Que pensez-vous de l’image du ksar d’aujourd’hui ?
Malgré les dégradations subies par la vieille ville et les différents exodes, 30 ha en plein cœur de la ville encore habités par quelque10 000 habitants ne sont pas négligeables. L’image de façade d’un vieux coin délabré ou d’un marché tout court doit changer et ça a changé. L’autre aspect que je voudrais souligner est que depuis sa classification il y a dix ans, le ksar vit une certaine revalorisation et une réhabilitation en tant que patrimoine de la ville de Ouargla. Il revient dans l’actualité avec les travaux de restauration en cours. L’évolution est certes lente mais ô combien salutaire. Oui, c’est le pôle économique de la ville en tant que place du marché quotidien incontournable autant pour les habitants de la ville que pour les fellahs et commerçants sédentaires et ambulants. Le ksar est essentiellement un véritable enjeu culturel car porteur de la notion de cohésion sociale et d’une certaine façon la continuité de l’histoire de notre ville. C’est en même temps un patrimoine et un centre de vie au cœur même de Ouargla. Et c’est somme toute ce que voulaient nos aïeux.
Le préjudice physique du ksar a conduit à un déclin de son rôle culturel. Ne pensez-vous pas que les habitants du ksar y sont pour quelque chose ? Il y a eu si peu de voix contre le massacre de la rue de Rivoli, la démolition de l’église et l’invasion du béton…
Je n’en disconviens pas. D’une part, la prise de conscience a été trop lente, mais à l’époque personne ne s’est senti en droit de s’y opposer légalement étant donné que le ksar n’était pas classé en tant que patrimoine national. Notre association s’y est attelée et elle a réussi. Depuis mars 1996, par la force de la loi, beaucoup de choses ont changé. La vision des gens, surtout ceux du ksar, a également évolué, ce qui nous permet désormais de mettre en œuvre un programme ambitieux.
En quoi consiste votre programme de travail ? Pensez-vous avoir élagué définitivement vos luttes intestines ?
Il y a eu des hauts et des bas, mais depuis la création de notre association en 2001, les choses vont mieux, preuve en est que nous avons réussi à remettre au goût du jour certains us et coutumes. Le système du mariage collectif avec deux sessions par an à titre d’exemple. Les zaouias, mosquées et différentes associations culturelles du ksar se sont enfin mises d’accord sur le principe. La collaboration est donc possible si chacun y met un peu du sien. Une tâche ardue nous attend, notamment dans les domaines scientifique et culturel.
Et la question linguistique qui revient à l’actualité…
C’est grâce à la radio locale El Wahat que le ouargli a été réhabilité en tant que langue locale. Nous revenons de loin puisque de zéro minute durant douze ans d’existence de la radio, nous sommes passés à 1 puis 2 heures et actuellement une alternance des programmes en arabe et en ouargli. Même les informations sont traduites dans les flashes, et mieux le journal de 12h30, ce qui est une évolution considérable ; ainsi la radio est locale à juste titre. Mais nos efforts ne s’arrêteront pas là. Notre but est de créer le noyau d’une recherche universitaire dans ce domaine en parallèle avec le commencement de l’enseignement du tamazight dans les écoles. Nous sensibilisons quelques étudiants en langue de l’université de l’Ouargla pour effectuer une post-graduation dans la langue ouarglie et sommes actuellement en contact avec l’université de Tizi Ouzou en tant que pionnière dans le domaine pour un jumelage.
Posté Le : 07/09/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Houria Alioua
Source : www.elwatan.com