Oran - HISTOIRE

LA NAISSANCE DE L'ORGANISATION SPECIALE (O.S)



LA NAISSANCE DE L'ORGANISATION SPECIALE (O.S)

L' O.S avait déjà préparé le terrain pour déclencher la lutte armée.A caractère paramilitaire, l'organisation spéciale (OS) avait été créée à l'issue du Congrès du MTLD en Février 1947. A cette époque, le Gouvernement français avait engagé des réformes illusoires connues sous le titre de Statut 1947. Quelques années auparavant et plus précisément en 1944, le général Charles de Gaulle reconnaissait la citoyenneté française à une catégorie d'Algériens tout en exerçant des pratiques révolues et douteuses du Front Populaire.Le honteux double collège continuait de sévir parallèlement aux trucages des élections.
Celles de 1947 donnèrent lieu à Oran à des manifestations à l'école Paul Langevin, actuellement école Hamou Boutlélis
qui se trouve face au dispensaire Ben Daoud. L'organisation d'oran opposée à ces pratiques inconcevable , où des promesses démocratiques dans notre pays se avérées vaines.
Arrestations brutales et arbitraires, poursuites judiciaire furent le lot du militant suite aux manifestations populaires qui s'étaient déroulées à travers toute la ville et au cours desquelles, on scandait également des slogans du parti, "Indépendance contre le Statut de 1947”.
Des distributions de tracts et du journal du
P.P.A Algérie libre) se déroulèrent au milieu d'affrontements qui se sont soldés par des des frères Salah Ahmed, Sahraoui Mohamed et Si Dahou. Des condamnations allant de six mois à trois ans de prison ferme sont prononcées. Ce parti formé d'intellectuels, de paysans et d'ouvriers était considéré comme un Mouvement anticolonialiste virulent. Ses militants, ainsi que les responsables seront pourchassés, emprisonnés et internés dans des conditions inhumaines.
Le P.C.A et les A.M.L tentérent de noyauter le P.P.A, en intégrant dans leurs rangs certains militants indisciplinés. Leurs visées étaient le colportage d'informations contradictoires et l'infiltration du parti. Malgré cela, rien ne put affecter la volonté de l'action déclenchée par le P.P.A qui réussit à mobiliser les masses populaires toujours en prévision d'un soulèvement décisif.
Des militants, idéologiquement formés par
Le P.P.A, avaient été recrutés pour assurer le contact avec la masse populaire. C'est ainsi que sur instruction de ce parti, les clubs sportifs musulmans, comme l'A.S.M et par l'E.M.O ont vu le jour. créé le 14 Mai 1946 par l’U.D.M.A et les oulémas, sera infiltré plus tard par le MTLD.
C'est ce dernier qui a organisé à Oran les manifestations du 1er Mai 1945. Ce jour-là, le matin de bonne heure, des centaines d'Oranais, ouvriers, chômeurs et autres se sont rassemblés au faubourg Lamur à la place Sahara.Turki Abdelkader prend la parole et fait le procès de l'ordre colonial sous la surveillance de deux inspecteurs des Renseignements généraux.Bien encadrés et guidés par des responsables de cellules du parti, en l'occurrence Souiyah El Houari, Dellal Ghaouti, Maâmar Abdellah et Hadj Hachaichi, cette marée humaine forme un cortège et déferle vers le Village Nègre (dénomination donnée par les Français à la Ville Nouvelle).
Au niveau de la rue Général Cérez, le service d'ordre tenta de provoquer les manifestants, mais nos militant éviterent de tomber dans le piège.Les organisateurs avaient comme mission principale l'encadrement et l'orientation des foules, car tout débordement ou égarement pouvait être fatal à nos citoyens.
A la place Sébastopol, des coups de feu éclatèrent et ce fut la panique, un militant touché par une balle tombe à terre.Cette manifestation pacifique se solda par un mort, de nombreux blessés et une trentaine d'arrestations.
