Le village de Sidi Khaled ne cesse de tendre ses mains vers un avenir difficile en se plongeant de temps en temps dans un passé glorieux et nostalgique, celui des ancêtres. Il avait été baptisé à la mémoire du potier, émailleur et … écrivain Français, Bernard Palissy. Situé à 10 km de Sidi Bel Abbés, sur la route menant à Tlemcen, cette localité devint comme lors du découpage administratif de 1984 et abrite environ 9000 âmes. La richesse et la fertilité de son sol, la douceur de son climat et l’abondance de ses eaux ont été les éléments attractifs des colons Français qui l’ont rapidement structurée militairement et administrativement. L’entrée du village se distingue par le château d’eau construit sur les hauteurs, et ses muriers aux fruits multicolores rangés le long d’un oued qui serpentait au milieu d’une véritable jungle, avec ses lianes que les enfants utilisaient pour jouer aux « Tarzan ».Le village continue son existence en douceur sous l’œil bienveillant de ses saints, Sidi El Abed et Sidi Khaled qui donna son nom au village. A partir de l’un des monts où se trouvent les tombeaux des saints hommes, notre vue plonge vers une étendue de terres qui disparaissent sous les maraichers et toutes sortes d’arbres fruitiers. Des bouquets d’amandiers et d’oliviers formaient une sorte de rempart autour du village un paysage féerique qui méritait d’être appelé El djenna, le paradis. De l’autre coté on voyait la maisonnette du garde- barrière, abondamment éclairée et disposant d’un system de communication qui permet aux préposés d’annoncer les trains aux gares de destination. Les puissants projecteurs illuminaient la cave à vin et le stade municipal permettant ainsi des matches en nocturne. La mise en place d’un réseau ferroviaire, la construction de deux édifices bien équipés, pouvaient démontrer que l’occupant avait à l’époque déjà pris conscience de la situation géostratégique du village. L’importance du rendement viticole de l’époque peut se mesurer au nombre de caves à vin qui avaient proliféré dans la région. A la croisée des chemins, se trouve un monument symbolisant l’union des habitants et leur solidarité. C’était un lieu ou se rassemblaient les sportifs pour fêter les victoires de leur équipe, la G.S.P. Les gens se rencontraient autour d’un comptoir qui rappelait celui d’un saloon des films western. Certains avaient les yeux rivés sur l’un des rares téléviseurs que possédaient les Khaldi. Non loin se dresse un caroubier séculaire aux feuillages ombrageux, qui offrait un endroit propice au repos. Il y avait le magasin du regretté Djeloul Mohamed Ould Slimane, une véritable caverne d’Ali Baba. Une immense épicerie où s’approvisionnaient toutes les communautés du village. Aussi, le salon de coiffure de Houari Habib dont le style et l’élégance ne laisse personne indifférent. La renommé de la boucherie Hamdani Mohamed avait dépassé les frontières du village. L’eau en abondance, coulait sans arrêt dans des différentes fontaines publiques ou on se rafraichissait en se rendant au foyer-cinéma d’ammi Naoum. Abbès Sekroun et Belgacem Boukena sillonnaient les artères du village pour diffuser le programme aux cinéphiles. La piscine remplie d’une eau limpide ou tout le monde a appris à nager, servait également d’endroit ou se préparaient les méchouis savamment mitonnés par les Nedjadi M, Bencheikh K et Bachir K, et dont le délicieux fumé venait chatouiller nos narines. Oued El Maleh, avec son légendaire Chaaba joliment décoré avec des tiges de bambou et de roseaux, attirait de nombreux pêcheurs à la ligne. Oued Mekerra passait dans les parages, silencieux en été telle une gentille anguille baignades à tous ceux qui n’avaient pas les moyens d’aller à la plage. Des garçons et des filles fréquentaient l’école- mosquée sous la redoutable tige d’olivier de Sidi Belayachi. Beaucoup se souviennent du moulin de Ould Sahli( dit 80), du stade de tennis, El Mandra. A l’intérieur du village, l’emblématique café de Amimi (Benali) crée pendant les années 50. L’autre fierté des habitants Venait du glorieux Gallia Sportif de Palissy, une équipe de football très suivie par les férus de la balle ronde , qui alignait de grands joueurs comme les regrettés El Bal Mohamed, Ben Ali Benatou (Mazghab), Ponpon, Kamissa Habib, et Hadj Ariba, Mimoun Zouaoui, Kaddour entre autres, qui ravissaient le public sous la houlette de Denaddane Mohamed, feu Mokadess Ahmed (Bogado), feu Bachi Hamida, Bachi Mohamed, Hamdani Lakhdar, Bachi Kouider, Bidane Kouider, Kamissa Mustapha…L’équipe était financée pâr le collectif des domaines autogéré et quelques personnes charitables telle que Benaddane Hadj Kadour feu Benali, Boumediène, Feu Harmel Moufok, et Feu Feraoun Djeloul, Benyacine ,Benali Bouziane et d’autres, vers 1954, les sportifs cessèrent à l’appel pour la lutte de libération. Des centaines de personnes étaient incarcérées et torturées, d’autres ont rejoint le maquis dont beaucoup sont tombés glorieusement au champ d’honneur. Demim Abdelkader, Rahmane Elmekki( dit Redouane) Boumediène Ould Kaida, son frère Houzzi, Seghir Mohamed, Mimoune Zouaoui, Féraoun Mohamed, , En Hennani Habib, Bloufa B …….Actuellement l’assèchement des oueds de la Mekerra et El Malah à cause de graves préjudices à l’agriculture, que le manque de ressources de la commune, aggravée par la croissance démographique, a constitué un frein au développement. On déplore le manque d’infrastructures culturelles et sportives. Une situation qui plonge la jeunesse dans l’oisiveté, ouvrant la voie à de nombreux risques de délinquance. Mais comme disent les habitants de Sidi Khaled « Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir »
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Posté Le : 22/10/2016
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Rahmane Bouziane
Source : lavoixdesidibelabbes.info