Dimanche 17 novembre. Alors que personne ne s'y attendait, Joe Biden lève les restrictions qui empêchaient jusqu'à présent l'Ukraine d'utiliser des missiles à longue portée (+300 km) fournies par les Etats-Unis pour frapper en profondeur le territoire russe.
L'information a été d'abord rapportée, non par le porte-parole de la Maison Blanche, mais par des médias américains (Associated Press, New York Times, Washington Post) qui l'ont diffusée à leur tour. Mardi 18 novembre aucun message officiel ne l'avait encore confirmée…
V. Zelenski s'en est réjoui amèrement, car il aurait bien voulu que cette décision fût prise plus tôt. Il espère néanmoins que les nouveaux missiles ATACMS (Army TACtical Missile System) vont transformer l'espace-temps de sa guerre. «Cela pourrait changer la donne. Plus loin l'Ukraine peut frapper, plus courte sera la guerre.» (Le Monde, L. 18 novembre 2024).
Le choix de J. Biden découle de trois circonstances :
1- Trump, le retour.
L'échec des Démocrates à se maintenir à la Maison Blanche. Pour J. Biden, cet échec a été précédé d'une double humiliation : son parti l'a obligé à renoncer à un second mandat au profit -perdu- de sa vice-présidente en juillet1. Le succès de D. Trump en 2024 qui n'a jamais reconnu sa défaite en 2022 en est une autre. Le naufrage des démocrates est aussi bien visible à l'intérieur, abandonné par leur électorat, les minorités hispaniques, afro-américaine, musulmane, ordinairement opposées aux Républicains, qu'à l'étranger où Washington est incapable d'apaiser des conflits qui confinent au génocide.
2- Plus soldats, plus de munitions, plus de soutien.
L'Ukraine est en grande difficulté militairement, politiquement, économiquement. Les désertions se multiplient. Le moral des soldats est au plus bas. Les morts au combat se multiplient. Les armées reculent sur le front au Donbass et dans la petite enclave qu'ils occupent dans l'Oblast de Koursk2. La vitesse du retrait sur toute la longueur du front est lente, kilomètre après kilomètre, village «libéré» après village «libéré», mais annonce la fin prévisible et inéluctable du conflit. Pour un objectif masqué, indéterminé.
3- L'Europe s'emmure pour tous.
Les opinions occidentales, notamment en Europe, embourbées dans des difficultés économiques, budgétaires et politiques ne manifestent plus en faveur de l'Ukraine ainsi qu'elles le faisaient au début de la crise en 2022. Mieux, elles sont majoritairement en faveur de la fin de la guerre.
Elles votent pour des partis «populistes» qui cachent à peine leur opposition au pacte atlantique et aux menaces qu'il a engendrées pour leur prospérité et leur sécurité. Les frontières se referment. Les réfugiés ukrainiens ne sont plus les bienvenus.
Escalade dangereuse.
1- Zelenski n'a qu'un slogan quotidien à la bouche depuis le 24 février 2022 : «des armes, des armes, des armes !» Et quand on les lui fournit, la réplique est invariable : «trop peu, trop tard !» Les missiles, ils les obtenus il y a longtemps, mais depuis des mois, il demandait à ce qu'on lui permet de les utiliser à sa guise, sans limite de portée. Voilà donc qu'il obtient ce qu'il a voulu.
Evidemment, toute cette opération soulève une multitude de questions : pourquoi a-t-elle été refusée jusque-là et pourquoi a-t-elle été acceptée aujourd'hui ? Les hypothèses ne manquent pas.
2- Les troupes nord-coréennes ont été médiatiquement et politiquement grossies et manipulées en prétexte pour autoriser les Ukrainiens à utiliser les missiles. D'autres observateurs ont avancé l'idée que la décision de Biden est la conséquence de l'intensification des bombardements russes sur l'Ukraine.
3- Constitue-t-elle une ruse, une réplique à l'élection de D. Trump à la présidence américaine afin d'embarrasser sa politique étrangère à partir du 20 janvier ? Une réaction violente de la Russie ruinerait le projet du futur président dans la résolution du conflit.
Il est plus que d'usage qu'au cours de la période séparant élection et entrée en fonction, l'exécutif qui a perdu s'abstient de prendre toute décision qui pourrait contrevenir à l'action de son successeur et, a contrario, le futur président peut commencer à se préparer à sa prise de fonction, mais ne peut prendre aucune décision d'importance avant d'être légalement et légitimement investi.
4- Peut-on postuler le contraire ? D. Trump pouvait avoir été consulté par J. Biden afin que cette décision lui donne une plus grande liberté de manÅ“uvre pour administrer les futures tractations envisagées avec Moscou ?
