Oum-El-Bouaghi - 08- La guerre de libération

08- La guerre de libération Oum-El-Bouaghi

Vues : 6609


Cette rubrique est entièrement consacrée à 08- La guerre de libération Si vous possédez des informations ou des commentaires sur ce sujet, n'hésitez pas à les partager avec les autres internautes. Cet espace d'information est ouvert à la libre expression, mais dans le sens positif du terme. Nous vous remercions pour votre participation.



Le premier chef de l'ALN de la région d'Oum El Bouaghi est Chaâbane Laghrour secondé par Ahmed Houha dit Ahmed El Ghoul et Remili
Khelaifia Zoubir - Journaliste - Alger, Algérie

21/12/2022 - 549040

Commentaires

Juste une remarque : A ma connaissance à la bataille de Djehfa l'ALN était commandée par Amara Chaabane non par Laghrour Chaabane
Bouaroua El Hachemi - Retraité - Oum El Bouaghi, Algérie

10/03/2022 - 537571

Commentaires

Ain M’lila, de 1954 à 1962 Le secteur 1 de la zone 4 des Aurès-Nememcha Le 1er novembre 1954, la France coloniale est ébranlée par des actions armées synchronisées et bien menées dans toutes les régions du pays. Dans les Aurès, Batna, Khenchela, Biskra, Tighanimine et bien d’autres localités ont été simultanément assiégées par les hommes de Mostefa Benboulaïd, l’architecte de ces attaques, secondé dans sa tâche par Chihani Bachir, Abbas Laghrour et Adjal Adjoul. D’autres villes et villages également ciblées, ont été épargnés, soit en raison de l’absence de communication ou tout simplement d’une défaillance de dernière minute, comme c’est le cas d’Arris, Barika et Ain M’lila. Ahmed Nouaoura, futur chef des Aurès-Nememcha, initialement désigné pour attaquer Arris ne s’est pas présenté au rendez-vous. A Barika, Mohamed Chérif Soulimani a également fait défection et à Ain M’lila, le groupe de combattants, à leur tête Hadj Moussa Torche, a vainement attendu les directives de Hadji pour passer à l’action. Ce dernier était investi de la double-mission d’attaquer le Khroub et Ain M’lila. Quelques jours plus tard, tous les éléments de ce groupe, victimes d’une délation, ont été arrêtés. Les premiers combattants de cette ville, Hadj Moussa Torche, Kassa Torche, Allaoua Harkat, Sigha Saïd dit Zadi, Hammadi Rebaï, Mosbah Benabid, Mellah Kassa, Ghenam Abdelhamid et d’autres moudjahidines étaient réunis à Fezguia, à quelques kilomètres seulement d’Ain M’lila mais ils ont été surpris par l’ennemi qui est venu les cueillir à la suite de cette dénonciation. Dans son rapport sur les attaques du 1er novembre, Mostefa Benboulaïd mentionne clairement l’échec de la mission dans cette ville, située à une soixantaine de kilomètres au nord de Batna. L’histoire d’Ain M’lila, la ville qui a enfanté Larbi Ben M’hidi, dans la révolution, ne s’arrête pas bien évidemment au 1er novembre 1954, mais bien au-delà comme d’ailleurs toutes les villes et villages des Aurès-Nememcha. Une fois, le déclenchement de la guerre réussi, Mostefa Benboulaïd et ses adjoints ont fait de son extension leur cheval de bataille. Le chef de la zone 1, devenue la Wilaya I historique à l’issue du congrès de la Soummam, arrêté en Tunisie au mois de février 1955, Chihani Bachir prend le relais avec la ferme intention d’organiser cette immense région et étendre la guerre jusqu’à la frontière tunisienne. Une mission difficile mais pas impossible pour un chef déterminé et résolu à suivre le chemin tracé par Benboulaïd. Dès le début de l’année 1955, les tentacules de la révolution se sont étalés au-delà des espérances de ses chefs et les rangs de l’ALN se sont massivement renforcés grâce notamment à un travail de fourmi des combattants de novembre, investis de cette lourde charge. Le PC des Aurès a ainsi réparti les groupes des moudjahidines ayant pour seul objectif de propager la guerre. Ainsi, les Nememcha sont orientés vers Ain Beida, Oum El Bouaghi, Meskiana, Tébessa, Souk-Ahras et jusqu’à Guelma alors que les Aurèsiens, communément appelés Djebaïlia (Montagnards), sont, à leur tour, chargés d’organiser les villes de Sétif, Barika et Ain M’lila. Ces émissaires, aguerris et convaincus, se sont attelés à réussir leur pari d’autant que les échos parvenus de toute la région étaient encourageants. Pour que la Révolution prenne de l’ampleur et que les zones de combats s’agrandissent, il fallait à tout prix mettre le paquet. Ainsi, Abdelhafid Torèche et son groupe ont pris la direction de Barika, Magra et djebel Boutaleb alors que Mostefa Réaïli est mandaté pour organiser la région de Sétif et enfin Tahar Nouichi, accompagné d’Abdellah Oumeziti, Si Khouthir Lemred, Nour Laâmouri, Chaouchi Tayeb et d’un nombre important de moudjahidine, s’est, quant à lui, dirigé vers Ain M’lila et les localités avoisinantes. Au déclenchement de la guerre, Ain M’lila dépendait plutôt de Batna et elle n’a été rattachée à la zone 4 de la Wilaya I qu’au lendemain du congrès de la Soummam en août 1956. Les Djebaïlia (Aurèsiens) n’ont pas mis beaucoup de temps pour ramener la population locale à épouser la cause. Certes, leur mission n’était pas du tout une simple sinécure mais leur volonté et leur courage ont fait que la révolution s’implante en un temps record et s’enracine même dans les esprits. L’enrôlement de nouveaux moudjahidine dans les rangs de l’ALN dépasse toutes les prévisions et les attaques contre l’ennemi se font de plus en plus nombreuses. L’ébullition gagne de plus en plus le terrain jusqu’au mois de septembre 1955 où la région d’Oum El Bouaghi va connaître sa première grande bataille, menée par Chaâbane Laghrour, frère du charismatique chef Abbas, au lieu dit Djehfa au cours de laquelle 60 combattants sont tombés au champ d’honneur. Cette bataille ouvrira le bal à plusieurs autres, notamment dans la région d’Ain M’ lila où les opérations des fidayine font trembler l’ennemi. Les émissaires des Aurès continuent leur travail de sensibilisation et de recrutement qui portera ses fruits dans la mesure où les rangs de l’ALN se sont élargis. Dès le début de l’année 1955, les effectifs connaîtront un bond considérable. De la ville d’Ain M’lila, l’appel de la patrie y a fait un large écho. On citera entre autres Gouadjlia Messaoud, Gouadjlia Abdellah, Nezzar Amar, Maâtouki Slimane, Boulehlaïs Abderrahmane, Kheznadji Layachi, Garbsi Saâdi , Gharbi Ali, Kouachi Salah et la liste n’est pas exhaustive de tous les éléments ayant rejoint le maquis à l’aube de la révolution. Les autres localités, Ain Fakroun, Ain Kercha, Ouled Hamla, Souk Naâmane et Sigus ont, à l’image d’Ain M’lila, participé activement à l’élargissement des rangs de l’ALN. La famille Bougadi de Ain Fakroun, a elle seule, a donné une dizaine de combattants. On citera également Ghenaï Amor, Kerrouche Bélaïd, Boumerdaci Messaoud, Djeffal Amara, Boughrara Saoudi, Sofiane Chaâbane, tous natifs de la région de Ain Fakroun et qui ont très tôt répondu à l’appel de la partie comme leurs homologues de Ain Kercha dont Kaouche Amara, Kezaout Mohamed ou encore Srradj Mostefa et Tebbani Baâtouche de Souk Naâmane et enfin Ghrab Ramdane de Ouled Hamla. Il y en a eu également à Sigus comme Laïb Hannachi et Serarda Tahar qui n’ont pas hésité un seul instant à rejoindre le maquis aux premiers appels lancés par l’ALN. Bien évidemment, la liste est longue et il est impossible d’énumérer tous les combattants de la première heure de la région d’Ain M’lila. Une fois, la mission des Aurèsiens accomplies, le congrès de la Soummam a établi un nouveau découpage géographique de la Wilaya I dans lequel Ain M’lila sera désormais rattachée à la zone 4 qui, en plus du secteur 1, englobe le secteur 2 (Oum El Bouaghi), le secteur 3 (Ain Beida) et enfin le secteur 4 (Meskiana). A l’issue de ce découpage, le vaillant combattant, Boughrar Saoudi, est nommé chef du secteur 1, en plus de la Kasma d’Ain M’lila, réunit celles d’Ain Kercha, Ouled Messaâd et Sigus, Ain Fakroun et Ain Bordj. Boughrara Saoudi mènera la vie dure à l’ennemi. Il organisera plusieurs embuscades causant d’énormes pertes dans les rangs de l’armée française. Plusieurs grandes batailles sont aussi à mettre à son actif. En octobre 1957, il dirigera d’une main de maître la bataille d’El-Fedjoudj dans laquelle 45 moudjahidine ont donné une leçon de bravoure et de courage à l’ennemi. Sa vaillance lui a valu d’être nommé chef militaire de la zone 4. Il participera également dans différentes bataille comme celles de djebel Guerioun, Oued Charef et Ouled Khaled dans la région de Sigus. A la fin de l’année 1958, il est convoqué à Kimmel, PC des Aurès-Nememcha. Il ne reviendra plus de son voyage. A cette époque, la guerre battait son plein et les batailles se multipliaient, dans la zone 4, autant que les embuscades et les actions armées accomplies par les fidayine. Boughrara Saoudi tombé au champ d’honneur dans la Wilaya VI, en 1961, Bouhali, dit Hamdane, lui succède à la tête du secteur 1. Ce dernier, monté au maquis en 1956, a vite gravi les échelons pour devenir le chef incontesté de cette région, devenu un enfer pour les soldats français. Comme son prédécesseur, il mènera plusieurs combats et se distinguera par un courage hors-pair. Une année après sa désignation à la tête de ce secteur, c’est-à-dire en 1959, il s’accrochera avec l’ennemi à côté d’Ain Fakroun où tout son groupe sera décimé. La fin de la guerre approche mais les combats montent en intensité. Derga Abderrahmane dit Maouche, l’un des premiers combattants de cette région, est, à son tour, promu chef du secteur 1. Il ne mettra pas longtemps pour tomber au champ d’honneur à El-Fedjoudj dans une grande bataille en 1960. Mohamed Hadjar est alors appelé à la rescousse où, en plus qu’il soit désigné chef du secteur 1, il sera promu chef de la zone 4 jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. Zoubir Khélaifia
Khélaifia Zoubir - Journaliste - Alger, Algérie

