Ce petit village isolé est encore de nos jours sans eau courante et sans électricité. Il y a de cela plus de 150 ans, le jeune Lmuhub y revient après sept années d’études à la prestigieuse Timãemmert de ccix Ahhedad (détruite par l’armée française après l’insurrection de 1871), pour est perpétuer l’action de ses ancêtres et y constituer l’un des fonds documentaires les plus importants du Maghreb.
De l’Andalousie à l’Extrême orient et du 9 ème au 19 ème siècle, la diversité des origines des auteurs (et des périodes de rédaction des ouvrages) est un bon indicateur de l’étendue des connaissances qui étaient alors à la disposition des érudits. En particulier, les écrits des auteurs de Kabylie permettent d’avoir une idée assez précise du niveau du milieu intellectuel de la région.
En plus des vingt trois disciplines répertoriées, la bibliothèque comprend des ouvrages divers (copies du Corant, voyage, éducation sexuelle, pratique de la correspondance, confection de manuscrits,…). Les écrit de langue berbère et les traités de mathématique (algèbre, science du calcul, géométrie, science des héritages, astronomie, astrologie) sont probablement les joyeux de la collection.
Par ailleurs de nombreux documents permettent d’effectuer une véritable incursion dans le 19 éme siècle : pactes d’héritages, actes notariés, Waqf, état-civil, correspondance, textes de khotba, pactes de réconciliation,…
Des dizaines de témoignages répertoriés donnent des informations précises relatives à l’histoire locale (insurrection de 1871, famine de 1877, épidémie de 1753, arrivée des criquets en 1850, prix des produits, technique de calcul, …) et permettent de reconstituer le milieu intellectuel de l’époque.
A tout cela, il faut ajouter le recueil de plusieurs objets en rapport avec bibliothèque : Afniq (coffre en bois), Leqlam uanim (roseau de bambou), Talwaht (planche), Ssmex (encre), …
La khizana (bibliothèque) de ccix lmuhub a été incendiée en 1957 par le pouvoir colonial. Parqué dans un camp, son héritier lmehdi, demanda à sa bru de « sauver ses livres ». Zahira transporta alors les manuscrits restants sur son dos et ira les « enterrer » loin d’Axxam Udellas.
Posté Le : 30/07/2021
Posté par : patrimoinealgerie
Source : https://www.facebook.com/chikh-lmouhoub-ulahbib-197323933634600/