Oran - 08- La guerre de libération


mad.benhacen@yahoo.fr


Qui parmi les spectateurs de la station d'Alger de la télévision française s'attendait, ce 17 juin 1962, à voir et à entendre le Dr Chawki Mostefai, responsable du groupe FLN de l'Exécutif provisoire faire état d'un accord entre le Front et l'OAS et qui des Algériens en ont aujourd'hui connaissance '


L'accord, confirmé le soir même par Jean- Jacques Susini, responsable politique de l'OAS, dans une émission pirate, pour autant qu'il ait pu aussi surprendre acteurs et observateurs du conflit, n'en marque pas moins une inflexion décisive dans le cours de la transition vers l'indépendance mise en place par les accords d'Evian de mars 1962. Il est pour le moins notable qu'en cinquante années d'indépendance et de polémiques récurrentes de légitimité ou portant sur tel fait ou tel acteur de la guerre d'indépendance, cet épisode, non dénué d'enjeux dans un contexte d'extrême violence, ait été à ce point scotomisé et littéralement effacé de la mémoire collective nationale. L'accord du 17 juin 1962 est-il ainsi stricto sensu un non-événement à la fois dans la liturgie patriotique instituée — dont il ne pouvait que bouleverser les postulats héroïques et populistes — mais aussi dans les élaborations académiques d'un récit national et tout autant dans les recherches — souvent d'une grande diversité — engagées y compris en France même. Dans ses mémoires, le président de l'Exécutif provisoire Abderrahmane Farès, qui avait joué un rôle de premier plan dans la conduite de ces négociations, a priori improbables, souligne que cet accord «amena le miracle de la fin immédiate de l'OAS et de la guerre d'Algérie» (1). Ce seul titre justifierait que l'on s'y intéressât et que l'on rappelât ce que fut l'OAS, ses objectifs et les conditions qui présidèrent aux négociations avec le FLN.


1- Les illusions meurtrières de l'OAS


Formellement mise sur pied en Espagne en février 1961 par un groupe d'ultras de l'Algérie française exilés ou entrés en clandestinité au lendemain de l'échec de «la semaine des barricades», l'Organisation armée secrète, OAS, s'enracine en Algérie même au lendemain de l'échec du putsch des généraux d'avril 1961 et avait vocation à fédérer civils et militaires engagés dans la défense, par tous les moyens, du maintien de l'Algérie française (2). Des assassinats ciblés de Me Popie et du commissaire Gavoury jusqu'à ceux de Château Royal où périront Mouloud Feraoun et ses compagnons, l'OAS prétend d'abord frapper «là où elle veut et quand elle veut» avant de faire sans nuance du musulman algérien — et cela comprend largement les Algériennes — l'objectif déclaré de son action. Que le but ait été de contraindre d'une part le FLN à réagir et par effet d'entraînement cheviller encore plus l'armée française aux intérêts des activistes de l'Algérie française faisait peu de doute. La stratégie de «faire basculer l'armée» se comprenait, comme l'explique sans ambages Jean- Jacques Susini, responsable politique de l'OAS : «Nous envisagions un nouveau coup de force, le putsch avait échoué, mais un autre soulèvement de l'armée pouvait réussir, pensaient les militaires. Comment, avec quels chefs et quelles unités ' Nous en discutions. Pour moi, l'atout majeur restait la mobilisation de la population, de la population en armes. Il fallait établir une passerelle entre les civils en armes, les unités territoriales pour simplifier et le reste de la population.(3) Ce rappel, d'une source aussi autorisée, remet en perspective les conduites et les responsabilités des Européens d'Algérie, principalement à Oran et dans la capitale où ils étaient fortement implantés, durant cette meurtrière séquence (4) dont témoignent aussi les journées des casseroles ou du ruban qui visaient à rendre audible et visible la réalité du soutien dont bénéficiait l'OAS. «La population était de notre côté. Nous trouvions des relais partout», précise Jean- Jacques Susini qui ajoute : «Nous étions comme un poisson dans l'eau dans la population algérienne» (5). La circulaire 29 de février 1962 du général Salan — Soleil, dans la clandestinité — codifiait ce qui allait être connu comme la politique de la terre brûlée dont l'objectif déclaré était de rendre inapplicables les accords annoncés entre le GPRA et le gouvernement français (6) et requerrait explicitement l'extrême violence de l'organisation, autrement dit des Européens engagés dans la défense de l'Algérie française. Il s'agit bien ainsi d'une guerre comme en rend compte sans ambiguïté Susini qui ciblait d'abord — ce sont ses termes — les «pro- FLN» et devait par la suite s'élargir aux éléments de l'armée française dans laquelle les civils européens en armes ou pas ont pris une part active et à divers niveaux du renseignement ou de l'action. «En mai 1962 — relève Jean-Pierre Peyroulou —, le préfet de police d'Oran Biget estimait que la sécurité publique, les renseignements généraux, la police de l'air et des frontières, ainsi que la police judiciaire composées à 90% de pieds-noirs étaient inutilisables pour le maintien de l'ordre» (7). Toutes les cibles visées lors de l'expédition punitive montée par le Commandant Azzeddine et les hommes de la Zone autonome d'Alger le 14 mai 1962 étaient des civils en armes connus comme tueurs de l'OAS (8). S'il est, sans surprise, controversé le bilan des opérations de l'OAS — qui aurait fait, selon le préfet de police d'Alger Vitalis Cros, trois fois plus de victimes que le FLN entre 1956 et mai 1962 — pour les seuls deux mois de mars à mai 1962, s'établit à ce niveau insoutenable de mille six cent cinquante- huit tués et cinq mille cent quarantehuit blessés dont quatre vingt cinq pour cent (85 %) de musulmans selon une source du commandement militaire.


