Oran - 07- Occupation Française


LE VILLAGE NEGRE D'ORAN

A partir du Boulevard Joffre, suivons le Boulevard Joseph Andrieu par lequel, au-delà des casernes du Train, nous pénétrons dans le Village Nègre.
Une vie particulière animee ce quartier avec ses nombreux petits magasins groupés à peu près par rues selon leurs activités : marchands d'articles indigènes, brodeurs, fabricants de couvertures, savetiers, tailleurs, bijoutiers, gargottiers, fripiers, torréfacteurs, coiffeurs, pâtissiers, boulangers, cafés maures, bains-maüres, marchands de céréales et légumes secs, moulins de mouture indigène, grandes minoteries modernes.
La double voie Rue Yussuf-Boulevard Joseph Andrieu en est l'artère principale. Elle est bordée dé bains maures et de cafés maures, d'où s'échappent les accents nasillards de phonographes ou d'appareils radio répétant à satiété des mélopées musulmanes. Ces établissements alternent avec des maisons d'habitation de un à trois étages. Une petite mosquée à minaret quadrangulaire s'élève au centre, un muezzin y invite les fidèles à la prière cinq fois par jour.




Nous vous proposons de prendre, à droite, la Rue de Tombouctou, où se donnent rendez-vous une douzaine de gargottiers vendant des beignets, des frites, des poissons frits, des piments, des oeufs durs. Il s'en dégage un parfum âcre d'huile rance. En pénétrant plus avant, dans cette petite artère, on rencontre quatre boulangers, deux épiciers, un fabricant d'espadrilles, trois bijoutiers israélites, trois coiffeurs ; l'un d'eux - annonce l'enseigne - est, en même temps, " opérateur de circoncision " avec indication de son numéro de téléphone, six restaurants indigènes, à la vitre desquels s'écrasent choux pommelés, navets, carottes, poireaux, légumes entrant dans la confection du fameux couscous qui apparaît en cônes blonds et croulants.

Dans cette même rue, s'élève le bâtiment récent du Centre médico-social Charles de Foucauld, tenu avec dévouement par les Sœurs de la Visitation de Tours, en plein Village Nègre. Entre temps, on traverse la minuscule place où se dresse l'oratoire quadrangulaire, blanchi à la chaux et couvert de tuiles demi-cylindriques du marabout de Sidi Blal, orienté vers l'Est, c'est-à-dire vers La Mecque.

Nous tournons ensuite à gauche, dans la Rue du Figuier, pour longer le groupe scolaire primaire Pasteur et arriver au Marché couvert Lamoricière, entouré d'une multitude de petits marchands de légumes, fruits, viandes exposées en plein air ; quelques-uns sont ambulants. D'autres commerçants musulmans vendent des tissus, des épices, des articles da quincaillerie, notamment des brûleurs de café, des fourneaux en terre ou kanouns, des plats en bois pour rouler le couscous ou guessa, des entonnoirs en alfa pour le cuire ou Keskes, des balais en palmier nain...

Nous pouvons regagner le boulevard Joseph Andrieu en empruntant la Rue du Bey Mohamed el Kébir, où nous observons une multitude de petites boutiques et d'échoppes. Nous pouvons faire nos achats chez une vingtaine de marchands d'articles indigènes, les uns pour touristes (tapis, objets en cuir, en cuivre et couvertures), les autres pour la clientèle musulmane (djelaba, abaya, soraouels, boubous, burnous, tissus pour robes et châles de femmes).

Il est possible d'observer des fabricants de burnous tendant leurs fils à leurs gros orteils ou des tailleurs musulmans tirant leur longue aiguillée de fil. Dans la même rue, nous voyons trois savetiers, dont un brodeur de babouches, travaillant avec des fils d'or et d'argent, une douzaine de bijoutiers israélites vendant des bijoux arabes, dont les grosses pièces sont fabriquées en France ou à Alger : torsades, bracelets, ceintures, colliers, bagues, bracelets pour chevilles ou kholkhal, boucles d'oreilles, les uns en or, les autres en argent.

Curieux quartier où la population s'active avec une variété d'occupations artisanales ou commerciales. Dans la portion de la rue du Bey Moharned el Kébir conduisant au Boulevard Paul Doumer, il existe le Cercle Es Saada, " association artistique, musicale et de bienfaisance ", ce qui atteste qu'il y a place pour d'autres préoccupations.




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