Les manifestants appréhendés furent présentés le lendemain au juge d'instruction et inculpés.Selon l'acte d'accusation, d'après la juridiction coloniale, ils étaient accusés de participation à une entreprise de démoralisation de l'armée et de la nation, ayant objet de nuire à la défense nationale en adhérant au Parti Nationaliste Algérien, le PPA .
L'aspect revêtu par cette journée était destiné à démontrer au monde, que le P.P.A est loin d'être un parti français et que l'Algérie l'est encore moins et qu'un jour,les Institutions françaises ne constitueraient plus qu'une hérésie et un mensonge, celui par colonialisme tentait de berner l'opinion internationale en général et celles des Alliés en particulier. Cette belle démonstration s'est illustrée par des slogans «Algérie indépendante! Libérez Messali »Ce dernier considéré comme le père du Nationalisme algérien a été malmené et détenu sans cesse depuis 1937.
L'atmosphère lourde de conséquence a duré jusqu'au 8 Mai qui coïncidait avec la fin de la Deuxième Guerre Mondiale par le Traité d'Armistice, en vertu duquel les belligérants cesseraient le combat.
Par ailleurs, l'Est du pays est endeuillé par les tragiques événements de Sétif, Guelma et Kherrata L'impressionnant bilan, des milliers de morts ont été enregistrés à la satisfaction des usurpateurs de notre pays.Il est vrai que la vie d'un colonisé et surtout d'un Arabe musulman n'avait pas de valeur humaine chez l'occupant.cet holocoste ne s'oublie pas et va hanter les algériens.
A Oran, indépendamment des manifestations de solidarité avec nos frères victimes de ce génocide prémédité, des comités de soutien furent mis en place pour accueillir les victimes de la répression réparties dans des familles de militants, dès leur arrivée.
Le 10 Mai 1945, deux jours après cette extermination systématique, une Commission féminine de secours aux enfants de Kherrata et de Sétif a été créée, sous l'égide de Médersat El Falah par Madame Kheira Bent Bendaoud et une bienfaitrice membre active, Madame Setti Ould Cadi, une grande militante de la Zone d'Oran qui sera incarcérée à la prison civile d'Oran en Janvier 1957. (Kheira Bent Bendaoud La mère de 45 orphelins du génocide du 8 Mai 1945) .
Il y eut également des réactions spontanées inscriptions murales dénonçant les massacres, meetings volants et appels à la population pour manifester brillamment sa solidarité.Cet élan patriotique s'est pour suivi tout le long de l'année 1945 .
Le 27 janvier 1946, plusieurs membres du P.P.A arrêtés lors de grande marche des travailleurs, sont traduits devant le Tribunal militaire d'Oran présidé par le colonel Vergonne.Le procureur militaire requit un châtiment rapide et impitoyable pour les meneurs, accusés d'atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat.Ainsi, 21 membres et militants du parti, organisateurs de la manifestation, sont condamnés à de lourdes peines de prison.Après les plaidoiries de Maîtres lafaille, Suzanne Köehl, Suzy Astruc, Brisson et Berguerant et un réquisitoire modéré du commissaire du Gouvernement le commandant Jeammes, les verdicts suivants ont été retenus:
- Parmi les condamnés,Fillali Embarek, qui n'était autre que Mansour,délégué du Comité central du P.P.A auprès de la Fédération d'Oran, condamné par contumace à la peine de mort et la confiscation de ses biens.
-Abad Mohamed et Ben Amar Mohamed dit «Abdellah» trois années d'emprisonnement, confiscation de leurs biens.
-Dellal Ghaouti et Souyah Houari trois mois de prison et confiscation des biens
-Zebairi Brahim Ould Mohamed une année d'emprisonnement.
-Sahraoui Mohamed 5 mois de prison
-Chemloul Ben Aissa (assassiné en 1961 en Ville Nouvelle), Ayachi Abdelmoumen et Djardi Difallah à huit mois de prison.
