Tiaret - 02- Origines

HISTOIRE ET PATRIMOINE DE LA REGION DE TIARET : Tribus des kraïches



HISTOIRE ET PATRIMOINE DE LA REGION DE TIARET : Tribus des kraïches
Les KraÎches, tribus du Nord de Tiaret sur les flancs sud ouest du majestueux Ouarchenis et à l’instar des autres tribus de la région avec lesquelles ils forment l’unité socioculturelle de Tiaret, cherchent à chaque occasion de se remarquer en manifestant certaines spécificités tribales surtout dans les waâdates.


La waâda annuelle des « kraïches « ou des « Rjels Meghila » est un cérémonial propice pour étaler leurs vertus (le couscous, le baroud, la fantasia, les chants folkloriques, les récits du saint Coran etc…). Les kraïches, initialement implantées dans le nord de la wilaya de Tiaret, occupant les espaces des communes de Sebt (ex-Raouraoua), Meghila (ex-Keria) et Maâsam dans la wilaya de Tissemsilt, mais leur présence humaine est aussi observée dans les communes avoisinantes notamment à Sid –Hosni, Dahmouni, Oued-Lili, et surtout au chef-lieu Tiaret. Les kraïches est une fraction des Hilaliens, les Bani-Ameur qui ont parcouru et habité les espaces géographiques et participé à toutes les dynamiques qu’a connues l’ouest algérien depuis au moins la première moitié du 8è siècle de l’hégire. Dans la lignée généalogique, les Kraïches sont des descendants à partir de leur grand père Kraïch Ben Abad, Ibn Manie, Ibn Yacoub, Ibn Ameur, Ibn Zaghba , bn Nahiq , Ibn Hillal, Ibn Ameur (1) . Leur installation dans la région s’est faite après la conquête de la région du Sersou-Ouarsenis par Abou Hamou Moussa Ezziani vers les débuts du 8è siècle (2) dont les Kraïches formaient les troupes de son armée. Les recoupements et traces anthropologiques sont des indices nombreux dans la région montrant l’alliance des kraïches avec les zianides et le contrôle de ces derniers de la région. Parmi ces indices la localité de Ammi Moussa , autrefois Kasr Abi Hamou Moussa, le dejebel culminant en position défensive de » Sidi Hamou », situé entre les territoires des communes de Sebt et Mallaab, point de contrôle des accès de la partie ouest de l’Ouarsenis. Le lieu dit « Khandaq Youcef » dans la commune de Sebt, lieu de la bataille livrée par Youcef Ibn Abou Hamou Moussa en l’an 777 de hégire (3). En matière archéologique, le lieu dit « Kherbet Eziayna » dans la commune de Meghila recèle des vestiges appartenant aux Zianides. L’histoire de la région est plus que millénaire puisqu’elle présente des traces imposantes de la préhistoire, matérialisées par les vestiges encore présentes des Ibéromaurusiens dont le type physique assez bien connu à la découverte de l’homme de « Mechta Larbi » avait pour domaine la région de Sid Hosni à un jet de pierre d’un site abritant des dolmens. Aussi la région a connu la présence des romains d’où les ruines de garnisons érigées pour contrôler les routes commerciales dans le Maghreb central, nous citons « Qalaât el Gattar » dans la commune de Meghila , « Kherbat des Aoiusset » dans la commune de Dahmouni à la limite de Sid Hosni et « Kherba » à Sebt.
La région a connu aussi l’influence des états musulmans consécutifs notamment les Rostoumides ; les Zirides et les Hamdadites. A cette époque, en l’an 406 de l’hégire, Hamad Ibnou Belkine livrât une bataille aux rives de l’Oued Mina où il fut défait pour se retirer et trouver refuge dans la « Qalaâ de Meghila » au nord de Tiaret où il y resta deux années avant de rejoindre la Qalaâ des Beni Hamad.
Les Zianides et leur alliance avec les tribus locales pour le contrôle de l’Ouarsenis. A l’époque ottomane la région devint très connue en abritant le plus grand marché du beylik de l’ouest (Souk ellouha), surtout l’époque où Oran était sous l’occupation espagnole, les caravanes faisaient mouvement sur le souk à partir des contrées lointaines dont nous citons les Chaâmba, les Saïd Otba, les Mekhadma, les Larbaâ, les Ouled Yacoub, et les Zerrara.
Les tribus de la région échappaient déjà au contrôle et l’autorité turque « tribus indépendantes » (6). Durant l’occupation coloniale, la région a connu toutes les insurrections et révolutions armées contre l’occupant, notamment celle de l’Emir Abdelkader qui disposait d’une importante armée dans la région formée des tribus dont les kraïches fournirent 200 cavaliers et 400 fantassins sous le commandement de Ould Kaddour Laâma membre influent dans la région tout comme Cheikk Boumaâza qui activait dans cette partie de Tiaret. La waâda des kraiches, est programmée le 02 juin de chaque année et c’est l’occasion d’acquérir l’histoire comme écrivait Ibn Khaldoun » l’acquisition de l’histoire est sous-traitée même du vulgaire et des gens désœuvrés ; elle est recherchée à l’envie par les rois et les grands et appréciée autant par les hommes instruits que par les ignorants ».

KASMI Abdelhadi, Enseignant-chercheur, université Ibn Khald


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