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Algérie (Tiaret) - Des jeunes tentent de redonner vie à une ville privée de jardins



Algérie (Tiaret) -  Des jeunes tentent de redonner vie à une ville privée de jardins


Un enthousiasme débordant d’énergie caractérise ces derniers temps des jeunes de la ville de Tiaret dans leur quête de réhabiliter l’espace vert. Des initiatives ici et là naissent, dans plusieurs quartiers, pour voir s’élaborer des actions visant la réhabilitation d’espaces verts et/ou aires dédiées, théoriquement, à la détente. Initiatives louables que boostent quelques influenceurs locaux sur les réseaux sociaux.

Bien que protégés, en théorie, par les mesures d’urbanisme pour les soustraire à la prédation et la spéculation foncière, les espaces verts ne semblent pas être le dada de certains promoteurs immobiliers et les élus dans les assemblées populaires. Même les architectes et bureaux d’études ne consacrent pas ou peu d’intérêt dans leurs plans à l’espace vert.

Une spéculation effrénée nourrie au nom de l’investissement via les promotions immobilières et/ou extensions d’habitations sous des prétextes fallacieux a jusque-là caractérisé la donne. Parler des jardins à Tiaret c’est incontestablement évoquer un état des lieux lamentable qui ne cadre pas avec les objectifs du développement dans la ville et a fortiori au lendemain de la création par arrêté du wali de «l’EPIC Tiaret-Nadhafa» le 26 mars 2018.

La création de cette entité publique dotée initialement d’une rondelette enveloppe de 900 millions de dinars n’a pas valu à la région et notamment au chef-lieu de wilaya un cadre de vie autrement plus avenant, voire attractif en matière de verdissement.

A «Tiaret-Nadhafa» ont été assignées des missions de sauvegarde de l’hygiène, le verdissement ainsi que l’éclairage public mais dans la réalité, cette entité consacre son travail fondamentalement aux enlèvements des déchets ménagers.

La non-externalisation de certaines activités par l’Assemblée populaire communale n’a pas été en plus un atout dans la donne environnementale où l’on constate plutôt un chevauchement terrible dans les attributions.

En plus de «Tiaret Nadhafa», l’EPIC des centres d’enfouissement technique ainsi que le service de nettoiement de l’APC viennent à la rescousse. Dans le fond et en dehors de la problématique de l’enlèvement des déchets ménagers, les espace verts et jardins n’ont pas eu leurs parts de préoccupation bien qu’en annonce, les autorités tablent sur la réalisation d’un grand jardin citadin.

Un projet dont on entend parler depuis l’avènement du wali Bentouati repris par Ali Bouguerra et dont on craint qu’il ne subisse le sort de cet autre projet utopique mort-né d’aquaparc. La situation ainsi présente exaspère le citoyen lambda et pour s’en convaincre il n’y a qu’à parcourir les réseaux sociaux où l’on décrit Tiaret comme «une ville où son passé est mieux que son présent».

C’est relatif et pas toujours vrai, globalement, mais des signes de décrépitude, voire d’anéantissement des rares espaces verts au nom de l’urbanisation accentuent le malaise perceptible dans une ville mégalopole qui frôle les 500.000 habitants. Cadre de vie rime aussi et surtout avec espaces verts et grands aménagements si ce n’est une profonde restructuration du tissu urbain.

Tiaret, doublement capitale de l’Etat algérien moderne sous l’Emir Abdelkader Ibn Mohieddine et celle de la dynastie rostémide perd de son lustre. Conséquence de politiques locales inefficaces si ce n’est de par des complicités liées à l’urbanisation anarchique au détriment de l’espace vert. Un dernier indice relevé dans un précédent RGPH dit que la wilaya ne dispose dans son vaste territoire, de plus de 20.000 km2, que de 7% de couvert végétal.

C’est quoi un jardin au sens de la loi en Algérie d’abord ? La loi 03-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable reste un cadre légal mais si l’on se fie à des explications fournies par certaines sources «un jardin est un espace aménagé que gère et entretient la collectivité, entendre l’Assemblée populaire communale, pour le dédier à usage du public, à titre gracieux, pour les besoins du repos, les promenades et accessoirement pour les loisirs».

«Protégés ainsi par les mesures d’urbanisme que sont le PDAU et le POS, un jardin ou un espace vert ne sauraient faire l’objet de convoitises, détournement de leur vocation ou a fortiori leur cession.»

Certains, dont des responsables avec lesquels on a conversé, l’argument de la rentabilité des lieux voire pour soustraire jardins et espaces verts de la prédation et la dépravation ont été à l’origine de leur concession dans le cadre de l’investissement.

C’est discutable. Levées de boucliers sur fond de polémiques ont suivi d’ailleurs ces opérations de concessions que certains qualifient de bradage alors que d’autres, le voyant sous le prisme de la rentabilité, ont applaudi.

A Tiaret, il n’existe, malheureusement, et au sens de la loi, aucun jardin digne de ce nom en dehors de celui légué par le colonialisme français pour en tirer gloire. L’ex-jardin dit du monument aux morts (actuel jardin chahid Bouchareb-Nasser) a été cédé au titre de la concession à un jeune promoteur privé. Ce dernier, au prix d’investissements lourds, l’a presque complètement transformé, il est vrai, au grand bonheur des familles qui y ont trouvé refuge pour leurs longues soirées d’été ou lors de jours fériés car aucune autre structure digne n’est mise à la disposition des citoyens. Bien que les avis sont partagés, ce jardin du monument est bon an mal an et en l’absence d’investissements sérieux une planche de salut.

C’est navrant de le dire mais c’est la triste réalité: Tiaret ne dispose pas encore d’un jardin digne de ce nom. Des initiatives dont celles entreprises dans le cadre de l’urgence ont valu à l’actuel chef d’exécutif, Ali Bouguerra, d’impulser une dynamique et valoir la réhabilitation de certains espaces à l’exemple de cette aire qu’ont aménagée plusieurs entités publiques et à leur tête l’EPIC «Tiaret-Nadhafa» au quartier Mohamed-Djehlène (cité l’Avenir) mais en l’absence d’un financement budgétisé, l’approche risque de connaître des couacs. Il serait fastidieux d’énumérer les bonnes comme les mauvaises actions mais dans ce méli-mélo, les habitants de Tiaret restent blasés en attendant des jours meilleurs.





Photo ajoutée par Akar Qacentina pour illustration: Un parc de loisirs en projet ? El Watan du 9 Mai 2024

Khaled El Guezouli


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