2- Les voies improbables d'une négociation


Si l'OAS pouvait sans conteste se prévaloir du soutien d'une large part des Européens d'Algérie — y compris dans les services publics et l'administration — sa capacité de nuisance et de négociation était jour après jour affaiblie à la fois par le poids de dissensions internes et par le démantèlement progressif de sa direction — notamment l'arrestation de Salan — mais de manière plus déterminante par le nouveau contexte politique né des accords d'Evian. Susini prend acte du délitement de l'organisation et fait le constat que les Européens d'Algérie devaient faire le deuil de l'Algérie française et au terme de réflexion estime qu'il fallait «changer d'axe. Prendre langue avec l'aile modérée du FLN pour tenter d'obtenir des garanties en faveur des Européens qui décideraient de rester en Algérie» (9), mais l'initiative de la prise de contact est celle de Abderrahmane Farès, président de l'Exécutif provisoire, convaincu que «la seule solution — au climat de violence qui prévaut — est de rencontrer Susini» (10) qui fait passer le message par ses réseaux d'amitié. La première rencontre, le 18 mai, dans l'appréhension et la tension, a lieu dans une ferme de l'Alma où Farès se rend seul et sans protection. Susini parle de garanties pour les Européens, Farès explique que celles-ci sont largement assurées par les accords d'Evian y compris l'amnistie des faits liés à la guerre. La président de l'Exécutif provisoire, après s'être assuré que Susini parlait bien au nom de l'OAS, évoque une trêve comme signe d'apaisement — Susini appellera effectivement à la suspension des opérations — et s'engage à informer rapidement le GPRA de la rencontre et de son contenu. Son émissaire Boutaleb arrive à Tunis à l'heure où toute la direction du FLN était réunie en congrès à Tripoli et en dépit du contretemps une seconde rencontre au domicile de Jacques Chevalier à laquelle prend aussi part le colonel Gardes. L'OAS qui s'interroge sur la sincérité de Farès choisit de mettre la pression sur les Algériens et le colonel Godard fait savoir que des opérations sont envisagées pour faire sauter les égouts d'Alger et agite la menace d'un bombardement de La Casbah et de Belcourt. Le 7 juin, Farès en compagnie de Benteftifa et du Dr Chawki Mostefai, dûment informé des tractations secrètes, se rend à Tripoli où il fait adouber sa démarche par Ben Bella. «Au point où on en est, il ne peut être question d'un accord écrit. Trouvez une formule orale. L'essentiel est que le référendum puisse se tenir» (11) les instruit ce dernier, puis à Tunis où il rend compte au président Benkhedda. Mostefai est officiellement mandaté pour poursuivre les négociations et le président du GPRA confirme aux deux responsables que la position exprimée par Ben Bella, à savoir négocier mais pas d'écrit, est bien tout à fait celle du GPRA. Dans un témoignage rendu public à la fin des années quatre-vingt-dix, le Dr Mostefai est bien plus précis que Farès sur les atermoiements des deux clans qui se disputent le contrôle du GPRA dont il ressort que l'assentiment à la poursuite des contacts avec l'OAS — une première fois interrompus sur injonction du président du GPRA — obtenu du bout des lèvres ne présageait en rien de la lecture qui en serait faite plus tard. Les membres de l'Exécutif provisoire rentrent à Alger avec une idée plus précise des dissensions au sein de la direction du Front et le sentiment de l'urgence dans la conduite des négociations. L'ultime rencontre, en présence du Dr Mostefai, se tient dans l'après-midi du 15 juin au domicile de Tine. Le représentant du FLN précise d'entrée