Les propos de D. Trump Jr. qui semblent récuser cette hypothèse, peuvent être destinés à brouiller les cartes et préserver par avance le futur locataire de la Maison Blanche, lorsqu'il déclare, le jour même, apparemment outré : «Le complexe militaro-industriel semble s'assurer que la troisième guerre mondiale soit déclenchée avant que mon père ait eu la chance de créer la paix et sauver des vies» (@DonaldTrumpJr, D. 17 novembre 2024)
Croire qu'en Amérique, comme ailleurs, que la décision relève d'autocrates enfermés dans leur solitude, est un mythe récurrent que Hollywood et les médias exploitent abondamment. Les acteurs sont nombreux et les enjeux majeurs. Il n'y a nulle part, sauf dans les fables, de Dr Folamour. A l'exceptions des stratèges en chambres qui polluent les plateaux de télévision, les nations «dotées» n'ont pas le loisir de se passer de concertations et de garde-fous. Il y a trop d'intérêts en jeu.
5- Il est en revanche tout à fait probable que le président ukrainien n'ait pas été informé ni même consulté et invité à la prise de décision. Cela renvoie à deux réalités péremptoires :
6- Les missiles sont produits et utilisés par l'Amérique dans l'intérêt de l'Amérique.
Ils sont placés sous strict contrôle de Washington et que si ces missiles devaient être lancés, ce sera par des opérateurs américains. A la fois pour s'assurer et en garantir :
- leur bon usage et fonctionnement
- leur maintenance
- la conduite de tir et le ciblage fixé par les Etats-Unis, selon leurs critères
- le non-détournement de ces armes (comme il en est d'autres armes occidentales). La corruption règne à tous les étages en Ukraine aussi bien chez les politiques que chez les militaires. Washington en est parfaitement et exactement instruit.
- il en est de même des armes qui incorporent des pièces –matérielles ou non- américaines (cf. «Arrangement de Wassenaar»). C'est le cas des Storm-Shadow britanniques et des Scalp français dont l'emploi est lui aussi soumis au visa des Etats-Unis.3
Autre précaution : les Américains sont soucieux d'éviter que des technologies sophistiquées tombent entre les mains de leurs ennemis (et même de leurs «alliés»).
A contrario, les missiles allemands, Taurus ne sont toujours pas mis à la disposition de l'Ukraine, malgré le bellicisme entêté de l'écologiste Annalena Baerbock, la ministre des affaires étrangères allemande en rupture singulière avec les principes et objectifs fondamentaux de son parti, attaché à la défense de l'environnement et de la paix du monde. Est-ce la raison pour laquelle les Verts allemands accusent une forte impopularité ? Cela se verra sans doute de manière plus claire lors des prochaines élections avancées par le chancelier O. Scholz en février prochain.
7- Aucune arme ne suffit à modifier le sort d'une guerre.
L'ancien chef d'état-major V. Zaloujny avait tort d'affirmer (pour couvrir l'échec de la contre-offensive ukrainienne du printemps-été 2023, qui a abouti à la débâcle en cours : «il est important de comprendre que cette guerre ne peut être gagnée avec les armes de la génération passée et des méthodes dépassées». Entretien de Zaloujny accordé à The Economist. (1er novembre 2023)
C'est pour qu'ils leur servent de fusibles que les responsables qui prennent de mauvaises décisions s'entourent de subordonnés.
A la suite de quoi, le 08 février 2024 Zaloujny est limogé et aussitôt remplacé. Ce n'est pas seulement parce qu'il s'est trompé qu'il a été démis de ses fonctions. C'est aussi parce qu'il faisait de l'ombre à Zelenski qu'il est parti pantoufler à Londres (un remake inusable de la rivalité entre Foch et Clemenceau).
La durée de vie de son ambassade dépendra, cela coule de source, de celle de son président.
8- Le fantasme de la «ligne rouge».
Après l'avoir postulée et abondamment débattue, de nombreux commentateurs, politiques et experts occidentaux prétendent qu'il n'y a pas de «ligne rouge» qui pourrait faire passer le conflit de local à global avec le risque d'entraîner un conflit nucléaire généralisé.
Selon ces experts émérites, Moscou «joue sur la peur» des citoyens occidentaux et agite ce risque comme d'une arme de guerre pour peser sur les exécutifs occidentaux et leurs opinions publiques afin de réduite l'aide qu'ils apportent à un pays agressé. Le type même d'argument «infalsifiable». Vrai ? Faux ? Peut-être. En tout ça fait vendre du papier et du temps de «cerveau disponible».
Ils avancent pour preuves qu'en vérité aucune «ligne rouge» n'a donné lieu à la moindre réaction russe de nature à menacer la sécurité des pays de l'Union : les chars (légers et lourds), les Himars, les F16… «Il ne s'est rien passé», même après le bombardement de la Crimée.
Le problème de cette idée de «ligne rouge» est similaire de celle de l'«appel ‘au loup !'». On aura beau être convaincu qu'il n'arrivera pas et c'est toujours au moment où on s'y attend le moins que les ennuis arrivent. Ou pas.
