Il serait criminel de laisser disparaître les anciens métiers, notamment la confection de tapis à l’ancienne, qui faisaient l’identité et la fierté du pays.
L’un des plus anciens tapis traditionnels d’Algérie, en l’occurrence le «nememcha», célèbre par ses couleurs et ses motifs principalement inspirés de l’ornementation berbère de la région des Aurès, est aujourd’hui en voie de disparition.
Il n’y aurait apparemment plus de relève. «Les jeunes ne s’intéressent plus à ce métier ; malheureusement le tissage traditionnel se meurt », nous dit un exposant de tapis.
Selon lui, c’est l’industrie manufacturière qui est la principale cause du déclin de ce très ancien et magnifique produit artisanal du terroir.
La rareté et la cherté de la matière première sont aussi d’autres motifs de découragement.
Beaucoup d’artisans ont renoncé à la fabrication de ce tapis qui a longtemps fait la notoriété de la région et du pays.
«La laine coûte cher, il faut se déplacer à Biskra ou dans d’autres wilayas pour en avoir, en plus les teinturiers coloristes sont devenus rares aujourd’hui», déplore le propriétaire d’un atelier d’artisanat dans la commune de Chéria.
Les gens délaissent ce beau tapis et acquièrent celui industriel à cause de son prix modique.
Le «nemmemcha», pur produit traditionnel, est le symbole de toute une culture ancestrale, celle d’une grande tribu.
Autrefois, il était très prisé par les familles citadines aisées de Tébessa, qui l’utilisaient pour l’ornement de leurs salons, ou pour en tapisser les murs.
Il faisait aussi subsister les familles bédouines pauvres ; la femme et l’homme travaillaient côte à côte, en commençant par la tonte des moutons, puis le filage, la teinte et enfin le tissage.
Une fois le tapis prêt, une autre personne se chargeait de sa commercialisation.
Dans les années 1970 et 1980, le tapis «nemmemcha» était le symbole de l’originalité et de l’authenticité de l’art traditionnel algérien. A telle enseigne qu’il était commercialisé non seulement à l’échelle nationale, mais aussi à l’étranger, notamment en France et aux Etats-Unis ; on l’offrait en cadeau aux hôtes, d’où qu’ils soient…
Actuellement, les quelques tisserands de la wilaya qui cherchent encore à préserver l’activité du métier à tisser et la transmettre aux jeunes générations, se plaignent de l’absence d’une prise en charge effective dans ce domaine.
Leurs doléances restent insatisfaites concernant la création de centres d’apprentissage, afin de faire renaître l’art de confectionner les tapis.
Rappelons que la wilaya de Tébessa ne dispose que d’un misérable petit centre d’artisanat, une régie de la commune de Tébessa où travaillent une dizaine de personnes handicapées, avec un salaire minable.
Lakehal samir
Posté Le : 07/11/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Lakehal Samir
Source : El Watan.com du mercredi 7 novembre 2012