Oran - TOURISME

Cap Carbon, un enjeu majeur pour conquérir Arzew



La ville d’Arzew était connue jadis pour sa pêcherie et sa corniche qui s’étale sur plusieurs kilomètres, jusqu’à la petite plage de Cap Carbon.

Quelques kilomètres avant d’y arriver, « la fontaine des gazelles », qui exhibe une succession de petites maisons érigées en bord de mer, passe presque pour un « modèle ». Autre lieu, autres mœurs. Des habitations individuelles, villas et cabanons de types coloniaux. Les premières ont poussé vers 1950, nous confiera un vieux, autour du restaurant, haut lieu de la gastronomie régionale. Le rivage se découpe en criques et plages minuscules, que des lieux fréquentés par de nombreux amateurs de pêche sous toutes ses formes. Des années plus tard, la plupart des anciens ont, peu à peu, commencé à quitter les lieux. Paradoxalement, « Fontaine des gazelles » a été victime de sa réputation de « quartier huppé », il n’a jamais fait l’objet d’un plan prioritaire, ni d’aménagement, alors que les conditions de vie y sont loin d’être idéales. Autrefois, Cap Carbon était un petit coin de paradis, avec une petite plage où les familles se donnaient à cœur joie aux plaisirs de la mer. Il y régnait une telle atmosphère de convivialité qu’un étranger avait tout le mal du monde à s’intégrer. Avec le temps, à Cap Carbon, les vieux repères se sont perdus dans l’immensité anarchique des habitations. Des bâtisses et des constructions individuelles ont poussé aux alentours, si bien que seul un œil averti distingue, dans la rupture des toits, dans une dépression en contrebas de la route, l’incroyable évidence, tout au long de la corniche, des habitations anarchiquement bâties s’accrochent encore au flanc pelé de la colline qui regarde la mer. Actuellement, les conditions d’hygiène et de salubrité sont épouvantables. La plage est complètement envahie par les algues marines. Le centre de transit, construit en 1994 pour abriter les familles dont les habitations menaçaient ruines, malgré l’opération de relogement dans le cadre de la résorption de l’habitat précaire, se trouve en bordure d’un immense terrain vague, en allant vers Sidi Moussa, devenu par la force des choses une décharge publique à ciel ouvert. Ainsi, les habitants connaissent sur le bout des doigts les règles du système « D », dans des maisons mal protégées des intempéries. Le courrier arrive quand il peut. C’est-à-dire quand le facteur titulaire n’est pas tombé malade ou n’est pas parti en vacances. L’autre centre est une ancienne base de vie laissée par les coopérants italiens venus au début des années 80 pour construire la cité des 1 500 logements d’Arzew. Cap Carbon a perdu de sa superbe, de cette splendeur qui a fait de lui, des années durant, un des lieux les plus prisés de la région.

Un paysage idyllique

De nos jours, il est tout sauf un paradis pour les touristes. Ceux qui y résident ne l’ont pas choisi, ils le subissent. Cette localité coincée au fond d’un cul-de-sac semblait vouée à l’oubli. Peu à peu, les illusions se sont effritées, au rythme du délabrement des baraques et autres cabanons désormais en dur... Car les conditions de vie n’ont jamais changé. Les eaux usées se déversent directement dans la mer, les liaisons téléphoniques y sont éphémères et les coupures électriques y sont légion. Le visiteur est vite surpris par des pancartes accrochées sur les murs et des écriteaux sur les façades des maisons indiquant que telle ou telle habitation est en vente ou en location. Cet état de fait est en lui-même significatif de la désillusion et de l’exode qui semble frapper les sédentaires de cette bourgade. Malgré quelques aménagements réalisés par les autorités locales, les riverains de cette localité font face à une multitude de problèmes. « Les fins de semaines, dira Djamel, sont un calvaire pour nous. Les consommateurs de boissons alcoolisées dépassent parfois les limites et assez souvent cela fini par des bagarres et des échauffourées interminables. La circulation automobile est l’une de nos principales préoccupations et constitue un danger permanent pour nous et nos enfants. La prolifération de débits de boissons et autres bars restaurants sur la côte attire beaucoup de clients ». Il est évident que les riverains font quotidiennement face à moult difficultés, l’absence d’infrastructures de soins, le manque de moyens de transport une fois la nuit tombée, de centre commercial, … mais le plus dramatique c’est que la ville d’Arzew, malgré son statut de ville côtière, ne dispose pas de plage digne de ce nom. En effet, son cachet de ville, susceptible d’attirer des touristes ou autres vacanciers, s’effrite chaque année un peu plus. A ce jour, aucun plan d’aménagement, ni de projet de réalisation d’une infrastructure capable d’accueillir d’éventuels vacanciers, n’est inscrit. Cependant, sa proximité avec la mer semble être une fatalité, les plages d’antan ont disparu les unes après les autres, les Sablettes, Fontaine des gazelles, etc. La corniche d’Arzew qui, rappelons-le, s’étale sur plusieurs kilomètres, avec ses spécificités et le phare d’Arzew, qui est en lui même une attraction, peut accéder à un statut de zone d’extension touristique (ZET), pour peu que la volonté y soit. En tout état de cause, les candidats aux élections locales de novembre prochain doivent intégrer cette dimension dans leurs préoccupations, sous peine de se voir refuser les suffrages des électeurs.







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