Oran - ENSEIGNEMENT ET FORMATION

Oran - GRAND ÉLAN DE SOLIDARITÉ AVEC L’ENSEIGNANTE QUI OSÉ DÉNONCER LA VÉTUSTE DE SON ÉCOLE: De nouveaux pupitres au profit de l’école Benzerjeb



Oran - GRAND ÉLAN DE SOLIDARITÉ AVEC L’ENSEIGNANTE QUI OSÉ DÉNONCER LA VÉTUSTE DE SON ÉCOLE: De nouveaux pupitres au profit de l’école Benzerjeb


Que les pupitres d’écoliers datent de l’époque coloniale ou non, le constat, c’est bien l’état de vétusté d’extrême ancienneté et d’impraticabilité de ces tables d’écoliers qui ont servi plus qu’il n’en faut et devaient être remplacées il y a bien longtemps. L’incident entre l’enseignante Mme Sidia Merabet et le wali d’Oran M. Messaoud Djari a au moins permis d’équiper l’école avec de nouveaux pupitres reçus ce jeudi ,suite à la polémique que cela a suscité au premier jour de la rentrée scolaire.

Le tweet partagé ce jeudi par le Premier ministre M. Abdelaziz Djerad sur cet incident a été clair et catégorique, il refuse «l'humiliation de l'enseignant,» adressant ses remerciements à l'institutrice Sidia Merabet qui a «dénoncé les anciennes pratiques», il a promis de renouveler le vieux mobilier des écoles au niveau national.

L’école Benzerjeb est le premier bénéficiaire de cette décision puisque jeudi, deux camions ont livré à l’école plusieurs pupitres d’écolier tout neufs à la grande joie du corps enseignant et des élèves.

Pour rappel, la scène qui a amené à cet incident s’est déroulée au premier jour de la rentrée scolaire, lorsque le wali d’Oran s’est rendu à l’école Benzerjeb pour donner le coup d’envoi de la journée. Sur place une enseignante de langue arabe, en l’occurrence Mme Sidia Merabet s’est confiée franchement au chef de l’exécutif en lui dressant la réalité de l’état des lieux. Insalubrité, absence de femmes de ménage, un ménage qu’elle confie avoir fait la veille elle-même avec d’autres enseignantes pour accueillir les élèves, mais aussi des pupitres qui, dit-elle, datent de l’ère coloniale. Jusqu’à ce passage, le wali ne faisait que l’écouter. C’est alors qu’il réagit (des caméras ont immortalisé tout l’entretien) en lui signifiant qu’elle avait tort que cela est plus récent et ne date pas de l’ère coloniale. Face à l’insistance de l’enseignante, le wali s’en est allé alors qu’elle n’avait pas encore fini de parler. Une scène qui a fait le tour de la Toile, suscitant la colère et l’indignation des internautes, dont certains ont immédiatement fait le déplacement à l’école en question et ont exprimé à l’enseignante leur totale solidarité.

Quelques heures plus tard, les services de la wilaya ont rendu public un communiqué sur le sujet. Le chef de l’exécutif explique qu’il n’a fait que reprendre l’enseignante sur une affirmation qu’il ne pouvait pas laisser passer, à savoir que les pupitres dataient de l’époque coloniale, rappelant que l’État a fourni depuis l’indépendance et continue d’apporter beaucoup d’efforts et de moyens pour le secteur de l’éducation. Un communiqué qui n’a pas vraiment calmé les esprits puisque les internautes attendaient des excuses.

C’est alors qu’une pluie de dénonciations s’est emparée de la Toile, mais pas seulement puisque c’est devenu le sujet de la rue, des citoyens qui ont visionné la vidéo s’en offusquaient. Ils se demandaient pourquoi le wali d’Oran n’avait pas plutôt réagi avec reconnaissance envers l’enseignante au moment où elle lui a confié qu’elle avait fait le ménage, elle qui n’a pas cette charge? Pourquoi n’a-t-il pas réagi à ses confidences en lui assurant qu’il réglera tous ces manquements, que dans l’Algérie nouvelle, on ne peut tolérer que des enfants et des enseignants fréquentent une école dépourvue de moyens décents?

Des syndicats de l’éducation se sont également solidarisés avec l’enseignante ainsi que des journalistes membres du syndicat UNJIA qui ont préféré boycotter la cérémonie donnée par le wali à l’occasion de la Journée nationale de la presse, et se sont rendus chez l’enseignante pour lui exprimer leur solidarité.

Pour sa part, l’enseignante a exprimé son émotion face à tant de solidarité et a expliqué que son but à travers son franc-parler avec le premier responsable de la wilaya n’était autre que celui de l’informer sur la réalité du terrain afin que des mesures soient prises pour le bien-être des enfants.



Amel Bentolba


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