Sidi-Belabbès - Galeries d'art

Kada Bensemicha. Fondateur du Musée des arts de la marionnette à Sidi Bel Abbès: La grande passion d’un homme-orchestre des planches



Kada Bensemicha. Fondateur du Musée des arts de la marionnette à Sidi Bel Abbès:  La grande passion d’un homme-orchestre des planches




A 64 ans, Kada Bensemicha demeure un homme jovial, et surtout affable à souhait. Artiste aux passions multiples, il avoue que c’est le théâtre qui finira par lui prendre toutes les années de sa vie. Une passion qui remonte déjà à ses premières années à l’école.

Fils d’un instituteur en déplacement dans plusieurs villes de l’ouest, Kada se découvre des dons artistiques dès son enfance.

«J’ai été remarqué déjà en 1960 dans une école à Béni Saf, par mon enseignant de français ; j’avais à peine huit ans et j’aimais beaucoup imiter les voix, et j’adorais surtout jouer au théâtre ; je me rappelle encore de mon premier rôle dans une pièce jouée lors de la fête de fin d’année scolaire ; c’était celui du chat botté, dont je me rappelle encore de nos jours», révèle Kada Bensemicha.

Enfant, Kada aimait aussi la danse classique. Il avait aussi de la chance, puisque c’était la femme de son enseignant de français, elle-même enseignante de danse, qui lui en a appris les rudiments de base. De retour dans sa ville natale, Sidi Bel Abbès, il retrouve les rangs des Scouts musulmans. Une véritable école de la vie. Mais il y avait aussi dans la vie de Kada son adhésion au conservatoire communal, où il deviendra plus tard enseignant de danse. Un vieux rêve. Ces deux événements marqueront le tournant de sa vie.

C’est au sein des scouts que Kada réussira à concrétiser son projet, celui de former une troupe de danse folklorique, formée de jeunes amateurs enthousiasmés. C’est avec cette troupe qu’il se fera connaître dans plusieurs contrées du pays. Une action qui fera aussi sa notoriété. Mais Kada Bensemicha est encore plus ambitieux.

«J’ai décidé de me perfectionner dans le théâtre pour enfants et dans la danse en suivant des stages sur la pantomime en France et sur le flamenco en Espagne», dira-t-il.

Mais le fait qui marquera Kada pour toujours est sa rencontre avec Kateb Yacine, qui encadrait des comédiens et des troupes au théâtre de Sidi Bel Abbès.

«C’est ce grand homme de culture et du 4e art qui m’a ouvert la porte du théâtre pour enfants», témoigne-t-il.

L’expérience de Kada Bensemicha fera un grand succès. Ce sera le début d’une longue carrière. Avec sa coopérative théâtrale, il fera le tour de plusieurs pays en Europe et dans le monde arabe, avec dans son escarcelle plusieurs distinctions, dont le fameux Prix Garcia Lorca.

Un monde merveilleux

La passion de Kada Bensemicha pour les marionnettes est intarissable.

«Deux hommes ont marqué ma carrière à mes débuts ; il s’agit de Issaâd Khaled et Zaïr Abbès ; c’est grâce à eux que j’ai connu tout ce succès», reconnaît-il.

Pour preuve, l’expérience acquise par Kada est devenue une référence de nos jours.

«Nous avons commencé dans les années 1980 par donner des spectacles dans les cantines des écoles et dans les maisons de jeunes ; on ne demandait pas beaucoup de moyens, juste une scène ou quelques tables et le tour est joué ; il fallait voir cet engouement indescriptible et cette passion inassouvie des gens pour le théâtre des marionnettes ; on jouait partout, dans les douars et parfois même dans la rue», déclare-t-il.

En écoutant Kada évoquer l’histoire des marionnettes dans le monde, on a l’impression d’être en présence d’une véritable encyclopédie vivante.

«Il faut savoir d’abord que le théâtre des marionnettes était destiné au début pour les adultes ; la mémoire collective chez nous retient toujours le nom de Arayesse el garagouz (Les marionnettes du garagouz), mais en réalité ce nom de Karagheuz ou Kara-Göz, devenu Garagouz, provient du turc et veut dire les yeux noirs, en référence à celles de cette marionnette populaire», notera-t-il.

L’histoire retiendra que ce mode d’expression était une attraction très populaire, car il reflétait ce que pensaient les gens simples de leurs gouverneurs, surtout lorsque ces derniers agissaient en dictateurs. Kada cite le cas du Guignol créé par Laurent Mourguet vers 1808, et qui donnait des représentations dans les foires et les jardins de la région de Lyon, où il était question de spectacles truffés de critiques acerbes contre la monarchie, dénonçant les injustices que subit le peuple.

