Prendre position sur l’opportunité de détruire ou conserver un édifice architectural est un ancien débat, animé bien évidemment par des intérêts très divergents. Il s’agit ici de la Koubba ou disons le Mausolée de Sidi-Bel-Abbès El-Bouzidi. Dans cette ville ce motif marque assurément beaucoup de désaccord s’il n’est pas exposé sur toutes ses facettes. Mais, avant de dégrossir le sujet. Rassurons-nous et consolons-nous en définissant les différents termes qui alimentent le débat mais qui sont trop souvent confondus. Il y a là sans doute une bonne part de pensée mystique.
À l’heure où de plus en plus de sites et monuments historiques de notre chère ville sont détruits ou tout simplement laissés à l’abandon et en tant que citoyen de la ville et simplement en tant que tel (Voir notre contribution : L’abandon des sites Archéologiques du 8 Octobre 2018). Je m’interroge ici sur la préservation du patrimoine local loin d’avoir l’intention d’orienter le débat vers le terme de la destruction ou encore soumettre le sujet de ce patrimoine collectif à des supplices inventés par la mémoire et l’histoire ! Puisque d’une part, il est à mon sens déjà trop tard pour « poser des questions ». Mais, d’un autre coté, il faudrait reconnaitre aussi, qu’il est sans doute encore trop tôt pour exercer une vraie « questure » du point de vue administratif et financier ou du moins en faire une priorité. Même si assurément, on s’approche de la fin d’une époque historique dans notre pays.
Pouvait-on protéger et donc ne pas « supprimer » l’ancien monument architectural colonial de la Koubba de Sidi-Bel-Abbès ? Autrement dit : Que faire si on ne sait pas quoi faire ? À priori, la « protection » de la Koubba, pouvait être réalisée par manières différentes. D’abord, par son inscription au titre de site protégé ensuite comme site classé. Cela n’a pas été fait. Pourtant, madame la ministre Khalida TOUMI avait gaspillé énormément d’argent dans les 12 années de son règne (2002-2014). Une reconnaissance aurait conduit à la mise en œuvre d’un périmètre de protection. Une démarche postérieure au sein d’un plan local du service d’urbanisme aurait peut être sauvé le monument. Preuve à l’appui, l’enquête ministérielle du premier plan 2009-2014 et deuxième plan de protection 2014-2025 se sont désintéressé complètement du monument en question.
J’aurai voulu savoir s’il serait possible d’évoquer ici la question de la restauration de la Koubba ou disons le mausolée de Sidi-Bel-Abbès El-Bouzidi ? Mais, ne ditons pas que faire de l’histoire avec des si est une chose bizarre ! On sait pertinemment que la « restauration » se fait en respectant les logiques de construction. Autrement dit, que s’il s’agisait d’une remise en état du bâti dans son état ancien. Il aurait fallut remonter au début de XXème siècle plus exactement en 1903 selon notre propre conviction. Sans omettre bien sur les réhabilitations antérieures effectuées depuis 1865 et 1849 et même plus depuis la moitié du XVIII ème siècle. Cette démarche peut prêter à discussion entre spécialistes à titre historique (Voir Photo 1). L’administration communale a bizarrement laissé peu de traces. Encore faut-il que pour cela, que le monument en question doit d’abord être reconnu dans le classement national du ministère de la culture.
C’est vrai qu’on peut aussi soulever le terme de « réhabilitation » afin de préserver le caractère historique du bâti. Mais, cette opération nécessite un plus d’éléments contemporains. Ainsi, l’initiateur de la réhabilitation est souvent attendu au tournant. Ainsi, l’éternelle question du non respect des aspects historiques revient à chaque fois. Le passé finit toujours par nous rattraper. Nos amis architectes diront surement encore plus sur ce sujet. Même si, la discussion d’école finit toujours par un compromis inévitable et souvent très subjectif.
