KĞAN ou IKJAN, est cet endroit illustre, chargé d’histoire, peu commun et peu connu. Allons à sa découverte
Parler IKJAN ne pourrait se concevoir sans l’évocation et l’association d’une certaine épopée Ifrikienne des FATIMIDES. Sans vouloir prétendre à la réécrire ou de disserter sur la genèse ou l’avènement de ce mouvement Ismaïlien et à l’accession du Mahdi à l’imamat ,nous nous bornerons d’en évoquer juste la situation géographique de ce que fut IKJAN ou ce refuge d’ Abu Abd Allah ,ce Da’ï ou missionnaire, originaire de Küfa ,berceau originel du chiîsme.
Le choix fut porté sur le Da’ï Abu Abd Allah. Il répondit à la nécessité d’aller au Maghreb, « une terre en friche, qu’il faut labourer, retourner, la travailler jusqu’au jour ou viendra l’homme chargé de la semence. Il la trouvera travaillée et y sèmera le grain » sic.
C’est vers en l’an 280 de l’hégire correspondant à l’année 893 de l’ère chrétienne que l’Imam Djaafar Essedik aurait ordonné au Da’ï de partir au Maghreb pour propager les notions de la « science exotérique* » des Imams par l’enseignement de la doctrine chiite ainsi que les actes initiatiques .De faire adhérer les populations pour faire connaître leurs vertus, en lui ordonnant aussi d’aller bien au delà des limites des territoires berbères.
IKJAN est ce endroit peu commun situé en territoire Kotama dans la tribut des Djimla qui englobe tout le massif des Babors, jusqu’aux portes de Bejaia à l’ouest ,Collo à l’est et au sud de Sétif où , sous l’influence du Da’ï qui propagea son influence ,se créa et se forma cette redoutable soldatesque constituée de ces farouches montagnards Kotama ou ces terrifiants guerriers et cavaliers qui constituèrent l’essentiel des gardes prétoriennes des bataillons et des formations de combat qui créèrent le Royaume Fatimide du Maghreb et accompagnèrent au terme de son séjour l’héritier d’Al Mansour ; Al Mu’izz Li-Din Allah ou dernier Khalife des fatimides du Maghreb, parti vers son nouveau destin pour retrouver les origines de sa dynastie .Cette dernière expédition qui s’était établie d’abord en bord du Nil,est à l’origine de la création d’El Ğahira , le Caire aujourd’hui où , à l’origine, fut édifiée la grande mosquée d’El Azhar comme centre de rayonnement et de propagande chiite sur l’Egypte.
Convenons que ce succès a été obtenu grâce notamment par la participation des troupes des tributs Kotama.
Nous pouvons donc affirmer sans vergogne que nos ancêtres combattants sont à l’origine de la création du Caire.
Bouloughin accompagna Al Mouiz jusqu’à Gabès et pris congé de son suzerain pas très loin, au seuil des vastes contrées désertiques du Fezzan et de la Tripolitaine. C’était en l’an 361 de l’hégire,972 de l’ère chrétienne.
Ainsi pris fin l’épopée Ifrikienne des fatimides.
Et c e ne fut pas par hasard que le Da’ï Abu Abd Allah choisit de s’installer à IKJAN. C’est au détour d’une rencontre (arrangée) avec des pèlerins Kotama convertis au chiisme auprès desquels il s’informa parfaitement de la situation géo- politique, militaire, sociale etc., qu’il résolu, en relation avec ses chefs, de partir et de s’installer à IKJAN pour constituer une espèce de tête de pont en préparation de la future conquête du Maghreb central par les Fatimides.
Ainsi donc, cette petite bourgade ou ce lieu dit ,inconnu du commun ,se situant à l‘orée de l’actuelle ville de Beni Aziz dans la wilaya de Sétif ,sur les contreforts des monts des Babors, joua un rôle prépondérant dans la préparation et le développement de la puissance du royaume Fatimide au Maghreb où l’état atteignit un sens aigu d’organisation et de magnificence .Ses redoutables contingents de soldas étaient constitués pour l’essentiel de Kotama ,issus des tribus montagnardes,originaires de cette région de la petite Kabylie .
Ayant atteint le sommet de l’art de la guerre, on raconte qu’en des nombreuses batailles, les troupes de l’ennemis désertaient et fuyaient rien qu’à l’annonce de l’arrivée des contingents Kotama .Ils ne se mesuraient même pas à eux. Les Kotama avaient cette terrible réputation dans leur supériorité guerrière de ne jamais faire de quartier, Ils tuaient, tuaient, ils ne constituaient jamais des prisonniers ou de captifs. Ils étaient pour dire rémunérés en fonction du nombre d’oreilles rapportées sur les cadavres ennemis !
D’IKJAN qu’on peut visiter, il ne reste plus que quelques traces que les autochtones pourraient vous indiquer.
Pour les amateurs de la question, nous conseillons la lecture de l’ouvrage de Farhat Dachraoui : Califat Fatimide au Maghreb 296-362/909-973. Histoire politique et institutions.
Thèse principale de doctorat d’état présentée à la Sorbonne en 1970.Elle a valu à son auteur 12 ans de travaux et éditée à Tunis par la société SDT en 1980.
Posté Le : 07/05/2021
Posté par : staifi
Ecrit par : écrit par : A. Nedjar, Sétif Info, mis en ligne par : Boutebna N.
Source : https://setif.info/article3214.html