14/11/2016 - 316330

Commentaires

Ain Beida, la ville révolutionnaire Le secteur 3 de la zone 4 de la Wilaya I Aurès-Nememchas L’évocation de l’histoire de la révolution dans la région d’Ain Beida passe inévitablement par la lutte politique d’avant-guerre où le nom de Zinaï Belgacem, dit Belgacem El Beidhaoui, s’impose incontestablement. Le charismatique chef du PPA-MTLD dans l’est algérien était l’ennemi public numéro un des autorités coloniales qui ne s’empêchaient pas de le « déporter » loin de sa ville à chaque fois que son activisme atteignait son apogée. Hadj Zinaï Belgacem Une première fois, il est interné à Ain Sefra au milieu des années 1940 et à l’issue des élections législatives de 1947, il est de nouveau assigné à Aflou. Au plus fort de la crise du PPA-MTLD en 1953, il ira à Niort en compagnie de Mostefa Ben Boulaïd pour convaincre Messali Hadj de l’impérieuse nécessité d’unifier les rangs et d’appeler à l’insurrection armée. Cette première tentative échouée, une deuxième subira le même sort quand Hadj Belgacem ira à Hornu, en Belgique, en juillet 1954, réitérer une ultime demande à Messali de rejoindre les rangs. A son retour en Algérie, il rendra compte de son échec à Didouche Mourad et « divorcera » une fois pour toute avec le PPA-MTLD dont l’implosion était, à ce moment-là, imminente. « En novembre 54 et après avoir désigné les objectifs au groupe de militants armés de Skikda (Aissa Boukerma, HammadiKrouma, Mohamed Hamrouche et une douzaine d’autres) il se prépare à prendre le maquis. Mais il est arrêté le 21 décembre 1954 et transféré à Skikda où il subit des tortures avant d’être jugé le 16 avril 1955 par le tribunal militaire de Skikda qui lui inflige 10 ans de réclusion, 10 ans de privation des droits civiques et 10 ans d’interdiction de séjour ». Il est de nouveau jugé pour atteinte à la sécurité de l’Etat à Guelma et cumule trente ans de peine. Il est transféré à la prison de Coudiat à Constantine où il est voisin de cellule de Mostefa Ben Boulaid. Ensuite, il est transféré à Lambèse, à Batna, avant d’être déplacé à Skikda où il restera jusqu’à sa libération à l’issue des accords d’Evian. Hadj Zinaï Belgacem symbolise le combat libérateur dans la ville d’Ain Beida dont les sacrifices consentis pour la libération du pays ne se mesurent qu’au grand nombre de martyrs tombés au champ d’honneur de 1954 à 1962. Hadj Belgacem a tracé la voie aux autre combattants avides de liberté et qui n’ont pas hésité un seul instant à prendre les armes et à se mesurer à l’une des plus grandes puissances de l’époque. On ne peut pas non plus évoquer ce passé révolutionnaire sans citer Hihi Mekki, ce natif d’Ain Beida, qui a failli devenir chef des Aurès-Nememchas comme rapporté dans Les Tamiseurs de sable de Mohamed Larbi Madaci ou encore le commandant Mostefa Lakehal, de son vrai nom Saïdi Djemoi, adjoint de Ali Khodja, assassiné dans l’affaire Le Complot des colonels où Mohamed Lamouri, Nouaoura et Aouachria ont été jugés en Tunisie puis exécutés pour avoir tenté de renverser le GPRA. La révolution à Ain BeidaC’est au lendemain du déclenchement de la révolution que des groupes de combattants ont été envoyés dans différentes régions des Aurès. Les opérations du 1er novembre réussies, Mostefa Benboulaïd, Chihani Bachir, Abbès Laghrour et Adjal Adjoul se sont alors attelés à structurer les différentes localités de cette vaste région. Ainsi, Lahcène Marir, de la tribu de Ouled Si Tayeb, est désigné pour la région d’Ain Beida, plus tard érigée en secteur 3 de la zone 4 à l’issue du congrès de la Soummam. Une mission dont il s’acquitte convenablement dans une ville qu’il connaît assez bien, étant lui-même originaire de Hammam Knif, situé à quelques kilomètres au sud de la ville des Haraktas. A cette époque, c’est-à-dire en décembre 1954, les contacts étaient déjà établis entre les quelques maquisards, ayant rejoint le maquis de leur propre chef, et les dirigeants des Aurès. Delfi Brahim, Chérifi Med Salah, Mébarki Larbi dit Larbi Eddaouria, Zinaï Merzouk et Khélaifia Rebaï, pour ne citer que ceux-là, sont les premiers moudjahidine de la région d’Ain Beida à avoir pris les armes pour combattre le colonisateur. Lahcène Marir confie alors la lourde tâche de mener la barque à Delfi Brahim, le premier chef de cette localité qui, plus tard, au plus fort de la crise de la Base de l’Est, a failli être élevée au rang de wilaya comme rapporté dans les mémoires de Chadli Bendjedid. Lahcène Marir, acteur des opérations du 1er novembre à Khenchela, tombera au champ d’honneur quelques mois plus tard dans un accrochage entre Oued Nini et Ain Touila. La guerre prend de l’ampleur dans la zone 1 (Aurès-Nememchas) et dans le souci de donner plus d’organisation à l’ALN, une réunion s’est tenue en juin 1955 à Foum Taghrouft. Ali Hamdi, plus connu sous le nom de Ali El Harkati, est alors nommé chef de la région d’Ain Beida en remplacement de Delfi Brahim, muté dans les environs de Khenchela où il tombera au champ d’honneur en 1956. Une autre version fait état de son exécution par ses pairs pour des raisons ignorées jusqu’à nos jours. Ali Hamdi gravira les échelons jusqu’à devenir le premier chef de la zone 4 de la wilaya 1, regroupant le secteur 1 (Ain M’lila), le secteur 2 (Oum El Bouaghi), le secteur 3 (Ain Beida) et enfin le secteur 4 (Meskiana). Mais avant le congrès de la Soummam, plusieurs natifs d’Ain Beida et ses environs sont, à leur tour, montés au maquis. En juillet 1955, moins d’une année après le déclenchement des hostilités, Ammar Douna, Khamri Rachid, Zaoui Abdelmadjid et Belbaâli Hammou répondent à l’appel de la patrie. Ils sont rejoints un peu plus tard au maquis par Azza Dou, Ahmed Benmechri, Salhi Abdelbaki et