Oran - MUSIQUE

En marge du festival de la chanson oranaise organisé annuellement à Oran La chanson Oranaise : histoire et parcours



La place de la musique et de la chanson Algérienne dans l’Oranie appelée – Musique et Chanson Oranaise- est très largement sous-documentée. Des noms célèbres dans le monde de la musique Algérienne, des deux communautés Judéo-Musulmane, ont contribués et développer les liens et traçaient un parcours riche. Ces artistes qui ont fait de la ville des lions, ‘’Wahran el Bahia, Lil wa n’har zahia’’ (Oran la radieuse, nuit et jour animée), qui demeurent vivants dans les cœurs et la pensée d’une population qui savait maitriser le sens de la musique et de la chanson sans frontières et surtout le sens de l’humour, qui adoucit les mœurs, méritent aujourd’hui une large évocation.



Le parcours artistique



Ainsi, bien avant le siècle dernier, on voit certains artistes, sous la qualification de Cheikh (maîtres) ou de Poètes, se donner pour mission de divertir, leurs lazzis, leurs Qasidas, (textes) leurs chants et leurs gestes d’interprétations, ceux qui voulaient bien les prendre à gages à cet effet et comprendre de leurs paroles. Aujourd’hui, presque toute une génération, (la nouvelle), est atteinte sois d’une amnésie culturelle, sois d’une ignorance totale du patrimoine légué par les ancêtres. On est sur la voie d’oublier complètement les racines d’un art authentiquement algérien, d’un patrimoine culturel arabo andalous- judéo-musulman. On craint une préméditation d’oubli du patrimoine culturel, arabo amazigh de l’Algérie.



Des figures de pionniers dans les oubliettes, des œuvres archivés et classés dans les cases des bas fonds qui perduraient par le temps. Le faux modernisme pénétrait sans protocole dans les foyers, à travers les « cabarets satellitaires » (chaînes de télévision qui diffusaient en permanence musiques, chants et dance du ventre. Une formule qui a anesthésiée toute une génération des deux communautés.







Gérard Bar-David, enfant de famille artiste nous raconte, le périple de l’Andalousie jusqu’à l’Oranie : « Le chant en arabe nous ramène droit au Royaume de Grenade où juifs, chrétiens et musulmans avaient bâti cette incroyable harmonie. Les arts se sont développés. Architecture, sciences, littérature, poésie et bien entendu musique ont pris leur essor jusqu’à cette année 1492 où la « Reconquista » a ne laisse nulle autre alternative que la conversion, la mort dans les tortures de l’inquisition ou l’exil. Et en traversant le « djebel Tarik » pour rejoindre l’Afrique du Nord, les juifs ont emporté dans leur bagages cette incroyable richesse que constituait la musique arabo-judéo-andalouse, autant nourrie de flamenco que de tradition orientale. Et cette tradition-là va se perpétuer jusqu’au XXème siècle où Alger et Oran seront au cœur de la plupart de ces grandes voix d’Algérie. Musiciens juifs et arabes partagent cette même complicité dans ce patrimoine commun où l’on dialogue en musique. Le film magnifique d’Ismaël Ferroukhi « Les Hommes libres » dépeint parfaitement cette fraternité artistique lorsqu’on voit des Justes tel Si Kaddour Ben Ghabrit, recteur de la Grande Mosquée de Paris, prendre tous les risques face à l’occupant pour protéger des juifs et en particulier le talentueux chanteur Salim Halali. Il lui offre une attestation prouvant qu’il est né mohammedi et va jusqu’à graver le nom de son père décédé sur une tombe anonyme du carré musulman de Bobigny sauvant ainsi cette voix d’or de la déportation. Salim se produira très souvent au café maure de la mosquée, aux cotés des géants arabes comme Ali Sriti et Ibrahim Salah. De l’autre coté de la Méditerranée, en Algérie là aussi la musique ne connait ni religion ni couleur de peau. Suivons le parcours de l’un des derniers survivants de ces artistes juifs qui ont su faire chavirer tant de cœurs, le pianiste surdoué Maurice el Medioni. C’est encore un enfant lorsque son oncle le chantre Saoud el wahrani sera arrêté à Marseille par la police Française puis envoyé à Drancy avant d’être livré aux nazis qui le déportent à Sobibor où il sera immédiatement gazé. Maurice a tous juste 9 ans lorsque son frère achète un vieux piano au marché aux puces d’Oran. Bons sang ne saurait mentir, Maurice va apprendre en pur autodidacte à exceller dans l’art du piano, reproduisant à l’oreille les standards de la variété Française, avant de succomber à la musique orientale. A la Brasserie de Paris ou au Casino de Canastel, là où Line Monty a fait ses premières armes, Maurice ne tarde guère à imposer sa totale maitrise de l’instrument en créant son propre métissage le « pianoriental » où il parvient aussi à intégrer le blues et le boogie woogie inspiré par ses rencontres avec les GI’s US qui avaient envahis Oran par Arzew, le 8 novembre 1942. Mais si le parcours artistique de Maurice El Medioni est aussi emblématique, c’est qu’il jouera tout autant avec des artistes arabes, mettant son piano et ses influences multicolores au service de la chanson Oranaise ou du chaâbi. En 1947, Blaoui Houari le chef d’orchestre de l’Opéra d’Oran lui offre un engagement en tant que pianiste soliste, lui donnant ainsi une place de choix parmi les 15 grands musiciens qui jouent derrière Ali Riahi ou Hadi Jouini. Et cette renommée va bientôt transcender les religions. Joseph Benguenoun, le fameux cheikh Zouzou sera le premier chanteur juif à succomber au métissage du pianoriental de Medioni et de la chanson Oranaise. Tant d’autres suivront… Au fils des ans, notre virtuose accompagnera les plus grands à l’instar des Lili Abassi, Line Monty, Blond Blond, Lili Boniche, Luc Cherki, Ahmed Saidi, taibi Tayeb, Rainette Daoud….. Et après l’indépendance de l’Algérie en 1962, toutes ces étoiles d’Orient se retrouvent à Paris. Rue du faubourg Montmartre, face aux Folies Bergères, le cabaret le Poussin Bleu devient le centre névralgique de cette culture vivante. Ces vibrations festives résonnent aussi dans les mariages et les bars mitzvahs où il accompagne la très grande disciple de son oncle Saoud, la diva Reinette l’Oranaise. 50 ans plus tard, avec l’orchestre « El Gusto », il perpétue toujours ces fastes soniques orientaux. Hélas, la tradition des chanteurs juifs d’Algérie ne semble guère toucher les nouvelles générations des deux communautés. Pourtant cette musique constitue l’un de leurs héritages les plus précieux. A l’heure où tant de fractures nous menacent, tous ces talents nous rappellent que juifs et arabes ont les mêmes rires comme les mêmes larmes et leurs chansons font en sorte qu’ils ne l’oublient jamais.