«Cette décision est imprudente, dangereuse (...) avec un niveau d'implication rehaussé des Etats-Unis dans ce conflit», disait, à propos des missiles américains, le porte-parole Dmitri Peskov à des journalistes, déplorant que la Maison blanche «jette de l'huile sur le feu».
Jeudi 12 septembre dernier, le président russe Vladimir Poutine avait estimé que l'usage de missiles américains de longue portée dans le conflit qui l'oppose à l'Ukraine depuis février 2022 aboutirait de facto à «l'implication directe des Etats membres de l'Otan, des Etats-Unis et des pays européens dans la guerre en Ukraine». Cette nouvelle donne, avait-il précisé, appellerait une réponse de Moscou. (Reuters, L. 18 novembre 2024)
La réponse de Moscou n'a pas tardé.
Mardi 19 novembre 2024, au millième jour anniversaire du début du conflit armé, le président russe approuve une nouvelle doctrine nucléaire élargissant les possibilités pour la Russie de recourir à l'arme atomique, si son pays devait faire l'objet d'une attaque conventionnelle (en l'occurrence par des missiles à longue portée) soutenue par un Etat doté de l'arme nucléaire. Vladimir Poutine avait prévenu explicitement qu'une telle décision signifierait que «les pays de l'Otan sont en guerre contre la Russie».
La décision de J. Biden a un mérite.
Le conflit franchit une étape de plus pour en arriver à regarder la réalité en face : dès le départ, l'Ukraine n'était qu'un prétexte et une victime engagée par ses dirigeants qui ont impliqué leur pays dans une confrontation qui le dépasse. L'Union Européenne qui s'aligne fidèlement sur Washington, devra être tenue pour ce qu'elle est, un instrument sans réelle direction ni autonomie de décision et se révèle ainsi dans l'état où elle est depuis 1945.
Le véritable conflit oppose la Russie post-soviétique aux Etats-Unis face à la fin de la «fin de l'histoire».
Les experts occidentaux, pour tempérer les craintes des opinions publiques, défendant l'invraisemblance d'un recours russe à l'armement atomique, est qu'après Hiroshima, plus personne n'oserait le faire, car il encourrait une condamnation morale universelle et aliénerait à la Russie la sympathie de tous les pays proches de lui, notamment ceux qu'il a réunis à Kazan récemment.4
Certains insistent régulièrement, à chaque fois qu'il est question de cette éventualité, sur la position de Pékin, rétive à l'usage de l'armement nucléaire. Ils ont tout aussi régulièrement parlé d'une subordination russe à l'égard de son puissant voisin plutôt enclin à maintenir sa distance avec Moscou. Or, ce postulat a, en toute occasion, été pris en défaut. Le soutien, aujourd'hui bruyamment dénoncé par les pays occidentaux, de la Chine à la Russie apparaît sans faille. La Chine est du côté russe pour une raison élémentaire : elle défend ses intérêts aussi bien économiques que stratégiques. Elle sait que si Moscou tombe, ce sera son tour. Ce qui est vrai de Moscou, de Pékin, de New Delhi, de Brasilia, de Johannesburg… est vrai de tous les pays qui osent menacer l'hégémonie américaine sur le monde d'après 1945 et de 1990.
Chacun se rappelle le mot de Bush J. lorsqu'il avait décidé en mars 2003 l'attaque de l'Irak en dehors du droit et des lois internationales : «Celui qui n'est pas avec moi est contre moi». L'Empire interdit aux pleutres le refuge de la neutralité. Même la Confédération Helvétique l'a compris.
A l'époque, seule la France de J. Chirac, dans une configuration géopolitique singulière fugace, avait osé. Depuis, ce réflexe hérité de juin 1940 qui en réalité dépasse le cadre de la République, n'est plus que le souvenir de circonstances obsolètes…
9- Les conditions d'utilisation ou de non-utilisation des armes américaines à un niveau que Moscou tient pour gravissime au point de changer la nature du conflit, montre et confirme que la crise ukrainienne à maints égards est une affaire américaine.
Au-delà du cas de ces missiles à longue portée, le poids des Etats-Unis dans l'armement et le financement de l'Ukraine et de ses soutiens européens montre que Washington détient l'essentiel du sort de la guerre faite à la Russie.
Cela est reconnu par Kiev, mais aussi par Moscou. Tous deux ne considèrent qu'un seul interlocuteur valable : Washington.
10- Peu de pays occidentaux osent discuter le principe de l'utilisation des missiles américains contre le territoire russe.
- Le ministre des affaires étrangères italien, Antonio Tajani, a réaffirmé lundi à Bruxelles la position de l'Italie sur les armes fournies à l'Ukraine. «Notre position sur l'usage des armes par l'Ukraine ne change pas, elles ne peuvent seulement être utilisées qu'à l'intérieur du territoire ukrainien», a déclaré le ministre en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie de l'Union européenne. (Le Monde, L. 18 novembre 2024)
M. Tajani s'est, par ailleurs, déclaré «favorable à une conférence paix en présence des Russes, des Chinois, des Indiens et des Brésiliens». Ce qui revient à associer de facto les BRICS à la résolution de la crise. Aucun pays occidental n'avait jusque-là ouvert la porte à une telle hypothèse.
