Agréée depuis seulement quelques mois, l’association Nadhafa a réussi, bon gré, mal gré, à s’affirmer comme entité pionnière au sein d’un mouvement associatif, frappé de torpeur à Souk Ahras, sinon actionné au gré des humeurs et des rencontres propagandistes.
Ses membres fondateurs, issus d’horizons différents, se sont fixé un seul objectif: nettoyer la ville. On les voit sillonner les quatre coins de la cité, munis de pelles et de pioches, trainant des bacs à ordures à la rue des Jardins, trimballant des jerricans place de l’Indépendance, débroussaillant par ici, transportant des sacs d’ordures ménagères par là… Le tout dans une ambiance conviviale où le sourire et la bonne parole accompagnent les gestes.
Abdelmoumen Semida, son président, nous livre ses premières impressions: «Lors de nos premières sorties sur le terrain, tous les membres de l’association apprehendaient le premier contact avec les habitants des quartiers ciblés (…). Contrairement à ce que tous redoutaient, ces mêmes habitants ont fait preuve d’une grande adhésion et au lieu d’un volontariat limité aux seuls membres de l’association, nous avons réussi à drainer une armée de benévoles. Mieux encore, à chaque sortie, la liste de sympathisants et des volontaires s’est allongée. Les habitants de Souk Ahras attendaient l’initiative et je crois que nous venons de la provoquer.»
Une virée du côté des quartiers «visités» par l’association Nadhafa nous a permis de constater que des rues naguère crasseuses et difficieles à emprunter à cause des odeurs nauséabondes, ont été totalement débarrassées des immondices et de ces fatras d’objets abandonnés par les riverains ; des escaliers-pissotières et des impasses fourre-tout ont été peints aux couleurs de l’arc-en-ciel, des caves où nichaient les chiens et proliféraient les rongeurs sentent les detérgents et l’insecticide… Bref, une métamorphose des sites qui accusaient une dégradation avancée.
Les membres de l’association — des étudiants, des fonctionnaires et des cadres moyens — misent surtout sur le travail de proximité, mais comptent aussi sur une médiatisation optimale de leurs activités pour une meilleure sensibilisation de la population locale, leur premier partenaire, estiment-ils.
«Nous avons deux axes importants sur lesquels nous nous basons pour mieux gérer nos sorties. Le premier consiste à nous rapprocher des citoyens lambda qui, eux, peuvent nous servir de support lors des campagne de volontariat. Le second c’est l’occupation des réseaux sociaux (…) d’ailleurs c’est à travers facebook que nous avons réussi à composer le noyau de l’association», a déclaré un membre du groupe.
S’agissant des moyens matériels, Nadhafa ne demande que le minimum.
«Si on arrive à gagner en crédibilité et en sympathie, l’aide financière ne manquera pas, nous en sommes sûrs. Des particuliers nous ont aidés financièrement à maintes reprises, l’APC de Souk Ahras a mis à notre disposition son équipement lors de nos trois premières sorties, une entreprise étrangère implantée en Algérie nous a contactés pour l’envoi d’une quantité importante de peinture… et la suite viendra. L’essentiel, pour nous, est de médiatiser notre charte d’éthique, gagner la confiance de tout le monde et surtout de convaincre les habitants de Souk Ahras de militer pour une ville propre», a ajouté un autre membre de l’association.
Nadhafa ne connaît de répit, au moment où nous rédigeons cet article, ses membres préparent une action commune avec les services de l’Office national d’assainissement (ONA) pour l’entretien des avaloirs de la ville.
Ils ont dit:
Taheb Bouraoui (journaliste à la radio locale):
«C’est une association qui vient d’introduire de nouvelles mœurs dans le mouvement associatif, d’abord par le choix du créneau d’activité, ensuite par cette volonté de ne point compter sur l’assistanat et l’apport de l’Etat pour agir.»
Karim Baour (président de l’association Echo-Jeunes):
«L’association Nadhafa a le mérite de regrouper des personnes qui jouissent d’une grande estime au sein de la population. Elle a en outre resérvé une place importante à la gent féminine, qui n’y est pas présente à titre décoratif mais en militantes à part entière. C’est aussi un exemple à suivre en matière de discipline et de travail associatif.»
Ammar Djabourabi (militant du mouvement associatif):
«Nettoyer sa ville est une noble tâche et ces jeunes qui en mobilisent d’autres pour conjuguer leurs efforts et militer pour un meilleur environnement méritent tous les égards de la part de la population de Souk Ahras. Nous les encourageons et nous nous portons volontaires pour adhérer à toute action capable d’apporter le bien-être aux habitants de notre ville.»
Abderrahmane Djafri
Posté Le : 09/10/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © D. R. ; texte: Abderrahmane Djafri
Source : El Watan.com du jeudi 6 oct 2014