Nous avons toujours tiré la sonnette d’alarme sur la situation du patrimoine culturel en perdition, Artistes, comédiens, auteurs, écrivains, peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs, tous ce monde de l’art et de la culture que l’Algérie a enfanté a été marginalisé par un système qui a vidé le pays de cette richesse combien inestimable, un trésor délaissé, une énergie négligée.



Aujourd’hui, on a voulu faire d’un âne un cheval de fantasia, Riad El Feth en plein centre de la capitale Alger, a ouvert ses portes non pas aux vrais chantres arabo-Amazigh (maîtres) mais au rai. Vivant dans une jungle inextricable où une louve ne reconnaîtrait les siens, la médiocrité règne en maître absolu, favorisée par des médias, le raï est désormais une culture et un art, que l’auditeur, à l’oreille désormais déformée, gobe en payant le prix fort.



Des diseurs de mots s’autoproclament des paroliers. Ce phénomène qui bouleverse le paysage culturel est une (contre) révolution culturel relègue toute une génération d’hommes et femmes de culture, au musée de l’histoire. Aujourd’hui, paroliers et chanteurs en absence des poètes, bricolent le plus vite possible sous la pression des producteurs de C.D, qui ne demandaient qu’à s’enrichir au détriment d’une culture, d’un art. La demande d’un public qui n’a le plus souvent comme modèles médiatiques et médiatisés que Cheb Untel. Combien d’écrivains, de chercheurs, de journalistes, de comédiens, de poètes, d’interprètes de chant, sont interrogés à longueur d’année sur leur métier, leurs problèmes ? Aucun. Mais lorsque Cheb Khaled se déplace de la départementale à la nationale, toute l’Algérie le sait.



Des chanteurs médiocres et vulgaires sont devenus en quelque sorte « Les vedettes, députés, ambassadeurs », les représentants de la fraction rurale de la population qui a gangrenée les citadins et citadines, le raï sous une forme latente ou inconsciente, est devenu une expression politique dont l’idéologie de base est l’aspiration à la réussite dans un environnement où l’argent, l’apparat et les signes extérieurs de richesse sont ostentatoires.











L’adhésion de la nouvelle génération à ce qu’on lui présente (uniquement le raï). Ne se contente plus d’être assis pour écouter, elle fait irruption avec son corps qui devient un acteur qui pose problème à tous les « ringards » qui ne savent plus s’il faut invoquer Dieu ou le diable.



Pourtant, notre terre a donné en son temps des idées et des hommes arabo-amazigh. Le poids de ses créateurs est encore là dans toute la lumière de ses certitudes. La culture est une entreprise de clarification et de mise en perspective.







Si nous parlons de la musique et de la chanson oranaise, nous devrons évoquer la grande et importante contribution des artistes judéo- algériens. Ces artistes de confession juive, avaient acquis leur place parmi toute la population musulmane, citadine et rurale à côté des chantres de la chanson dit bédouine. En 1861, Alexandre Christanowitsch, en visite en Algérie, il découvrira avec surprise les chantres de la musique arabo-judéo-andalouse, il rencontra des grands mélomanes dont la célébrité à cette époque dépassait les frontières. Yousef Eni-Bel Kharraïa Makchich et le maestro Ben Farrachou né en1833 et décédé en 1904, ils étaient des artistes complets dans leur temps. A la même époque, un autre chercheur, Feydeau, se rendra en Algérie, où il demeurera stupéfait et très surpris du caractère local métissé des artistes qui produisent la musique savante et parmi lesquels des musiciens juifs. La présence de ces derniers est souvent attestée, comme à Mostaganem, Tlemcen, Sidi Bel abbés et à Mascara, durant la période de l’Emir Abdelkader, qui lui-même poète, apprécie l’art et lui réserve et préserve sa valeur dans la société Algérienne. L’Emir Abdelkader, n’a jamais fait la différence entre artiste musulman et artiste juif, les deux étaient des Algériens.



A cette époque, à Tlemcen se sont les musulmans qui viendront en aide aux juifs Touati et Makchich lors des violences anti-juives de 1881 provoquées par des français, suite au décret Crémieux demandant aux juifs algériens à se convertir à la nationalité français. Les français se sont opposés à cette attribution aux juifs. Il faut signaler que, traditionnellement, des musiciens juifs tlemcéniens formaient en commun des troupes musicales avec les artistes musulmans: Liahou Benyoucef né en1811 décédé à l’âge de 45 ans), Liahou el Ankri né en 1814, Nouchi Shlomo né en1853 décédé en1898), Makhlouf Rouche, dit «Bettaira» né en1868 décédé en1931, Brahim Edder’ai né en1879 et décédé en1964, Makhlouf Ayache (début XXe.), etc. La solidarité professionnelle et artistique intervient également quand la censure coloniale met à l’index les chansons et poursuit les interprètes. La colonisation Française était une répression contre les deux communautés. Surtout contre les juifs qui ont refusé l’adoption de la nationalité française.



A Mostaganem, la capitale de la poésie populaire et de la chanson bédouine vivaient à coté des dizaines d’artistes musiciens et chantres musulmans, des musiciens juifs : Elie Teboul, Meyer Reboah, Ishac Benghozi, les imprimeurs Suissa, l’instituteur Gilbert Suissa, sont parmi les musiciens et fans juifs qui participent activement aux cérémonies cultuelles hébraïques ainsi qu’à l’animation de la cité où ils font cause commune avec les mélomanes musulmans. Dans sa qacida (texte) sur la population de Mostaganem, des années trente, Cheikh Abdelkader Bentobdji, un des plus grands poètes mystiques contemporains de Mostaganem, se plaint de ses coreligionnaires qui encensent cheikha Meyer Reboah et Jacob, considérés comme de véritables cheikhs et maîtres de l’art, de surcroît admirés par le public musulman composé la plupart par ‘’L’ hdar’’ (citadins turcs résiduels). La communauté juive est aussi concernée par la culture algérienne du terroir et sa préservation.



En 1905, quand Jules Rouanet présente au groupe des savants et érudits qui se trouvaient réunis à Alger les meilleurs interprètes de musique arabe, deux des plus importants musiciens juifs de l’époque y figurent : Mouzino né en 1845, décédé en1928 et Laho Serror. Les Serror sont une famille d’artistes de père en fils, comme la famille Bensmir d’Oran.







