Sidi-Belabbès - ARTS ET CULTURES

Spectacle interactif au théâtre de Sidi Bel Abbès, L’ultime halqa des poètes



Le cercle de la halqa, celui de l’oralité, met en situation un goual (Abbas Lacarne) qui, pour sa dernière apparition sur la place publique (tahtaha), invite deux de ses compagnons goualas (Abbès Sedjrari et Hassani Miloud) à animer une halqa exceptionnelle où le déclamateur (goual) est tantôt meddah, troubadour, marchand de rêves tantôt ajajbi et conteur…

C’est ce concept, suggéré et fignolé dans le cadre du Café littéraire du théâtre régional, que Lacarne transpose sur les tréteaux en y conviant des poètes disparus, notamment Mestfa Ben Brahim interprétant El Ghomri ou bien Benharate avec son intarissable Aïn Ba Daho. La halqa, c’est aussi d’illustres personnages (presque tous disparus) de la ville que sont ammi Benyahia (café des chouyoukh), El Bouzidi (café El Djamel), Benadji (crieur public de la mairie), Antar, Cabasso, Moul El Waâda, El M’rabej, Ftiteh, Baba, Cheikh Daho et bien d’autres, énumère Lacarne. En revisitant d’innombrables contes populaires, adages, maximes, chansonnettes, extraits d’airs populaires, contes, chansonnettes et qacidate du terroir, ces personnages de la rue polarisaient autour d’eux une foule bigarrée. C’est surtout un hommage à certaines figures populaires comme cheikh m’qalch dont on a interprété la célèbre complainte Khelini nebki ala rayi, ou encore Benyamani en ressuscitant le mélodieux Zoudj h’uitate, hymne cantique de Benyamani, souligne Lacarne. « L’ultime halqa, c’est le récit de mon enfance à la tahtaha où régnait une ambiance singulière qui était l’œuvre de meddahs, d’arracheurs de dents et autres charmeurs de serpents », se remémore-t-il. Et d’enchaîner : « Mais qui n’a pas connu de personnages, parfois un parent proche, qui ne parlait ou ne répondait aux interrogations qu’au moyen de proverbes ? » Dans le jeu, des danses populaires dans le genre saf relèvent la halqa, véritable spectacle vivant. Nostalgique, Lacarne, cet ancien du masrah echaâbi des années 1970 (théâtre populaire), bascule d’un personnage à l’autre à un rythme soutenu comme pour reconstituer à l’identique cette ambiance d’antan. La forme qu’il utilise est celle du théâtre de la rue, non conventionnel, où le spectateur n’est pas un simple élément figé mais participe pleinement à la représentation, tient-il a préciser. Il est déjà presque minuit alors qu’on continue toujours dans le public à fredonner des morceaux t’rab, entre autres Samahni ya l’kamandar et Oued chouly. Au terme de deux heures et demie de spectacle, le public est gratifié d’un diwan local au karkabou et aux effluves de b’khour, interprété par des personnages en costumes d’époque : amama (turban) fouta, seroual bouzekri, sperdina mitcha astiquée au blanc d’Espagne….




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