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Skikda pleure son fils Abdelmadjid Bouzidi côté jardin


Skikda pleure son fils Abdelmadjid Bouzidi côté jardin
La disparition de Abdelmadjid Bouzidi a été vivement ressentie à Skikda, ville qui l'a vu naître et grandir. Une ville où il a conservé beaucoup d'amis, de repères et d'histoires en dépit de son éloignement forcé.Si dans le giron des économistes et autres intellectuels algériens, l'évocation de son nom renvoie à l'économiste qu'il était, à ses idées, ses convictions ainsi qu'à ses «coups de gueule officiels», à Skikda, on préfère plutôt évoquer Madjid l'enfant. C'est tellement intime ! Ici, on ne peut parler de Abdelmadjid, de ses quatre frères et ses deux s?urs sans évoquer le souvenir de leur père, Ammi Messaoud, un des incontournables notables locaux de Skikda.Membre fondateur de l'Association des oulémas, cheikh Messaoud a grandement contribué à l'inauguration de la médersa El Irchad, à ce jour ouverte dans le quartier populaire Zkak Arab. Il puisait dans le maigre pécule que lui rapportait un café (aujourd'hui Kahouat Berraïass) qu'il tenait dans le même quartier pour assurer l'éducation de ses enfants. Abdelmadjid, lui, a vu le jour en juillet 1945, rue Hamoudi Toubi, plus connue sous son ancienne appellation, la rue Mellet, dans le mythique quartier de Sebaâ Biar (les sept puits). Enfant, Abdelmadjid a eu l'occasion de voir, à plusieurs reprises, Abdelhamid Ben Badis qui ne venait jamais à Skikda sans rendre visite à cheikh Messaoud.Puis Abdelmadjid entame sa scolarité et se montre déjà brillant à l'école indigène Anatole France, rebaptisée depuis Madrassat El Farabi. Adolescent, il atterrit au lycée Tebessi, anciennement Luciani. Une authentique «écloserie» du savoir qui a enfanté les Dalil Boubekeur, Mohamed Seddik Benyahia, Belaïd Abdeslam, Mohammed Harbi, Guedroudj et tant d'autres. C'est dans ces lieux qu'il donna libre cours à son ingéniosité. Détrompez-vous ! L'économiste que le Tout-Alger croit connaître était un des plus ingénieux jeunes blagueurs de sa génération. Il était aussi très épris de culture dans une Skikda qui était alors au summum de son art. Il fut percussionniste, batteur, pianiste et talentueux comédien.Ecoutons cheikh Badar Boughanjioua, compositeur et ancien directeur du conservatoire de Skikda, parler du jeune Abdelmadjid : «Que voulez-vous que je vous dise ' Abdelmadjid était un cas à part. Il avait un énorme talent. Il a touché à tout lors de son passage à l'association El Mostakbel El Fenni (l'avenir artistique) de Skikda que dirigeait son voisin, Boubayou Ahmed. Il a joué au piano, à la batterie et même à la derbouka. En plus de la musique, il a aussi fait du théâtre et a merveilleusement interprété le rôle principal de la pièce Le Dévoyé, écrite et mise en scène par Khezzouz Mohamed qui a obtenu, soit dit en passant, un vif succès lors d'une tournée dans l'est du pays au début de l'indépendance. Il avait un énorme talent et avait aussi l'art de vous inventer des blagues incroyables?. C'était un jeune bourré de talents. Il était aussi très pieux. De nous tous, c'était le seul, oui, pratiquement le seul à faire la prière.»Abdelmadjid, qui a joué dans la pièce Le Dévoyé au début des années soixante au théâtre de Skikda, reviendra, quelques années plus tard, sur ces mêmes planches pour donner une conférence aux connotations économiques plus sérieuses et plus académiques. Il n'avait pas la mémoire courte et, de son piédestal algérois, il continua à penser à sa Skikda. «Il aimait le handball et ne ratait aucun match de l'équipe où jouaient deux de ses frères. Il était aussi amoureux de la JSMS, au point de devenir un authentique parrain de l'équipe.Dans les années 1970/80, les dirigeants de la JSMS faisaient le déplacement jusqu'à Alger pour le rencontrer et lui demander conseil et aide. Il répondait toujours présent et restait à l'écoute de la vie du club», témoigne Mouloud Bounemour, un ami de jeunesse. Comme quoi les altruistes ne meurent jamais. C'était écrit?.


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