- La Hongrie de Viktor Orban, proche de Vladimir Poutine, a jugé lundi qu'il serait «incroyablement dangereux» que l'Ukraine use d'ATACMS.
- La Slovaquie, par la voix de son Premier ministre Robert Fico, a également fermement rejeté cette perspective. «Ce serait une escalade des tensions sans précédent, une décision compromettant l'espoir de l'ouverture de négociations de paix», dit-il dans un communiqué. (Reuters, L. 18 novembre 2024)
Ces pays sont minorés dans l'Union et inexistant vu de l'autre rive de l'Atlantique. Soit en raison de leur «insignifiance» économique et diplomatique. Soit en raison de leur «allégeance» polémique supposée à de Moscou. Inutilement offensante.
Par-delà l'Ukraine et l'Europe, le sort du monde.
Pour bien saisir la portée des événements en cours, il faudra considérer avec attention deux aspects de la crise en cours.
1- L'Europe, un théâtre d'opérations. Des spectateurs, mais pas des acteurs.
L'Europe des «pères fondateurs» était réputée mettre à l'abri le continent et ses populations des malheurs qu'il a connu en 1870, en 1914 et en 1939. Le conflit actuel se situe en Europe et pourrait remettre en cause le projet européen.
Or, l'Union est non seulement divisée, incapable de définir une stratégie et se doter des instruments nécessaires à la mettre en Å“uvre, mais sa sécurité est placée entre les mains d'un pays étranger au continent alors qu'elle serait en première ligne si le conflit dégénérait en une conflagration majeure.
L'information a été d'abord rapportée, non par le porte-parole de la Maison Blanche, mais par des médias américains (Associated Press, New York Times, Washington Post) qui l'ont diffusée à leur tour. Mardi 18 novembre aucun message officiel ne l'avait encore confirmée…
V. Zelenski s'en est réjoui amèrement, car il aurait bien voulu que cette décision fût prise plus tôt. Il espère néanmoins que les nouveaux missiles ATACMS (Army TACtical Missile System) vont transformer l'espace-temps de sa guerre. «Cela pourrait changer la donne. Plus loin l'Ukraine peut frapper, plus courte sera la guerre.» (Le Monde, L. 18 novembre 2024).
Le choix de J. Biden découle de trois circonstances :
1- Trump, le retour.
L'échec des Démocrates à se maintenir à la Maison Blanche. Pour J. Biden, cet échec a été précédé d'une double humiliation : son parti l'a obligé à renoncer à un second mandat au profit -perdu- de sa vice-présidente en juillet1. Le succès de D. Trump en 2024 qui n'a jamais reconnu sa défaite en 2022 en est une autre. Le naufrage des démocrates est aussi bien visible à l'intérieur, abandonné par leur électorat, les minorités hispaniques, afro-américaine, musulmane, ordinairement opposées aux Républicains, qu'à l'étranger où Washington est incapable d'apaiser des conflits qui confinent au génocide.
2- Plus soldats, plus de munitions, plus de soutien.
L'Ukraine est en grande difficulté militairement, politiquement, économiquement. Les désertions se multiplient. Le moral des soldats est au plus bas. Les morts au combat se multiplient. Les armées reculent sur le front au Donbass et dans la petite enclave qu'ils occupent dans l'Oblast de Koursk2. La vitesse du retrait sur toute la longueur du front est lente, kilomètre après kilomètre, village «libéré» après village «libéré», mais annonce la fin prévisible et inéluctable du conflit. Pour un objectif masqué, indéterminé.
3- L'Europe s'emmure pour tous.
Les opinions occidentales, notamment en Europe, embourbées dans des difficultés économiques, budgétaires et politiques ne manifestent plus en faveur de l'Ukraine ainsi qu'elles le faisaient au début de la crise en 2022. Mieux, elles sont majoritairement en faveur de la fin de la guerre.
Elles votent pour des partis «populistes» qui cachent à peine leur opposition au pacte atlantique et aux menaces qu'il a engendrées pour leur prospérité et leur sécurité. Les frontières se referment. Les réfugiés ukrainiens ne sont plus les bienvenus.
Escalade dangereuse.
1- Zelenski n'a qu'un slogan quotidien à la bouche depuis le 24 février 2022 : «des armes, des armes, des armes !» Et quand on les lui fournit, la réplique est invariable : «trop peu, trop tard !» Les missiles, ils les obtenus il y a longtemps, mais depuis des mois, il demandait à ce qu'on lui permet de les utiliser à sa guise, sans limite de portée. Voilà donc qu'il obtient ce qu'il a voulu.
