Le phénomène du nomadisme partisan devient de plus en plus inquiétant au détriment des électeurs qui se sentent floués ou carrément trompés mais sans bouger d'un iota par ignorance. C'est le cas justement de la Tunisie.C'est devenu un phénomène spécifique ou une tendance en vogue à l'expérience "démocratique" tunisienne entamée depuis la chute de Ben Ali, plus particulièrement depuis les élections du 23 octobre. Il s'agit du nomadisme ou du tourisme partisan des élus qui changent de parti politique comme l'on change de chemises. Certains acteurs du paysage politique national considèrent ce comportement comme une confiscation pure et simple de la volonté des électeurs, voire un viol caractérisé de leurs voix. Mais sas que ces responsables dénoncent cet état de fait pour manifester, tout au moins, la colère du citoyen. Skander Bouallagui, membre du Parti «Tayyar Al Mahabba» (ex-Aridha Chaâbia) et l'un des opposants les plus virulents au nomadisme ou tourisme partisan fait les comptes pour remarquer que «depuis les élections du 23 octobre, quatre constituants élus dans la région de Kasserine ont changé de casquette, dont le dernier est Kamel Saâdaoui qui vient de déclarer que sa migration du MDS vers Ennahdha est la solution la plus indiquée pour servir les intérêts des électeurs qui lui ont accordé leur confiance. Le PDP a remporté 16 sièges et aujourd'hui ils ne sont plus que 6 élus à défendre ses couleurs. Bahri Jelassi qui a récolté moins de 1000 voix dirige aujourd'hui 9 élus qu'il a réussi à faire rentrer sous sa coupe. Al Aridha Achaâbia devenue entre temps Tayyar Al Mahabba a perdu 7 sur les 27 constituants élus sous son programme. Nida Tounès qui n'a même pas participé aux élections dispose actuellement de 11 sièges, ce qui lui permet de créer son propre groupe parlementaire alors que le denier arrivant, l'homme d'affaires Mohamed Ayachi Ajroud, président du Mouvement des Tunisiens pour la liberté et la dignité est parvenu, lui aussi, à dompter quelque 11 constituants dont la plupart proviennent du groupe Liberté et dignité». Et Bouallagui de poursuivre : «Pour moi, ce n'est ni du nomadisme ni du tourisme partisan. C'est bel et bien un acte délibéré d'abus de confiance dans la mesure où ceux qui ont élu ces constituants ont été floués et ont vu leur volonté confisquée par des individus qui n'ont pas été à la hauteur de la confiance qui leur a été témoignée le 23 octobre 2011. Il s'agit bien de la violation d'un des droits fondamentaux de l'homme : le droit du citoyen à choisir librement ceux qui le représentent au Parlement. Quant à ceux qui criminalisent le coup d'Etat commis par Al-Sissi en Egypte, qu'ils se rappellent qu'eux aussi recourent aux mêmes méthodes en noyautant les partis dits petits pour détourner, à leur profit, les constituants qui défendaient ces soi-disant petites formations politiques. Mes propos visent essentiellement Ennahdha, le parti hégémonique qui se permet tout et ne recule devant aucun stratagème pour façonner à sa guise l'échiquier politique national en vue des prochaines élections». «Le nomadisme partisan est un phénomène qui dénote la détérioration de la vie politique nationale puisque ceux qui changent de partis au gré des temps et des événements sont poussés généralement par la recherche de leurs intérêts personnels en contrepartie d'avantages matériels ou de postes importants à occuper en cas de victoire des partis qu'ils rejoignent», a précisé Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique démocratique. Pour lui, cela est une preuve "de la fragilité de la construction démocratique en Tunisie" et de "l'absence de la clarté requise au niveau des programmes et de l'action militante sur le terrain".
I. O.
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Posté Le : 18/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Imed O
Source : www.liberte-algerie.com