Skikda - Arboriculture

Archaïsme des procédés à Skikda



Archaïsme des procédés à Skikda
La production oléicole ne cesse de régresser
Les essaims d’oliveraies qui occupent 47 % de la surface arboricole de la wilaya de Skikda représentent un milieu d’excellence à tous les paradoxes. D’une campagne à une autre, l’olive locale continue de faire des siennes et de confondre même les plus avertis des agriculteurs.

Ainsi, et contre toute attente, la production de la dernière campagne (2007) n’a pas dépassé les 180 000 quintaux, très en deçà de la production de l’année 2006 avec ses 206 000 quintaux et très loin derrière la superproduction de l’année 2004 qui avait atteint le record de 260 000 q. Etrangement, et au moment où les productions vacillaient, les superficies cultivées n’ont cessé de s’accroître. La superficie cultivée a enregistré une percée de 51 % durant le seul dernier quinquennat. Paradoxal, d’autant plus que les surfaces occupées par le verger oléicole sont passées de 4540 Ha au début des années 1990 à plus de 8500 Ha aujourd’hui.

Les ravages du bâton !

L’abondance relative du verger devait donc prédestiner la wilaya à une vocation oléicole beaucoup plus importante, du moins doper la production. Ceci est vrai dans la théorie. La réalité, et en dépit de tous les efforts, confine cependant la filière dans un traditionalisme très tenace, source de tous les paradoxes. Explications. Selon M. Daoud, cadre des services agricoles de la wilaya de Skikda, l’une des causes essentielles de cette discordance résulte en fait du mode de cueillette utilisé par les agriculteurs " En dépit de toutes les campagnes de sensibilisation, la cueillette par gaulage demeure la plus prisée à Skikda. C’est une méthode archaïque qui consiste à battre les fruits de l’olivier à l’aide d’un bâton " précisera t-il. Le gaulage, une pratique prohibée au niveau méditerranéen, continue de miner les oliveraies algériennes. Du moins celles se trouvant à Skikda. M Daoud ajoutera :" il faut savoir que cette pratique nuit non seulement à la récolte de la saison, mais étend ses méfaits au rendement de l’année d’après. En gaulant, on cause de grands tort aux jeunes pousses qui représentent l’essentiel de la prochaine récolte " Toujours selon lui, l’agriculteur pourrait doubler sa récolte :" on pourrait pratiquement récupérer plus de 50 % des pertes si on emploi d’autres procédés de cueillette ", a-t-il dit La pratique du gaulage, aussi présente soit-elle, n’est cependant pas un choix volontaire des agriculteurs locaux, mais plutôt un acte ancestral conditionné par les seules réalités du terrain. Plus de 70 des oliveraies de la wilaya de Skikda se confinent dans des zones montagneuses au relief très accidenté voir même inaccessible. Cette réalité empêche ainsi toute approche de mécanisation de la cueillette et le bâton demeure l’unique recours. A cette triste réalité est venu s’ajouter un autre fait tout aussi contraignant : l’âge du verger. On apprend à ce sujet que les oliviers dont l’âge se situe entre 40 et 100 ans occupent 41 % de la surface oléicole. Quant aux oléacées ayant dépassé les 100 ans, ils disposent tout de même de 27 % de la superficie. Ceci affaiblit le rendement du matériel végétal d’une part, et d’autre part il n’est pas sans conséquences directes sur l’entretien et la cueillette vue que ces arbres ont largement eu le temps pour se développer à la verticale.

L’olivier, ce noble marginal

Ajoutez à tout ceci le manque de respect de la conduite du verger (fertilisation, traitement….) et vous aurez un état des lieux des plus contraignants. Pour M Daoud, le remède immédiat reste bien sûr la taille de rajeunissement pour rendre les plants plus accessibles à la cueillette mais encore faut-il que les propriétaires de ces oléastres daignent manifester cette volonté. Car il reste à savoir qu’en dépit des aides proposées par l’Etat dans le cadre de plusieurs formules de soutien, la filière oléicole demeure le parent pauvre du développement agricole à Skikda. " Des 17 milliards de dinars de soutien dont a bénéficié l’agriculture locale, l’oléiculture n’en a puisé que 24 millions de dinars " précisera notre interlocuteur . Un montant presque insignifiant. Une partie de ce soutien a été consacrée à l’acquisition de 12 huileries, venues appuyer le parc de la transformation assez vieillissant. Le peu d’intérêt accordé à la filière se traduit aussi par les faibles plantations. Les 4 125 Ha plantées ont été en fait réalisées, globalement, dans le cadre des périmètres de concession de la GCA. Quant aux 994 EAC et 2932 EAI, elles préfèrent plutôt orienter leurs intérêts ailleurs. Seules quelques tentatives du privé ont été notées, mais cela demeure insuffisant. " Très insuffisant au vu des potentialités locales qui prédestinent pourtant notre wilaya à jouer un grand rôle dans la filière " dira M Daoud. Qu’on en juge : les conditions pédologiques propres à la wilaya jugées très favorables à ce genre de culture, l’avènement de la culture herbacée, une technique culturale qui permet au plant de produire au bout de sa deuxième année, alors qu’auparavant il fallait patienter plusieurs années pour cueillir ses premières olives. Et enfin, le soutien accordé par l’état. Ceci devrait en principe encourager les agriculteurs les plus réticents. Et l’avenir ? M. Daoud positive et avance :" c’est une filière qu’on peu développer encore " . Une action qui aura à se baser selon la monographie oléicole établie par les services agricoles sur " la conduite en extensif, la mise en culture des terres laissées en jachère, l’absorption des pacages et parcours en plaine et piémonts et la reconversion de certaines filières agricoles ". Le document propose également " des aides ou subventions incitatives au profit des prioritaires dans le cadre des investissements des fonds publics… ". En attendant, il reste à mentionner que le projet de labellisation de la gamme Gastu tarde encore à voir le jour. Cette gamme spécifique au biotope de la région de Bekkouche Lakhdar attend toujours qu’on daigne enfin lui accorder ses titres de noblesse au grand profit d’une région oléicole par excellence et aussi des propriétaires de cet olivier dont l’huile serait, à en croire les connaisseurs, d’une qualité gustative exceptionnelle.

K. Ouahab



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