Evidemment, toute cette opération soulève une multitude de questions : pourquoi a-t-elle été refusée jusque-là et pourquoi a-t-elle été acceptée aujourd'hui ? Les hypothèses ne manquent pas.
2- Les troupes nord-coréennes ont été médiatiquement et politiquement grossies et manipulées en prétexte pour autoriser les Ukrainiens à utiliser les missiles. D'autres observateurs ont avancé l'idée que la décision de Biden est la conséquence de l'intensification des bombardements russes sur l'Ukraine.
3- Constitue-t-elle une ruse, une réplique à l'élection de D. Trump à la présidence américaine afin d'embarrasser sa politique étrangère à partir du 20 janvier ? Une réaction violente de la Russie ruinerait le projet du futur président dans la résolution du conflit.
Il est plus que d'usage qu'au cours de la période séparant élection et entrée en fonction, l'exécutif qui a perdu s'abstient de prendre toute décision qui pourrait contrevenir à l'action de son successeur et, a contrario, le futur président peut commencer à se préparer à sa prise de fonction, mais ne peut prendre aucune décision d'importance avant d'être légalement et légitimement investi.
4- Peut-on postuler le contraire ? D. Trump pouvait avoir été consulté par J. Biden afin que cette décision lui donne une plus grande liberté de manÅ“uvre pour administrer les futures tractations envisagées avec Moscou ?
Les propos de D. Trump Jr. qui semblent récuser cette hypothèse, peuvent être destinés à brouiller les cartes et préserver par avance le futur locataire de la Maison Blanche, lorsqu'il déclare, le jour même, apparemment outré : «Le complexe militaro-industriel semble s'assurer que la troisième guerre mondiale soit déclenchée avant que mon père ait eu la chance de créer la paix et sauver des vies» (@DonaldTrumpJr, D. 17 novembre 2024)
Croire qu'en Amérique, comme ailleurs, que la décision relève d'autocrates enfermés dans leur solitude, est un mythe récurrent que Hollywood et les médias exploitent abondamment. Les acteurs sont nombreux et les enjeux majeurs. Il n'y a nulle part, sauf dans les fables, de Dr Folamour. A l'exceptions des stratèges en chambres qui polluent les plateaux de télévision, les nations «dotées» n'ont pas le loisir de se passer de concertations et de garde-fous. Il y a trop d'intérêts en jeu.
5- Il est en revanche tout à fait probable que le président ukrainien n'ait pas été informé ni même consulté et invité à la prise de décision. Cela renvoie à deux réalités péremptoires :
6- Les missiles sont produits et utilisés par l'Amérique dans l'intérêt de l'Amérique.
Ils sont placés sous strict contrôle de Washington et que si ces missiles devaient être lancés, ce sera par des opérateurs américains. A la fois pour s'assurer et en garantir :
- leur bon usage et fonctionnement
- leur maintenance
- la conduite de tir et le ciblage fixé par les Etats-Unis, selon leurs critères
- le non-détournement de ces armes (comme il en est d'autres armes occidentales). La corruption règne à tous les étages en Ukraine aussi bien chez les politiques que chez les militaires. Washington en est parfaitement et exactement instruit.
- il en est de même des armes qui incorporent des pièces –matérielles ou non- américaines (cf. «Arrangement de Wassenaar»). C'est le cas des Storm-Shadow britanniques et des Scalp français dont l'emploi est lui aussi soumis au visa des Etats-Unis.3
Autre précaution : les Américains sont soucieux d'éviter que des technologies sophistiquées tombent entre les mains de leurs ennemis (et même de leurs «alliés»).
A contrario, les missiles allemands, Taurus ne sont toujours pas mis à la disposition de l'Ukraine, malgré le bellicisme entêté de l'écologiste Annalena Baerbock, la ministre des affaires étrangères allemande en rupture singulière avec les principes et objectifs fondamentaux de son parti, attaché à la défense de l'environnement et de la paix du monde. Est-ce la raison pour laquelle les Verts allemands accusent une forte impopularité ? Cela se verra sans doute de manière plus claire lors des prochaines élections avancées par le chancelier O. Scholz en février prochain.
7- Aucune arme ne suffit à modifier le sort d'une guerre.
L'ancien chef d'état-major V. Zaloujny avait tort d'affirmer (pour couvrir l'échec de la contre-offensive ukrainienne du printemps-été 2023, qui a abouti à la débâcle en cours : «il est important de comprendre que cette guerre ne peut être gagnée avec les armes de la génération passée et des méthodes dépassées». Entretien de Zaloujny accordé à The Economist. (1er novembre 2023)
C'est pour qu'ils leur servent de fusibles que les responsables qui prennent de mauvaises décisions s'entourent de subordonnés.
A la suite de quoi, le 08 février 2024 Zaloujny est limogé et aussitôt remplacé. Ce n'est pas seulement parce qu'il s'est trompé qu'il a été démis de ses fonctions. C'est aussi parce qu'il faisait de l'ombre à Zelenski qu'il est parti pantoufler à Londres (un remake inusable de la rivalité entre Foch et Clemenceau).
