Le destin d’un petit mouillage antique, situé dans la Baie d’Oran, fondé en 902-903 par des marins andalous, dont le développement a connu, il est vrai, des discontinuités temporelles au cours de l’histoire constitue la trame de cet opuscule. Mahmoud Selim Louhibi et Saddek Benkada brossent 11 chapitres décrivant cette évolution portuaire, fortement enrichie grâce à des lectures soutenues par des récits de voyageurs et de chroniqueurs, d’historiens et de géographes, de militaires et de gestionnaires… Les plus significatifs des récits exposés sont ceux qui ont été produits durant le Moyen âge et l’Epoque moderne lorsque le port d’Oran avait connu son heure de prospérité sous le royaume des Almohades (XXIIe et XXIIIe siècles), devenant avec Ceuta, Bougie et Tunis, un des quatre grands ports de la Méditerranée occidentale, commerçant avec ceux de Valence, Marseille, Gênes, Venise… C’est aussi durant cette phase de l’histoire que le port d’Oran a fait l’objet de rivalités entre le Royaume d’Espagne et le Pouvoir Ottoman, puis entre les puissances européennes au XVIIIe siècle, en l’occurrence la France et l’Angleterre.
2La réalisation du port d’Oran, son extension et son équipement en infrastructures peuvent être suivis d’une façon régulière de la période 1832-1892 à celle de 1982-2005. Commerces, courses, guerres, sièges, batailles navales et occupations espagnoles (1509-1708 et 1732-1792) sont répertoriés et donnent de fait, une idée sur l’histoire féconde et complexe de la ville et de son port. Durant la période contemporaine, si l’accent a été mis sur les premiers programmes d’aménagement du port (jetée, quais, grues…) lors des deux premières décennies du XXe siècle, il faut tout de même souligner la place accordée par les auteurs aux luttes sociales et syndicales des dockers qui ont, de par leurs grèves et actions concrètes, visé à améliorer leurs conditions de vie et contribué à l’affermissement du Mouvement national.
3Après un passage à vide au lendemain de l’indépendance, les deux auteurs insistent sur les effets induits par le boom économique lié à la période planifiée (1970-1986) sur les activités du port d’Oran. Durant cette phase, l’analyse du Port (réalisations, fonctionnement, contraintes…) est pratiquement passée sous silence.
4Complémentaire du Port militaire voisin qu’est Mers el-Kébir, le Port d’Oran tente aujourd’hui bien difficilement de concurrencer les grands ports de la Méditerranée (Malte, Valence, Barcelone, Gênes, Marseille, Tanger…) en raison d’une politique nationale hésitante dans le domaine sectoriel du développement portuaire ; concrètement, au moment de la mondialisation des échanges, l’espace portuaire réservé au terminal de conteneurs reste encore bien réduit…
5Nous tenons à relever, d’abord la qualité de l’illustration comportant 6 cartes et 46 photos choisies, ensuite la liste appréciable de 83 références bibliographiques en ouvrages, articles, atlas, travaux universitaires… Enfin, les deux auteurs ouvrent localement, à travers ce petit ouvrage, une piste nouvelle se rapportant à l’étude de l’histoire des Entreprises nationales.
Posté Le : 22/12/2019
Posté par : wledwahran
Ecrit par : M.S. Louhibi, S. Benkada Abed Bendjelid
Source : http://journals.openedition.org/insaniyat/2567