Oran Retour aux sources

Publié le 16.09.2024 dans le Quotidien l’Expression
Cette journée est d’autant plus exceptionnelle que les Oranais la perpétuant, immortalisent les traditions locales.
Profiter de cette occasion pour appeler au partage et à la tolérance.
Nonobstant les bruits assourdissants des pétards et leurs grands risques, les Oranais ne ratent aucunement l’occasion annuelle pour célébrer dignement le Maoulid ennabawi ou encore la naissance du Prophète (Qsssl). Si les institutions officielles se sont mises entièrement de la partie en organisant en ce sens d’importantes activités religieuses et culturelles, cette journée est, chez les Oranais, d’autant plus importante qu’ils la célèbrent eux aussi, la perpétuant en prenant en compte la nécessité d’immortaliser également les traditions locales à mettre en avant lors de cette journée, tout aussi exceptionnelle en lui donnant, comme chaque année, un cachet purement oranais et de surcroît totalement algérien empreinte des valeurs maghrébines et nord-africaines, loin du moindre fondamentalisme extrémiste ni radicaliste, alors que certains fondamentalistes versent dans le «haram» ou encore le péché en tentant vainement l’interdit. «Il s’agit d’une journée exceptionnelle à célébrer joyeusement», a affirmé le vieux Saber Mourad. Du haut de ses 82 ans, ce dernier ne laisse jamais passer inaperçue cette journée sans réunir ses enfants et ses petits-enfants pour célébrer à la hauteur de l’évènement la journée marquant la naissance du Prophète (Qsssl). Il s’agit en fait de tout un rite comprenant plusieurs étapes à observer en le préparant avant de le clôturer par des bougies à allumer dans chacune des habitations, celles-ci dégageant des raies de lumière illuminant l’ensemble des habitations dont les occupants se réunissent pour vivre tous ensemble cette journée réunificatrice et ressoudant les rangs des familles disloquées par les aléas des transmutations mondiales ayant pour cible les valeurs sociales. Tout comme l’ensemble des Algériens, les Oranais ont vite fait de comprendre le tourbillon les guettant pour qu’ils jugent utile, voire indispensable, de revenir à la source en ne ratant pas cette journée conciliabule marquée par le partage et d’échanges et de tolérance pour se lancer dans une nouvelle année de fraternité en faisant par-là même leurs adieux aux conflits familiaux, conjugaux et aux disputes. Telle est en somme la valeur principale visée par la célébration de cette journée musulmane pour laquelle chacun des membres de la famille est appelé à jouer un rôle prépondérant en la préparant dignement et où rien n’est laissé au hasard dans la réunification des rangs des familles entières et même des voisins qui sont invités à prendre part, avant que ces derniers ne se retrouvent côte à côte autour d’une table garnie qu’ils commentent élogieusement en rendant hommage aux membres clés de la famille l’ayant soigneusement préparée, les femmes s’affairant, elles aussi et de surcroît du matin jusqu’au bouclage de cette fête, à ne rien laisser au hasard dans leur besogne.
Outre le regroupement de nouveau et pour une meilleure année des frères et sœurs de la même famille, cette journée permet également aux conjoints de renouer avec les liens sacrés les réunissant à jamais, pour le meilleur et pour le pire. D’ailleurs, cette journée est marquée par des présents accordés par les époux à leurs épouses et vice-versa, le but est de mettre un terme à leurs petites disputes conjugales.
Les enfants, eux, ouvrent droit à des achats qu’ils accomplissent eux- mêmes pour se faire beaux tout en manifestant leur jovialité en prenant entièrement part à cette célébration.
Wahib AÏT OUAKLI