La durée de vie de son ambassade dépendra, cela coule de source, de celle de son président.
8- Le fantasme de la «ligne rouge».
Après l'avoir postulée et abondamment débattue, de nombreux commentateurs, politiques et experts occidentaux prétendent qu'il n'y a pas de «ligne rouge» qui pourrait faire passer le conflit de local à global avec le risque d'entraîner un conflit nucléaire généralisé.
Selon ces experts émérites, Moscou «joue sur la peur» des citoyens occidentaux et agite ce risque comme d'une arme de guerre pour peser sur les exécutifs occidentaux et leurs opinions publiques afin de réduite l'aide qu'ils apportent à un pays agressé. Le type même d'argument «infalsifiable». Vrai ? Faux ? Peut-être. En tout ça fait vendre du papier et du temps de «cerveau disponible».
Ils avancent pour preuves qu'en vérité aucune «ligne rouge» n'a donné lieu à la moindre réaction russe de nature à menacer la sécurité des pays de l'Union : les chars (légers et lourds), les Himars, les F16… «Il ne s'est rien passé», même après le bombardement de la Crimée.
Le problème de cette idée de «ligne rouge» est similaire de celle de l'«appel ‘au loup !'». On aura beau être convaincu qu'il n'arrivera pas et c'est toujours au moment où on s'y attend le moins que les ennuis arrivent. Ou pas.
«Cette décision est imprudente, dangereuse (...) avec un niveau d'implication rehaussé des Etats-Unis dans ce conflit», disait, à propos des missiles américains, le porte-parole Dmitri Peskov à des journalistes, déplorant que la Maison blanche «jette de l'huile sur le feu».
Jeudi 12 septembre dernier, le président russe Vladimir Poutine avait estimé que l'usage de missiles américains de longue portée dans le conflit qui l'oppose à l'Ukraine depuis février 2022 aboutirait de facto à «l'implication directe des Etats membres de l'Otan, des Etats-Unis et des pays européens dans la guerre en Ukraine». Cette nouvelle donne, avait-il précisé, appellerait une réponse de Moscou. (Reuters, L. 18 novembre 2024)
La réponse de Moscou n'a pas tardé.
Mardi 19 novembre 2024, au millième jour anniversaire du début du conflit armé, le président russe approuve une nouvelle doctrine nucléaire élargissant les possibilités pour la Russie de recourir à l'arme atomique, si son pays devait faire l'objet d'une attaque conventionnelle (en l'occurrence par des missiles à longue portée) soutenue par un Etat doté de l'arme nucléaire. Vladimir Poutine avait prévenu explicitement qu'une telle décision signifierait que «les pays de l'Otan sont en guerre contre la Russie».
La décision de J. Biden a un mérite.
Le conflit franchit une étape de plus pour en arriver à regarder la réalité en face : dès le départ, l'Ukraine n'était qu'un prétexte et une victime engagée par ses dirigeants qui ont impliqué leur pays dans une confrontation qui le dépasse. L'Union Européenne qui s'aligne fidèlement sur Washington, devra être tenue pour ce qu'elle est, un instrument sans réelle direction ni autonomie de décision et se révèle ainsi dans l'état où elle est depuis 1945.
Le véritable conflit oppose la Russie post-soviétique aux Etats-Unis face à la fin de la «fin de l'histoire».
Les experts occidentaux, pour tempérer les craintes des opinions publiques, défendant l'invraisemblance d'un recours russe à l'armement atomique, est qu'après Hiroshima, plus personne n'oserait le faire, car il encourrait une condamnation morale universelle et aliénerait à la Russie la sympathie de tous les pays proches de lui, notamment ceux qu'il a réunis à Kazan récemment.4
Certains insistent régulièrement, à chaque fois qu'il est question de cette éventualité, sur la position de Pékin, rétive à l'usage de l'armement nucléaire. Ils ont tout aussi régulièrement parlé d'une subordination russe à l'égard de son puissant voisin plutôt enclin à maintenir sa distance avec Moscou. Or, ce postulat a, en toute occasion, été pris en défaut. Le soutien, aujourd'hui bruyamment dénoncé par les pays occidentaux, de la Chine à la Russie apparaît sans faille. La Chine est du côté russe pour une raison élémentaire : elle défend ses intérêts aussi bien économiques que stratégiques. Elle sait que si Moscou tombe, ce sera son tour. Ce qui est vrai de Moscou, de Pékin, de New Delhi, de Brasilia, de Johannesburg… est vrai de tous les pays qui osent menacer l'hégémonie américaine sur le monde d'après 1945 et de 1990.
Chacun se rappelle le mot de Bush J. lorsqu'il avait décidé en mars 2003 l'attaque de l'Irak en dehors du droit et des lois internationales : «Celui qui n'est pas avec moi est contre moi». L'Empire interdit aux pleutres le refuge de la neutralité. Même la Confédération Helvétique l'a compris.
