Oran - Gnawa

Oran. Concert de Djmawi Africa au TRO



Une nuit gnawiya à El Bahia Aun moment du spectacle donné mercredi au théâtre Alloula, le guitariste du groupe Djmawi Africa, visiblement étonné de l?adhésion du public aux passages gumbri a lancé : « Bravo les Oranais. » Il ignore sans doute que d?abord, dans sa forme traditionnelle ritualisée, le diwan karkabou est une pratique très répandue dans plusieurs quartiers populaires de la ville : El Hamri, Gambetta, Yaghmoracen (ex-Saint Pierre), etc. Ensuite, l?influence étant apparente que Amazigh Kateb, fondateur de Gnawa Diffusion, celui qui a permis de sortir ce style (même si beaucoup de chanteurs avant lui l?ont intégré d?une façon ou d?une autre dans leur répertoire) de ses ornières traditionnelles pour lui donner un souffle créatif moderne, a été justement séduit par les prestations au gumbri, aux percussions mais surtout au chant d?un musicien traditionnel issu d?un quartier populaire d?Oran dénommé Miloud. Celui-ci ayant pour sa part assuré une transition salutaire entre un cachet proprement folklorique et une représentation hors milieu naturel en acceptant de se produire sur des scènes de théâtre et c?est à Grenoble (France), au début des années 1990, que la rencontre aurait eu lieu avec Amazigh qui, à l?époque jouait beaucoup de reggae. C?est justement la puissance du chant pour ce genre de musique qui manque à Djamil de Djmawi Africa, mais cela ne diminue en rien la qualité du spectacle assuré à Oran. La compensation vient de la diversification des instruments (violon, flûte, saxo soprano, clarinette, mandole, guitare, gumbri évidemment, etc.) Cela exige un arrangement rigoureux et c?est ce qui apparaît dans le titre Jbal, une ode à la diversité géographique et la richesse du relief de l?Algérie. La diversité musicale et les interférences des genres apparaissent par contre dans le titre Zmen, un morceau dans lequel le groupe a su faire cohabiter harmonieusement rythmes et mélodies laissant libre cours aux improvisations dansantes du public qui a surtout vibré avec les passages purement karkabou et les incantations envoûtantes qui les habillent ou avec l?arrangement que le groupe a fait d?une chanson du terroir intitulée Benbouziane. Révélé sur la scène musicale, le style karkabou a eu beaucoup d?adeptes et Djmawi Africa qui a signé son premier album intitulé Mama (distribué par Belda) ambitionne d?apporter sa propre touche et ajouter une pierre à l?édifice. Malgré une certaine légèreté par opposition au sacré qui caractérise cette pratique dans son milieu naturel, c?est là une manière de se réapproprier une identité africaine revendiquée clairement dans cet album qui n?est qu?un début pour cette nouvelle formation qui sait, de la même manière que dans la chanson Lil twil que le chemin est aussi long.



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