Superbe maquis de pins et d’armoises, le mont Sekrine (Sekrine veut dire perdrix en chaoui) est en danger. D’autant plus qu’il est convoité par les braconniers et des exploitants de carrière. Lesquels voudraient transformer le site en champ de mines, de poussière et de pollution.
Pour preuve, un investisseur de Aïn Oulmène s’est présenté dernièrement au siège de la commune de Aïn Lahdjar muni d’un agrément du ministère de l’Energie et des Mines, l’autorisant à exploiter une unité de concassage et de criblage de pierres à Sekrine.
Selon certaines indiscrétions, la Conservation des forêts n’a, apparemment, pas été avisée par les experts du ministère précité. N’ayant pas été consultée pour émettre son avis, l’Assemblée populaire communale de Aïn Lahdjar aurait, nous dit-on, opposé un niet. D’autant plus que ses administrés ne veulent pas de cette carrière qui va, non seulement menacer le site, mais aussi polluer leur environnement.
Afin de préserver et de protéger le mont Sekrine, un groupe de défenseurs de la nature lance un appel pour la reconversion du mont Sekrine en une réserve naturelle de chasse de l’outarde (chasse au faucon, dont beaucoup d’hommes riches à travers le monde sont fervents). Les profits de la chasse à l’outarde sont, disent-ils, beaucoup plus importants que le pâturage et la culture de l’orge pratiquée par quelques propriétaires terriens locaux.
Pour valoriser davantage l’espace, les partisans de ce projet sont en train de constituer une banque de données sur Sekrine (histoire écologique, noms d’animaux et de plantes, etc.). Ils ont, par exemple, découvert que le macroscélide (Elephantulusrozeti) existe à Sekrine et que cette région constitue sa distribution la plus nordique, tout comme le pistachier de l’Atlas.
Ils savent que Sekrine était un excellent habitat de l’outarde houbara (Chlamydotisundulata) et même de l’edmi, la gazelle des Hauts-Plateaux (Gazellacuvieri), dont il reste une petite troupe à l’Ouest dans le Djebel Sallat près de M’Sila.
Notons par ailleurs que le mont Sekrine, qui était dans un passé récent célèbre pour ses perdrix, est un groupement de petites montagnes situées à environ 40 km au sud de Sétif. Occupant des parties des territoires des communes de Aïn Azel, Aïn Oulmène, Aïn Lahdjar, ainsi que Salah Bey et Bir Haddada, le mont Sekrine, où la faune était relativement abondante, dispose encore d’une riche diversité de plantes (les habitants locaux s’y approvisionnent en plantes médicinales), une vingtaine d’espèces d’oiseaux et plusieurs mammifères, dont le chat sauvage, quelques sangliers, 2 ou 3 hyènes, renards, chacals et belettes.
Selon nos interlocuteurs, l’année dernière, des braconniers ont abattu plusieurs sangliers et deux hyènes. Il reste aussi un nid d’abeilles sauvages et surtout un spécimen de pistachier de l’Atlas (Pistacia atlantica), vieux peut-être de 2.000 ans, puissant symbole de Sekrine, vénéré par les anciens de la région.
N’ayant pas jugé utile d’avoir une idée précise sur le mont Sekrine, un véritable laboratoire à ciel ouvert pour les biologistes de l’université Sétif I et d’ailleurs, les signataires du dit agrément vont-ils reconsidérer leur position?
Les autorités locales, à leur tête la Conservation des forêts et la direction de l’environnement sont appelés à réagir…
Photo:La région dispose d’une diversité dans la flore et la faune
Kamel Beniaiche
Posté Le : 18/05/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Kamel Beniaiche
Source : elwatan.com du mercredi 18 mai 2016