A l'époque, seule la France de J. Chirac, dans une configuration géopolitique singulière fugace, avait osé. Depuis, ce réflexe hérité de juin 1940 qui en réalité dépasse le cadre de la République, n'est plus que le souvenir de circonstances obsolètes…
9- Les conditions d'utilisation ou de non-utilisation des armes américaines à un niveau que Moscou tient pour gravissime au point de changer la nature du conflit, montre et confirme que la crise ukrainienne à maints égards est une affaire américaine.
Au-delà du cas de ces missiles à longue portée, le poids des Etats-Unis dans l'armement et le financement de l'Ukraine et de ses soutiens européens montre que Washington détient l'essentiel du sort de la guerre faite à la Russie.
Cela est reconnu par Kiev, mais aussi par Moscou. Tous deux ne considèrent qu'un seul interlocuteur valable : Washington.
10- Peu de pays occidentaux osent discuter le principe de l'utilisation des missiles américains contre le territoire russe.
- Le ministre des affaires étrangères italien, Antonio Tajani, a réaffirmé lundi à Bruxelles la position de l'Italie sur les armes fournies à l'Ukraine. «Notre position sur l'usage des armes par l'Ukraine ne change pas, elles ne peuvent seulement être utilisées qu'à l'intérieur du territoire ukrainien», a déclaré le ministre en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie de l'Union européenne. (Le Monde, L. 18 novembre 2024)
M. Tajani s'est, par ailleurs, déclaré «favorable à une conférence paix en présence des Russes, des Chinois, des Indiens et des Brésiliens». Ce qui revient à associer de facto les BRICS à la résolution de la crise. Aucun pays occidental n'avait jusque-là ouvert la porte à une telle hypothèse.
- La Hongrie de Viktor Orban, proche de Vladimir Poutine, a jugé lundi qu'il serait «incroyablement dangereux» que l'Ukraine use d'ATACMS.
- La Slovaquie, par la voix de son Premier ministre Robert Fico, a également fermement rejeté cette perspective. «Ce serait une escalade des tensions sans précédent, une décision compromettant l'espoir de l'ouverture de négociations de paix», dit-il dans un communiqué. (Reuters, L. 18 novembre 2024)
Ces pays sont minorés dans l'Union et inexistant vu de l'autre rive de l'Atlantique. Soit en raison de leur «insignifiance» économique et diplomatique. Soit en raison de leur «allégeance» polémique supposée à de Moscou. Inutilement offensante.
Par-delà l'Ukraine et l'Europe, le sort du monde.
Pour bien saisir la portée des événements en cours, il faudra considérer avec attention deux aspects de la crise en cours.
1- L'Europe, un théâtre d'opérations. Des spectateurs, mais pas des acteurs.
L'Europe des «pères fondateurs» était réputée mettre à l'abri le continent et ses populations des malheurs qu'il a connu en 1870, en 1914 et en 1939. Le conflit actuel se situe en Europe et pourrait remettre en cause le projet européen.
Or, l'Union est non seulement divisée, incapable de définir une stratégie et se doter des instruments nécessaires à la mettre en Å“uvre, mais sa sécurité est placée entre les mains d'un pays étranger au continent alors qu'elle serait en première ligne si le conflit dégénérait en une conflagration majeure.
Posons un constat qui peut paraître excessivement rigoureux : L'Europe n'est pas un acteur, mais une théorie d'intérêts antagonistes sous influences. Il n'y a pas d'Europe sans les Etats-Unis qui dirigent une fiction de «coalition» dont ils déterminent unilatéralement le destin. Au fond, diraient certains cyniques (leur influence progresse aujourd'hui en Europe), le projet européen est l'Å“uvre d'un général américain destiné à l'organiser pour mieux l'asservir aux intérêts de son pays. D'autres cyniques s'en flattent et consentent à tenir l'Amérique pour le «patron du monde libre» au service duquel ils se placeraient volontiers.
Dans ces conditions, l'hypothèse actuellement agitée par des stratèges amateurs d'un retrait américain trumpien du soutien à l'Ukraine est sans crédits et sans lendemains. L'Amérique a besoin du monde et, en l'occurrence, de l'Europe. Le corollaire qui devrait préoccuper est que la réciproque n'est pas vraie.
La compensation éventuelle par l'Europe d'un tel retrait prêterait à sourire, car elle ne repose sur aucun argument crédible et vraisemblable. On le répète, l'Europe n'en a ni les moyens, ni le mode d'emploi. Au reste, dès son début, la crise ukrainienne était et demeure une affaire américaine. Les Européens ne l'ont pas créée. Ils l'ont subie et continuent de la subir.
Mieux. La plupart des dispositifs institutionnels destinés à faire de l'Europe un partenaire crédible, par exemple les décisions à la majorité qualifiée (ou impliquant un minimum de pays représentant un tiers de la population), visent en réalité à dessaisir les pouvoirs nationaux pour concentrer le pouvoir entre les mains d'une Commission dont les membres, y compris sa présidente, sont nommés et non démocratiquement désignés.
