L’association Bel Horizon se démarque des festivités officielles du Mois du patrimoine. Dans cet entretien, le président de Bel Horizon, Kouider Métaïr, nous donne de plus amples détails.
- Chaque année au mois d’avril, le Mois du patrimoine est célébré par l’administration. Votre association s’est toujours montrée hostile à cette manifestation qui dure tout un mois, pourquoi?
Le patrimoine est dans un état déplorable, je ne connais aucun projet ou plan spécial pour sa prise en charge. Le Mois du patrimoine devait être un moment pour faire le point de la situation, d’informer le public sur les efforts de l’Etat dans ce domaine et de l’amener à découvrir les succès et les échecs. Rien de tout cela, au contraire, au moment où Sidi El Houari est érigé en secteur sauvegardé, nous assistons à des démolitions et un gel des projets patrimoniaux.
C’est pour ça qu’on se démarque de cette manifestation qui répond plus à une instruction administrative d’Alger qu’à une prise en charge de la situation locale. En tant qu’association, le patrimoine, c’est des activités toute l’année : visites guidées, sensibilisation, formation, plaidoyers, conférences, expositions, échanges, découvertes, etc.
- Cette année, vous avez décidé de boycotter les activités officielles du Mois du patrimoine?
On boycotte quoi? Le Mois en lui-même? Non, nous avons nos propres activités inscrites dans notre programme annuel dont certaines coïncident avec ce mois printanier : rassemblement littéraire, balade urbaine du 1er Mai, conférences à l’université et ailleurs. Nous répondons également aux sollicitations des organismes qui nous invitent : associations, musées d’ici et d’ailleurs. Nous profitons aussi de cette opportunité pour réagir et publier des déclarations sur l’état de notre patrimoine.
- Qu’est-ce que vous préconisez en remplacement de la formule officielle «Mois du patrimoine»?
Vous savez, ce Mois du patrimoine a été conçu comme un mois maghrébin au début des années 90, mais maintenant, partout ailleurs, on organise des Journées patrimoniales (JP), comme journées d’exception qui mobilisent toutes les institutions d’un pays le temps d’un week-end amplificateur de la symbolique patrimoniale.
Un mois, c’est lourd et ça ne concerne que les démembrements du ministère de la Culture, c’est pourquoi un wali ou un maire ne se sent pas concerné par cette manifestation. Les JP seront un temps fort, où toutes les institutions du pays et de la ville s’impliquent. Ça devient une fête de la ville et un moment de grande mobilisation citoyenne et institutionnelle. Nous allons présenter une proposition au ministère dans ce sens. Bien compris et bien pris en charge, le patrimoine, plus qu’une valeur économique, peut constituer un ciment patriotique.
Akram El Kebir
Posté Le : 25/04/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Akram El Kebir
Source : elwatan.com du lundi 25 avril 2016