Zidouni Amara, des moudjahidine de la première heure. Les accrochages étaient, à cette époque, très rares, mais celui de Kef Lahmar, en 1955, mené d’une main de maître par un groupe de moudjahidine, à leur tête Farès Hanafi, allait définitivement plonger la région dans une guerre meurtrière. D’autres batailles tout aussi meurtrières ont notamment eu lieu à Djebel Boutekhma en 1956, à Guern Ehmar à la même date et bien d’autres où l’armée française a subi de lourdes pertes. Dans les rangs de l’ALN, Brahim Delfi, le premier chef de ce secteur, perdra la vie en 1956, juste avant la tenue du congrès de la Soummam au mois d’août de la même année. Il est remplacé par Benzaoui Harkati, dont le courage est aujourd’hui sur toutes les lèvres des Beidis. Une autre grande bataille s’est déroulée à El-Medfoune, dans la tribu des Ouled Beglal, où pas moins de 18 combattants, dont Boudjemaâ Ilihem et Hafsi Chamba, ont laissé leur vie. Dans la ville, des actions armées sont sporadiquement signalées. Benzaoui Babay a commis un attentat à la grenade à la ferme Bourahli. En 1956, Salah Chergui et le redoutable Lakhdar Fadhli dit El Merouani ont à leur tour incendié l’usine de Guig et attaqué à l’arme le siège de la gendarmerie en plein centre-ville. Ils tomberont tous les deux au champ d’honneur non sans avoir accompli d’autres actions armées et donné du fil à retordre aux forces coloniales. Au mois d’avril de la même année, Rachid Keffis a commis un attentat contre le policier Potard. Il l’exécutera à proximité du cinéma Alphonse, communément appelé le Phare. Une terrible répression s’abat alors sur les indigènes de la ville. Mohamed Zaïdi, Méziani Abderrahmane, son oncle Ahmed, et Messai Maâtallah sont alors froidement exécutés et une chasse à l’homme est minutieusement organisée. Bien plus tard, le moudjahid Kanouni Tayeb passera lui aussi par les armes à la caserne de la ville. Au maquis, Benzaoui Harkati, tombé au champ d’honneur, est supplée par Haouam Layachi, le premier chef du secteur 3 post-congrès de la Soummam. La zone 4, issue du nouveau découpage géographique était alors dirigée par Radjaï Amar, dit El Fartouhi. En 1958, Farès Hanafi succédera à Haouam Layachi. Le nouveau chef du secteur 3 se distingue par son penchant guerrier. Baroudeur, autant que ses prédécesseurs, il mènera la vie dure aux forces coloniales. Plusieurs accrochages sont à mettre à son actif dont celui de Guern Ehmar qui a vu tous les maquisards de la région y prendre part. Le versant sud de ce secteur n’est pas en reste puisque les combats y font rage. En avril 1959, à Oued Nini, l’un des premiers maquisards de la région, l’officier de l’ALN Zinaï Merzouk, un valeureux combattant tiendra tête à tout un contingent de soldats français. En compagnie de Mehelaïne Chaouch et Berkani Saïgh, il résistera longtemps aux assauts ennemis dans un combat inégal. Ils abattront plusieurs soldats français avant de tomber au champ d’honneur. « Les soldats français ont tranché la tête de Zinaï Merzouk et se sont fait un « plaisir » de l’accrocher comme un trophée, sur la calandre de l’un de leurs half-tracks. Ils l’ont promené pendant plusieurs jours dans les rues d’Aïn-Beïda », relate un témoin oculaire. Le chef du secteur 3, de la zone 4, Farès Hanafi trouve la mort en septembre 1959 et est remplacé par Hanafi Boulezoual, à qui succédera Soltani El Hachemi, le dernier chef de cette région combattante. Quelques mois avant le cessez-le-feu et répondant à l’appel du FLN, les citoyens de la ville sont sortis manifester leur soutien à l’indépendance de l’Algérie. Des ordres sont alors donnés pour tirer sur la foule. Le sanguinaire Backman est le premier à avoir froidement exécuté Adjel Tahar. Chekaoui Chaâbane tombera lui aussi en plein centre-ville alors que Maïce, un harki notoire, a utilisé un fusil mitrailleur FM pour tirer sur tout ce qui bouge. Alleg Fatma, Hadjab Louardi et Kouachi tomberont en martyrs. Des dizaines de blessés par balles sont également dénombrés dont Haouès dit Gontay, Lounadi Salah, un travailleur des ponts et chaussées, Ouanès Mustapha et bien d’autres, tous pris dans le piège d’une terrible répression. Ain Beida et ses environs ont donné leurs martyrs, tous convaincus que l’indépendance du pays ne s’arrachera qu’au prix de grands sacrifices.Zoubir KhélaifiaListe non exhaustive des Chouhada d’Ain BeidaLes Frères Belaâlmi, Rebouh Ahmed, Boughalem Mohamed, Delhoum Belgacem, Laâouar Mohamed, BensaciHmida dit l’Allemani, Larbi Kaddour dit Mizouni, HamouBelbaâli, LoucifMebarka dit Titouma, Loucif Miloud, Rejimi Chakib, Chellig, MazizRebaï, Merrakchi Mohamed, Med Chérif Djemoï, Namous Amar, Hamimi Tahar, AbbassiMebarek, Hihi Mekki, Hamoudi Mustapha, Agabi Guerra, Zeghad Mohamed dit Dechra, Kheffache Abdellah, Gahmous Med El Kamel, BussaâdiaSaighi, Hadajadj Larbi, BoussaâdiaSelmi, Amara Hadj Mostefa, Bendada Ali, Moussaoui Yacine, Rachid Keffis, Mohamed Zaïdi, Méziani Abderrahmane, MessaiMaâtallah, Méziani Ahmed, Zidouni Amara, Mebarki larbi dit Eddaouria, Salhi Abdelbaki, Khaldoun Brahim, Delfi Kaddour, Zaïmi Ahmed, Zaïmi Abdelhamid, Chérifi Med Salah, KhélaifiaRebaï, SaïdiDjemoï, Ghazali Abdelhamid, Hamma Salah, Benhamma Hocine, Benbouzid Chérif, BenamraneKhelil, Abdelbaki Omar dit Chiba, Barkati, Maâchi Larbi, Louchari Bachir, SerhaniSegueni, Hadjab Yahia, Fizi Lakhdar, Moussaoui Yacine, Kadri Mohamed, Alleg Mohamed dit KartoucheMami, Bensidi Brahim dit Khezzani, Namous Amar, Bouzid Abdelmadjid, Bougandoura Miloud (guillotiné à Lyon), MerakichiOuanès, Merakchi Chérif, Farès Hanafi, Hadjeris Hadj Saïd, Djebari Med Larbi, Amokrane Miloud, Soltani Aïssa, Chekaoui Abderrahmane, Tohil, Brerhi Chéri
Khelaifia Zoubir - Journaliste - Alger, Algérie

