Oran - Précarité

Dans les caves d’Oran: Squatteurs volontaires, squatteurs forcés





Les bidonvilles ceinturant la ville d’Oran sont de loin ce qui rend le plus visible la crise de logement qui perdure depuis des décennies, dans la capitale de l’Ouest. Mais s’il n’y avait que cela, des dizaines de familles ont recours à d’autres solutions pour trouver où se loger, au cœur de la ville dans les cités périphériques. Ces lieux, ce sont les caves d’immeubles anciens ou récents.

Au cours de l’année 2014, le service juridique de l’OPGI aurait introduit quelque 100 dossiers au niveau de la justice pour occupation illégale de ces caves. Si le phénomène du squat concerne quelque 1.135 caves, pour certains, vivre dans une cave aujourd’hui n’a pas été le fruit d’une tentative malveillante et spéculative pour se faire octroyer un logement social alors qu’il n’y ouvre pas droit.

A St-Pierre, vieux quartier d’Oran, Mourad est un jeune homme bien d’ici, jeune marié ayant un emploi chez un privé, il va être papa sous peu. Et si ailleurs cette nouvelle de cette future naissance est synonyme de joie et d’impatience, pour le jeune homme c’est l’angoisse et l’impuissance qui dominent ses sentiments. Et pour cause, lui et sa jeune épouse, à peine les 25 ans, vivent dans une cave, humide, sans voir la lumière du jour.

Dans ce sous-sol, aux relents des égouts et des moisissures, il doit disputer l’espace avec les rats.

Accueillir un bébé dans un tel endroit, il n’y a rien de pire et de désespérant. Mourad a bien tenté de taper à toutes les portes pour évoquer sa situation de demandeur de logement: «Je n’ai pas les moyens pour louer ou m’inscrire dans les autres programmes de logement, partout où je me suis rendu je n’ai trouvé que porte fermée !».

Sa jeune épouse, elle, reste silencieuse une main sur son ventre déjà bien rond.

Avant d’occuper la cave, Mourad a sollicité l’accord des locataires de l’immeuble: «J’habitais avec ma mère, mon oncle, sa femme, en tout on était 10 personnes dans un deux-pièces!»

A Es Seddikia, on nous raconte cette autre histoire aussi pathétique que révoltante, celle d’El Hadja une vieille dame seule et aveugle qui a été la victime d’escrocs sans scrupule. Ces derniers lui ont vendu «un pas de porte» d’une cave, lui faisant croire que c’était un studio. Elle s’est retrouvée dans une cave légèrement aménagée avec un petit coin cuisine. Les tuyaux d’évacuations de l’immeuble débouchent dans cette cave qu’elle occupe encore, faute de pouvoir aller ailleurs.

D’autres histoires sont là à compter dans chaque cité, dans chaque quartier et un ancien d’ Oran que nous avons rencontré à St-Pierre nous dira: «Et encore vous n’avez pas été voir les toits, il y a aussi des familles qui vivent sur les toits, comme au Caire!»

Fayçal M.


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