Publié le 04.03.2024 dans le Quotidien l’Expression
Il a fallu plusieurs jours après son décès pour pouvoir parler de lui. Car, comment évoquer l’écrivain, poète et scénariste Belkacem Rouache au passé ?
Quand on l'a connu, quand on a eu à fréquenter cet homme de Lettres d'une bonté et d'une modestie angéliques, il est pénible de parler de sa disparition.
Belkacem Rouache était tout simplement un ange. Même quand un drame familial a terriblement secoué sa vie, il n'a pas du tout changé de comportement avec ses amis, ses collègues et ses lecteurs. Pourtant, n'importe quel homme, dans sa situation, aurait eu raison de devenir «moins bon», un peu méchant après avoir subi ce que Belkacem Rouache avait enduré il y a quelques années. Il est pourtant resté le même. L'auteur du «Naufrage rythmé» n'a jamais cessé d'être gentil tout en continuant à écrire, ses textes littéraires enrichissant ainsi à sa manière la littérature algérienne, qui sera désormais privée de sa plume. Il est très difficile de parler de Belkacem Rouache l'écrivain quand on a connu l'homme, tant les qualités humaines dont il était pétri dépeignent entièrement sur tout autre aspect de sa personnalité.
Le scénariste Belkacem Rouache nous a quittés brutalement samedi 24 février 2024 à l'âge de 73 ans à Skikda.
En dépit d'une production littéraire importante aussi bien en poésie, en romans qu'en scénarios, Belkacem Rouache n'a jamais occupé le devant des médias, lui qui était pourtant journaliste, faut-il le rappeler, pendant plusieurs décennies.
Des discussions partagées avec lui, il en ressortait que le regretté était passionnément attaché à la mer, qui était pratiquement sa seule source d'inspiration.
C'était sa muse préférée. Il en était éperdument amoureux au point que les titres de ses livres en faisaient souvent référence.
De même que leur contenu, les trames de ses romans et les sujets de sa poésie, voire même des scénarios de feuilleton dont il est l'auteur. C'est le cas, entre autres de son roman, «Le naufrage rythmé» mais aussi de «L'homme qui regardait la mer».
Quand Belkacem Rouache parlait de la mer, on dirait qu'il évoquait un être humain. Son tempérament a-t-il un rapport avec cette même mer, quand elle est complètement calme? Lui qui, enfant, a vécu une mésaventure traumatisante avec cette même mer, ayant failli lui couter la vie! Tout comme la majorité des écrivains algériens, Belkacem Rouache était un habitué et un fidèle du Salon international du Livre d'Alger. Mais il y passait complètement inaperçu, tant il était doté d'une personnalité d'une humilité déconcertante. On le croisait au gré du hasard dans l'un des stands du Sila. Il était accueillant et chaleureux. Mais il ne parlait pas de lui, de ses livres, sauf quand on l'y interrogeait. Il ne se montrait pas prolixe du reste, quand il répondait. Il était pourtant l'auteur des feuilletons à succès «Chahra» et «Pas de gazouz pour Azouz», ayant fait un grand tabac suite à leur passage sur la chaine de télévision algérienne. Belkacem Rouache est également l'auteur du recueil de nouvelles «La grotte» ainsi que de plusieurs recueils de poésie dont: «Quand la pierre a soif», «La certitude incertaine», etc. Son intervention dans l'univers culturel algérien est multiple, notamment à la radio et dans de nombreux autres espaces culturels dont l'animation d'ateliers d'écriture et de scénarios, particulièrement à Skikda où il a élu domicile, les dernières années de sa vie, lui qui est originaire de Dellys (Boumerdès) et qui a tant vécu à Alger. Toutes des villes qui ont la mer en commun. Tout comme lui!
Nous regretterons l'homme que fut Belkacem Rouache, sans doute beaucoup plus que l'écrivain.
Aomar MOHELLEBI
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Posté Le : 05/03/2024
Posté par : rachids