-Ont été acquittés Maâmar Abdellah, Sellahi Arezki Bouchentouf Abdekader, Attoub Baghdad, Hamed Abdelkader, Benarba Abdelkader, Bouchareb Hacene, Zeddour Mohamed, Messouadi Ahmed, Dida Bouameur et Hamer El Aine Abdelkader.
Peu après, les Comités d'initiative pour l'amnistie des détenus politiques musulmans décrètent une journée de solidarité avec les familles des prisonniers et détenus de chaque localité en Oranie.Pour venir en aide à ces familles, Abadie François, directeur de l'école de Victor Hugo et trésorier général du Comité, invite les sympathisants de ce Mouvement à adresser les fonds par mandat à son nom.Selon Sadek, un autre Comité de femmes musulmanes pour l'amnistie des détenus politiques musulmans a été créé à Oran durant l'année 1946.
Le bureau se composait comme suit :
- Présidente d'honneur Madame Fatma Merani conseillère municipale à St Cloud, Madame Mathieu con- seillère municipale à Oran, Gabrielle Gimenez conseil lère générale à Oran.-Présidentes effectives Benmeg Rouzi et Ben Allou.Membres du Comité Madame Khalfi, Seban, Nouar Garcia, Messaoudi, Nemiche, Ben Amar, Ben Dahan, Ben Kadda, Esleve, Lialera, Rahal et Slimane.
A la suite des lois d'Amnistie de cette année, il y a eu la création du Mouvement des Triomphes des Libertés Démocratiques (M.T.L.D ).Tout en activant dans la clandestinité, le parti continuait à sensibiliser et préparer les masses populaires à l'idée que seule la lutte armée pouvait aboutir a l'Indépendance et la souveraineté nationale du pays.
Mars1946, création de l'U.D.M.A de Ferhat Abbas. Ce dernier se déplace à Oran accompagné d'Ali Boumenjel, Ahmed Francis et d'Abou Larass, un théologien. constantinois. Ils sont accueillis par les principaux dirigeants de son nouveau parti, en l'occurrence Ben Ahmed Mohamed, Segheir Ben Ali, Hireche Mohamed M'hamed Ben Abderrahmane et Addi Ben Addi Ameur .
A la place Sahara à El-Hamri, précisément au café Djillali, près du bain de l'Horloge, Ferhat Abbes est acclamé par une foule des grands jours. Après un discours virulent, il est porté en triomphe par ses militants et ses sympathisants au quartier Lamur.
Au cours de cette année, le Gouvernement français dans le cadre du retour aux Institutions républicaines dissoutes en 1940 par le maréchal Pétain, avait organisé des élections.Le M.T.L.D a présenté des listes.Celles d'Oran sont rejetées ipso facto, tandis que celles d'Alger et Constantine sont agréées .
Les activités politiques du M.T.L.D à oran ont profondément mouvementées en raison de sa coloration P.P.A.Il avait à lutter contre l'occupant français don était la seule cible alors que les pa ( tel que l'U D.M.A étaient considérés comme modérés, mais pas pour autant interlocuteurs valables. Le Parti communiste, aile P.C.F (Parti Communiste Français) n'a jamais cessé ses activités et, notamment depuis le débarquement des Alliés dont il était le collaborateur très estimé.
Il est évident que les campagnes électorales avaient engendré les arrestations de militants qui n'avaient pas hésité à dénoncer les trucages et les malversations opérées, lors des opérations électorales. En dépit des moyens de travail forcément réduits, les militants ex- ploitaient toutes les actions. Il fallait des fonds. Nos militants se les procuraient aux moyens de collectes qu'ils effectuaient à l'occasion des cérémonies de mariages et veillées funèbres. Toutes les sources de revenus étaient bonnes. Ils vendaient des objets personnels (bijoux), ef- fets vestimentaires, journaux, tabac, apparition pour la première fois des cigarettes El Nasr etc.. Le soulèvement du 8 Mai 1945 et les tueries un peu partout en Algérie devaient conduire les responsables et les militants du P.P.A d'envisager la lutte armée, afin que la France reconnaisse l'indépendance de l'Algérie usurpée, une terre appropriée indûment et qui ne lui appartient pas.
