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AHMED ZIR, CINÉASTE AMATEUR Le septième art dans la peau



Publié le 15.07.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
ABDELHAK MÉBARKI

Le cinéma, une passion qui vous consume et ne vous lâche plus. C'est ce qu'a vécu Ahmed Zir depuis son enfance. Parallèlement à sa carrière d'enseignant, il a choisi le cinéma, non pas comme un métier, mais comme une raison d'être.
Amateur du septième art depuis les années 70, Zir a accumulé de nombreux prix dans divers festivals, refusant toujours de passer au statut professionnel pour préserver sa relation passionnée avec le cinéma d'auteur, loin des contraintes d'un exercice professionnel.
Un des meilleurs cinéastes amateurs algériens
Zir a débuté avec une vieille caméra Super 8, qu'il trimballait partout dans sa ville natale, la belle région d'El Eulma. Il capturait la vie simple de ses semblables, dressant des portraits intimes de leur quotidien. Enfant du peuple, ses œuvres racontent les souffrances des Algériens durant la guerre de libération et leur quête de stabilité, de paix et de bien-être après la colonisation. Progressiste et révolutionnaire, il demeure l'un de nos meilleurs cinéastes amateurs. Son parcours mérite d'être encouragé pour qu'il continue de réaliser de nouveaux films sur les défis de l'Algérie nouvelle.
Refaire l'itinéraire du cinéaste, c'est se rappeler qu'il a commencé à faire connaître ses premiers courts métrages dès 1979 avec des titres comme Être, Flambée, Le rêve, Aurore, Cessez-le-feu, pour ne citer que ceux-ci, car la liste est tellement longue qu'il nous est difficile de les énumérer dans leur globalité.
En 1990, il reçoit un prix pour un scénario présenté au concours du journal Horizons (1989) ; s'en est suivi celui du Cessez-le-feu (année de l'Algérie en France 2004), Portugal : Festival d'Algérie, mention spéciale. Par ailleurs, il lui a été décerné pas moins de 35 prix nationaux et internationaux, entre autres Tunisie : Faucon d'or 79/94, Test de Bruxelles 83/84, etc. Il a parcouru de nombreuses capitales du monde, où ses œuvres ont été saluées pour leur originalité et leur engagement révolutionnaire. Les critiques ont décelé un symbolisme évocateur des grandes tendances du cinéma d'auteur avec un recours fréquent à l'allégorie et au style poétique. Le symbolisme est omniprésent dans ses nombreux films, où il a su ajouter de la profondeur et de la complexité à ses histoires, laissant les spectateurs libres d'interpréter ces symboles de différentes manières.
Interrogé sur sa passion pour le cinéma amateur, il confie : «Tout a commencé au lendemain de l'indépendance lorsque je m'intéressais de très près à tout ce qui touche au grand écran. Mes premiers pas dans le cinéma amateur ont été facilités par ma fonction d'enseignant mais surtout par mon attachement au septième art. Quand on côtoie des personnes de la trempe de Ahmed Bedjaoui et Hadi Khelil (Tunisie), on ne peut qu'enrichir ses connaissances du cinéma. Après, c'est sa propre passion et son large savoir des bases du cinéma qui jouent. J'ai vu des centaines de films dans mon enfance et ma jeunesse. Je ne les regardais pas juste pour l'histoire qu'ils racontaient. Je m'intéressais à la trame du scénario, aux dialogues, aux techniques de prise de vue, aux décors, aux effets spéciaux, aux jeux des personnages, etc. Je faisais mes propres analyses et critiques. J'ai pu m'engager dans le cinéma amateur avec cette extraordinaire base de connaissances. Je pense que ce sont ces expériences qui m'ont encouragé et aidé, jusqu'au jour où j'ai été accueilli au musée du MoMA (New York) deux fois, sans oublier mes passages à l'université de Leicester (Angleterre) et au centre Georges-Pompidou (Paris).»
Ahmed Zir poursuit : «Ma carrière de cinéaste n'a pas attendu longtemps pour s'affirmer. Et, comme on dit, l'appétit vient en mangeant, je me suis lancé corps et âme dans la production personnelle malgré mes maigres ressources. Les résultats obtenus m'ont encouragé à redoubler d'engagement. L'aventure fut intéressante et passionnante. Aujourd'hui, à 73 ans, je me sens fier et satisfait de ce long parcours.»

Le cinéma méritait tous ces sacrifices
Il se souvient des sacrifices consentis et des efforts fournis pour s'imposer dans un domaine ardu et rendu complexe par la faiblesse des moyens dont il disposait. Mais, en même temps, il dit que le cinéma méritait tous ces sacrifices car il procure un bien-être unique. Producteur et réalisateur indépendant, il a toujours porté le flambeau du cinéma amateur et ses nombreux confrères du Sud, du Centre, de l'Est et de l'Ouest lui témoignent respect et reconnaissance. On reconnaît aussi ses mérites à l'étranger, notamment en Tunisie et en France.
Il évoque les tendances actuelles du cinéma et regrette la standardisation qui étouffe les films d'auteur et les créations nationales pour imposer un seul modèle : le style hollywoodien qui encourage la violence et une vision manichéenne du monde. Il évoque avec nostalgie la belle époque des cinémas italien et français des années 60 et 70, sans oublier les grands et inoubliables réalisateurs du cinéma américain de cette période.
À une question relative au devenir du cinéma dans notre pays, Zire dira qu’«il est nécessaire de créer des infrastructures aux normes internationales et des moyens susceptibles de porter le cinéma national à un niveau supérieur, le niveau industriel. Avec la réouverture urgente des salles de cinéma partout, le septième art retrouvera sa place dans notre société.»
Abdelhak Mebarki




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