Le festival international des arts de l’Ahaggar, dans sa 5e édition, s’est clôturé hier au campement de Tidessi, à Tamanrasset. Un concert où la musique targuie était présentée sous toutes les sauces.
C’est le groupe Tende Disswat qui a ouvert le bal. Signifiant « le chant du tende », Tende Disswat est un groupe formé autour de femmes touarègues et d'un instrument traditionnel joué exclusivement par elles, le « tendé » (ou Tindé). Comme le veut la tradition, les voix de femmes occupent une place prédominante dans cette musique authentique, fascinante et puissante.
Elles étaient cinq sur scène, toutes vêtues de tenue traditionnelle. Elles chantaient à tour de rôle, nous gratifiant d’une très belle prestation. Tantôt authentique, tantôt néo-trad, la particularité de ce groupe réside dans le fait d’avoir introduit une guitare et des percussions ne faisant pas, à la base, parti de l’univers du tindé.
Pour terminer son passage sur scène, le groupe a invité les musiciens algériens Hassan Khoualef à la batterie et Mehdi Djama au saxophone ainsi que les musiciens du groupe Mamar Kassey à une jam session en live. Le saxophone dialoguait avec la flûte mandingue, le tindé répondait à la calebasse. Les rythmes montaient crescendo. Un pur moment d’évasion sous les étoiles du ciel bleu du désert. Tende Disswat est, sans aucun doute, la plus belle découverte musicale de cette 5e édition du fiataa.
Le groupe ayant suivi Tende Disswat vient de Tamanrasset. Il s’agit d’Itran N’Ahaggar (les étoiles du l’Ahaggar). Ce jeune groupe évolue dans l’univers du blues touareg, plus connu sous le nom d’Assouf. Le répertoire de cette formation va d’Ali Farka Touré à Tinariwen. Bon groupe et beau concert.
La soirée de clôture continue avec la tête d’affiche, Toumast, qui se présente sur scène. Toumast (Identité et/ou peuple) s’est créé dans les années 1990 autour de Moussa Ag Keyna. Leur premier album témoigne des années de lutte et de désillusions qu’ont connu les Touaregs.
Toumast est un groupe qui revendique une identité musicale 'rock du ténéré'. Un blues à forte connotation rock. Moussa, ancien combattant, a décidé de déposer les armes et s’armer de ses riffs de guitare afin de continuer sa rébellion, musicalement. Il est accompagné sur scène par Aminatou Goumar au chant et à la guitare. Dans les chansons de Toumast, on retrouve les thèmes chers aux ishumar : la nostalgie de la vie nomade, l’amour, le goût amer de l’exil et la critique politique. Le public, venu nombreux, était en communion avec eux.
Pour terminer sur des notes festives, le commissariat du festival a décidé de programmer un groupe qui fait fureur à Tamanrasset et auprès des Kel Tamashak. Afou d’Afous (main dans la main), mené par Kader Tirhanine, chanteur et guitariste, a déchainé la foule, constituée de quelques milliers de personnes venues chanter, danser, revendiquer leur identité. En somme, on nous a gardé le meilleur pour la fin. Une atmosphère d’euphorie et de joie régnaient au campement de Tidessi durant cette dernière soirée.
Durant les six soirées musicales, le public a pu se balader de l’Algérie jusqu’en Ethiopie en passant par le Niger, le Burkina Faso, le Mali et la Mauritanie. Une riche programmation et une forte identité africaine. Enfin un bon festival en Algérie.
Rendez-vous en novembre 2015 pour la 6e édition du FIATAA.
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Posté Le : 05/01/2015
Posté par : Imidiwan
Ecrit par : Samy Abdelguerfi