14/11/2016 - 316329

Commentaires

Le Chahid Khelaïfia Rebaï. Chef de la zone 4 de la Wilaya I (Aurès-Nememchas) : Ils avaient 20 ans dans les Aurès Ils sont entrés dans la guerre comme on entre en religion, avec foi et détermination, sans dérobade ni reculade. Ils avaient vingt ans dans les Aurès, et que le cinéaste militant engagé René Vautier a su immortaliser avec sa caméra dans le feu de l’action. Qui cherche à oublier ce souvenir ? dit-on. Nous nous inclinons devant la mémoire de Vautier qui vient de nous quitter et de tous ceux qui, au péril de leur vie, ont combattu farouchement l’oppresseur. Certains ont survécu, d’autres y ont laissé leur vie, non sans inscrire leur nom dans le registre de l’histoire. Khelaïfia Rebaï fait partie de cette dernière catégorie. Nous vous présentons un pan de son héroïque parcours. «Je n’ai jamais vu un tireur d’élite comme ce fellagha», s’adressa le sergent-chef Machevot au receveur de la poste de Canrobert (Oum El Bouaghi), Jean Furia, en pointant du doigt le corps sans vie de Khelaïfia Rebaï, dit Si Rebaï, chef de la zone 4 de la Wilaya I, Aurès-Nememchas, qui venait de tomber au champ d’honneur à Lefdjoudj en ce jour de l’été 1960. Ce même corps sera exposé une seconde fois à la caserne du boulevard du sud de la ville d’Aïn Beida, où une foule nombreuse était venue rendre un dernier hommage à ce valeureux chef dont l’histoire avec la Révolution a commencé dès le début de l’insurrection armée. La zone 4 qui englobait Aïn M’lila (secteur 1), Oum El Bouaghi (secteur 2), Aïn Beida (secteur 3) et Meskiana (secteur 4), découpage effectué à l’issue du Congrès de la Soummam, a connu plusieurs chefs, tous aussi valeureux les uns que les autres, et Si Rebaï en faisait partie. Bien avant 1954, il fréquentait la médersa de Cheikh Lakhdar Boukeffa, à Aïn Beida, une plaque tournante du militantisme national. Recherché, il trouve refuge dans sa tribu implantée à l’est de la ville, au douar R’guiba, relevant à l’époque de la circonscription d’Aïn Beida. Il se fait de plus en plus discret jusqu’au mois de décembre 1954. «Par une nuit neigeuse et glaciale, il m’a demandé de préparer à manger. Deux hommes, Chérifi Med Salah et Mébarki Larbi, dit Larbi Eddaouria, sont arrivés et ont longuement discuté autour du couscous que j’ai préparé. Mon époux a ensuite enfilé sa kachabia et tous les trois sont sortis. Je n’ai revu mon mari que plusieurs mois plus tard», raconte sa femme, qui, ultérieurement, l’a rejoint au maquis. Ce jour est resté gravé dans sa mémoire car avant de quitter sa demeure en direction du maquis, Ammi Rebaï a dit à sa sœur Khoukha :«Prie le bon Dieu pour que je ne revienne jamais». Son vœu sera exaucé six années plus tard dans une rude bataille qu’il a ménée seul contre tout un contingent de soldats français pour desserrer l’étau sur ses compagnons, tous sortis indemnes de l’encerclement. A cette époque de l’année 1954, toute la région était sous les ordres de Chaâbane Laghrour, frère de Abbas, adjoint de Mostefa Benboulaïd. Le maquis n’était alors qu’à ses premiers balbutiements et les moudjahidine ne se comptaient que sur les doigts d’une main. Un militant sincère Le parcours de Ammi Rebaï dans la Révolution venait de commencer. Ses débuts, il les effectue dans la région de Aâmama, Zorg, Guern H’mar, R’guiba et dans les alentours de la ville d’Aïn Beida où Delfi Brahim, maquisard de la première heure, dirigeait les opérations. Si Rebaï a participé à plusieurs batailles, les premières du genre, dont celle de Guern H’mar où l’armée française y a subi des pertes considérables. Celle de R’guiba est restée gravée dans la mémoire collective quand celui-ci, enfourchant une jument blanche, a semé la terreur dans les rangs de l’ennemi. Son courage et sa bravoure ont naturellement contribué à son ascension dans la hiérarchie de l’ALN. Chef de groupe, il se distingue également par sa magnanimité envers les démunis. Ses compagnons d’armes reconnaissent en lui cette vertu : «Il vole tellement au secours des démunis qu’il a oublié ses propres enfants», témoigne Lamine Beghou, son confident et son homme de confiance de 1958 jusqu’à la date fatidique où cet officier de l’ALN trouve la mort. Elevé au rang de sous-lieutenant à l’issue du Congrès de la Soummam, il mène plusieurs autres opérations dans le secteur 3 (Aïn Beida) allant parfois jusqu’à tendre des embuscades dans le secteur 4 (Meskiana). Farès Hanafi, Med Tayeb, Bouaziz, Chérifi Med Salah, Larbi Eddaouria sont des combattants ayant accompagné Si Rebaï dans les premières années du combat libérateur. Blessé dans une farouche bataille, il est transféré en Tunisie pour des soins, et malgré les sollicitations, il oppose un refus catégorique d’y rester. Il regagne le pays dès son rétablissement. «Ils ont eu beau essayé de le convaincre d’exfiltrer toute sa famille, il refusa l’offre», raconte encore sa femme en affichant une fierté débordante, notamment quand elle évoque cet épisode. A son retour au pays, au mois de Ramadhan de l’année 1958, Med Fantazi, dit Hoggas, chef du secteur 2 (Oum El Bouaghi), Lakhdar Bouchoucha, Bekakra Bouzid, Kalli Ammar, Si Khelil, Zidane, Mimisse et Si Maâmar, tombent tous dans la bataille de Taghribt, à quelques encablures de la ferme des Beghou, la plaque tournante de la Révolution dans cette région. Dans l’enfer des djebels Une autre histoire commence pour Si Rebaï. Convoqué à Kimmel, le PC des Aurès-Nememchas, il est promu au rang de chef de ce