Saida - A la une

La pénurie des médicaments anticancéreux perdure



Les services hospitaliers spécialisés dans le traitement du cancer se heurtent, depuis plusieurs mois, à une rupture aggravée des médicaments anticancéreux. Cette pénurie touche de façon plus marquée les médicaments qui constituent le traitement principal du cancer chez les enfants. Le professeur Kamel Bouzid, chef de service d'oncologie et président de la Société algérienne d'oncologie médicale, a de nouveau interpelé les autorités sur les conséquences préjudiciables de ces pénuries itératives. 65 000 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés depuis le début de l'année en cours, a-t-il prévenu, appelant à la nécessité de revoir de fond en comble la prise en charge des patients souffrant de cette pathologie.Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - Invité hier au forum El Moudjahid, Kamel Bouzid a décrit la détresse persistante des patients cancéreux. Selon lui, la rupture de ces médicaments n'a jamais touché de manière aussi grave les services d'oncologie. Cette situation est d'autant plus inadmissible «quand on sait que les cancers de l'enfant sont supposés guérir dans 90% des cas», a-t-il alerté. Qui plus est, les ruptures de médicaments induisent la progression de la maladie, tandis que d'autres patients peuvent très vite rechuter.
Evoquant les cancers chez les enfants, il parle d'un drame vécu au quotidien par les familles et le personnel médical. « Il nous est insupportable de voir s'éteindre des enfants faute de médicaments nécessaires », s'est-il indigné. Le cancer de l'enfant, a-t-il relevé, doit être pris en charge rapidement. «Il faut savoir que l'évolution de certaines formes de tumeurs, à l'image des tumeurs cérébrales, les lymphomes, les leucémies, est étonnante». Ces pathologies augmentent régulièrement chaque année.
Le chef de service d'oncologie au Centre Pierre-et-Marie Curie a par ailleurs cité le cas de son département où le manque de ces molécules essentielles perdure. Kamel Bouzid dit encore comprendre que la pandémie est l'un des facteurs ayant accentué la crise avec le blocage des importations, mais se dit en revanche interloqué du fait que «des médicaments essentiels tels que le Méthotrexate qui est un produit vital ne le soient pas». Le président de la Société algérienne d'oncologie médicale préconise en urgence de revoir du tout au tout, «la chaîne d'approvisionnement des médicaments». Il a dans ce contexte jugé inutile de passer par un appel d'offres pour lutter contre la corruption, car cette méthode «ne s'est jamais révélée efficace contre ce fléau, comme on a pu le constater depuis plusieurs années». Il juge que copier le modèle français pour les marchés publics n'est pas la meilleure voie à suivre pour régulariser le marché. Le professeur Bouzid interpelle une nouvelle fois les autorités, notamment le ministère de l'Industrie pharmaceutique sur cette situation «catastrophique». Dans le sens où cette pénurie concerne aussi bien les anciens médicaments que les nouveaux. Il se dit malgré tout optimiste, après les promesses du ministère en question, portant sur la production des médicaments anticancéreux par deux laboratoires, à savoir Fraters Razes et Saidal. Ils permettraient de couvrir 70% des besoins nationaux, d'ici 2022.
Kamel Bouzid a par ailleurs évoqué l'évolution régulière de la maladie du cancer en Algérie. Il fait état de 65 000 nouveaux cas de cancer, dont 15 000 cas de cancer du sein chez la femme.
Cette augmentation, dit-il, n'est pas exponentielle mais elle se développe chaque année. Il impute cela à plusieurs facteurs, dont l'alcool, le tabac, l'occidentalisation du mode de nutrition, mais encore, la consommation excessive des viandes rouges. Il citera également dans ce contexte, le diabète et l'obésité, maladies qui peuvent éventuellement provoquer un cancer.
M. Z.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)