Samir Ould Ali
Mieux appréhendé et correctement réalisé, le programme présidentiel des «100 locaux par commune» aurait probablement donné de bien meilleurs résultats et contribué à la résorption du chômage qui frappe les Algériens. Malheureusement, pour plusieurs raisons dont la bureaucratie et la mauvaise gestion ne sont pas les moins importantes, les choses ont mal tourné et, plutôt que d'aider les jeunes et moins jeunes à s'insérer dans le monde du travail, ces dysfonctionnements ont fini par refroidir les enthousiasmes. Et les chômeurs ne sont pas les seuls à avoir été «éc'urés» par la tournure ridicule prise par le programme depuis son annonce en 2003, puisqu'en visite à Oran en octobre 2012, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait annoncé qu'une enquête avait été lancée pour faire la lumière sur les défaillances qui ont empêché l'exécution de ce programme. Au cours d'une rencontre avec les walis de la région Ouest, le ministre avait indiqué qu'en raison de l'indisponibilité du foncier, la construction de 5 096 locaux avait été abandonnée et les quatre milliards de dinars prévus reversés au Fonds commun des collectivités locales (Fccl).
Ould Kablia avait également reconnu que «les walis, qui avaient toute latitude de superviser le programme, ont leur part deresponsabilité» dans cet échec.
A Oran, comme partout ailleurs à travers le territoire national, cette opération déjà vieille de dix années, est loin d'avoir atteint ces objectifs et les quelque 2 200 locaux commerciaux réceptionnés ou en cours de construction sur les 2 600 dont les 26 communes de la wilaya ont bénéficié (chiffres d'avril dernier) ne semblent pas avoir donné entière satisfaction puisqu'ils restent, pour la grande majorité, inexploités.
Dans plusieurs communes comme Boufatis, Misserghine, Oran' de nombreux locaux à usage professionnel et artisanal, livrés sans commodités de VRD, sont déserts et beaucoup, en raison de l'absence de mesures de sécurité, ont fait l'objet d'actes de vandalisme. Pourtant, la demande reste importante et, sans parler des autres dispositifs d'aide à l'emploi, la seule Angem (Agence nationale de
gestion du microcrédit) a indiqué avoir reçu, au premier trimestre de l'année en cours, 1 339 demandes émanant de jeunes porteurs de projets et justifiant de ualifications professionnelles. Un simple calcul sur la base des indicateurs cités plus haut permet de conclure que,
correctement exécuté depuis son lancement en 2003, le programme aurait permis la création de 5 200 emplois, à raison de deux emplois par local comme prévu initialement. Et contribué à alléger une pression sur l'emploi exercée par 90 000 à 130 000 demandeurs, selon différentes sources.
En attendant les résultats de l'enquête annoncée par Daho Ould Kablia, rappelons qu'au plan national, cet ambitieux programme, pour lequel 200 milliards avaient été alloués, ambitionnait de créer un peu plus de 300 000 emplois.
S. O. A.
Posté Le : 16/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : La Tribune
Source : www.latribune-online.com