Oum Touabaâ, situés à 190 km, se caractérisent par leurs roches noires qui recèlent des empreintes, des fossiles marins et des gravures remontant à la période libyco-berbère, sans compter des pointes de flèches éparpillées sur de larges surfaces. «Des trésors ignorés qui ont, durant des années, fait l’objet de pillage», nous dit-on. Un cratère météorique à Djebel Ouarkziz. Dans la région de Tafgoumt, à 190 km, les ruines du fort portugais datant de l’ère médiévale. La région de Lakhal, à la limite sud-est de la wilaya, recèle à elle seule une vingtaine de stations de gravures rupestres, des tombes géantes, des tumulus, des menhirs, des mégalithes. Toute une histoire millénaire méconnue, jamais ou fort peu interrogée. «La région n’a pas encore fait l’objet d’études archéologiques», affirme-t-on.

Les merveilles de la nature

La nature, pour sa part, ne semble pas avoir lésiné pour doter la région de paysages à facettes multiples. Un lac naturel où abondent des espèces de poissons fort rares, comme celle de Tafgoumt, au milieu d’un plateau rocheux. Un spectacle verdoyant tout autour, pas très loin de Daïa El Khadra. De l’eau qui ruisselle de la voûte des grottes à El Qatatir, d’où l’appellation du lieu. On oublie qu’on est dans le désert ! Ici, à 350 km au nord -ouest de la ville de Tindouf, l’image qu’on se fait du Sahara est complètement faussée. «Le ciel d’El Qatatir est très souvent couvert de nuages», nous révèle-t-on. A Aouinet Belgraâ, des falaises abruptes séparent de quelque dizaines de mètres deux milieux naturels très contrastés et des grottes géantes qui gardent encore tout leur mystère. Lieux de recueillement ! Moments de méditation intense ! Un trésor naturel à l’état brut, jusqu’à présent inexploité. En parallèle, le désert s’impose dans toute sa splendeur mais aussi dans sa caractéristique propre à cette partie du Sahara algérien. Là aussi, l’envoûtement ! La variante «hamadas-ergs», de vastes plateaux de pierres entrecoupés de dunes de sable, rompt la monotonie du perpétuel paysage du désert et suscite la contemplation. Plusieurs oueds sont repérables de loin à forte concentration d’acacia (le talh) qui longe leurs lits asséchés. Des oueds qui se déchaînent lors des rares précipitations pour aller se déverser dans la sebkha au nord-est de la ville de Tindouf. Gisement de sel encore exploité traditionnellement par quelques nomades. Et surtout, un autre pan de l’histoire de la région qui était le carrefour des caravanes ralliant le Maroc, la Mauritanie et le Mali.

La légendaire route du sel

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On évoque la «route du sel», des centaines de kilomètres de pistes avec leurs points d’eau. Un parcours que compte revaloriser justement le secteur du tourisme. «L’organisation de rallyes sur ce parcours permettra certainement de créer l’attraction touristique qui fait défaut à la wilaya», confie le directeur du tourisme qui lance, à l’occasion, un appel à la fédération des sports mécaniques. «Il y a quelques années, l’agence de tourisme Safari et Touring Club avaient exploité cette route légendaire», ajoute-t-il, comme pour confirmer la faisabilité de ce type de compétition, à l’intention des opérateurs.
Située à environ 300 km à vol d’oiseau de l’océan Atlantique, la région de Tindouf se distingue nettement des autres régions sahariennes. «Tindouf dispose d’un micro-climat très caractéristique», explique un technicien de la météo. Située dans un couloir balayé par les vents chauds du sud-est, elle est aussi sous l’influence des vents marins arrivant de l’ouest qui font chuter les températures même à l’approche de la saison des grandes chaleurs. La brise marine est parfois tellement forte qu’on a l’impression d’être tout près du littoral.

Monuments et manuscrits séculaires

La ville, fondée au XVIe siècle (XXe de l’Hégire), recèle des monuments historiques, dont certains abritent des bibliothèques contenant de nombreux scripts et des documents historiques d’une inestimable valeur. La zaouïa de sidi Belamèche, à haï Moussani, le vieux quartier avec la première mosquée érigée dans la région, dispose d’une bibliothèque où sont conservés 600 manuscrits. «Douiret Ahl El Abd», de style islamique mourabitine, à haï Rmadine, dispose aussi de manuscrits et d’anciens documents.
On apprendra que la zaouïa a été inscrite, en 1998, patrimoine national et que le dossier du deuxième monument est à l’étude. Un autre vestige historique, «Dar Edimani El Wasri», maison en toub carrée, à haï Ksabi, qui est presque totalement en ruines, nécessite au plus vite une restauration, si l’on veut préserver cette trace pour une histoire qui reste à écrire.

Tindouf boudée par les touristes

La diversité de ce patrimoine et les différentes formes de tourisme qu’offre la wilaya n’attirent, malheureusement, pas le touriste. Un manque à gagner considérable pour une wilaya qui ne dispose pas d’autres ressources génératrices de richesse. «C’est un musée dans l’oubli», déplore le responsable du secteur, en précisant que sa direction se retrouve seule impliquée dans la bataille de valorisation de ce patrimoine. Absence de culture touristique dans la société mais aussi indifférence des élus. «La promotion du tourisme incombe à tous et notamment aux collectivités locales», rappelle-t-il, en nous informant que la région sera classée site naturel. «Nous sommes parvenus tout de même à attirer l’attention sur la région qui est en cours de classement comme parc naturel protégé. L’office national du parc de Tindouf est indispensable pour préserver ce riche patrimoine», explique-t-il. Les «maouassime» du Mouloud Ennabaoui, de Sidi Belamèche, de Sid Ahmed Reguibi et, tout récemment celui de Tifeksi à Oum El Assel, ainsi que d’autres manifestations culturelles organisées ces toutes dernières années ont contribué, un tant soit peu, à sortir la ville de l’anonymat, mais beaucoup reste à faire. Très peu d’infrastructures d’accueil : trois hôtels, et presque pas de «vrai» restaurant malgré le nombre très important de restaurateurs qui versent plutôt dans la gargote. Sur ce plan, également, Tindouf demeure inexploitée. Un terrain vierge qui pourrait se transformer en filon d’or.
On y trouve une seule agence touristique qui fait dans la billetterie, faute de touristes dans une région disposant d’atouts pouvant répondre à toutes les attentes. «Avec l’annulation, dans les années soixante dix, de la foire internationale du Moghar, Tindouf a beaucoup perdu et on souhaiterait que cette manifestation soit relancée au moins à l’échelle nationale, pour nous permettre de promouvoir le tourisme local», déclarera le directeur du tourisme, qui considère le tourisme dans la région comme une alternative de développement. En plus de toutes ses richesses naturelles et archéologiques, la région a ses traditions spécifiques, son artisanat et sa spécialité culinaire. Avec toutes ses richesses, Tindouf demeure une région à faible destination touristique. «Pourtant, affirme le directeur du tourisme Dahane Malem, elle offre toutes les formes de tourisme : de plaisance, d’aventure, sports, mais aussi culturel, cultuel et scientifique».




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