Tiaret - Ain Kermes


Appel d'un Mahgour


Je m’appelle Boumediene Benchohra, fils d’une famille d’agriculteurs d’Ain Kermès dans la Wilaya de Tiaret.

Ma famille y possède une terre agricole d’une centaine d’hectares.

Jeune j’ ai voulu voyager et me suis installé en France dans la région de Nîmes dans le Sud de la France…

Je m’y suis marié, j’y ai fondé une famille, trouvé un emploi prometteur, dans le transport et j’y ai construit une belle maison.

Mais mes racines restaient vives, et l'appel lancinant du pays natal n'a cessé de me tarauder. On Ne déracine pas aisément un arbre accroché à sa terre, avec toute la vigueur de ses profondes racines.

A la mort de mon père, Je suis rentré au pays, pour lui dire un dernier adieu.
Et j'ai compris, à ce moment là, encore plus fort que je ne l'avais jamais ressenti, que ma place, et celle de ma famille, était là, sur la terre de mes aïeux. A Ain Kermès sur la terre qui avait accueilli lea sépulture de mon père, de mes ancêtres.

Il faut dire que c'était une belle terre, que celle qui était devenue mienne. Un dépôt sacré, transmis par une longue chaîne d'hommes et de femmes qui l'avaaient travaillée, soignée, qui se levaient tôt pour lui prodiguer leur amour, leur labeur, et leur attachement. Et elle leur avait bien rendu l'amour qu'ils lui avaient donné. Elle les avait nourri de ses fruits. Elle leur avait permis de rester dignes, prospères, à l'abri du besoin. Des siècles durant.
Mais délaissée, depuis quelque temps, par la force des choses, et parce que les paysans ne sont plus encouragés, de quelque façon que ce soit, cette terre généreuse souffrait, et se pleurait d'avoir été abandonnée. Elle m'appela, et je répondis à son appel. Mon père, face à de lourdes charges, n'avait rien pu faire pour elle. Il s'était épuisé à la travailler, à l'entretenir, mais son âge, et le manque de moyens l'ont terrassé.
S'occuper d'une si grande surface, vers la fin de sa vie, était au dessus de ses forces.

Alors, j'ai pris mon courage à deux mains, et une décision grave, pour le père de famille que j'étais. Reprendre l'exploitation ancestrale, lui donner ma sueur, celle de ma famille, mes économies, et tout mon espoir.

J'ai donc rompu les amarres avec la France, ce pays qui m'avait accueilli, j'y ai vendu les biens que je possédais en propre, et je suis venu m'installer, avec toute ma famille sur la ferme paternelle.

J’ai pris une grande décision celle de revenir en Algérie et d‘exploiter cette terre qui pourrait faire profiter les miens, donner du travail aux gens de la région et nourrir des familles …

J ai investi dans un élevage de brebis, quelques vaches, un tracteur, j’ai semé mes terres de blé et planté des oliviers, donné du travail à des gens.

Le point d’eau étant très éloigné, j’ai entrepris de demander aux autorités une demande d aide à l ‘habitation rurale, et une autorisation pour creuse creuser un puits, condition incontournable, pour pouvoir faire prospérer mon exploitation. Des promesses m'ont été faites, depuis plus d'une année. J'attends toujours.

J’ai demandé le raccordement électrique à un poste éloigné de 800 mètres seulement. Cela fait des années que j'attends.

Aucune possibilité donc, d'abreuver convenablement mes bêtes et d'arroser mes terres…

Ruiné par des investissements qui n'ont pas pu être fructifiés, en l'absence des moyens que j'avais sollicités, et que j'attends toujours, je me suis retrouvé au milieu du gué, sans jeu de mots.
Je ne peux plus, ni avancer, ni reculer. Ni faire prospérer une exploitation prometteuse, ni retourner en France.

On dit pourtant, à longueur de discours lénifiants, que l'Etat attache la plus haute importance à l'agriculture, et qu'il tend une main secourable à toutes les bonnes volontés. Des prêts faramineux sont accordés à des gens qui spéculent dans le domaine, et qui n'ont rien à voir avec le paysannat, pendant que des gens comme moi sont livrés à leur propre sort. Pendant que des escrocs et des "investisseurs" raflent la mise, en sommes mirifiques, qu'ils ne remboursent même pas, les vrais paysans, comme moi, passent leur temps entre un bureau et un autre, à remplir des piles de documents, sans autre résultat que de vagues promesses.

C'est dans cet état d'esprit, Monsieur le Président de la République, et parce que je suis réduit à mes dernières extrémités, jusqu'à vendre mon cheptel pour nourrir ma famille, que je vous lance un appel au secours. Aidez-moi, Monsieur le président. Aidez moi à faire revivre ma belle terre, une portion de notre belle Algérie.
Je sais que vous êtes un homme de coeur, et un président sincère et bon, qui aime son pays, et qui sait reconnaître la valeur des hommes de bonne volonté.
Mettez fin, Monsieur le Président, à cette bureaucratie qui m'enfonce dans le désespoir.
Je ne veux pas abandonner ma terre. Je veux pas retourner dans un pays qui n'est pas le mien. Ma terre ne le veut pas. Elle me retient de toute la force qui subsiste en elle.

J’aime ma terre et je ne le résous pas à négliger le dépôt sacré, la "Amana". Ce serait comme si j’abandonnais mes propres enfants.

Je veux revivifier cette terre qui retourne lentement vers la désertification, créer de l’emploi et même exporter une partie de mes produits vers l’Europe. Je peux le faire. J'ai juste besoin d'aide. J'ai juste besoin que mon pays me consente ma part de richesse, pour la faire fructifier, et lui rendre le bien qu'elle m'aura accordé.

Ma femme,mes enfants qui ont toujours vécu en ville, dans le confort moderne. Ils se retrouvent aujourd'hui dans des conditions au moyenâgeuses, dans une maison sans électricité,sans eau,sans aucun confort, aussi sommaire soit-il. Et je n'ai plus de quelconque moyen d'investir, ne serait-ce que pour des conditions de vie décente.

Au nom de tous ceux qui sont morts pour ce pays, pour que nous puissions jouïr du fruit de notre terre, au nom de vos compagnons, morts en chouhadas, je vous appelle à mon secours, Monsieur le Président.

Je sollicite seulement, Monsieur le Président, qu’un responsable prenne mes requêtes en charge. Un raccordement électrique, une autorisation pour creuser un puit et une aide financière.

Qu’ Allah nous facilite nos taches et nous accorde le bien…

BENCHOHRA BOUMEDIENNE
LES HASSINETTES
AIN KERMES LA WILAYA
DE TIARET
EMAIL : benchohraaicha@live.fr


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)