Les plus célèbres des poètes et chantres populaires qui avaient propulsés la chanson Oranaise, étaient Cheikh Hachemi Bensmir (1877-1938), dit 'Teir Labiadh' (l’Oiseau Blanc), Cheikh Benyekhlef Boutaleb (1883-1957), Cheikh Madani (1888- 1954), Cheikh Bessedjerrari, Cheikh Hamada (1889-1968), Cheikh Abdelkader El-Khaldi (1896-1964) El-Khaldi se singularise par des poèmes raffinés qui vantent ses multiples conquêtes. Parmi elles, la fameuse Bakhta, à qui il consacrera plus de cinquante poèmes. ‘’ Ya del marsam’’ (Ô Sanctuaire), chant composé dans les années vingt par le barbier Cheikh M’hamed dit ' Er-Rouge ' (le Rouge):



' Ô sanctuaire, redis-moi ce qui s’est passé ici/Car c’est bien ici que nous avons vécu des instants merveilleux/Ma gazelle et moi/Je te tiens un langage gracieux-Mais tu restes sourd et muet et ne me réponds pas. '











Respectueuses de la poésie écrite et sophistiquée, des femmes, surtout des meddahate (singulier meddaha, louangeuse, griotte). Ces orchestres traditionnels féminins se produisent exclusivement pour un public féminin. Plusieurs chanteuses de rai actuel ont fait leurs classes au sein des meddahate, notamment Hlima Zahouania

Ces femmes, qui vantent les embrasements charnels, les infidélités cruelles, la griserie éthylique, chantent aussi les odes mystiques musulmanes, d’où d’ailleurs leur nom de laudatrices, meddahate. Leur répertoire religieux a été largement nourri par les poèmes mystiques de Abdelkader Bentobdji (1871-1948), auteur du fameux chant interprété jusqu’à nos jours par les chanteuses et chanteurs de rai, y compris les Beurs en France comme Faudel : ‘’ Abdelkader ya Bouâlem’’ (Abdelkader l’homme à l’oriflamme). Cet éloge du saint Sidi Abdelkader El Djilali (XVe siècle), créateur de l’obédience soufie la plus populaire du Maghreb, ouvre généralement les prestations des meddahate tout comme le poème mystique (Sallou âla N’bi wa shabou Âchra) de Kheira Essabsajiya, (Benzohra Kheira) décédée en 1940, célébrant le saint patron d’Oran, Sidi El-Houari:







' El Houari seigneur des meilleurs/M’a appelée d’urgence/ Après m’avoir ravi l’esprit il s’en est allé/Me laissant anéantie (d’amour) pour lui/El Houari est trop loin de moi/ Alors que son amour dans mon cœur est si puissant. '











Parfois la poésie chantée croise la politique. En 1931, Houari Hanani écrit S’hab el baroud (les hommes de la poudre) et non le nuage de poudre (Sahab), une réponse patriotique aux commémorations du centenaire (1930) de la colonisation de l’Algérie. Cette chanson oranaise exaltant les vertus et la fierté des vaincus d’hier, le courage des guerriers combattant l’armée coloniale, deviendra l’un des plus grands succès de Khaled en 1983 à cause de son refrain prophétique: ' Les amis de la poudre avec leurs fusils/Portent les bouches de canon la mèche allumée. Nos chefs ont délibéré et décidé/Ils ont voulu réaliser ce jour de célébration. '















Après Hanani apparut un duo original formé par Benamina et Sid Ahmed. Celui-ci était non voyant à merveille et s’accompagnait d’un violon à une corde. Le duo envahit et subjugues les places publiques. Les soirées organisées par les tenanciers juifs, (malgré leur préférence de l’andalous et du hawzi) et les de la corniche Or établissement de la corniche Oranaise. Les rengaines de ce duo étaient fredonnées à travers tout l’Ouest algérien, particulièrement par les jeunes.



Les deux lurons, cédèrent les exigences de la vogue à Hamida Tarroune, ténor aussi et luthiste émérite qui chantait le raï et le genre moderne, accompagné par de petits ensembles musicaux à Oran, parmi lesquels débutait le jeune Blaoui Houari : ‘’Sensla fi yeddi oua aïni âla Khti’’.



Quelques mois après, surgira Abed Menaouer, natif d’Oran le 29 mars 1929, il abandonne son job de plombier, pour se lancer dans la musique et le chant, il était omniprésent dans les orchestres locaux. Les artistes de la chanson Oranaise moderne, tels Ahmed Wahbi, Blaoui Houari, Benzarga, Ahmed Saber, le présentaient en ouverture pour régler sur lui la sonorisation et les micros et faire patienter le public. Mais très vite ce fut lui qui monopolisait l’adhésion du public. La commercialisation des disques (45 tours), l’imposa dans l’ex-Igamie d’Oran et en France.



Après l’indépendance, le départ des chanteurs juifs, le raï se fixa uniquement dans les zones rurales, ce n’est qu’au milieu des années soixante, que le chanteur Senhadji sortira son disque ‘’Kamen Kamen’’, suivi par le très jeune Bouteldja Belkacem (14 ans) qui enregistra un album de plusieurs disques, dont : ‘’Gatlek zizia’’, ‘’Milouda’’..Plus tard dans le milieu des années soixante dix, la trompette de Bellemou, fera surgir le raï avec Benfissa ‘’Way Way’’, Bouteiba Seghir, Hakoum, Kaifouh, en ce temps Khaled jouait l’accordéon dans les bars d’Oran, au ‘’Croissant d’or’’ par exemple. Mami n’était pas encore Mami.



Cette nouvelle musique mélange instruments traditionnels, synthétiseurs, batterie électronique et basse, remettant au goût du jour d’anciennes chansons des chanteuses accompagnées de flutistes médiocres, dont Remiti la Relizanaise était à son époque, elle venait après l’apparition de Kheira Kendil, Fatima Bent el Meddah…. Le premier Festival Raï a lieu à Oran en été 1985. Devant l’opposition des Oranais, qui ne voyaient pas d’un bon œil ce festival dans lequel le wali d’Oran, M. Merrazi était pleinement mis à contribution avec madame Marie Souibes. Les Oranais résiduels avaient déclarés que le dit festival leur a été imposé, pour contrecarrer le grand festival annuel d’Oran appelé ‘’ Maoussem Sidi el Houari’’. L’année suivante 1986, le gouvernement reconnaît officieusement le raï comme forme musicale « nationale », une reconnaissance jugée intolérable par les familles conservatrices, par les artistes authentiques et









par même les militants du FLN, qui ont fait signer une pétition. Cette opposition a réussis à déloger ce festival du raï, d’Oran à Paris.

Pour l’édition de 1986, c’est à Paris que les adeptes du raï, ont organisé le festival à la salle du Zénith, en présence de journalistes algériens des journaux gouvernementaux qui avaient contribués à la couverture des événements de ce festival.

Le raï, jusqu’à nos jours, demeure en marge de l’art et du patrimoine. Ce que demandent les oranais nostalgiques de la belle époque artistique d’Oran, c’est de refaire revivre les anciens artistes qui ont bâtis un vrai ‘’château’’ d’art qui demeure à nos jours, un témoignage, d’une époque de fraternité animée par le luth, la derbouka, le piano, le violon…..









