Tamanrasset - HISTOIRE

Agamgam 2004 : Omar Moctar (Bambino)



samedi 21 août 2010
A tout juste trente ans, le touareg nigérien Omar Moctar fait ses débuts sous son nom sur le circuit international avec son premier album Agamgam 2004. Une carte de visite aussi convaincante que prometteuse pour ce guitariste chanteur, connu de ses compatriotes sous le nom de Bambino.
Guitares en bandoulière et visages enturbannés par leur chèche, les musiciens touaregs se sont fait une nouvelle place depuis une décennie sur la scène des musiques du monde, suivant les traces des Maliens de Tinariwen. Aujourd’hui, pour la génération suivante à laquelle appartient Omar ‘Bambino’ Moctar, il faut trouver les moyens de se démarquer des glorieux aînés afin d’avoir une chance de se faire entendre au-delà des dunes de sable. Lucide, ce jeune Nigérien d’Agadez a entamé sur le sujet une réflexion artistique et s’est engagé dans une direction qui, son talent aidant, devrait très vraisemblablement lui permettre de rejoindre sous peu le wagon de tête des guitaristes du désert.

Une démarche d’ouverture, quitte à s’éloigner du jeu habituel et des sonorités de l’anzad, ce luth monocorde traditionnel. ‘Il suffit de faire des recherches sur les accords pour enrichir la musique, tout en gardant la même structure que le style d’origine. Les accords, c’est un moyen universel permettant à ceux d’autres cultures de pouvoir s’intégrer à notre musique, pour que les gens comprennent plus facilement et qu’on puisse jouer avec tout le monde’, explique-t-il dans une longue interview reproduite dans le livret – lequel apporte une vraie valeur ajoutée à l’album.

Enregistrés en plein Ténéré sur deux journées, alors que Bambino se trouvait là en qualité de guide et d’aide cuisinier pour une équipe espagnole venue tourner un documentaire, les dix morceaux acoustiques possèdent ce qui fait défaut à la plupart des disques de musique touarègue : au-delà des notes, c’est une beauté instantanée et immatérielle qui a été capturée et parfaitement restituée dans le son.

Composé par son compatriote Abdallah ag Oumbadougou, qui avait notamment pris part au projet Desert Rebel avec Tryo et Amazigh Kateb, Hé Ténéré plante d’abord le décor : nous voici sur un campement dans un oued, avec un chameau qui blatère en arrière-fond, une nuit étoilée, un feu et des mains qui se mettre tout naturellement à battre en rythme. Puis Imuhar dévoile un des points forts de Bambino : l’art de la mélodie, accessible, structurée et structurante. Le voyage, apaisant, se poursuit encore une quarantaine de minutes, avec la sensation de ne pas être étranger à ce qui se déroule. L’environnement en devient presque familier. Ici, dépaysement et proximité vont de paire.




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