Nous avons déjà dit le rôle du 2 ème quai, lieu de la vente de poisson à la criée. Le 3 ème môle plus étendu était le quai des marchandises permettant à 3 ou 4 cargos de s'amarrer. Les terre-pleins de stockage des marchandises étaient vastes pour le vrac, l'alfa, le sel, le ciment et les colis venant de la métropole ou y partant ou bien pour l'Angleterre, l'Espagne ou l'Italie.
L'alfa: En tonnage la marchandise la plus importante du port c'était l'alfa exporté qui provenait des Hauts Plateaux algériens. Il arrivait par wagons entiers sous forme de bottes d'une centaine de kilos. Les dockers d'Arzew pouvaient, avec un seul crochet pour manipuler ces bottes, et en deux jours et demi ou trois jours, charger les cargos anglais de 8, 9 ou 10000 tonnes. Ces dockers tous arabes n'ont perçu qu'en 1936 les avantages de leurs camarades métropolitains.
Le sel: La deuxième marchandise en tonnage, le sel, récolté dans les salines d'Arzew Saint-Leu à une dizaine de km du Centre-Ville. Les marocains, employés pour cette récolte étaient considérés comme des agriculteurs puisqu'il y avait récolte, et payés comme tels. Ce sel stocké sur le quai était chargé d'abord à la pelle et les équipes étaient nombreuses puis fut utilisé un tapis roulant qui déversait directement dans les cales des bateaux à destination des usines chimiques des Bouches du Rhône, Fos, Port de Bouc, Étang de Berre...
Marchandises diverses:
Tuiles de Marseille, ciment, et tout-venant. Les tuiles de Marseille nécessitaient pour leur débarquement un personnel nombreux. Les dockers ne suffisant pas, des jeunes et nombre d'étudiants désargentés à la veille des fêtes d'Arzew, se faisaient embaucher pour la durée du déchargement. Ils terminaient la journée, rouges de la poussière des tuiles et pour s'en débarrasser, l'eau manquant dans la plupart des appartements, ils plongeaient dans les eaux du port pour des jeux de détente. Nous sortions de l'eau, beaux comme des milords, ayant gagné pour la journée ...45 sous. Le petit cargo à tuiles portait le joli nom de S/S Georges Henri.
Le ciment était réservé aux professionnels. Les sacs déchargés pesaient lourd et blessaient cruellement les épaules des dockers qui avaient tout de même droit à des soins et à un demi-salaire pendant une dizaine de jours. Cela s'appelait avec les autres blessures toujours possibles "taper le macadam".
Pour ordonner ces travaux de quai, il y avait des spécialistes hautement qualifiés :
Les acconniers d'abord pour le compte desquels les dockers travaillaient dans des conditions souvent conflictuelles. C'étaient MM Jules et Edmond Tournut et Solvès. Puis ce fut toujours M.Solvès et l'héritier des Tournut, Marc Tournut, qui devint un moment maire d'Arzew, mairie conquise sur la gauche conduite par Pierre Ramognino, instituteur, secrétaire de l'Union locale des Syndicats CGT.
Les pilotes du Port, MM André Pisibon et Samani qui aidés par leur vedette faisaient entrer et sortir dans et du port et manœuvrer dans le port tous les cargos qui faisaient ainsi la vie de la cité.
Les "Shipchlanders" dont les Dubus. fournisseurs d'avitaillement pour les navires marchands.
Autres activités industrielles:
Pétrole et essence apportés par mer depuis Fos étaient conditionnés en bidons de 5 litres pour le pétrole dans 5 usines pétro-chimiques. Le soufre, venu brut depuis Naples (Le Vésuve) était transformé en fleur de soufre dans l'usine du Fort du Sud et revendue ensuite aux propriétaires terriens pour la désinfection des pieds de vigne. La fleur de soufre, produit pur, était mélangée aussi au miel pour soigner les maux de gorge des enfants.
Voilà rapidement évoquées les activités d'un petit village, d'une petite ville, Arzew, pleine de vie, de vitalité et de dynamisme dont chaque Arzewien peut être fier et nous le sommes.
Posté Le : 26/03/2008
Posté par : hichem
Source : arzew.free.fr