Bref, parlant maintenant de cette « rénovation » du patrimoine qui consiste à faire du neuf à partir du vieux. C’est le cas de le dire ici. Mais, la rénovation dépend à chaque fois d’un cas particulier. En fonction de ce qui est fait ou à faire et en fonction de ce que le rénovateur veut fait pour le projet de la future Koubba ou mausolée (Ici les responsables de la Wilaya). Il est vraiment étonnant de savoir que cette rénovation n’avait inclus que le mausolée ! Sans doute à cause des particularités du cimetière. Les anciens premiers responsables de la wilaya auraientt dû et cela depuis longtemps promulgué un arrêté interdisant toutes inhumations et autres cérémonies funèbres dans un périmètre d’au moins cent mètre de diamètre .J’atteste qu’aucune pancarte officielle n’est visible. Quoi qu’une phase de sensibilisation est plus que nécessaire. On peut remarquer que le périmètre est pratiquement un carré d’inhumation presque familiale des : Mami, Badsi, Abdeldaim, Salah , Adim, Sabri, Issad, Bendimred, Allal,Taleb,Zazou, Lasouli …et autres. Sachant que le dernier enterrement dans le périmètre date de l’année 2018.
Dans tout les cas, une rénovation d’un monument historique tel que ce mausolée mérite d’être pensée au cas par cas, afin d’identifier les points sensibles de du monument historique à solutionner notamment ce fameux toit en tuiles vernissées et bien sur les deux à cinq tombes à l’intérieur du monument ou encore cette spécificité du lieu lugubre qui évoque le deuil et l’obscurité bizarrement banalisé par huit grandes fenêtres en plus d’une double porte large comme s’il s’agissait d’un abri de voitures ! Paradoxalement, dans ce cas de mausolée de Sidi-El-Bouzidi le principe consistait à détruire la dénaturation coloniale dans le but de rénover un vieux monument du XVIII ème siècle. Le comble de l’histoire est que les historiens Français eux mêmes nous avaient dressé une liste d’une dizaine de mosquées, et plus encore des marabouts (Koubba) et nombre de d’édifices du culte musulman ayant purement et simplement été démolis lors de grands travaux d’urbanisme et de voierie, tandis que d’autres étaient convertis en églises. Mais, on savait déjà que la liste était loin d’être exhaustive. Donc, la municipalité coloniale avait certes détruit l’ancien mausolée et bien sur sa koubba tout en construisant un autre avec une bizarre toiture en tuile au style mauresque. La même démarche a été enclenchée à Marrakech au Maroc pour Sidi-Bel-Abbès Essebti (Voir photo 2). La question se pose par elle-même. Fallait-il détruire l’ancien édifice pour rénover l’ancienne Koubba de Sidi-Bel-Abbès ? Je trouve cela bizarre parce que finalement on pourrait dire ainsi que ce n’est pas d’une rénovation qu’il s’agit mais elle serait plutôt une réhabilitation !
La tradition aurait voulue qu’une plaque commémorative en marbre blanc soit placée à l’entrée. Mais rien de cela n’a été fait. Selon nos sources les travaux ont duré du 02/04/2016 au 24/01/2018. Les travaux de peinture autrefois blanchie à la chaux se poursuivent jusqu’à maintenant. Pourtant le chantier est terminé. (Voir photo 3).
Cette rénovation, qu’elle soit anticipée ou qu’elle ait été réalisée à moitié, devait nécessiter l’embauche d’une main d’œuvre qualifiée, notamment un entrepreneur et un architecte spécialiste dans la rénovation. On ne sait pas si l’entrepreneur (Apparemment Mr Abdenabi selon nos sources) à qui ont avait confié les travaux avait déjà réalisé des rénovations pareilles ? Il faudrait souligner aussi que l’architecte et l’entrepreneur devaient demander l’avis à des spécialistes en rénovation notamment les architectes et les historiens pour s’inspirer ou pour obtenir de l’information. Apparemment, le rénovateur avait gardé la surface et les murs en forme de rectangle sinon un carré long en ajoutons des piliers à la figure géométrique du quadrilatère tout en ajoutons deux coupoles (koubba) au style ottoman. Une coupole (Koubba) à l’intérieur en plus d’une autre plus petite à l’extérieur. Quelques témoins internes et externes non gênants ont tout de même subsisté, ils ne donneront alors qu’une touche de charme ancien et ne permettront qu’une belle image éclectique. Il est utile de signaler, à vrai dire non acceptable à mon sens que le toit en béton c’est-à-dire la coupole interne ne soit pas étanche à l’eau de pluie. Je vous laisse imaginer la scène à l’intérieur du mausolée dès qu’il fait mauvais temps.