secteur qui, au mois de juin 1957, a connu l’une des plus grandes batailles à Arrar, au sud d’Oum El Bouaghi où une centaine de combattants, victimes d’une dénonciation, est décimée par l’armée française. Toute la localité s’en souvient aujourd’hui et relate l’un des épisodes les plus douloureux quand un bébé du nom de Ferrah, toujours en vie, tétait le sein de sa mère alors que le corps de cette dernière gisait sans vie. Abdelhamid Beghou, Lahcène Djermane, Laouissi, Mohamed Bouglez, Causalota, Boursas H’menna, dit El-Kahira, Bekakra, Lahcène Cidre, Saïd Bennoun, dit Saïd 86, Hadi Mahmoud, dit Mahmoud Kebaïli, Harkati, Boubguira, dit Kablouti, Amar Filali, dit Amar téléphone et bien d’autres maquisards formaient le groupe de Si Rebaï dont l’autorité s’étend de Tamlouka, aujourd’hui relevant de la circonscription de Guelma, jusqu’à Aïn Zitoune, située à la limite de la frontière de Batna. Là aussi, Si Rebaï se distingue par son penchant à en découdre avec l’ennemi et à le harceler sans cesse. Il installe son PC dans la ferme familiale Beghou, située dans une cuvette où, en cas d’alerte, il est facile de se replier dans les gorges de Chebka. Alors qu’il mène la vie dure à l’ennemi, sa femme et ses enfants sont activement recherchés. Ils ont trouvé refuge à Aïn Beïda, où Mahmoud Remache, habitant le quartier la Zaouïa, a pris le risque de les abriter chez lui où ils y sont restés pendant plusieurs mois. Si Rebaï avait bien naturellement un œil sur la guerre et l’autre sur les membres de sa famille traqués par la police française. «Mon mari a fini par trancher sur la question. Il a enjoint l’ordre de le rejoindre au maquis. Et c’est Boubaker Beghou, un moussebel, qui s’est occupé de la difficile mission de nous y accompagner», raconte la femme de Si Rebaï, aujourd’hui nonagénaire. Un sacrifice pour rien ? Deux de ses enfants sont nés au maquis, et souvent elle est envoyée à Aïn Beida où la Zaouia de Cheikh Lakhdar Boukeffa servait de boîte postale. Elle fait la navette entre le maquis et cette ville et, plusieurs fois, elle échappe miraculeusement aux rafles de la police française. Ses deux frères, Tidjani Belkacem et Louardi, tombent au champ d’honneur autant que Khelaïfia Salah et Khelaïfia Medkour, deux neveux de Si Rebaï, montés très jeunes au maquis. C’est dire le lourd tribut payé par cette famille dans le combat pour le recouvrement de l’indépendance. Le chef du secteur 2 de la zone 4 s’acquitte convenablement de sa mission et donne du fil à retordre à l’ennemi. Il mène d’une main de maître la bataille de Oued Charef pour venger ses compagnons morts dans un pilonnage de l’aviation française. En cette période, Mostefa Merarda, dit Bennoui, assurait le poste de chef intérimaire des Aurès-Nememchas. Lakhdar Labidi, plus connu sous le nom de Hadj Lakhdar, convoqué en Tunisie, Mostefa Merarda l’a remplacé au pied levé jusqu’à la nomination de Ali Souaï à la fin de l’année 1959. La guerre tire à sa fin et l’aura de Si Rebaï grandit de plus en plus. Dans le nouvel organigramme dressé par Ali Souaï, il est nommé chef de la zone 4. Convoqué à Kimmel pour recevoir cette distinction, et à mi-parcours, à Lefdjoudj, à quelques kilomètres de Chemorra, il est encerclé avec son groupe. Contraint de faire diversion pour tromper l’ennemi et desserrer l’étau, Si Rebaï s’accroche avec l’ennemi, alors que ses compagnons battent en retraite. L’accrochage dure toute l’après-midi et le crépitement des armes s’entend à plusieurs kilomètres à la ronde. Il tient, résiste et permet aux autres combattants de sauver leur peau. Des renforts de l’armée françaises sont dépêchés de Canrobert, Aïn Beïda et Khenchela et, de guerre lasse, l’armée française a dû employer les moyens lourds pour en venir à bout. Le tir d’un half-track a mis fin aux crépitements des armes. Si Rebaï vient de tomber au champ d’honneur, alors que tous ses compagnons sont sortis indemnes de l’encerclement. «Ce n’est que plusieurs mois plus tard que les Beghou, qui ont tenu l’information secrète, ont fini par me mettre au courant», dit sa femme. A la fin de la guerre, la famille de Si Rebaï se retrouve sans toit, errant dans la ville d’Aïn Beida où elle était contrainte de louer une maisonnette chez la famille Chérifi. Si Rebaï avait eu un sentiment prémonitoire lorsqu’il avait dit un jour à Lamine Beghou : «quand je mourrai, ma femme et mes enfants vont souffrir. Ceux qui me connaissent diront alors que je suis parti les mains propres et la conscience tranquille. J’ai servi mon pays, combattu loyalement sans jamais faillir à ma mission et c’est tout ce que je tire comme satisfaction.»Lamine Beghou raconte Si Rebaï les larmes aux yeux mais, se ressaisit pour lâcher :«Il n’a fait que son devoir, mais son courage restera à jamais gravé dans ma mémoire.» Parcours Rebaï Khelaïfia est né en 1923 à R’guiba, dans la commune de Terregualet. Il a fréquenté la médersa de Cheikh Lakhdar Boukeffa à Aïn Beida, qui servait de tremplin pour le militantisme national. Monté au maquis en décembre 1954, il est resté dans la zone 3 (Aïn Beida) jusqu’en 1958, où il est nommé chef du secteur 2 de la zone 4. Son parcours héroïque lui a valu d’être nommé chef de la zone 4 en 1960, alors que les Aurès-Nememchas étaient dirigés par Ali Souaï. Sur le chemin menant à Kimmel, le PC de la Wilaya I, il est encerclé avec son groupe. Au bout d’une rude bataille, il tombe au champ d’honneur en 1960.
khelafia Zoubir - Journaliste - Alger, Algérie

