Djillali Toumi - Publié dans La Nouvelle République le 15 - 12 - 2013
Selon la logique, derrière chaque image, il y a une histoire. Bonne ou mauvaise, elle aura toujours son attrait magique identitaire qui fait réjouir et mettre en diapason un arrière fond, son secret, prêt à éclore à toutes tentatives de prospections sensuelles tendres.
La commune de Boukhanefis pour ceux qui l'ignorent, c'était une commune agricole qui respirait de l'air pur, pas la moindre moisissure. Les superficies agricoles qui l'entouraient de tous les côtés, l'enveloppaient comme un nourrisson en pleine saison hivernale dans une touffe verte printanière enchanteresse qui ravit même les duretés. Ce manteau de végétation verdoyant à verse fleuri qui prenait dans ses profondeurs sensationnelles d'une beauté mystérieuse tout adepte, avait son secret naturel sur l'obsession humaine. Un soupir automatique de vénération surgit au simple regard comme un réflexe du fond des émonctoires, résultat d'un ébahissement merveilleux. La rivière mythique aujourd'hui, trônait avant avec son flot à permettre aux roseaux et au flux d'arbres de tout genre, le privilège à s'imposer, faire obstacle aux indélicats préservant une virginité attrayante et adorable et les oiseaux en font un havre et nichent en toute assurance. Tout chantait aux alentours, la terre grouillait de sa fertilité qui trouvait son plaisir à faire pousser en symphonie tout ce qui se trouve dans son ventre, la paissance ravissait les bergers, l'environnement était sanitaire. Le ciel vibrait de vie, du petit insecte volant à la cigogne qui dansait en cercle dans les altitudes. Une cohérence ensorcelante à mouvement nuptial qui vous incite tendrement à comprendre le mystère d'une beauté qui vous paraît proche, pas facilement saisissable plutôt ineffable. Ce qui la rendait aux sensations si attrayantes. Chacun trouvait son compte dans l'originalité divine donnant un gala à ciel ouvert qui vous fait renoncer à tout, en tenir au seul instant, planer, voyager sans fournir d'effort physique. La vue sans obstacle non concordant ne se lassait pas un seul petit instant, l'ouïe continuellement transporté séduit par des canards sauvages d'une lâchée des services des forets qui peuplaient la rivière proposant avec leurs petits à la quête de quoi se nourrir sur l'eau une procession stupéfiante, des sons d'oiseaux qui deviennent prodigues dans ce milieu miraculé ou la mangeaille garnit le banquet et procure toute l'assurance. Les riverains tracent difficilement des passages pour traverser d'une rive à l'autre, nagé, chassé du lapin sauvage et des volatiles comme les perdrix et les poules d'eau qui abondaient dans ces eaux limpides. La vie était agréable et d'un attrait qui faisaient drainer des visiteurs de tous les recoins en famille et en solitaire juste pour se détendre et se vidanger du mal de la ville et des endroits afflictifs. La rivière de Mekra traversait en coupant le village en deux, isolant ainsi le quartier de Chabrine embonpoint embelli de parcelles de terres qui l'accompagnaient, longeant la rive tout le long de ses habitations serrées les unes contre les autres sur une seule ligne parallèle vers la sortie en direction de Sidi Bel-Abbès donnant une image de spectateurs engloutis par la beauté du spectacle naturel gratuit. Sa position (rivière) dans le centre presque rendait la zone humide. L'été, sous les arbres touffus, les rayons de soleil arrivaient à peine à toucher le sol, le feuillage était très dense, accordant une pleine fraîcheur sous un soleil piquant. Des milliers d'hectares de vignes encerclaient tout le village des quatre côtés, plus de cinq domaines agricoles étaient installés, la cueillette ne se faisait nullement sans peine. Le raisin de toute sorte garnissait les tables de chaque famille à plus de 25 km à la ronde. Son vin s'exportait l'au-delà des péninsules ibériques. Et d'un jour au lendemain, dans l'ignorance des uns et l'insouciance des autres, les politiques réticentes imposaient davantage d'emphase politicienne mensongère. L'altruisme perdait davantage de graisse laissant place au narcissisme qui prenait affreusement des épaules squelettiques dans la dégringolade. Les gestions successives destructives avançait semant son venin dans tous les recoins de la roulotte sociétale et environnementale. Chaque décision prise d'en haut ne faisait qu'enfoncer la lame dans la plaie. Et le charmant s'éteignait délibérément à petit feu. Les vignes ont disparu assassinées crapuleusement, la rivière de Mekerra était prise en otage le jour où on a décidé de déverser les eaux usées dans sa trajectoire. Des élus issus de la fraude, et tout s'enchaînait comme un malheur immortel déterminé à l'irréparable... Pas facilement en tout cas. Et comme un malheur ne vient jamais seul, les carrières se multipliaient à la commune de Sidi Ali Ben Youb. L'eau d'Oued Mekrrra devait satisfaire certains travaux pour la finalisation des matériaux de construction. Cette pratique a diminué la coulée permettant aux eaux usées de prendre le règne ouvrant les portes de l'enfer. Toute vie a regrettablement disparu. Ce qui était passionnant à voir est devenu subitement piteux et repoussant. Seuls les moustiques arrivaient à s'adapter dans ce milieu réduit à la nullité rendant encore pénible la vie des riverains. Quel phénomène naturel aurait-il pu réussir à rendre ce paradis aussi aride à donner l'envie de pleurer à chaudes larmes. Seules les crues passaient par la rivière de Mekerra qui constituait le poumon de cette agréable existence, seulement, ces eaux sableuses des averses qui débordaient de ses rives à menacer les riverains ne faisaient que redonner à la vie une autre forme de vie plus meilleure. L'affreuse parade à la quête de ce monstre du mal corrodant, la machine humaine demeure seule suspecte de l'état actuel de la commune. Boukanefis est désormais devenu Boukhanefis, comme si la symphonie de sa prononciation allait parallèlement à son agonie. Le paysage d'aujourd'hui donne une image frustrante qui vous plonge dans la regrettable décision du choix cornélien de fuir ou de rester. Les plaques de signalisation ont perdu leurs identités, de la ferraille qui encombre l'arrière fond de cette image de douleurs et nuisibilités devant un silence indescriptible de l'autorité. Bon Dieu, quoi pleurer, un avenir ou un passé ?
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Posté Le : 23/08/2017
Posté par : patrimoinealgerie
Photographié par : Hichem BEKHTI