qu'il ne pouvait y avoir d'accord FLN/OAS dès lors que les accords d'Evian avaient réglé toutes les garanties exigées par le gouvernement français mais il s'engage à faire une déclaration radio-télévisée confirmant toutes les assurances sollicitées. Susini, qui ferait une déclaration publique, donne son accord à la démarche suggérée par les plénipotentiaires algériens. Les deux parties conviennent que les textes des déclarations seront soumis à approbation par chacune d'entre elles. Un épisode inédit prenait ainsi fin qui allait se rajouter aux lourds contentieux spectaculairement révélés par la réunion de Tripoli au sein de la direction du FLN. Relevant les faux-fuyants des uns, les calculs des autres, Ali Haroun note que : «Dans une atmosphère délétère, prélude aux funestes événements qu'allait vivre l'Algérie, une fois éteints les lampions de l'indépendance, aucune voix ne pouvait soutenir les efforts conjugués du Dr Mostefai et du président de l'Exécutif, soucieux avant tout de préserver au mieux le potentiel du pays déjà saigné par sept années et demie d'une guerre atroce.» (12) L'accord FLN/OAS sera, sans surprise, convoqué dans les luttes de pouvoir, désormais à visage découvert, et conduit les trois responsables de l'Exécutif provisoire à déposer leur démission le 27 juin. Pour autant qu'il visait, du point de vue de l'OAS, à garantir la présence et les droits des Européens dans l'Algérie indépendante en devenir, cet accord aura rapidement été vidé de son contenu par ce qu'il est convenu de désigner comme «l'exode» des Français d'Algérie vers la France. Pourquoi alors y revenir dès lors qu'il n'impactera pratiquement pas la tenue du référendum du 1er juillet et principalement le contenu de l'indépendance algérienne ' La raison la moins discutable est historienne car enfin cet accord fait partie de l'ensemble de l'entreprise de libération nationale conduite par le FLN et qu'un demi-siècle après la consécration de l'objectif de l'indépendance la seule sanction désormais légitime du passé est celle de connaissance qui attend encore, dans notre pays, la levée des peurs et des interdits. Sur un autre registre, il ne peut échapper à l'observation que la situation et les positions des Européens d'Algérie au cours de la guerre d'indépendance algérienne continuent de faire l'objet de manipulations, de mensonges et d'approximations qui, en l'absence de mises au point précises du côté algérien, ont acquis d'une part une capacité d'impact sur les débats franco-français — ouvrant droit notamment à un cours clairement révisionniste au sein de la recherche française — et constituent d'autre part une hypothèque à laquelle les dirigeants français se sont objectivement résignés dans leur appréciation des relations entre les deux Etats. La loi du 23 février 2005 — prônant la reconnaissance et l'enseignement des aspects positifs de la colonisation — en offre l'exacte illustration alors que la commémoration du cinquantenaire en France avait vu se dresser — à Nice, Evian, Nîmes, Marseille, entre autres — les oppositions parfois violentes d'organisations dites de «rapatriés» souvent soutenues par les élus de l'ancien parti présidentiel UMP alors que les plus virulentes d'entre elles travaillent activement — c'est notamment le cas à Perpignan — à une claire réhabilitation des figures de l'OAS dans l'espace public français. La spectaculaire décoration, par le président français sortant, d'Hélie de Saint Marc, officier putschiste d'avril 61 condamné par la justice française, appelle toute l'attention sur ce qui ne s'inscrit plus sur le seul registre d'une «guerre des mémoires».