Maurice el Medioni l’un des maestro de la place d’Oran







Maurice el Medioni, est l’un des grands maestros de la musique Oranaise, neveu du grand maître Messaoud el Medioni, connu par Cheikh Saoud el Wahrani, un des grands du Hawzi. Maurice avait laissé ses empreintes dans la chanson Oranaise. Rencontré en France et prié de donner ses impressions, il nous a répondu qu’il n’avait jamais oublié Oran, sa ville et qu’il se trouvait en France depuis 1961 un « étranger ». « Jamais je n’oubliais la ville de mon enfance, de ma jeunesse et la belle animation musicale, passez mon bonjour à tous nos amis, à Ahmed Saidi, à Blaoui, à Tayebi...et à Wahran » Maurice, natif d’Oran en 1928, il était un bon tailleur, où les artistes de l’ouest Algériens venus tous lui rendre visite, quant ils se déplaçaient à Oran. Joueur du piano, il a accompagné les grandes vedettes de l’époque, tels Lili Abassi, Line Monty, Reinette Daoud, Blond Blond entre outre. En 1967, il s’installa à Marseille et travaillera dans la confection. Néanmoins il est demeuré durant toute sa vie un musicien, un chanteur une voix Oranaise.







Blond Blond toujours présent à Oran



Blond Blond, de son vrais nom Albert Rouini, natif de la ville de Tlemcen (Algérie), Dés son jeune âge, il fréquenta les doyens des chanteurs Cheikh Zouzou, Messaoud el Medioni connu sous le nom de Saoud el Wahrani, dont l’élève est Reinette Daoud dite l’Oranaise. Surnommé Blond Blond du fait de son albinisme, il passa tous son temps à côtoyer les artistes judéo-Algérien, mais en 1937, il fait un voyage en France où il participe dans des émissions d’artistes



















amateurs, tout en réussiront. Il retourne à Oran en 1939, où il donnera des spectacles, notamment dans les dancings et cabarets. Blond Blond adepte la chanson Oranaise en animant les événements et fêtes. Après la fin de la deuxième guerre mondiale, il rejoint Paris, pour s’installer au sein de la communauté juive. Il animait des soirées de fêtes, de mariages, appelé aussi par des cabarets Parisiens, Il accompagne également les artistes judéo-maghrébins Line Monty et Samy El Maghribi et sert à l’occasion de tardji (joueur de tambourin) auprès d’autres artistes maghrébins.



En 1950, Blond Blond, il enregistre sa célèbre chanson » l’Oriental », qui sera reprise par d’autres artistes, notamment par Enrico Macias. Il gagna sa place parmi les artistes d’Oran, où il reprend avec succès le tube de Lili Abassi ‘’Wahran El Bahia’’. A l’indépendance de l’Algérie, Il est parmi quelques artistes judéo-maghrébins à animer les fêtes de l’indépendance à Asnières.



Passé les moments de cette fête de retrouver la paix, Blond Blond, revient en Algérie en 1970 et 1974, pour travailler au cabaret ‘’El Koutoubia’’. En 1990 il revient à Oran accompagné de Reinette l’Oranaise, où ils donneront des spectacles au café Magenta. Que soit Blond Blond, Reinette, Lili, tous les artistes judéo Algériens étaient très estimés par le public musulman durant l’occupation et après l’indépendance.



Blond Blond toujours souriant, toujours sympathique, qui dans une de ses chanson dira : ‘’Aucun coffre-fort n’a suivi le corbillard’’. Il décédera en France



C’est l’un des rares artistes judéo-maghrébins à avoir chanté pour la fête de l’Indépendance (en 1962 à Asnières). Après la guerre de Libération, Blond-Blond s’est rendu à deux reprises au cabaret » El-Koutoubia » à Alger, en 1970 et 1974. Et en 1990 à Oran en compagnie de Reinette et d’amis, ils ont chantés encore une fois au Café Magenta. Décédé en France en 1999 à l’âge de 80 ans. Blond Blond n’est jamais oublié à Oran.











Soltana Daoud (Reinette l’Oranaise)



Encore une diva du malouf, il s’agit de Soltana Daoud, qui devient Reinette l’O, fille d’un rabbin juif du Maroc. Deux années après sa naissance elle sera atteinte de cécité. A seize ans, l’adolescente est confiée au maestro Saoud el Wahrani, qui tenait un café à Oran, rare lieu de rendez-vous de tous les mélomanes, les musiciens, les paroliers et les vedettes locales –Ils se rendaient aussi au café le Ritz, situé au 11 rue de la Révolution en parallèle à la rue d’Austerlitz où se trouvait le Mellah, le quartier situé au centre de la ville d’Oran appelé ‘’Derb









Lihoud’’ quartier des israélite, mais des musulmans y habitaient aussi. A cette époque, les théâtres et salles de spectacles, étaient sous contrôle colonial refusaient toute expression algérienne non contrôlée au préalable. Emerveillée et troublée à la fois par son entrée dans un cercle exclusivement réservé aux valeurs confirmées, la jeune Reinette devient très vite l’élève attitrée de Cheikh Saoud el Wahrani. L’apprentissage du classique est ardu et exigeant comme elle aime à le rappeler. Unique femme donc à être admise dans le cénacle, elle s’en tirera par étapes, avec brio et talent. Pour parfaire son éducation musicale, elle s’initie d’abord à la derbouka, ce qui lui permet d’acquérir le sens du ‘’mizâne’’ (la mesure) et la maîtrise de la voix d’interprétation. Puis, elle s’initiée à la mandoline, mais elle ne la ressent pas ; alors, sur conseil de son génial professeur, elle se tourne vers le luth, et là se produit une symbiose idéale avec cet instrument. Encore amatrice elle devient maitresse, admirée par le public auditeur des deux communautés. Heureuse de ses progrès, Reinette ne peut exulter car son maître affiche son intention d’ouvrir un établissement à Paris. Elle l’y suit mais, rapidement, la nostalgie prend le dessus, Oran mieux que Paris.

La nostalgie de la place d’Armes, du bas quartier, de la place Kleber, le Café-bar de Fellous, les animations continues de wahran, elle ne pouvait se séparer. A son retour, elle rejoint les mêmes musiciens Oranais, dans le même café que gérait désormais un neveu de cheikh Saoud. Hélas, elle apprend avec tristesse que le maître artiste avait « disparu » dans les camps nazis. Cheikh Saoud el Wahrani a été raflé à Marseille par la police et a disparu dans un camp nazi. Camp ‘’Sobribor’’. Elle exprimera son chagrin à travers le poignant tube « Nechkar el Karim » (Loué soit le Généreux). Peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Reinette part et s’installe à Alger, là où se trouve l’association andalousophile « El Fekhardjia ». Elle écoute passionnément la radio quand elle passe des mélopées algériennes et admire particulièrement Mohamed Belhocine (père de Hamid, le tromboniste de Kassav’) qui acceptera de devenir son maître. Reinette devient célèbre et participe tous les mardis à des émissions radiophoniques rassemblant les meilleurs artistes du chaâbi algérois et de l’andalou. Plus tard, elle intègre l’orchestre de Hadj Mohamed El Anka, le fondateur du chaâbi Algérois, entourée par des choristes de renom avec lesquelles elle avait débuté. Jusqu’en 1962, année de son exil douloureux vers la France, elle porte la bonne parole algéro-andalouse. Installée à Romainville, en région parisienne, avec son mari et percussionniste Georges Layane, elle sort de sa paisible retraite dans les années 80 pour séduire à nouveau ses anciens fans et conquérir un public jeune et fasciné par son ton caustique et son bonheur de jouer irradiant.

