Skikda - A la une

Un calvaire pour les estivants


Un calvaire pour les estivants
Il y a à peine dix ans, la durée du trajet entre les deux villes était d'une heure. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Au mieux, un automobiliste mettra deux heures et demie pour une distance d'à peine 80 km. Un calvaire qui perdure pour cette Route nationale considérée comme la plus importante de la région Est du fait du nombre important de véhicules qui l'empruntent quotidiennement, que ce soit pour rejoindre les villes d'Annaba ou El Tarf ainsi que la frontière tunisienne, ou le port de Skikda (le deuxième du pays), ou dans l'autre sens pour rallier l'autoroute Est-Ouest à partir de Constantine. La RN3 est une route à grande circulation et ce, à longueur d'année. Tout commence à partir d'El Menia ou « la descente de la mort », comme l'appellent les automobilistes, située en contrebas du centre-ville de Constantine. Cette double voie, devenue un passage obligé pour les automobilistes, les bus et les poids lourds à destination de Jijel, Skikda et Annaba, se trouve dans un état lamentable et ce, depuis des années. En raison du phénomène de glissement de terrain, une bonne partie du bitume est sérieusement endommagée. Les autorités locales ont pris les choses en main et ont lancé des travaux visant à corriger l'affaissement de la chaussée au niveau de l'entrée de la cité Benchargui. Mais ce qui ralentit encore plus la circulation routière sur ce tronçon d'environ dix kilomètres, c'est le commerce informel. En effet, on remarque la présence de camionnettes de fruits et légumes, tout le long de cette route, d'abord au niveau de la cité El Bir, à l'ancien marché, puis entre Benchargui et El Menia où une dizaine de petits camions squattent désormais les lieux. Pourtant, il y a deux ans, les services de sécurité ont réussi à dégager les lieux et ont installé des barrières en béton mais, apparemment, rien n'y fait car en évitant ces mêmes barrières les vendeurs ambulants occupent désormais une partie de la route, sans parler des automobilistes qui stationnent tout le long de la voie. Résultat, des bouchons interminables se forment. Plus loin encore, ce sont les commerçants, « réguliers » cette fois-ci, d'électroménagers de la cité El Maleh, qui sont à l'origine du stationnement anarchique. L'été de tous les dangersAvec les départs en vacances, la route devient tout simplement un cauchemar pour tous ceux qui l'empruntent : « Nous venons d'Alger et nous partons pour la Tunisie. J'ai déjà fait cette route et c'est de loin le tronçon le plus pénible à parcourir. J'avoue que je m'y attendais un peu. J'ai fait Alger-Constantine en trois heures sans problème, et là nous sommes bloqués depuis déjà une demi-heure à Didouche-Mourad, et ce n'est que le début, il nous reste une cinquantaine de kilomètres avant de rejoindre Annaba par l'autoroute Est-Ouest » nous dira un automobiliste algérois croisé à l'entrée de la commune de Didouche-Mourad. La fermeture des tunnels de Djebel El Ouahch en janvier dernier, quelques mois seulement après leur mise en service, a plongé les habitants de toute la région dans la désolation, eux qui ont profité de l'autoroute seulement quatre mois. « Même si l'autoroute était partiellement ouverte à la circulation de Constantine à Zighoud-Youcef, sur une distance de 30 km, on mettait seulement 10 minutes. Aujourd'hui et après l'effondrement des tunnels, je fais le même trajet en une heure de temps » nous dira Sami, un agriculteur habitant Ali-Mendjeli et qui travaille à Zighoud-Youcef. L'arrêté de la wilaya interdisant la circulation des poids lourds en transit dans la ville des Ponts entre 7h à 19h n'a, semble-t-il, pas porté ses fruits. Au contraire, si cette mesure a plus ou moins soulagé la circulation routière à l'intérieur de la ville, le trafic des camions perturbe fortement la circulation routière sur la RN3 à partir de 19h de Constantine jusqu'à El Harrouche, dans la wilaya de Skikda. « Le problème c'est que beaucoup de gens préfèrent voyager la nuit pensant éviter les embouteillages mais, à leur surprise, ils découvrent un flux important de camions sur cette route. Ajoutant à cela les retours des plages de Skikda ou Annaba, les automobilistes et les poids lourds se croisent pratiquement à la même heure et, du coup, la route est bouchonnée sur des dizaines de kilomètres. Malheureusement, en cette période de l'année il y a beaucoup d'accidents » nous dira Sami qui emprunte cette route tous les jours. Chaque soir, au niveau de la commune de Zighoud- Youcef (ex-Condé-Smendou), la même scène se répète : on observe une file interminable de voitures, de bus et de camions. Des kilomètres de bouchons et, hélas, l'incivisme et les infractions au code de la route sont fréquents et ce, en dépit de la forte présence de la Gendarmerie nationale. Les week-ends, l'attente à l'entrée de Zighoud-Youcef peut durer deux heures, une situation qui agace tout le monde : vacanciers, usagers de la route et forces de sécurité. « J'ai passé la journée à la plage de Larbi-Benmhidi avec ma famille. Voulant éviter les embouteillages, j'ai pensé qu'il fallait rentrer le soir. J'ai