Une année plus tard Hamou Boutlélis fut investi de la responsabilité de l'Organisation Spéciale(O.S) pour l’ensemble de l’Oranais Bensaid Abderrahmane sera chargé d'organiser le Sud oranais, tandis que Benalla Hadj avait la responsabilité de la section d'Oran. Puisés dans les rangs du P.P.A créé le 11 Mai 1937 et la dissolution de l'Etoile Nord Africaine (E.N.A), des groupes furent implantés à travers tout l'Ouest algérien.
A cette époque, Benalla Hadj et des militants de la ville de Mascara avaient juré leur fidélité au P.P.A/ M.T.L.D, afin de mener la lutte jusqu'au sacrifice suprême pour libérer le pays du joug du colonialisme français.Leur bravoure n'avait d'égal que leur foi en Dieu et en la cause nationale.A cet effet, ils disposaient déjà des membres actifs prêts à passer à l'action armée, seule alternative.Malheureusement, l'armement faisait dé faut.Cette tête pensante, futur militant de l'O.S de l'Oranie avait planifié avec Fortas Mohamed un plan pour faire sauter à l'explosif, cette macabre stèle érigée à Mascara et baptisée par le gouverneur général de l'Algérie, en présence d'un usurpateur nommé Emir
Sahel, présenté aux invités comme étant le petit-fils de l'Emir Abdelkader.
Ce gouverneur, connu par sa haine et sa déloyauté voulait ternir l'image de l'Emir Abdelkader, en faisant croire à la population de Cacherou que ce Saint homme était un ami de la France.Quelque temps après, une opération rocambolesque est confiée à Benalla Hadj.Il devait arracher des griffes de la police, un Algérien de la Kabylie répondant au nom d'Ouali, incarcéré dans un Commissariat du centre ville.Recherché dans son village natal, Ouali Benai, membre de l'O.S en Kabylie, est arrêté au port d'Oran, au moment où, il s'apprêtait regagner la Métropole.
Un plan est vite étudié et un commando dirigé par Benalla se préparait à investir le Commissariat de po lice de cet Arrondissement, lorsqu'un informateur de P.R.G de la ville avisa in extremis le chef de commando que le colis encombrant à été identifié et transféré à ger sous haute surveillance.
C’est l'année, où s'est tenu à Oran sous surveillance discrète de l'inspecteur Felloul Abdelkader et l'agent Safani de la police des Renseignements généraux, le premier Congres du MTLD du Département d'Oran et auquel a participé Ahmed Ben Bella.
Après les fructueuses interventions sur les Statuts du mouvement, un avant-projet fut adopté à l'unanimité avec quelques propositions de modification à soumettre au conseil.En fin d'après-midi, un Comité fédéral est élu et comme secrétaire général Sahraoui Mohamed.Le Congrès adopta "importantes résolutions.
Face à la création par le Gouvernement français en 1947 d'une Assemblée algérienne fantoche, véritable forum de «Beni-Oui-Oui »,le Parti ordonne l'abstention à ces élections caractérisées par le bourrage des urnes Des militants devaient agir jusque dans les douars, où les caids et bachaghats encadraient cette mascarade Des bagarres et des affrontements avec les Forces de police ont aggravé la situation. Toutes les urnes ont été détruites par les militants.

Source: Livre «Oran du mouvement national à la guerre de libération 1945-1962 »
Mohamed FRÉHA
Oran Forum وهران فوروم
Oran Agenda Culturel وهران المذكرة الثقافية




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