L’eau extraite du traitement du gaz dans le cadre du projet In Salah-Gaz est déversée dans un puits dit “poubelle”, foré à 25 km de la ville et à quelques encablures des forages d’eau potable alimentant la wilaya de Tamanrasset.
Après ses mises en garde contre l’exploration et l’exploitation des gaz non conventionnels dans la capitale du Tidikelt, In Salah, l’association Shams pour la protection et la préservation de l’environnement, la promotion des énergies propres et le développement durable revient à la charge pour dénoncer encore “la violation des traités et des conventions internationales liés à la protection de l’environnement”.
Un véritable cri de détresse a été ainsi lancé par cette organisation hyperactive qui fait part “de graves dépassements” au niveau du champ gazier de Hassi Moumen, à 35 km de la ville d’In Salah, où l’on a adopté des procédés mondialement contestés dans le traitement et la déshydratation du gaz humide, eu égard à leurs impacts sur l’environnement et sur les ressources hydriques de cette région saharienne.
Après un répit de plus de deux ans, la place “Essoumoud”, qui symbolise l’imposant soulèvement des habitants anti-gaz de schiste, se prépare vraisemblablement à une nouvelle animation en signe de protestation contre “l’injection de l’eau de saumure” et “d’autres liquides chargés de substances chimiques” dans le sol du Tidikelt.
Selon les membres de l’organisation Shams, l’eau extraite du traitement du gaz dans le cadre du projet In Salah-Gaz qui, rappelons-le, a été lancé par Sonatrach et ses deux partenaires British Petroleum et la compagnie pétrolière norvégienne, Statoil, est déversée dans un puits, dit “poubelle”, foré à 25 km de la ville et à quelques encablures des forages d’eau potable alimentant la wilaya de Tamanrasset. L’injection se fait avec pression à une profondeur de 1.400 mètres, précise-t-on à l’association, non sans signaler le risque d’une éventuelle contamination des réserves d’eau non renouvelables et de la nappe phréatique.
Pour mémoire, Shams n’est pas à sa première dénonciation puisqu’elle en a déjà fait par le biais d’un député qui aura saisi officiellement le ministère de l’Environnement.
“Depuis les travaux d’engineering, en 2013, on a toujours essayé d’ouvrir un débat sur les solutions adaptées au traitement des eaux de saumure, en vain. Nous avons saisi toutes les autorités compétentes et mis en garde contre ces pratiques criminelles. Toutefois, toutes nos doléances sont restées lettre morte”, se désole-t-on.
En août 2014, c’était le directeur de l’Agence nationale des ressources hydrauliques qui a été destinataire d’une correspondance où l’on a manifesté l’inquiétude de toute une région.
“Nous ne savons pas si le réservoir destiné au stockage des quantités énormes d’eau (extraite du traitement du gaz) est géologiquement bien isolé des autres réservoirs de la région et qu’il n’est connecté à aucun aquifère actif”, lit-on sur le document dont nous détenons une copie.
Les rédacteurs de la missive ont tenu à rappeler que la population locale est consciente de la menace qui pèse sur la région et du danger qui rajoute une couche déjà épaisse aux problèmes relatifs au manque de développement, à la rudesse climatique et à la dégradation du cadre de vie dans cette région, distante de 1.300 km du Club-des-Pins et du centre de décision. Néanmoins, les habitants sont plus que déterminés à protéger l’unique ressource qui leur reste pour survivre et faire face aux aléas du temps impitoyable. Ils exigent une commission d’enquête devant se pencher sur la nature des autorisations d’exploitation,accordées sans se conformer aux textes réglementant les rejets d’effluents et de liquides industriels. Ils demandent également d’auditer les études d’impact et le degré de compétence des organismes chargés de ces études devant obliger Sonatrach et ses associés à traiter l’eau et à envisager des procédés alternatifs écologiquement, à l’exemple de l’évaporation naturelle ou encore de la création des zones humides. Pour mettre en place des mesures compensatrices en mesure de diminuer l’impact sur l’environnement des rejets de saumure, il est préconisé de connaître impérativement les quantités rejetées avec les concentrations associées à chaque composé.
La question qui taraude les esprits reste de savoir quel est le rôle de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH) dans toute cette gabegie?
La réponse ne sera certainement pas connue de sitôt. Contactée par téléphone, la standardiste nous a, après s’être enquise de l’objet de notre appel, orientés vers le département communication auprès de l’ARH. Cependant, personne n’était disposé à fournir la moindre information. Par ailleurs, il est utile de noter que ce plus grand projet de gaz en joint-venture du pays, In Salah-Gaz, est une source majeure d’exportation de gaz de l’Algérie vers le sud de l’Europe. La production avait débuté en 2004 à partir de trois champs dans le nord de la région, à savoir Krechba, Teguentour et Reg. Sonatrach détient une participation de 35%, BP 33,15% et Statoil 31,85%.
Photo: Manifestation contre l’exploitation du gaz de schiste, en 2015 à In Salah. ©Yahia/Achives Liberté
RABAH KARECHE
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Posté Le : 12/08/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : RABAH KARECHE
Source : liberte-algerie.com du 9 août 2018