pris la route vers 23h et, à ma grande surprise, je suis resté bloqué au niveau d'El Harrouche puis Zighoud-Youcef. En tout, j'ai fait trois heures » nous explique un père de famille qui jure de ne plus retourner à Skikda les week-ends. En attendant une solution de rechange, en l'occurrence la réalisation d'une déviation pour contourner le tunnel Djebel El Ouahch, il est utile de préciser que la situation est devenue intolérable pour cet été avec le lancement de travaux de bitumage et de réalisation d'ouvrages d'art. En effet, la direction des travaux publics de Constantine a entrepris le revêtement du bitume entre les communes de Hamma-Bouziane et Didouche-Mourad, sur la voie express près de l'usine de ciment. Au grand étonnement des automobilistes, les travaux ont été lancés depuis moins d'un mois, en pleine période d'été et des grands départs en vacances. En tout cas, au niveau du croisement de la voie express avec l'entrée de la corniche Bkira, les estivants et les camions roulent pare-choc contre pare-choc. Il faut attendre au moins une heure pour pouvoir franchir une distance d'à peine un kilomètre. « C'est inadmissible et absurde à la fois. Pourquoi lancer des travaux à cette période alors qu'ils pouvaient le faire durant le mois de Ramadhan ou bien à partir du mois de septembre ' Depuis près de dix jours je fais ce trajet et c'est toujours pareil. Impossible d'éviter les embouteillages. Parfois ça circule et parfois c'est totalement bloqué. Il m'est arrivé de rester une heure entière à attendre mon tour » ajoute Sami.El Kentour, le col infernal Une fois les communes de Hamma-Bouziane, Didouche-Mourad puis Zighoud-Youcef passées, le voyageur entame le col d'El Kentour ou col des Oliviers qui sépare les wilayas de Constantine et Skikda. Cette route, dont le tracé fut érigé par les Romains, offre aux visiteurs une vue imprenable sur toute la vallée et sur les deux célèbres montagnes Toumiat (les jumelles). L'automobiliste doit pourtant oublier ce joli panorama à plus de 600 mè d'altitude pour se concentrer plutôt sur la vingtaine de kilomètres à parcourir. La route monte d'abord sur quelques kilomètres pour rejoindre le col puis serpente en une descente vertigineuse. Pour ses virages et sa circulation imprévisible, cette portion de la RN 3 est crainte par tous les chauffeurs. Un calvaire, surtout en été, pour les estivants : le matin l'encombrement touche le sens en partance vers les villes côtières, le soir c'est le contraire. Ici aussi on attend avec impatience l'ouverture des deux tunnels autoroutiers creusés en dessous du col d'El Kentour et qui sont visibles de loin. La seule distraction des lieux, ce sont les quelques commerçants longeant la route qui proposent des objets traditionnels et des souvenirs. A Ain Bouziane, premier village de Skikda, malgré tout l'espace disponible, les commerçants locaux n'ont malheureusement pas investi dans les aires de repos et la restauration, pourtant le potentiel est là : une magnifique région connue pour l'élevage de bétail et une densité du trafic routier à longueur d'année. Une fois Ain Bouziane dépassée, l'automobiliste peut souffler quelques instants avant d'arriver à la commune de Toumiat où une petite route a été aménagée pour rejoindre l'autoroute Est-Ouest. Là aussi, un embouteillage s'est formé, et une fois passé, c'est la délivrance pour les voyageurs en partance vers Annaba mais par pour ceux qui prolongent la RN3 en direction de Skikda. Dix kilomètres plus loin, on atteint la deuxième commune de la wilaya, El Harrouche. Il y a trois ans, la wilaya de Skikda a lancé des travaux de dédoublement de la voie de El Harrouche-Skikda sur une distance de 30 km et, aujourd'hui, ce tronçon est achevé. En moins de vingt minutes on atteint la ville et ses côtes. Un projet qui soulage bien évidemment la circulation, si ce n'était la réalisation d'une trémie sur la RN3 à la sortie d'El Harrouche et qui est aujourd'hui à l'origine d'une véritable pagaille. Une déviation a, certes, été mise en place et qui débouche sur l'ancienne station de bus et de taxis, mais force est de constater que cette solution provisoire perturbe énormément le trafic routier, un dernier casse-tête pour les voyageurs avant d'arriver à destination. Ouf ça y est ! Enfin la double voie jusqu'à Skikda. Les automobilistes empruntent encore la RN3 avant de bifurquer au niveau de la commune de Salah Bouchaour et prendre ensuite la RN 44 jusqu'au centre-ville. En tout, il faut au moins deux heures et demie pour faire le trajet Constantine-Skikda et atteindre les plages de Larbi Benmhidi, Stora ou la Grande plage. Les week-ends, c'est pire, le rush des estivants rend le voyage très pénible, l'itinéraire de 83 km peut durer quatre heures. Le salut viendra certainement de la mise en service du tronçon total de l'autoroute Est-Ouest reliant Constantine à Skikda sur une distance de 40 km, d'abord avec le lancement des travaux de la déviation de dix kilomètres du tunnel de Djebel El Ouahch, puis avec l'achèvement de celui d'El Kentour. Il faut attendre au moins l'été prochain pour voir ce projet se concrétiser.


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