Reinette a chanté pendant plus d'un demi-siècle les trésors classiques de la tradition arabo-andalouse, du folklore oranais, du chaâbi et quelques compositions réactualisées. Son nom, jusqu'à son dernier soupir en 1998, revendique fièrement son appartenance régionale







Décédée le17 novembre 1998 à Paris. Elle fut pendant plus d’un demi-siècle une digne représentante de la musique Algérienne, du Hawzi et l’auteur de compositions constamment réactualisées. Elle fut accompagnée de musiciens tels que le virtuose Mustapha Skandrani au piano ou Maurice el Medioni, Alilou à la darbouka, Abdelghani Belkaïd au violon, elle interprète avec les plus grandes voix de la chanson populaire et de la musique savante du Maghreb : Fadela Dziria, Meriem Fekkaï, Alice Fitoussi, Zahra El-Fassia, Abdelkrim Dali, Dahmane Ben Achour. Reinette l’Oranaise accompagne le maître du chaâbi, Hadj El Anka. Reinette continue à exercer son art musical à l’occasion de fêtes juives et musulmanes, mariages, circoncisions, anniversaires. Comme juive séfarade, elle sera même autorisée à chanter dans un orchestre d’hommes. Son nouveau maître de chant le cheikh Abderrahmane Belhocine lui donne des cours d’arabe classique et lui fait travailler la diction.



René Perez : ‘’Ya Bellaredj ya touil erragba’’







René Perez est une voix de la chanson judéo-arabe, a vu le jour un 25 février 1940 en Algérie, il décède en France le 31 août 2011.

Il est l'une des voix remarquables de la musique et de la chanson algérienne. René Perez, de confession juive, fait partie des artistes de son époque et qui se sont versé dans l’andalous. René avait un riche repertoire de chants dont nous citons quelques titres : ‘’El youm rit ezzine’’, ‘’Ya Bellaredj’’,’ reprise par Fadela Dziria), ‘’Elli Mektoub Mektoub’’, ‘’Qom tara’’, ‘’Fi dar el habib’’, ‘’Wahch el habayeb’’, ‘’Bnat el youm’’, ‘’Mchat âliya’’, ‘’Rimoun rametni’’, ‘’Mestghanim’’….



Les enregistrements de René Perez, sont à nos jours commercialisés et apprécier par ses auditeurs qui sont demeurés fideles à la belle époque.





Flitti Abdelkader ‘’Kouider’’ l’un des précurseurs de la musique Oranaise







El Hadj Flitti, Kouider, est l’un des touts derniers précurseurs de la musique et de la chanson Oranaise. Né le mois de juillet 1933 à Oran, précisément à la rue de Turin au quartier Medioni. Il grandira à la ville nouvelle, sa passion pour la musique, il l’a acquise dés son jeune âge, car il avait pour voisin deux grands maîtres de la musique arabo-andalouse, Cheikh Zouzou et Ould Mritakh en l’occurrence. Au début de l’année 1944, ce dernier avait remarqué le penchant du jeune Flitti pour la musique. Il lui offrit alors une mandoline, il devient en l’espace de quelques années un musicien convaincu. En 1948, Kouider et son ami l’accordéoniste Hadjouti Bouâlem, tous deux apprentis coiffeurs chez Bellahouel, l’oncle de Flitti, se retrouvaient chaque soir au salon de coiffure après la fermeture, pour y effectuer des répétitions. Bouâlem à l’accordéon et Kouider au violon.



Au fil du temps le cercle des musiciens s’élargissait au salon qui recevait beaucoup de monde, parmi les plus habitués, on retrouvait les frères Souiyah, Guedifi, Seghier, Benali, Dellal Ghaouti, Ahmed Metahri entre autres… Quelques années plus tard, une troupe musicale verra le jour au ‘’Club Saada’’ en plein Tahtaha de la ville nouvelle. Parmi ceux qui s’intéressaient au théâtre, Belkhiter Benchaâ, Ghali Abdelkader, Drioua Ahmed, Ras-Ali Houari, Ahmed Saber, les sœurs Wafia et Fatiha, qui furent en quelque sorte les précurseurs. En musique oranaise, on retrouvait Flitti, Hadjouti Bouâlem, Souiyah Mokhtar, Maghni Abdelkader, Aissa, Tayebi Tayeb, Benaouda et d’autres figures de l’art.



Au début de 1958, Flitti s’installe à son propre compte patron coiffeur à la rue Don Bosco, au quartier Cholet. Son ami Bouâlem fera de même au quartier de Lamur. Les deux salons deviennent des lors, des lieux de rencontres pour artistes, plus particulièrement les musiciens, il y avait entres autres les frères Bensmir, Amar Ouahid, Hadj Aissa Benaouda, Maurice El Medioni, Blond Blond…



En 1974, on retrouve Flitti dans la troupe musicale créée par Hadjouti Bouâlem, il demeure jusqu’à 1988, où il décida de mettre fin à son parcours artistique. Kouider quitte l’orchestre, mais trois de ses fils prendront le relais, en créant la troupe musicale ‘’Hasnaoua’’.



Missoum Bensmir le fils de ‘’Etteir Lebyed’’



Une autre figure de la musique Oranaise, Cheikh Missoum Bensmir, un chanteur oranais descendant de son père le grand poète cheikh Hachemi Bensmir surnommé ‘’Etteir Lebyed’’ (l’oiseau Blanc), auteur de nombreuses célèbres textes que l’on évalue aujourd’hui entre 300 et 400 textes, dont la fameuse chanson ‘’Biya Dhaq el morr’’, ses quatre fils Mustapha et Abdelkader dit ‘’Bidaka’’ ainsi que Kaddour et Missoum tenteront de perpétuer son œuvre gigantesque qui demeure en grande partie inexploité, à travers la chanson et ce durant plusieurs décennies. Chacun à sa manière, sans trop rechercher le succès, ils permirent à la musique Oranaise de se conformer avec la qasida et de s’y accrocher le plus longtemps possible dans le temps. Missoum a et celui qui a fait la plus longue carrière dans la chanson. Missoum a fait ses débuts sur scène comme chanteur, alors qu’il avait à peine 14 ans. Auparavant, il avait pris l’habitude d’accompagner son frère aîné Abdelkader qui jouait au sein de l’orchestre de Aissa et Belkheir, ‘’Serror’’. Il fi partie de la chorale puis, peu à peu, il apprit à jouer des instruments de musique sous l’impulsion des musiciens qui sentaient en lui quelqu’un de doué.



