Le Château-Neuf d’Oran et ses Dépendances

Le Château-Neuf, également connu sous les noms de Rozalcazar ou Bordj Lahmar (Tour Rouge), est l’un des monuments historiques les plus emblématiques d’Oran, en Algérie. Perché sur une colline rocheuse dominant le port de la ville, ce site stratégique a traversé les siècles, portant les marques des différentes civilisations et puissances qui ont occupé la région. Ses premières fondations remontent au XIVe siècle, sous le règne du sultan mérinide Abou el-Hassan en 1347, avec la construction de trois grandes tours formant le noyau initial des fortifications.

Une Histoire Multiséculaire
Le Château-Neuf a connu plusieurs phases d’évolution :

Période espagnole : Au XVIe siècle, les Espagnols occupent Oran (1509-1708, puis 1732-1791) et renforcent les défenses. Ils baptisent le site "Rozalcazar" (peut-être une déformation de "Ras el-Ksar" en arabe ou "Maisons Rouges" en espagnol). Ils érigent des murailles imposantes, une porte principale ornée des armoiries du roi d’Espagne, et d’autres éléments défensifs.
Période ottomane : Après la reconquête de la ville par le bey Mohammed el-Kebir en 1792, le Château-Neuf devient la résidence des beys. Un petit palais y est construit, ainsi qu’un pavillon pour la favorite du bey (le "Pavillon de la Favorite") et des jardins intérieurs appelés "Jardin des Sultanes", apportant une touche orientale au lieu.
Période française : Suite à l’occupation française en 1831, le fort est transformé en caserne militaire. À partir de 1852, il abrite le 2e régiment de zouaves, marquant son utilisation comme base militaire coloniale.
Rôle et Position Stratégique
Le Château-Neuf s’étend sur un vaste périmètre offrant une vue panoramique sur les quatre directions de la ville : à l’ouest sur la place de la République, au nord sur la promenade de Létang, à l’est sur la promenade Bouté-Fichée, et au sud sur la rue du Cercle Militaire. Cette position en hauteur en faisait un point de surveillance et de défense idéal, protégeant le port et contrôlant les terres intérieures.

Les Dépendances
Les dépendances du Château-Neuf incluent plusieurs éléments architecturaux et militaires :

Palais du Bey : Un bâtiment somptueux à l’intérieur des remparts, comprenant les appartements du bey, ses bureaux, et le Pavillon de la Favorite décoré de faïences et de lustres en cuivre.
Les trois tours originelles : Connues sous les noms de "Bordj el-Mehal" (Tour des Cigognes) et "Bordj Lahmar" (Tour Rouge), elles constituent le cœur historique de la forteresse.
Remparts et passages secrets : Un réseau de tunnels et de fortifications reliait le Château-Neuf à d’autres forts, comme le fort Santa Teresa (démoli par la suite) et le fort Saint-Michel.
Jardin des Sultanes : Des espaces verts intérieurs qui servaient de refuge aux résidents royaux.
État Actuel
Malgré son importance historique, le Château-Neuf souffre aujourd’hui d’un certain abandon, bien que des vestiges des fortifications et des bâtiments subsistent, racontant les différentes époques traversées. À proximité, un bâtiment moderne inachevé, connu sous le nom d’"Hôtel Château-Neuf", domine le paysage. Cette structure en béton, commencée dans les années 1980, est devenue un symbole des projets urbains inaboutis de la ville.

Le Château-Neuf d’Oran reste un témoin de l’histoire multiculturelle de la ville, mêlant les influences mérinides, espagnoles, ottomanes et françaises. Il représente une destination incontournable pour les amateurs d’histoire et de patrimoine.