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Village balnéaire de Stora à Skikda: Un lieu pittoresque qui s’effrite



Village balnéaire de Stora à Skikda:  Un lieu pittoresque qui s’effrite




Mardi dernier, une partie d’un balcon d’un des vieux immeubles de Stora s’est affaissée. Quelques temps avant, le plafond d’un logement s’était carrément effondré sur ses occupants.

Les gens continuent de vivre dans la peur sans savoir de quoi sera fait le lendemain. Stora n’est plus ce village pittoresque qu’on s’obstine à vendre comme un label touristique de Skikda.

Aux yeux de la loi, Stora le village n’existe plus. Plusieurs habitants des vieilles bâtisses de ce village de pêcheurs ne payent même pas leur loyer. Ce n’est pas qu’ils refusent de s’acquitter de ce devoir, mais c’est juste que les logements qu’ils occupent n’existent plus, administrativement parlant.

«C’est en 1975 que la majorité des immeubles composant le village a été désaffectée», témoigne un habitant.

Effectivement, à cette date, et suite à une expertise du CTC et de l’OPGI, «l’évacuation urgente des occupants» avait été recommandée. Le rapport relevait «des risques imminents d’effondrement en cas de glissement de terrain ou d’un séisme même de faible intensité».

Devant la gravité de la situation, les immeubles ont donc été désaffectés, sans pour autant trouver une solution aux familles qui y habitaient. Oubliées, ces familles continuent depuis de loger dans ces appartements qui s’effritent.

Ici, au cœur du village, les gens ne veulent pas servir de prétexte «touristique» à une administration qui leur a longtemps tourné le dos. Loin des plages et de leur vacarme, des Storasiens vivent dans des conditions pour le moins inhumaines.

Certains s’entassent dans de minuscules chambres qui fuient de partout, d’autres ont fini par se bricoler des «pieds à terre» sur les terrasses. D’autres se partagent à 12 une ancienne épicerie et d’autres encore vivent carrément dans un garage.

«Stora et ses habitants ont de tout temps été les oubliés de Skikda», estime-t-on.

Il faut dire que les Storasiens n’ont pas tort. Le seul immeuble «neuf» du village date des années 1960. Le reste du parc immobilier date des années 1850- 1880.

Pas de logements sociaux pour les Storasiens

D’ailleurs, à ce jour, les vieux Storasiens nomment les immeubles du village en référence à leurs anciens propriétaires. Les immeubles Baldino, Sterno, Furiana sont tous, plus que centenaires.

«Dans le courant des années 1980, notre village avait bénéficié d’un programme de 200 logements sociaux, qui n’a jamais vu le jour», témoigne un vieux.

Ce programme devait être réalisé en face de l’ancien port de pêche, mais l’assiette a finalement servi d’assise à des villas individuelles. On optera par la suite pour une parcelle en amont du village pour abriter ce projet, mais elle sera octroyée à des privés.

«Depuis que Stora avait perdu, en 1985, son statut de commune à part entière, elle n’arrête plus de se perdre. Elle n’a désormais plus son destin en main», estiment des jeunes du village.

Ces jeunes en veulent à tout le monde.

«On ne comprend pas le fait que les responsables puissent trouver des terrains pour construire des logements sur les hauteurs de Stora, dans le but d’éradiquer les bidonvilles élevés dans la périphérie, alors que pour les habitants du village en ruine, ils ne font rien sous prétexte qu’à Stora, il n’existe pas de foncier», expliquent ces jeunes.

Pendant ce temps, le village continue de tourner le dos à la mer. Les responsables, eux, ne se souviennent de Stora qu’en été et les Storasiens, eux, continuent leur vie de pêcheurs et survivent toujours dans des atmosphères datant des années 1800. Comme si le temps s’était suspendu depuis.


Photo: La plupart des bâtisses datent des années 1850-1880

Khider Ouahab



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