En effet, pourquoi donne-t-on une valeur de patrimoine à cette Koubba de Sidi-Bel-Abbès ? La prompte réponse est qu’elle a une valeur emblématique. Oui ! Elle représente l’histoire et même plus puisqu’elle a une analogie directe avec le toponyme de la ville. Dans, une récente communication concernant le deuxième colloque sur les personnalités marquantes de l’histoire de la région de Sidi-Bel-Abbès durant la période coloniale le 21-22 novembre 2018. J’avais scruté ce sujet en rapport avec le toponyme de la ville.
Cette koubba constitue notre patrimoine. Elle rejoint ainsi l’idée que nous nous faisons des composantes de notre identité. C’est donc une des raisons pour lesquelles on conserve le patrimoine local. Notons, qu’il est quasiment certain que l’administration coloniale en Algérie en a détruit plusieurs monuments. Aussi paradoxalement que cela puisse paraitre, c’est l’administration communale coloniale française qui avait « construit » l’ancien monument dont en parle ici. Tout en sachant, que c’est elle qui avait « détruit » la première koubba authentique construite probablement au milieu du XVIII ème siècle et dont les sources historiques gardent la trace. Voilà pourquoi il y a des souvenirs attachés au patrimoine, qui font qu’on met de côté, plutôt que de les détruire. Les raisons pour lesquelles on ne supprime pas ces objets, sont celles-là mêmes précisément, qui définissent une valeur de patrimoine. C’est le concept même de patrimoine qui nous interpelle.
Pour conclure cette question du patrimoine architectural de la ville et notamment ce mausolée, il est vrai qu’il ne s’agit pas d’un monument inscrit officiellement comme patrimoine historique donc les règles ne sont pas « strictes ». Ainsi, le rénovateur n’est pas obligé de faire appel à un spécialiste en la matière. L’urgence n’est donc pas signalée. Mais, en parlant d’urgence, y avait-il une urgence à aller plus loin en rénovant sans ouvrir un débat de spécialistes ? S’il s’agissait d’un nombre très conséquent de villas coloniales ou de « châteaux » ici et là et notamment dans les quartiers du faubourg Thiers ou Mon plaisir ! Les commis de l’état et autres élus locaux nous auraient répondus promptement « On ne peut pas tout conserver ! ». En définitive, on s’aperçoit donc, que rien ne va de soi. C’est difficile d’opérer des choix et même d’adopter des critères. Certes, mais, là il s’agit d’un seul monument. C’est d’ailleurs, le seul monument architectural authentifié « existant » avant l’arrivée du colonialisme Français. Il était aussi la seule preuve archéologique ! C’est triste de l’affirmer.
Par : AL-MECHERFI. K
Aidekom Mabrouk. Dans ce sujet très communautaire, il y a aussi cette question du rituel du sacre et la vie cultuelle des Béni-Ameurs (Une population rurale).Théoriquement, on peut définir ce qu’est une religiosité rurale et une religiosité urbaine. Toutefois, mon questionnement vise à connaitre comment se pratiquer la prière du vendredi ou il n y avait pas de mosquée ? Voilà il faudrait revenir à cette Koubba et autres zaouïas, sanctuaires ou même la hawita bien de chez nous et cela pour éviter les annotations le plus souvent regrettables.
On sait que la prière du vendredi est accomplie collectivement (sans parlé de celle de l’Aïd ou encore ces jours de marché/éco -Souk). Elle remplace la prière de Dohr (midi). J’ai lu qu’il suffisait la présence de trois hommes résidents pour la célébrer. C’est-à-dire un imam, muezzin en plus d’un fidele. Ceci-dit que la présence d’une population est authentifiée par les documents notamment les cartes et Alexandre Dumas le consul chez l’Emir Abdelkader.
J’avais bien évidemment consulté l’histoire rurale de l’Islamologue Jacques BERQUE. Il distingue deux niveaux étagés de la vie religieuse. Celle lié à la sainteté des grands individus et des grands espaces. En bas, le niveau communautaire dominé par les petits sanctuaires ruraux. Toutefois, je n’ai toujours pas de réponse.
Le colonialisme avait tout chamboulé dès son arrivée dans la région. N’oublions pas qu’il y avait une source d’eau ! (Preuve à l’appui). En plus, les premiers colons chrétiens en majorité des Espagnoles avaient d’ailleurs construit une église (Sacré cœur) tout près du stade koura actuel. D’un autre coté, quant aux militaires français, il est évident qu’ils ne pouvaient tolérer une présence de population autochtone. On peut affirmer aussi que le vrai poseur de bombe fut le colonel Paul Azan . Parce que c’est lui le premier historien de la ville.