El Bordj et Moussa sont les deux volets d'un conte que certains désignent également par «les sept dormants» et d'une vérité qui se confond avec une épopée héroïque d'un autochtone méconnu avec ses six compagnons qui, lors d'une bataille avec les Hispaniques, créera une brèche dans les rangs ennemis. Il ne subsistera pas à l'attaque, mais sauvera les siens et son nom restera pour la postérité associé à ce fort.Il en sera sanctifié au même titre que ses compagnons qu'on continue de confondre à cette histoire des dormants évoqués dans le Coran. Il s'agit bien entendu d'une erreur monumentale, car quand bien même ils furent de vaillants guerriers qu'on veuille probablement élever aux rangs de saints dont la ville en compte par centaines...Ils sont ces sept et seront éternels, à l'image de cette forteresse que de fois rebaptisée, mais qui garde pour autant le glorieux nom de Moussa.
Sur les hauteurs de la vieille ville face à l'hôpital Frantz-Fanon, Bordj Moussa se dresse telle une bastion mille fois bousculé par de nombreux évènements que l'histoire rapporte. Construit par les Hammadites au 14e siècle, il fût désigné le palais étoilé. A l'image de nombreux autres édifices, il subira moult transformations aussi bien par les Turcs, les Espagnols que les Français. Il portera dès 1524 le nom de Fort impérial, puis Fort Barral, au nom d'un général enterré en ses voûtes... Comme l'éternel glorifie les justes, c'est le nom de celui qui le libèrera au prix de son sacrifice qu'il reprendra.
Toujours utilisé à des fins militaires, à l'indépendance, il gardera ce caractère et fera office de caserne militaire, une occupation provisoire qui cessera deux années plus tard, c'est-à-dire en 1964. Il restera plus d'un quart de siècle un lieu abandonné livré à la débauche dans toutes ses formes.
C'est à l'occasion de la date phare du 1er Novembre 1989 qu'il sera libéré de cet état d'abandon pour faire fonction de musée de la ville et d'y être classé comme monument historique. La vaste esplanade qui fera office de devanture est souvent utilisé dans des festivités culturelles telle la dernière en date «les nuits de l'andalous», son aspect n'est pour autant guère celui qu'on lui attendait, ni celui de cette époque où il avait la vocation d'un lieu d'excellence et de parfait gardien de la mémoire d'une ville dont la réputation est bien mêlée aux civilisations que l'on sait. Les visiteurs semblent le bouder et n'y affluent guère, en dépit des richesses qu'il recèle, son éloignement d'une part, et son aspect extérieur repoussant lui donne davantage l'image d'un lieu d'abandon et inhospitalier.
On a pourtant réhabilité de nombreux édifices à l'image de la Casbah, le vieux palais, Bab El Fouqa... Ce dernier attendra encore. Ses murailles sont dégarnies, des arbustes et autres broussailles y poussent entre ses fissurations dont les infiltrations d'eaux aggravent la menace chaque jour un peu plus. Ses alentours du reste appellent à des travaux d'excellence à même de réhabiliter et le hisser à sa juste valeur de musée.
Son intérieur qui appelle encore à de aménagements idoines est pour autant plus améliorer. Constitué d'une voûte et d'une grande salle où sont regroupées des ?uvres de renom. L'originale de la statue Néobide de Camille Claudel, la collection d'Emile Aubry offerte par ce peintre à la municipalité, une copie de la liseuse de Fragonard, des pièces de monnaies à l'effigie de Massinissa...
Tout le patrimoine culturel et archéologique et historique que recèle la ville de Béjaïa est éparpillé ici et là et ce n'est pas le redéploiement des locaux de la radio Soummam en annexe de Musée qui les rassembleraient les ?uvres entassées ici et là. C'est la parfaite restauration du musée Bordj Moussa, son renforcement par des mécanismes et des ajouts à même de lui redonner toute sa vocation. Une fois restauré, il pourra alors réunir tout son patrimoine et reprendre sa mission en une ville musée à ciel ouvert dont aussi bien ce musée, que Gouraya, La Casbah, Bab El Fouqa... n'en seraient que des pièces.
Il est vrai que rien n'est fait pour indiquer ni la direction du musée, ni celui des autres monuments de la ville et aussi paradoxal, tous ces itinéraires ne sont pas couverts en transport. Tous les visiteurs de la ville connaissent probablement la brise de mer, ou la place du 1er novembre...Sans plus. Cela démontre qu'il reste fort à faire pour donner à la ville qui a portant adhéré à la conférence des villes historiques, la véritable place qui est sienne.
Béjaia ville des chandelles, ville de la connaissance, ville de la culture et des arts, mais aussi ville de l'histoire qui mérite non pas un seul musée, mais des musées pour lui permettre d'étaler toute son histoire à travers les âges qui l'ont vu naître ... Saldae, Bugia, Bougie, En-Naciria, El Hammadia...Désigner là comme vous le souhaitez elle restera celle perle «Djawhara» que Djamel Allam a chanté et cette âme des Kabyles «Ruh laqbayel» que Chérif Kheddam a baptisé.
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Posté Le : 22/04/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : B M O
Source : www.lnr-dz.com