Comme à l’accoutumée, chaque année durant la saison estivale, l’Association de la zaouïa de Moulay Tayeb, sise au village de Boudia, dans la wilaya de Saïda, a organisé la grande waâda en son siège pour honorer le saint-patron, Moulay Tayeb, de la confrérie religieuse «la Taibia», celui qui a vécu au 11e siècle à Ouazzane, au Maroc.
Il s’agit aussi de pérenniser ce rite par l’invariabilité des règles qui le soutiennent. «Pas moins de six wilayas ont répondu à l’invitation, représentant neuf troupes folkloriques, à savoir Oran, Mascara (par le biais de sa commune Tighenif), El Bayadh, Aïn Témouchent, Béchar et Saïda. La zaouïa séculaire a pris naissance en 1907 grâce au don d’une vieille femme qui leur a légué, à l’époque, une habitation actuellement aménagée, et qui sert depuis à célébrer des fêtes religieuses, des fêtes nationales et même à accueillir les voyageurs qui viennent du Grand Sud. Ainsi, cette zaouïa sert de relais à ce tourisme religieux, a-t-on appris auprès de Abdelhamid Bendoubia, secrétaire général de l’Association de la zaouïa, qui a eu son agrément en 1969. La première journée de la manifestation religieuse était une parade pour informer la population de la waâda, -plus d’une soixantaine d’adeptes ont alors sillonné les principales artères de la ville en brandissant leur drapeau sous le rythme cadencé et envoûtant de divers bendirs et derboukas-. Au niveau de la zaouïa, l’on a procédé tout d’abord à la Hadra (il s’agit d’une danse où les fidèles forment un cercle et se tiennent par la main, -ce qui est symbole de fraternité et d’amour-, où ils se mettent à entonner des chants, les invocations d’Allah et du Prophète, sous le rythme cadencé des derboukas et du bendir, et qui parviennent ainsi à plonger les fideles dans une sorte de transe).Il s’agit d’une voie d’élévation spirituelle par le biais d’une initiation soufie et qui désigne la confrérie religieuse rassemblant les fidèles autour d’une figure sainte, en l’occurrence Moulay Tayeb. La seconde journée a été consacrée à la «Selqua» (récitation des 60 versets du Coran), où plus d’une centaine de talebs se relayaient et récitaient durant toute la nuit et jusqu’à l’aube la totalité des versets qui composent le Livre sacré. Par la suite, côte à côte et épaule contre épaule, nombre de fidèles ont entonné des chants religieux tout en tirant à l’unisson des salves de baroud, troublant ainsi la morosité et la somnolence de «la ville des Eaux», engourdie sous un soleil de plomb. Ces salves de baroud sont l’expression de la joie et de la fête, les fusils lors de la danse sont pointés vers le sol ou en haut vers le ciel. La troisième journée a été marquée par l’arrivée d’invités des différentes régions de l’ouest et du Grand Sud du pays, qui ont été accueillis comme il se doit. Toutes les troupes se sont regroupées le soir sur la place de l’Emir Abdelkader, en plein centre-ville et ont fait vibrer la ville, la faisant ressortir de sa torpeur, les femmes lançant des youyous stridents à l’adresse des adeptes qui égayaient la place. La waâda a drainé des centaines de personnes, des adeptes, mais aussi des curieux venus de diverses régions, et même de l’étranger. Enfin, la dernière journée a été clôturée par une Hadra, au même titre que la première, la boucle étant alors bouclée. Les invités et les fidèles ont pu savourer et apprécier les moments de piété, de ferveur et de convivialité au sein de la zaouïa durant leur séjour. Ils ont pu aussi tisser des liens de fraternité entre eux, quand il ne s’était pas agi de retrouvailles.
Posté Le : 17/11/2024
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Par Rédaction
Source : L'Echo d'Algérie -19 août 2019