Un patrimoine universel

L’idée de rassembler divers genres de marionnettes dans un lieu qui pourra servir de point de rencontres pour les amoureux de cet art a germé dans l’esprit de Kada Bensemicha depuis plusieurs années. Il fallait trouver ce lieu, dans une ville où avoir un local n’était pas une sinécure.

«J’ai finalement déniché une cave dans un immeuble de Haï Sidi Djilali dans la ville de Sidi Bel Abbès, que j’ai réussi à aménager avec mes enfants et l’aide précieuse des habitants du quartier, après l’obtention de l’autorisation des autorités. C’est ainsi qu’a été fondé le 27 octobre 2000 le musée des arts de la marionnette, que nous avions baptisé Musée El Ghandja, en référence à ce personnage populaire, dont l’existence remonte à une ancienne croyance perpétuée depuis des siècles dans plusieurs régions en Algérie, pendant les périodes de sécheresse où cette sorte de poupée étrange à la tête fabriquée à base d’une plante nommée Doum, vêtue d’une robe couverte de foulards multicolores ; durant les périodes de sécheresse, on recourt à un rituel populaire dans lequel les enfants chantent et dansent autour d’El Ghandja, implorant le ciel pour faire tomber la pluie et sauver les récoltes», rappelle Kada.

Le Musée El Ghandja est né dans la sueur, grâce au dévouement de la famille des Bensemicha qui, à l’image des saltimbanques de la comédie italienne, ont réussi à créer un univers merveilleux et féerique, enfantin, plein de vie, de vivacité, de joie, de bonheur et surtout d’imagination.

Dans un espace qui ressemble à une caverne d’Ali Baba, réunissant des trésors du patrimoine culturel universel du monde de la marionnette, on aura comme compagnons des personnages mythiques, venus des quatre coins de la terre.

«C’est grâce à mes tournées dans des dizaines de pays dans le monde, et avec le soutien de tous mes amis passionnés de marionnettes que j’ai pu amasser cette véritable richesse culturelle, avec pas moins de 409 pièces», dira cet homme-orchestre des planches.

Un espace culturel et pédagogique

Dans le Musée El Ghandja, ouvert au public, on retrouve le théâtre d’ombres du Garagouz, fait avec des silhouettes de personnages translucides et colorés, découpés dans du cuir, déplacés avec des tiges en bois derrière un écran éclairé par une source lumineuse. On découvre, entre autres, les marionnettes de Wayang-kulit, venus d’Indonésie, remontant à l’an 1000, et les personnages en bois de Wayang-golek de l’île de Java, apparus au XVIIIe siècle.

Comme dans un véritable voyage dans le temps et dans l’espace, les visiteurs de ce musée pourront admirer une belle galerie de merveilles de cet art, dont le Guignol français qui symbolise l’homme du peuple avec son visage rond, son large sourire, vêtu d’une jaquette de bure marron, aux boutons jaunes, et au nœud papillon rouge.

Le musée expose également l’opéra dei puppi sicilien et napolitain, le personnage russe de Petrushka, dont les spectacles étaient des attractions populaires lors des foires d’hiver avant la Révolution bolchevique de 1917 dans l’ancienne Russie, mais aussi de poupées et des marionnettes venus d’Espagne, de Grèce, de Turquie, d’Inde, du Mexique, du Bénin, du Cameroun, du Togo, de Tunisie et du Maroc, et même du Venezuela.

Une véritable balade culturelle sur les continents. Le Musée d’El Ghandja, qui demeure une expérience unique en Algérie, a créé ses propres expositions itinérantes, ayant fait le tour de plusieurs wilayas.

Cet espace, qui dispose d’une bibliothèque et d’un service d’information, assure également un volet pédagogique, avec ses ateliers de construction et d’animation dirigés par des encadreurs motivés.

C’est aussi une école de théâtre qui dispense des cours aux enfants du quartier de Sidi Djilali.

Un lieu agréable, qui baigne dans l’odeur du jasmin et de la verdure, où l’on offre aussi des spectacles et des moments de détente pour le grand bonheur de la population. 

Arslan Selmane




Bonjour, Je suis tombé sur votre article concernant Monsieur Kada Bensmicha Marionnettiste et j'ai cherché le contact de ce dernier , mais en vain je n'ai rien trouvé. Je vous serai gré de bien vouloir me communiquer son numéro de téléphone ou email afin que je puisse entrer en contact avec lui et lui faire part de mon projet concernant un spectacle de marionnettes et de l’intéresser à ce sujet. Salutations
hadj hamou - publicitaire - alger, Algérie

07/01/2019 - 393776

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