C’est ainsi qu’il entra de plain-pied dans le monde artistique en prenant part aux mariages et autres festivités qui avaient lieu dans les années cinquante. Le jeune Missoum commença par interpréter des chansons populaires dans le genre de l’Oranais Baladi, par l’introduction d’instruments de musique modernes à cette époque là comme le piano, l’accordéon, le violon, la clarinette, les textes étaient surtout puisés du riche répertoire de son père. Missoum quitta le groupe en 1962, alors qu’il n’avait que 24 ans. Avec des amis entre autres, Belarbi Mohamed de son vrai nom Bencheikh, Maârif Mohamed, un virtuose de l’accordéon et son meilleur ami Bendida Nouba, qui vit actuellement Paris, Kouider, Roberto et Georges les martiniquais, il crée un orchestre musical, qui donne son spectacle chaque soirée à la ‘’Brasserie de Paris’’, devant le cinéma ‘’Le Régent’’ et à la ‘’Guinguette’’ à Canastel.



Tayebi Tayeb le cheikh du violon



Tayebi Tayeb, l'un des musiciens de la chanson oranaise élève d’un professeur de musique juif, né le 10 mai 1927 à Tiaret. Très jeune, il s'intéresse à la musique. Il commence à en faire dès l'âge de 14 ans. Son premier instrument a été l'harmonica, puis il s'essaye à la guitare, avant d'opter définitivement pour le violon.

En 1942 il quitte l'école et rejoint le mouvement scout. Sa passion pour la musique le conduit, en 1945, à créer avec des amis un orchestre de musique auquel ils donnent le nom Echabiba. Pour se former, ils se rendent périodiquement au cercle Nadi Essaâda pour répéter. Cet orchestre qu'il dirigeait lui-même était composé de Mokhtar Souyah, Fliti Kouider, Tiab Daho, Benaouda, Hamidou. En 1948, il quitte la direction d'Echabiba et rejoint la formation el Widad qui était constituée d’Abdelkader Haoues, Mohamed Fethi, Boumediene Douaidi, Kaddour, Nouba.

Plus tard, en 1950, il passe à l'orchestre du grand Blaoui avec, naturellement, Blaoui El-Houari, Hadjouti Bouâlem, Tayebi Tayeb, Rahal, Amar Wahid, Serror Issa, Serror Belkheir, Bouamer, Nadji Nourdine, Saïd Bounif, Boutlelis, Serror Hasni. En 1952, tout l'orchestre est engagé par Mahieddine Bachtarzi au Théâtre municipal d'Oran, où sous la direction de Blaoui, ils animaient des concerts.

En 1952, Tayebi Tayeb vit pour la première fois Warda El Djazaïria venue en tant que vedette chanter à Oran Oumi Ya Oumi et Ya M'Raouah l'bled. Au cours de cette soirée mémorable, il a accompagné lui-même au violon la vedette Ahmed Wahbi qui interpréta Wahran et Metouel De Lil.

Tayebi Tayeb a enregistré en 1957 sa première chanson, Hadjarni Habib. Durant sa carrière d'auteur et de chef d'orchestre, il a écrit et composé autant pour lui-même que pour d'autres artistes tels que Houari Benchenat, Djahida, Malika Meddah, Soraya Abadliya, Souad Bouali. Il a aussi accompagné tous les ténors de la chanson oranaise.

Soltana Daoud ou Réinette l’Oranaise

Reinette el Wahrania de son vrai nom Sultana Daoud est une artiste complète elle est une compositrice juive d’Algérie d’expression arabe, parfois française, née en 1915 à Tiaret (Algérie) et décédée le17 novembre 1998 à Paris. Elle fut pendant plus d’un demi-siècle une digne représentante de la chanson oranaise, du Hawzi et l’auteur de compositions constamment réactualisées. Accompagnée de musiciens tels que le virtuose Mustapha Skandrani au piano, Alilou à la darbouka, Abdelghani Belkaïd au violon, elle interprète avec les plus grandes voix de la chanson populaire et de la musique savante du Maghreb : Fadela Dziria, Meriem Fekkaï, Alice Fitoussi, Zahra El-Fassia, Abdelkrim Dali, Dahmane Ben Achour. Reinette l’Oranaise accompagne le maître du chaâbi, Hadj El Anka. Elle a toujours animée les fêtes juives et musulmanes, mariages, circoncisions, anniversaires. Comme juive séfarade, elle sera même autorisée à chanter dans un orchestre d’hommes. Son nouveau maître de chant le cheikh Abderrahmane Belhocine lui donne des cours d’arabe classique et lui fait travailler la diction.













Serour Hasni ‘’El Âchek Memhoune’’























Serour Hasni, l’auteur du célèbre tube ‘’Âchek Memhoune’’ enregistré en 1958, dans les studios ‘FORAT’ à l’ex rue général Joubert à Oran, est une grande figure de la chanson Oranaise, né le 21 janvier 1935 dans le quartier de Lamur (El Hemri), il faisait partie de toute une famille d’artiste dont l’ainé Aïssa. Hasni, pénétra dans l’art, à l’âge de 20 ans, quand il était ouvrier à la cave ‘’Sénéclause’’ où il fera la rencontre avec son collègue Abdellah Medjahed qui était un amateur dans la poésie populaire et un bon parolier de chansonnette, d’ailleurs c’est lui qui écrira la fameuse chanson ‘’El Achek Memhoune’’ arrangée par Blaoui Houari elle est la première chanson qui sera enregistrée sur disque 45 tours par Hasni. Ce disque rendra Hasni une vedette, demandée par tous les orchestres de la place, mais Serour, il avait sa préférence avec l’orchestre de Bendaoud Djelloul. Hasni en plus de chanteur, il était un bon précurseur, il jouait la Derbouka, le Thar, le Bendir, il demeurera avec Bendaoud jusqu’à l’indépendance. Où il rejoignait l’orchestre de la RTA, sous la direction de Blaoui Houari, Hasni sera chanteur et choriste il interpréta le Chaâbi, l’Oranais, le Marocain, il faisait partie du groupe d’ami avec Ahmed Saber, Ahmed Saïdi, Naji Nouredine, Tayebi Tayeb, Amar Wahid. Aussi il accompagnait ses frères dans le groupe musical que dirigeait Serror Aissa et ses cousins, Bouâmeur, Belkheir, Mohamed et le célèbre chanteur M’naouer dit « Adamo l’Oranais ».



