Oran - Zaouia Bouabdelli Bethioua

Zaouïa Cheikh El Mehdi Bouabdelli, un lieu chargé d'histoire



Zaouïa Cheikh El Mehdi Bouabdelli, un lieu chargé d'histoire
A 83 ans, Cheikh Ayad, l'actuel légataire de la Zaouïa Bouabdelli de Bethioua, est le fils de Cheikh Bouabdelli, le père fondateur de la Zaouïa qui porte le même nom.
Depuis 1903, année de sa fondation, la Zaouïa est un lieu de dévotion et de méditation. Encore de nos jours, cette institution représente un lieu de haute autorité morale et spirituelle. Tous les conflits sont vite résolus quand les protagonistes acceptent tacitement l'arbitrage de la Zaouia. Et il en est ainsi dans toute la région de Bethioua et bien au-delà. Chaque mois de novembre, date du décès du fondateur de la Zaouïa, est commémoré par de nombreux disciples qui viennent d'un peu partout. Cheikh Ayad est né en 1922. Son enfance fut tout naturellement marquée par un environnement baignant dans la foi et la piété. Etudes studieuses et accomplies mèneront, tour à tour, le cheikh vers Tlemcen et Alger, à la « Madrassa Taalabia » exactement où il obtiendra son diplôme de fin d'études de cadi ou juge pour les affaires à statut musulman. En 1946, en vue de poursuivre des études de droit, il tentera une virée du côté de Paris. Le chaos de l'après-guerre qui y régnait et les hésitations du père encore influent dissuaderont définitivement le jeune Ayad de rester plus longtemps dans la capitale française. Au début des années 1950, Ayad, en parfait bilingue, embrassera le métier d'instituteur à El Bayadh et Arzew notamment. 1955, il est agent de liaison pour le compte du FLN. Son travail consistait, à travers le renseignement et le guet, à baliser le chemin qui mène vers le « markaz » de Bouachria, une localité des environs de Bethioua d'où les futurs maquisards transitaient pour rallier les monts du Dahra ou de l'Ouarsenis. 1956, les Français découvrent le réseau ; l'instituteur est activement recherché. Il s'enfuit au Maroc. A Nador exactement, base de l'extérieur commandée par Abdelhafid Boussouf et à partir de laquelle lui et quatre jeunes intellectuels - Ali Haroun, Salim Bouzaher, Moussaoui Mahiedine et Tami Ayad - lanceront le premier numéro de « Résistance algérienne » ; un journal qui, sous la férule de Abbane Ramdane, deviendra El Moudjahid en 1957. Août de la même année, après deux ou trois numéros, la direction du journal, sur ordre de Abbane Ramdane, déménage vers Tunis. Là, il rencontre Frantz Fanon, Aïssa Messaoudi, Redha Malek, Med El Milli Cheriet, Boumendjel et Mezhoudi. Il évoquera avec grand respect Abbane Ramdane qu'il qualifiera d'homme à poigne et à principes. De Boussouf, le créateur du MALG, côtoyé lui aussi durant la période marocaine, il en gardera le souvenir d'un homme intègre mais méfiant qui a poussé le culte du secret jusqu'à l'obsession, précise t-il. En 1962, retour au pays. Il est, pendant deux ou trois mois, le premier responsable de la police à Oran. Probablement par incompatibilité de profil, il se désistera du poste malgré l'insistance de feu Souiyah El Houari alors premier préfet de la ville. Il prolongera sa vie active dans l'anonymat le plus total en tant que cadre au niveau de la SNS d'Oran. Actuellement retraité, il coule des jours paisibles, tout accaparé par la continuation de l'œuvre du vénérable Cheikh Bouabdelli dont il a eu la lourde charge de pérenniser la mission.


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