14/11/2016 - 316328

Commentaires

La famille Beghou au cœur de la Révolution Secteur 2, zone 4, wilaya 1. (Aurès-Nemenchas) Publié le 02 déc 2014 Lorsqu’il dévide ses souvenirs, il sanglote, verse des larmes puis se reprend pour ne pas perdre le fil d’une histoire passionnante qui débute en 1954, avant même que la première balle soit tirée dans les Aurès. Du haut de ses quatre-vingts ans, Si Layachi Beghou relate avec véhémence et profusion la rencontre avec la Révolution, ses peines, ses joies, la prison, la perte de valeureux combattants qu’il a côtoyés et le parcours de sa famille, engagée corps et âme pour la juste cause. En fait, les destins de cette famille et de la Révolution se sont croisés en octobre 1954 pour ne plus se séparer jusqu’au recouvrement de l’indépendance. Les Beghou de Ain Diss dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, anciennement secteur 2 de la zone 4 de la wilaya I (Aurès-Nemenchas) représentent l’une des familles qui ont tout donné à la Révolution, y compris les êtres les plus chers. Si Layachi a tellement attendu cette opportunité qu’il se lâche aujourd’hui, ne laissant rien au hasard. Les moindres détails sortent par miracle d’une mémoire heureusement encore intacte bien que la maladie commence à faire son effet. Il commence son long récit par sa famille, propriétaire terrienne au douar Mouellah, mechta Taghribt : « Nous possédions 80 chameaux et plus de 500 têtes de moutons que nous avions mis à la disposition de l’ALN. » Cette parenthèse fermée, l’octogénaire replonge dans ses souvenirs et évoque les premiers contacts établis avec les émissaires des Aurès pour entreprendre l’organisation de cette région, plus tard érigée en secteur 2 de la zone 4 à l’issue du congrès de la Soummam. « Quelques semaines avant le début des actions armées, quatre hommes sont arrivés dans notre ferme pour nous informer que la Révolution est en marche et que nous devons être prêts. » Ce jour est resté gravé dans la mémoire du vieil homme, ragaillardi comme s’il retrouve une seconde jeunesse. La guerre de libération représente une époque vitale pour cette famille qui a vu son fils, Abdelhamid Beghou, tombé héroïquement au champ d’honneur et son frère Hanafi rejoindre le maquis alors que Layachi, Mosbah, Lamine, Khemissi et Nouar ont tous d’une manière ou d’une autre activement participé aux côtés de l’ALN. Leur ferme est par la force des choses devenue une plaque tournante de l’ALN dont les groupes se relayaient pour se nourrir, se reposer ou se réunir. Elle a même abrité pendant plus de trois années la famille de l’officier de l’ALN, Khélaifia Rebaï, dit Ammi Rebaï dont des enfants y sont nés et allaités par les femmes des Beghou. En parlant de ces dernières, il faut avouer qu’elles ont rempli les tâches les plus dures quand la situation l’exigeait. Hommes et femmes de la famille Beghou ont, comme un seul être, répondu à l’appel de la patrie et accompli leur devoir pour le recouvrement de l’indépendance. Si Layachi Beghou A peine les hostilités enclenchées à Batna, Khenchela, Biskra et dans d’autres localités des Aurès que des émissaires sont envoyés dans la région de Canrobert (Oum El Bouaghi) avec pour mission d’y installer le maquis et de procéder à une campagne de sensibilisation. Chaâbane Laghrour, frère de Abbas, Si M’hamed Remili, El-Hadi Rézaïmia, Mohamed Salah Hedroug et une vingtaine d’autres combattants, tous des Nemenchas, sont désignés par le haut commandement des Aurès pour diriger les combats, entraîner les nouvelles recrues et organiser le maquis. « Pour l’histoire, ce sont les premiers moudjahidine à se présenter à notre ferme et ce sont les premiers combattants à y avoir transité », se remémore Si Layachi qui les a accompagnés jusqu’à Fedj Edderriès du côté de Tamlouka, aujourd’hui relevant de la circonscription de la wilaya de Guelma. « Ils avaient pour mission de contacter des familles connues pour leur militantisme pour la cause », raconte encore l’octogénaire qui voue une admiration sans limite à ces maquisards de la première heure. Depuis cette date, la ferme des Beghou ne désemplissait jamais. Pour l’anecdote, raconte encore Si Layachi « en une seule nuit, pratiquement tous les membres de l’ALN de la région se sont relayés chez-nous. Larbi Ouachène et 18 autres combattants y sont venus. Je leur ai servi de guide jusqu’à Kef Agab. A mon retour, j’ai trouvé le groupe de Bouguerra et pour boucler la boucle, j’ai dû égorger un mouton à 2h30 du matin pour un troisième contingent de moudjahidine dirigé par Boukhedena et Hassani Aissa. C’est vous dire tout le poids de la Révolution qui pesait sur notre famille. Mais nous le faisions par conviction, par amour pour notre pays et pour son indépendance. » Tous ces mouvements de l’ALN ne pouvaient évidemment échapper à la vigilance de la soldatesque française qui opérait des récurrentes descentes dans cette ferme où elle faisait subir les pires sévices aux Beghou sans jamais tirer le moindre renseignement. Si Layachi, devenu agent de renseignement de l’ALN, écumait la région, notamment celle d’Ain Beida où le magasin de Si Ammar Tamrabet, situé en plein centre-ville, servait de boîte postale. Il est même envoyé en France où il a séjourné pendant plus de 3 mois pour dresser un constat sur le FLN dans l’Hexagone. Plus tard, en 1958, il connaîtra les affres de la prison de la ville d’Ain Beida où il a croupi 17 mois durant. « Notre ferme a été encerclée et j’ai été embarqué et dirigé vers le sinistre 5e Bureau où j’ai subi les sévices les plus horribles ». Si Layachi ne dira pas plus et c’est son neveu Abdellah, dit Khemissi qui prend le relais. Chaâbane Laghrour tombe au champ d’honneur, Abdelhamid Beghou rejoint l’ALN Alors que la guerre faisait rage et que l’ALN enregistrait des victoires sur l’ennemi, l’étau se resserrait autour des chefs. Filés à la trace, ils ont fini par être débusqués par l’ennemi un jour du mois de juin de l’année 1956. Chaâbane Laghrour et son groupe sont encerclés et pilonnés par les bombardiers de l’aviation française. « L’information est tombée tel un couperet », raconte Khemissi, un autre Beghou qui, à l’image de ses frères et oncles, a épousé la cause depuis son début. Le premier chef, Si Chaâbane, Bougueffa, Si Tayeb El-Meskani ainsi que plusieurs autres moudjahidine venaient de tomber au champ d’honneur dans les gorges de Chebka au lieu dit Djehfa, situé à l’ouest de Tamlouka. Un coup dur pour la Révolution qui jusque-là tenait en respect l’ennemi et lui infligeait des pertes considérables. « Non encore habitués à perdre des chefs, nous nous interrogions sur le devenir de la guerre, sur les capacités de l’ALN à redresser la situation, mais ni les bombardements ni les exactions encore moins les tueries n’ont eu raison du courage des hommes et de leur détermination à chasser l’ennemi. » La suite donnera raison à Khemissi puisque le chahid Chaâbane Laghrour est remplacé par El-Hadi Rezaïmi, période durant laquelle Abdelhamid Beghou a rejoint les rangs de l’ALN avec son ami Djermène Lahcène. L’année 1956, date de la tenue du congrès de la Soummam, est une date charnière de la Révolution puisque désormais le découpage géographique des wilayas, l’instauration des zones et des secteurs allaient faciliter beaucoup plus la tâche aux moudjahidine, alimentés, il faut le souligner, en armements comme ne l’a jamais été la Révolution auparavant. « El-Hadi Rézaïmia n’est pas resté longtemps. A l’issue du congrès de la Soummam, il est rappelé par le haut commandement des Aurès. » Mohamed Fantazi, dit Hoggas prend le témoin pour devenir le chef incontesté du secteur deux de la zone 4 qui englobait, Ain M’lila (secteur 1), Oum El Bouaghi (secteur 2), Ain Beida (secteur 3) et enfin la Meskiana (secteur 4). La bataille de Taghribt La guerre était à son apogée et l’ALN tenait tête à l’ennemi. Elle le harcelait, lui tendait des embuscades et lui portait des coups très sérieux. Les batailles