A la dissolution de l’orchestre de la RTA, tous les musiciens et chanteurs se sont retrouvés au chômage, donc il fallait animer les fêtes, les mariages et les manifestations culturelles que connaissaient à l’époque tous les quartiers d’Oran et surtout la Place d’Armes, et la place Bendaoud. Serror, se retourne à son café-Bar qu’il gérait en attendant des jours meilleurs, mais au début des années quatre-vingt dix, une mauvaise chute lui vaudra une intervention chirurgicale au niveau du genou, dont il ne se rétablira jamais comme avant. Les événements dramatiques qu’a connus le pays, le silence de l’art et de la culture durant cette période, a fait que l’état de santé de l’artiste Hasni se dégrade d’avantage suite à une hémiplégie qui le clouera sur une chaise roulante, il sera relégué aux oubliettes comme d’ailleurs l’ont été ses camarades qui l’ont précédé dans l’autre monde, ignorés et abandonnés par la famille de la culture et de l’art. Serour nous fera ses adieux le mois de juin 2004. Il est parti rejoindre la grande équipe de la musique Oranaise : Wahbi, Saber, Benzerga, Hadjouti, Rahal, Boutlelis, Ali Kahlaoui, Houari ‘’Mignon’’, Amar Wahid, Bendhiba, Bensmir ‘’Bidaka’’, Maârif Mohamed, les Serror Aissa et Belkheir, les frères Azzouz, Benchaâ Belkhiter, Ezzine, Abdelkader Ould El Aïd, Guendouz Mohamed… Ils sont partis sans dire un mot, puisque le trésor qu’ils avaient réunis durant des années a été profané, par une génération sans repère







M’hamed Benzerga : ‘’Ya l’Khadem Nebghik’’



M’hamed Benzerga, jeune artiste de la chanson Oranaise, né en 1936, il pénètre dans le théâtre et la musique, durant les années cinquante. Un début brillant avec le tube qui demeure à nos jours en vogue ‘’Nebghik nebghik ômri ma n’selem fik’’, qu’il avait enregistré à la maison d’édition –Tam-Tam’’ à Marseille. De retour à Oran, il s’est fait côtoyer par la maison des disques ‘’ Dounia’’. Comme Ahmed Saber, Benzerga est écrivain public, pour gagner sa vie. En 1957, la radio avec les débuts de la télévision, Benzerga participa dans les variétés, en compagnie de Meriem Abed et Hadjira Bali, Blaoui Houari, Fadéla D’ziria, Mohamed El Ânka… Ces artistes se produisaient à la salle Pierres Bordes, aujourd’hui, salle Ibn Khaldoun, devant le public et l’enregistrement de la radio et télévision.



Kadiri Mohamed, nous parle de cet enfant, né dans la commune de Boudens, aujourd’hui ‘Belarbi’, (Sidi Bel Abbes), issue de la tribu des Nedjajaâ. Les tribus Nedjajâa étaient à l'instar des autres tribus locales expropriées disloquées les Nedjara dont sont originaires les Benzerga furent refoulés vers les crêtes de Hamar Z'GA (colline de Z’GA) à 160 mètres de l'ex-Baudens. De nombreuses familles furent soumis à l'exode, au Les Benzerga s'installent à Misserghin. Les cars Ruffie et Cie compagnie (TRCFA) à Amoros sont les nouveaux patrons du père de l’artiste. La famille constituée de 4 enfants dont M'Hamed natif du 6 janvier 1936.



En 1954, M'Hamed devint écrivain public, orphelin de père depuis trois années (1951), il doit survivre et a pour camarades de travail Baghdadi Benaceur communément connu pour son nom d’artiste rebelle de Ahmed Saber qui nous a quitté un certains 19 juillet 1971 et qui doit être honoré avec lui à titre posthume. Outre le chanteur rebelle que fut Ahmed Saber l’on citera Bilal El Ghali qui venait de l'ex lycée Lamoricière et se joignait au duo. Ce trio d'inséparables amis fréquenta «Mederssa El Falah» dont l’un des responsables était Dellal Ghaouti, le petit théâtre de la rue Chanzy, au Plateau St Michel, connaîtra leur passage où ils joueront dans la pièce de Ahmed Entourai intitulé ‘’El-Kenz’’. Toutefois, la grande école de formation va être le bureau, où il fera ses vraies classes. Ce local,, situé à la rue Hadj Salah, en Ville Nouvelle, avec sa soupente, ses quelques chaises et les Remington dont le nombre était des plus réduits pour «taper» lettres, les doléances des centaines de plaideurs auxquels, les Benzerga et Ahmed Saber s'étaient mis à leur écoute. M'hamed écrira en ces lieux, une grande partie de ses chansons, d'autres fragments le furent dans ses déplacements, lui fils d'un chauffeur d'autocar de la société des transports dénommée «Amoros» pour la ligne Misserghin-Oran,



A la même époque les chantres de musique bédouine entrent dans la scène des enregistrements de disques 78 tours, il s’agit des Cheikhs Benhamida et Menaouer, qui ont enregistré en 1908. Ces deux chantres étaient célèbres au début du siècle dernier.



Alors que les femmes se faisaient rares dans le domaine artistique, interprètes de chansons de variétés. A cette époque deux chanteuses musulmanes émergent dans ce monde. Il s’agit de Kheira Quendil et Fatima Bent el Meddah, suivies de Kelthoum la Relizanaise avec son tube ‘’Moula Baghdad’’.Il faut cependant rappeler aussi l’importance de la jeune Soltana Daoud, dite Reinette l’Oranaise, de Sarriza Cohen, d’Alice Fitoussi ou de Line Monty qui excellaient aussi bien dans le hawzi que les compositions modernes de la musique oranaise.







Mais c’est à Oran que les artistes algériens juifs vont faire preuve d’initiative et d’innovation. Beaucoup de musiciens et chanteurs, en s’installant en France, ont véhiculé avec eux les pratiques et convivialités de leur terroir algérien. Parmi eux, Joseph, dit Bâ Yousef el Fhal, cordonnier à Khenchela, joueur expérimenté de violon et de derbouka, qui se produisait en Algérie et en France ; Simon, dit Salim el Hallali ; sa mère Chelbiya, Elie Moyal, dit Lili Abassi ; Blond-Blond, Raymond Leyris, Reinette el wahrania…



En outre, les musiciens juifs ont joué un rôle important dans la généralisation de l’enregistrement discographique, en Algérie. Edmond Nathan Yafil fut le principal conseiller des maisons d’édition qui, de la fin du XIXe et au début du XXe siècle, entreprennent des campagnes d’enregistrement des musiques traditionnelles et modernes en Algérie et dans tout le Maghreb. Il a lui-même enregistré, dès 1907, sur le premier label en Algérie. Il relèvera dans son opuscule, ‘’Majmoue’ zahw el-aniss el-mukhtassar bi-el-tbassi ouel-kouadiss’’, (les équipements d’enregistrement et de sonorisation), les chansons du répertoire (en particulier hawzi et âroubi) enregistrées sur disques et cylindres entre 1900 et 1906. Cet ouvrage a été réédité par Ahmed Amine Dellaï en 2007 au CRASC d’Oran. C’est le cas également de Léon Marchodé Sasportes qui a créé en 1930 à Alger, la maison d’édition de disques ‘’Algériaphone’’. Il sera imité dans les années 1950 par Lili Abassi avec sa maison d’édition ‘’Parlophone’’ à Alger et Raymond Leyris avec la maison d’édition ‘’Hess el Moknine’’ (le chuchotement du chardon) à Constantine. Puis ‘’Gramophone’’, ‘’La Voix de son maître, ‘’R.C.A.’’ ‘’Pathé Marconi’’, ‘’Dounia’’, ‘’La voie du Globe’’, ‘’El Feth’’…



Edmond Nathan Yafil, dit Yafil ben Chbab, est né en 1874 à la Casbah d’Alger, fils de gargotier qui lui valut le sobriquet de «Makhlouf Loubia». Bachelier, en plus d’un diplôme de langue arabe, il publie, de 1904 à 1927, en notation musicale occidentale, l’essentiel du patrimoine musical algérois (en particulier grâce à la collaboration du maître Sfinja) dans une collection de 29 fascicules. Fondateur de la première école de musique arabe algéroise en 1909, puis de la première association musicale ‘’El Moutribia ‘’(1911), il décédera le 8 octobre 1928. Loué et estimé par les Algériens musulmans, Yafil est reconnu à ce jour comme un des premiers vivificateurs de la musique arabo-andalouse en Algérie, au même titre qu’un Mustapha Aboura..