Le débat en cours sur la ratification du traité Mercosur qui met en jeu les intérêts commerciaux allemands et l'agriculture française est un exemple de ces contradictions constitutives européennes. La validation provisoire du CETA (Canada-Europe) n'est pas encore ratifiée, mais il continue, comme si de rien n'était, à être «provisoirement» en vigueur.
Un bricolage institutionnel a été imaginé pour mettre en Å“uvre une politique (commerciale, financière, étrangère…) qui n'a rien de commun à des pays divisés, instables, endettés, économiquement en difficulté en déficit budgétaire, politique et diplomatique.
2- Les tractations entre Russes et Américains sont théoriquement envisageables. Mais de nombreuses questions exigeraient réponses.
2.1- Qu'en sera-t-il de l'Ukraine, de son intégrité territoriale, de son statut de ses garanties de sécurité, voire de sa prospérité si, par exemple, son débouché sur la mer Noire est compromis.
2.2- Sous réserve que la question précédente trouve une réponse satisfaisante, peut-on imaginer un retour à l'état initial des relations entre la Russie et l'Union Européenne comme si de rien n'était ?
2.3- L'origine de la crise vient de la remise en cause de l'hégémonie mondiale américaine doublement menacée.
D'abord par la Russie qui refuse le statut qui lui a été conféré sous Boris Eltsine de puissance régionale qui disparaît de la table des Grands. Ensuite par une Chine qui ne veut plus se contenter de jouer le rôle d'«usine du monde», exploitée et polluée à loisir sous domination technologique et commerciale de transnationales occidentales qui capitalisent l'essentiel de la valeur ajoutée qui y est produite.
Le jeu de go l'a emporté sur le jeu d'échec.
Il y a plus grave et plus précis. Le jeu dépasse le cadre de relations ou de confrontations bilatérales. La crise ukrainienne serait incompréhensible hors de cet espace problématique.
La redistribution des cartes géostratégiques à l'échelle mondiale porte un nom : l'axe Berlin-Moscou-Pékin en voie de construction, le projet eurasiatique défendu très tôt par V. Poutine, qui met en relations complémentaires trois ensembles géoéconomiques d'une puissance virtuelle considérable qui marginaliserait complètement l'axe atlantique.
L'Europe de l'ouest (principalement le Royaume Uni et la France) se réduirait alors en un appendice mineur inapte coincé entre Etats-Unis et Eurasie.
Washington ne pouvait l'accepter. Ceci découle de cela.
Comment imaginer dans ces circonstances que l'arrivée de D. Trump à la Maison Blanche puisse pratiquer une politique si différente de celle du vieux roublard qu'il remplace ? Tout le reste sert à amuser la galerie.
L'autorisation donnée aux Ukrainiens (en réalité aux opérateurs américains en Ukraine) de lancer des missiles sur la Russie n'est pas un piège destiné à enfermer le nouveau président dans une transitivité déterministe et à l'empêcher de renoncer, lors de sa prise de fonctions, à la défense de l'Ukraine.
Il lui offre un atout masqué, en ce qu'il ne peut lui être imputé, pour la préservation et la continuité d'une politique qui n'a aucun égard ni pour l'Ukraine ni pour l'Europe, mais seulement au service des intérêts qui s'arrogent unilatéralement le droit de parler à partir de Pennsylvania Avenue, de Wall Street, de Arlington, du Mont Cheyennes… au nom d'une civilisation occidentale indéfinissable et incernable qui sert de fable à tous les rhéteurs assez habiles pour domestiquer les benêts consentants.5
Notes :
1. Cf. A. Benelhadj : «Le roi est mort, vive la reine. Mythologies amé ricaines». (Le Quotidien d'Oran, 25 juillet 2024)
2. Cf. A. Benelhadj : «Blitzkrieg en Russie. Du Donbass à Koursk». (Le Quotidien d'Oran, 22 aoû t 2024)
3. La stratégie nucléaire britannique est inté grée dans celle de son allié depuis les anné es 1950. On pourrait mê me en remonter l'origine au «Manhattan Project» et au pacte signé entre Roosevelt et Churchill en août 1941 au large de Terre-Neuve au moment où le Royaume Uni était seul face à l'armée du III ème Reich. Ce fut la source principale de la brouille avec le Général de Gaulle.
4. Cf. Abdelhak Benelhadj : «Les BRICS se ré unissent à Kazan» (Le Quotidien d'Oran, 24 octobre 2024)
5. Cf. Abdelhak Benelhadj : «La Ré publique, le soldat et la dé fense de l'Occident» (Le Quotidien d'Oran, 05 septembre 2024).
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Posté Le : 21/11/2024
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelhak Benelhadj
Source : www.lequotidien-oran.com