Les origines et l’histoire des waâdate remontent à la nuit des temps et il est difficile, pour ne pas dire impossible, de situer dans le temps la «1re édition» de telle waâda ou de tel Taâm. Ethnosociologues et historiens s’accordent cependant à dire que ces fêtes populaires, dans la majorité des cas, marquent un événement important de la vie de la population de la région.
Une tradition ancestrale
La célèbre tribu de Flita, tient son traditionnel Taâm, baptisé du nom du saint homme, Sidi-M’hamed Benaouda. Les flitas, et les populations locales perpétuent, ainsi, une tradition ancestrale qui s’est enracinée dans la vie de la cité et des relizanais et qui imprègnent de cette touche de spiritualité et de mystique la vie et le quotidien d’une région inscrite, désormais, dans la modernité. Le Taâm de Sidi-M’hamed Benaouda, selon M. Abdelkader Benyahia, président de l’APC, qui a eu l’amabilité de recevoir l’équipe de Réflexion jeudi dernier, « intervient chaque année à la même période c'est-à-dire le mois de septembre, cette rencontre annuelle est, en fait, un hommage perpétuel au saint homme et à son héritage spirituel de grande valeur et très vénéré par les fidèles », et d’ajouter, « c’est ainsi qu’au mois de septembre de chaque année, les 25 familles de la grande tribu de Flita se rencontrent dans la « rahba » pour confectionner la grande « Kheïma » où bon la mémoire de la terre et des ancêtres. Le retour vers cette terre pour se régénérer perpétuellement comme un Phénix qui renaît de ses cendres » et d’enchainer : « Cette région a connu les pires atrocités durant la guerre de libération nationale et du terrorisme sanguinaire, pendant la décennie noire, mais grâce à la volonté des hommes, ni la barbarie coloniale, et encore moins le terrorisme aveugle, n’ont pu séparer les fils de la grande Kheïma. M. A.Benyahia, nous a affirmé que la date de la Waâda sera annoncée à Rahouia, fief des flitas le mardi 21 septembre 2010, le mercredi 22 à Zemmora et le jeudi 23 à Relizane.
Le Kheïma symbole de la récitation du saint Coran et de l’hospitalité
Et c’est à partir de samedi prochain que les préparatifs commenceront pour que soit levée la « Kheïma » le jour « J », soit le mercredi 29 septembre 2010. Dès lors, une troupe de cavaliers portant la «Rkiza » qui est en fait, un bâton en bois, qui sera utilisé ensuite comme pilier d’une des tentes, parcourra, villages, hameaux et villes annonçant la date de la grande Waâda. Cette Waâda héritée depuis plus de cinq siècles, tire ses racines des coutumes et traditions ancestrales. D’envergure régionale, elle réunit les meilleurs cavaliers de l’Ouest Algérien, notamment ceux de la grande tribu des Medjahers, qui dans une ambiance de convivialité s’adonnent à des concours de fantasia. La particularité de cette fête, et qui la distingue de toutes les autres c’est entre autres, la couture, le transport et l’implantation de deux kheimas. L’une symbolise la Kheïma au sein de laquelle, Sidi-M’hamed Benaouda, enseignait le saint Coran et la seconde, symbolise la kheïma où le saint homme offrait l’hospitalité, aux nécessiteux et aux voyageurs en visite ou de passage. Pour le président de l’APC, M.Abdelkader Benyahia, les préparatifs de la waâda du saint patron de la région de Relizane, ont d’ores déjà commencé. Jeudi dernier, c’était la « Waâda Seghira », la petite waâda, qui rassemble des centaines de personnes et permet ainsi à tous les invités de connaitre la date exacte de la grande waâda. Les annonces publiques, comme nous l’avons rapporté ci-dessus débuteront le mardi prochain pour être clôturées le jeudi à Relizane. Les festivités qui s’étaleront tout au long de la semaine qui suit, auront pour théâtre bien évidemment, la commune de Sidi M’hamed Benaouda, située à environ 16 km du chef-lieu de wilaya, qui verra l’implantation de la grande kheima le mercredi 29 septembre 2010 sur la splendide esplanade du Mausolée du saint homme. En sus, de la nouvelle « Médersa » école coranique, à l’aspect architectural très moderne, située au niveau du plateau inférieur du Mausolée, cette commune abrite la zaouia érigée en signe de dévotion à son saint patron.
Cavalcades, récits religieux et dourouss
Le saint homme est connu pour être un ermite aussi dévot que versé dans les sciences de la religion, qui est parvenu à unifier, au XIV siècle par son charisme et la magie de son verbe, les 25 archs de la région, en conflit permanent. Riche en symboles qui ont pérennisé cet acte fondateur de la confédération, chaque année et à la même période, est tissée la grande tente « Kheima », dont la trame est constituée de 25 bandes de tissu représentant les 25 fractions de la confédération représentant tous les archs qui rivaliseront d’ardeur pour la transporter. Selon les autochtones, l’automne étant considéré comme une saison de renouveau, de fécondité et de résurrection, de nombreuses croyances lui sont associées. La waâda en est l’une d’elles. La waâda de Sidi-M’hamed Benaouda draine un grand nombre de confréries et des milliers d’invités venus des quatre coins du pays. On y voit des marchands itinérants, exposer leurs marchandises pendant que des halkate se forment autour des conteurs qui captivent l’assistance avec leur contes populaires et légendes qu’ils véhiculent comme une mémoire vivante et ambulante. Aussi, il est à relever que grâce à la solidarité des 25 tribus de Flita et aux dons des plus nantis et bienfaiteurs, de grand plats de couscous et viande seront servis aux milliers de visiteurs, alors que les cavaliers regroupés en «gafla », groupe de huit à dix cavalier, s’aligneront pour la fantasia. Les religieux de leur côté, se rassemblent pour organiser des dourouss, réciter le Coran et prier. Le son du Baroud et de la cavalcade se mêle aux litanies des récitants. Le religieux s’imprègne du folklore. Par ailleurs, ce qui attire l’attention dans cette waâda, et les invités auront certainement l’occasion de le constater les, mercredi 29 et jeudi 30 septembre, c’est que toutes les maisons des particuliers, habitants la localité de Sidi-M’hamed Benaouda, laisseront leurs portes grandes ouvertes, pour accueillir les invités d’où qu’ils viennent. Le couscous sera présent partout et en abondance, l’invité pourra manger n’importe où. Toutes les maisons deviennent subitement des auberges de l’hospitalité au service de l’étranger et du visiteur. Et ce sont là, les véritables valeurs de notre Islam et de notre arabité. Les préceptes de notre religion sont respectés à la lettre, et ce, sous l’œil vigilant du Mausolée de Sidi-Abdelkader qui surplombe la cité.
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Posté Le : 30/09/2017
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Hocine - Dimanche 19 Septembre 2010
Source : reflexion-dz.com