Le chef d’orchestre Messaoud El Medioni, surnommé Cheikh Saoud el Wahrani né en 1893, il mourra en1943 suite à son arrestation à Marseille par la police française et déporté en Allemagne, Cheikh Saoud est le petit-fils d’un des grands maîtres de Tlemcen, Ichoua El Medioni dit «Makchiche» né en1818 et décédé en 1899, tenait également un café dans le quartier juif d’Oran (Derb) où il recevait des artistes musulmans tels les cheikhs Hamada, Madani, Khaldi…. Il fut un des plus importants musiciens en Oranie. Jules Rouanet cite les noms de Brahim el Wahrani, les frères Amsili, David Davila et Nephtali Sebaoun parmi les meilleurs musiciens de style arabo-andalou à Oran, au début du XXe siècle. Cheikh Saoud animait les principaux orchestres du genre dont El Andaloussia de 1927 à 1930. Avec le compositeur José Huertas, ils véhiculent une vingtaine de mélodies, dont la célèbre ‘’Touchia Dil’’. Cheikh Saoud a regroupé autour de lui des disciples qui portèrent l’exigence musicale aussi loin que le maître. Il émigra vers 1937 à Paris, où il aurait tenu un cabaret, rue Bergère. Arrêté à Marseille, il fut déporté avec son fils, âgé de 13 ans, vers le camp d’extermination de Sobibor en 1943 où ils ne revenaient jamais.



Une autre figure de l’Oranie musicale des années 1930 est représentée par Maâlem Cheikh Zouzou, de son vrai nom, Joseph Guenoune né à Ain Témouchent en 1890, décédé à Nice en 1975, célèbre pour son interprétation du lamento de Bensoussan. Cheikh Zouzou était une perle de la chanson, en compagnie de Lili L’Abassi né en1897 décédé en 1969, fils d’un musicien chevronné qui perpétuera la tradition savante mais s’illustrera surtout par ses chansons populaires : ‘’Koulchi mâa el flouss ‘’Tout est avec l’argent’’, ‘’ L’Orientale’’, ‘’Ô ma gitane’’, ‘’Bombe Atomique’’, ‘’Wahran el Bahia’’ Oran la radieuse où il varie les langues et les registres. Il est l’un des rares à avoir édité un recueil de ses chansons en arabe et en hébreu.



Blond Blond (Albert Rouimi), imitateur réputé de Maurice Chevalier et disciple de Lili Abassi, portera jusqu’après l’indépendance, dans ses tournées en France et ses disques, cette culture mixte de musique savante et de chansons légères. Ailleurs, à Constantine, la vie musicale a été longtemps dominée par la figure tutélaire et tragique du Cheikh Raymond Leyris né le 1916 décédé en 1961). Elève de Omar Chakleb, il regroupa les meilleurs instrumentistes, parmi lesquels



son fidèle accompagnateur, Sylvain Ghenassia, père d’Enrico Macias. Toujours dans cette ville de Constantine, citons Bentari Nathan, Maurice Draï, grand luthiste, Elbaz Bellara Israël, chef d’orchestre et chanteur des années quarante, Naccache Alexandre, dit Juda, et Simone Allouche-Tammar née en1935 née1984). Il faut évoquer pour Alger, Edmond Atlan, Line Monty, Lili Bonniche, Luc Cherki et René Pérez qui animèrent la vie culturelle de la capitale



















au milieu de dizaines d’autres chanteurs et musiciens, ainsi que José de Suza, alias Yousef Hadjadj, qui traîna ses guêtres à Alger et en France et à qui l’on doit le fameux tube, ‘’On m’appelle l’Oriental’’. Durant plus d’un demi-siècle, beaucoup de ces artistes participeront à l’animation et à la formation des associations musicales et élargiront les cercles de connaisseurs du genre.







Ces artistes s’ancrent, par leur pratique, dans les sociétés où ils évoluent. S’ils sont intimement présents à travers leur art dans la vie sociale et cultuelle de la communauté juive et musulmane, ils participent pleinement aux événements qui touchent leur environnement social. Ainsi, après la crue de l’oued Aïn Sefra qui dévasta Mostaganem le 26 novembre 1927, Elie Tebboul enregistre chez Columbia à Paris, en 1928, la «chanson des sinistrés de l’Oranie». René Lopez parle de ce drame dans sa chanson ‘’Mostaganem’’. L’animation des mariages par la musique, illustre l’intégration de ces artistes au quotidien social des deux communautés, relevant d’une sorte de convivialité qui transcende les appartenances communautaires strictes pour privilégier les relations nées dans l’espace urbain commun.



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Le décret du sinistre Crémieux a favorisé les uns des autres d’une population Algérienne et créa la division







Durant la première guerre mondiale de1914/1918, vingt quatre mille musulmans et 4200 juifs d’Algérie tués sur le front de la guerre franco-allemande. A la fin de cette sinistre guerre, Une grande synagogue, la plus grande et la plus belle de tout l’Afrique du Nord a été édifiée à Oran.



Durant la seconde guerre mondiale et en 1942, Des juifs d’Oran, se trouvaient en France, ont été raflé par la police française et déportés par les allemands puis assassinés. On y trouve Cheikh Saoud el Wahrani et son fils, raflés à Marseille, les deux familles Bensayagh et Benguigui, raflés à Izieu.







Depuis 1962, une certaine propagande négative, n’a pas cessée de se propager. Cette propagation diffuse des informations relatives à la journée dramatique du 5 juillet 1962, qui serait une rupture catastrophique entre les trois communautés, Musulmans, Juives et Européennes. Ces trois communautés ont vécu dans le respect mutuel, alors que ceux qui ont renversé la vapeur et créer le drame, ne sont pas inconnus pour croire pendant les cinquante dernières années, à toute cette propagande.



Si les deux communautés Algérienne musulmane et juive, avaient réussis à chanter, danser travailler et manger ensemble, pendant des siècles en développant un art, une culture et une société commune, pourquoi aujourd’hui la nouvelle génération des deux camps, n’a pas réussie à instaurer une coexistence entre leurs deux communautés et vivre en paix à la mémoire de la première génération.



Nous continuons à chanter et danser pour la paix et la coexistence entre les deux religions, judéo et musulmane




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