Oran - Revue de Presse

Un G 8 de plus ou de moins...



Le G8 est devenu un espace de concertation des riches pour rester riches ou pour augmenter leurs richesses, et un espace où les pauvres, en continuant à appauvrir leurs peuples, reçoivent des tapes dorsales, partagent un repas copieux avec les grands de ce monde et prennent une photo souvenir qu'ils rapportent comme le trophée d'une guerre qui n'a pas eu lieu.

Les riches repartent de leurs   sommets pleins d'idées, de stratégies, de garantie, d'une collaboration durable ; les pauvres repartent avec leurs dettes structurelles, leurs pauvretés structurelles, leurs plaintes structurelles, leur mendicité structurelle.

Le rideau tombe à chaque fois sur un monologue que seul dérange l'altermondialisme dans sa quête de faire entendre sa voix aux peuples mal ou pas du tout gouvernés. Un mouvement né en réaction contre les injustices, contre les autoritarismes et toute discrimination quant aux partages des ressources du monde au seul bénéfice des nantis. Les gouvernants des pauvres se suffisent de poignées de mains, d'embrassades pour les accros à la bise, et de quelques caresses infantilisantes au bord du ridicule arborant un programme obsolète qui date du siècle dernier alors que la roue de l'Histoire tourne au-dessus de leurs têtes, pour les contraindre à élever le niveau de gouvernance. Les gouvernants des pauvres sont pauvrement gouvernants au nom d'une légitimité qui les pousse à éterniser une vision aujourd'hui partagée par une génération en voie de disparition, alors qu'arrivent sur le marché de la pensée des générations qui n'ont rien à envier à celles des pays riches. Mais motus et bouche cousue, par nécessité vitale de pouvoirs publics rongés par la corruption, par le trucage d'élections et par ce mépris affiché envers la chose de l'Etat, qui ne permet l'enracinement d'aucune institution aussi puissante soit-elle. Au registre des résultats, une représentation intérieure douteuse et une représentation étrangère burlesque. « Plume qui pique » nous avait fait part dernièrement de cette perte de représentation qui va jusqu'à faire des emblèmes nationaux une fantaisie insolente, faite pour amuser les galeries les jours de fête. Que reste-t-il des indépendances ?

En fait même pas les drapeaux. Lorsque forts des idéaux jadis revendiqués par les libérateurs les participants au premier sommet des Etats Africain Indépendants en 1963, lançaient des ultimatums aux grandes puissances pour que cessent les injustices à travers le monde, les peuples sortaient à peine des horreurs du colonialisme en rêvant à des sociétés portées par un développement harmonieux et une justice qui fait oublier les années coloniales. Un demi-siècle plus tard, les injustices ont touché leurs propres peuples, leurs gouvernements se sont fait miné par les faux discours sur les nationalismes et il n'est resté des héritages institutionnels de la colonisation qu'une organisation mafieuse qui a dilapidé les richesses et mis les intellectuels au banc des accusés. Le butin de guerre s'est vidé de sa consistance.

La surprise vient pourtant du Président français lorsqu'il affirme aux yeux du monde riche que « ce n'est pas raisonnable de continuer a se réunir à huit pour régler les grandes questions du monde, en oubliant la Chine, un milliard 300 millions d'habitants, en n'invitant pas l'Inde, un milliard d'habitants, en n'ayant aucun pays arabe, en n'ayant aucun pays africain et en n'ayant aucun pays de l'Amérique latine ». Quel commentaire peut-on faire à une telle affirmation si ce n'est qu'elle aurait dû venir d'un dirigeant africain et non du représentant de son ancien colonisateur qui continue à lui tracer la voie à suivre en jouant avec les moyens pour y parvenir. Les Africains n'ont pas été capables de constituer une force indépendante remettant ainsi en cause l'essence même des indépendances.

Qu'auraient pu répondre les représentants des gouvernants de l'Afrique aux dispositions prises pour arrêter la folie des hauteurs dans laquelle est tombé Mugabé. Qu'elle est générale chez les Africains ? C'est pourtant sur ce terrain que les riches les attendent pour leur éviter de réclamer les 50 milliards de mendicité promis lors des derniers G 8.

Comme si la pauvreté et les effets de la hausse des prix n'étaient qu'une question d'argent. Les choses auraient été trop simples et parfaitement en harmonie avec les visée du libéralisme qui consiste justement à conserver aux Africains le statut du colonisable à vie, du mendiant éternel. Seules les formes ont changé. Il n'y a pour s'en convaincre qu'à consulter les chiffres des échanges commerciaux entre Africains en comparaison avec ceux des échanges de l'Afrique avec justement les pays du G 8. Il n'y a pour s'en convaincre qu'à consulter le calendrier des émeutes et des guerres civiles qui déchirent l'Afrique pour exterminer ceux que les maladies et la faim ont épargné. Il ne s'agit pas de cautionner le G 8 par une apparition figurative mais de taper sur la table pour afficher le refus de continuer à subir les mécanismes du commerce mondial.

Bien sûr que, pour ce faire, il faut bénéficier d'une véritable représentativité et d'un engagement des populations dans un processus d'amélioration des niveaux de revenu. Qui peut, parmi les dirigeants africains s'en prévaloir sans craindre les rapports des représentations diplomatiques accréditées et qui ne sont pas là pour faire tapisserie contrairement aux africaines ? Qui ? Pourtant le non-alignement a laissé des traces de combativité politique et a marqué l'esprit de générations entières en mettant toute la lumière sur ce nouvel ordre économique dont les populations africaines ressentent les effets jusque dans leurs ventres, fuyant la misère à travers brousse et à travers mers.

Cet espace de concertation et de décisions courageuses communes a tout simplement été saboté au profit de petites organisations incapables d'assurer le plus petit consensus à l'instar de la Ligue arabe ou du Sommet islamique. Imaginons la force des pays non-alignés devant un G 8 qui a les mains libres face au destin du monde. Les choses en auraient été autrement car les richesses du monde dit « pauvre » n'expliquent en rien la misère.






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