se multipliaient et les pertes étaient enregistrées d’un côte comme de l’autre. L’un des chefs les plus redoutables et le plus craint par les Français est indiscutablement Hoggas. Guerrier, celui-ci faisait voir de toutes les couleurs aux soldats français. « Pendant son règne, il a fait subir les pires pertes à l’ennemi. En plus, il dirigeait d’une main de maître son secteur qu’il a réussi à organiser d’une manière impeccable », dit encore Khemissi. Relayé par son oncle, Si Layachi reconnaît en ce combattant, sa bravoure et son courage : « Hoggas était un valeureux chef, il va au charbon avant ses subordonnés. Il était juste et accordait à la Révolution une importance capitale. » Au moins de Ramadhan de l’année 1957, il est assiégé au douar Mouellah alors qu’il se reposait avec ses compagnons. Il a ordonné le repli vers une région plus accidentée, située à quelques encablures de la ferme Beghou. Eclatait alors la fameuse bataille qui a vu les meilleurs fils de la région tomber au champ d’honneur. A cette époque, Hoggas était même chef intérimaire de la zone 4. « Les hostilités ont débuté dans la matinée au lieu dit Chebka et ne se sont arrêtées qu’en début de soirée quand tous les armes se sont tues », se remémore Khemissi cette journée qu’il compare à l’enfer tellement les combats étaient intenses mais inégaux sur le plan de la logistique. Mohamed Fantazi dit Hoggas, Lakhdar Bouchoucha, Bekakra Bouzid, Kalli Ammar, Si Khelil, Zidane, Mimisse et Si Maâmar sont tous morts dans cette bataille alors que le seul rescapé, toujours en vie d’ailleurs, n’est autre que Brahim Titel. « La région a beaucoup pleuré ces moudjahidine qui ont tenu la dragée haute à l’armée coloniale qui a utilisé des moyens colossaux pour les anéantir. J’ai été embraqué de force dans un hélicoptère pour procéder à l’identification de ces martyrs », souligne Khemissi. Khélaifia Rebaï, dit Ammi Rebaï chef du secteur 2 « Un autre chef charismatique, courageux et redoutable », dit Si El Ayachi en sanglotant quand il énumère les noms des valeureux chefs qui ont tous transité par la ferme. « L’histoire de Si Rebaï est particulière. Pas du tout comme les précédentes puisque non seulement, il était désigné chef de notre secteur mais nous avons aussi l’insigne honneur d’avoir abrité sa femme et ses enfants pendant plus de trois années. C’est-à-dire jusqu’à sa mort dans la bataille d’El-Fedjoudj en 1960 », confie Lamine qui était son confident et son homme de confiance. « Un jour, il a demandé à voir notre mère Rebaïa. Une fois devant elle, il l’a enlacée et lui a demandé de prendre soin de ses enfants et de les considérer comme les siens ». Depuis 1958, date de sa promotion à ce rang, Ammi Rebaï a mené plusieurs batailles, y compris dans les régions les plus reculées de cette vaste zone. Il l’écumait de Tamlouka jusqu’à la frontière de Batna. Avec ses compagnons d’armes, il a mené la vie dure aux Français qui, à leur tour, le traquaient partout. Trois années durant, il était la cible principale de l’ennemi qui a tout déployé pour le tuer. « Il aimait le combat, il ne se dérobait jamais et était surtout magnanime. Même son salaire, il le donnait aux pauvres », raconte Lamine dont la femme a allaité les fils de cet officier de l’ALN dont toute la famille était au maquis. « Il y en a même qui sont nés chez-nous », ajoute Lamine pour expliquer la confiance dont jouissait la famille Beghou auprès de l’ALN. Adelhamid Beghou et Djermène Lahcène étaient très proches de Si Rebaï qui leur accordait toute sa confiance autant qu’à son secrétaire particulier Laouissi. Tous les quatre vont ultérieurement tomber héroïquement au champ de bataille. Bien d’autres moudjahidine, à l’image de Si Mahmoud Kebaïli, Amara Chaâbane, Lahcène Cidre et Causalota connaîtront le même sort. « La bravoure de si Rebaï l’a même empêché d’acheter une maison à ses enfants malgré mon insistance », affirme aujourd’hui Lamine Beghou. C’est en 1960 que Ammi Rebaï connut sa fin dans une rude bataille qu’il a menée seul contre un contingent de soldats français au lieu dit El-Fedjoudj, a mi-parcours entre Oum El Bouaghi et Batna. « Encerclé avec son groupe, il est descendu seul pour faire diversion et permettre à ses compagnons de s’enfuir. La bataille a duré toute l’après-midi et il a fallu utiliser les armes lourdes pour le tuer. Son corps sans vie a été une première fois exposé en plein centre-ville de la ville de Canrobert (Oum El Boaughi) où le sergent-chef du nom de Machevot a dit de lui devant l’assistance « je n’ai jamais vu un tireur d’élite comme ce fellagha », et une seconde à la caserne du boulevard du sud de la ville d’Ain Beida. Un grand chef venait de mourir quelque temps seulement après sa promotion au rang de chef de la zone 4. » Abdelhamid Beghou tombe au champ d’honneur, Hanafi monte au maquis La mort de Si Rebaï a laissé un grand vide. Les combattants étaient abattus à l’idée de continuer à faire parler les armes en son absence. Le choix s’est porté sur Amara Chaâbane pour lui succéder. La guerre tirait à sa fin mais les combats n’ont jamais cessé. Au contraire, ils ont doublé d’intensité. L’ALN maintenait la pression sur les troupes françaises et, sporadiquement, elle leur portait des coups très durs. Les batailles, notamment dans les alentours de Taghribt font parfois rage et les moudjahidine, mal équipés parfois, trouvent tout de même des ressources pour infliger de lourdes défaites à l’ennemi. Abdelhamid, devenu officier de l’ALN se rendait de temps à autre à la ferme pour rendre visite aux siens : « On dirait qu’il sentait la mort venir. Il pleurait ses compagnons tombés au champ d’honneur. Il ne cessait jamais de les évoquer et de prier pour eux », dira Khemissi qui, à son tour, loue le courage de son frère. Même si la France était sur le point de perdre la guerre, elle n’en redoublait pas moins de férocité envers les civils, les femmes, les enfants et les vieillards qu’elle considérait, à juste titre d’ailleurs, comme la colonne vertébrale de l’ALN. Des casemates, creusées par ces mêmes civils, servaient de refuge aux combattants et c’est justement dans l’une d’elles que le groupe de Amara Chaâbane va être décimé. Nul ne sait comment il a été repéré, mais assiégés aux gaz toxiques, sept moudjahidine, dont Abdelhamid Beghou, ont été arrêtés alors que leur chef, Amara Chaâbane est mort asphyxié. Cette opération s’est déroulée à Ain Diss, à quelques centaines de mètres de la ferme. Transférés à Oum El Bouaghi, les prisonniers ont subi les pires sévices ayant entraîné leur mort. On raconte que malgré les souffrances, Abdelhamid n’a jamais bronché ni donné le moindre renseignement préjudiciable à l’ALN. Une mort ressentie par sa famille, notamment Hanafi qui a décidé de rejoindre le maquis pour honorer la la mémoire de son frère. Ainsi a vécu la famille Beghou qui, aujourd’hui, raconte fièrement son dévouement pour la partie et sa contribution pour la libération du pays. Zoubir Khélaifia Les chefs de la zone 4. (Aurès-Nemenchas) Avant le congrès de la Soummam - Chaâbane Laghrour - Mohamed El-Hadi Rezaïmia Après le congrès de la Soummam - Hamdi Ali - Redjaï Ammar dit Fertouhi - Fantazi Mohamed dit Hoggas - Hadi Mahmoud di Mahmoud Kébaïli - Amara Chaâbane - Khélaifia Rebaï dit Ammi Rebaï - Mohamed Hadjar - Mohamed Haba Les chefs du secteur 2. Avant le Congrès de la Soummam - Chaâbane Laghrour - Mohamed El Hadi Rézaïmia Après le Congrès de la Soummam - H’Mida Ferhati - Fantazi Mohamed dit Hoggas - Khélaifia Rebaï dit Ammi Rebaï - Bougadi Djemoï - Bennoun Saïd dit Saïd 86
Khélaifia Zoubir - Journaliste - Alger, Algérie

14/11/2016 - 316327

Commentaires

Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)




Aucune photo n'est disponible









Aucune annonce n'est disponible










Aucune entreprise n'est disponible









Aucun vidéo n'est disponible










Aucune bande sonore n'est disponible








Aucun lien n'est disponible