3- Une construction victimaire : «les rapatriés»


L'accord du 17 juin 1962, qui à l'exigence formelle du FLN ne devait supporter qu'une déclaration publique dès lors qu'il ne pouvait contrevenir à la lettre et à l'esprit des accords d'Evian, demeure un marqueur important des conduites des Européens d'Algérie d'abord en ce sens qu'il scelle sans ambiguïté la fin formelle de l'Algérie française. L'OAS reconnaissant en effet la réalité d'une République algérienne s'attachait à négocier les termes d'une représentation de la communauté européenne dans les institutions du nouvel Etat. L'accord aura été, sur le terrain, impuissant à juguler la stratégie de départ à laquelle se ralliait un nombre de plus en plus important d'Européens alors que l'interdit qu'avait expressément fait peser l'OAS sur toute forme de sortie d'Algérie n'avait plus d'effet dissuasif. Il importe de relever que les conditions dans lesquelles les Européens d'Algérie avaient fait le choix de quitter une Algérie qui n'était plus française procédaient principalement de mouvements internes à la communauté et qu'en tout état de cause ce choix ne s'est pas effectué sous la contrainte d'un FLN — par ailleurs réputé militairement défait — ni de violences directes de la part des musulmans algériens. Déclinant les divers motifs du départ massif des Européens d'Algérie, le journaliste Pierre Daum retenant en particulier la peur des représailles en raison de l'engagement dans les rangs de l'OAS relève : «Pourtant une grande majorité d'Algériens n'a pas manifesté d'esprit de vengeance et leur étonnement était grand au moment du départ en masse des Européens.» (13) Ces départs se sont échelonnés sur plusieurs mois au cours de l'année 1962 et on sait désormais, avec la publication de l'ouvrage de Pierre Daum(14), que d'une part ils n'avaient pas concerné la totalité des Européens d'Algérie — quelques deux cent mille feront le choix de rester —et que d'autre part et en dépit du contexte politique algérien particulièrement difficile, il n'y eut aucune violence visant les Européens dans le pays. L'attention peut être recommandée, dans les entretiens d'un grand intérêt de l'auteur avec ces «pieds-noirs» qui sont restés en Algérie, sur le cas de cet héritier d'une grande entreprise de transport de Blida, engagé dans les rangs des forces spéciales françaises, ayant combattu les armes à la main les maquisards de l'ALN et qui finira cadre supérieur dans les institutions de l'Etat algérien indépendant. La littérature, y compris celle des historiens, reconduit cependant sans plus d'examen la thèse du «million d'Européens» contraint à «l'exode», sans qu'il soit clairement rappelé que le choix du départ — qui n'est pas dénué de fondements politiques — s'inscrivait tout à fait en contrechamp des engagements des négociateurs d'Evian et il est utile de rappeler que cette question, celle des garanties reconnues aux Européens d'Algérie, aura été l'une des pierres d'achoppement des négociations entre le gouvernement français et le GPRA et une lecture, même rapide, des accords d'Evian suffira à faire justice de la position algérienne. Il est même justifié de soutenir que l'hypothèse d'un départ massif des Européens n'aura pas réellement retenu les négociateurs du GPRA. «A l'époque, nous avions tous les deux — négociateurs algériens et français — estimé au minimum à 600 000 le nombre des Français qui resteront. Les évènements nous ont démentis», rapporte Lakhdar Bentobbal, ministre de l'Intérieur du GPRA. (15) Dit plus simplement, le FLN n'a ni imposé ni accéléré le départ des Européens d'Algérie qui renvoyait moins à une stratégie «d'épuration ethnique » aujourd'hui imputée plus ou moins explicitement aux dirigeants algériens qu'aux choix politiques des Européens d'Algérie au cours de la guerre et notamment dans la séquence meurtrière de l'OAS. Un courant particulier de la recherche en France s'attache depuis quelques années à légitimer la reconstruction victimaire des «rapatriés» en effaçant sans autre forme de procès la responsabilité des uns et des autres dans le cours de la guerre. Sans doute serait-il injuste et inapproprié de tenir, sans distinction, toute la communauté des Européens d'Algérie pour partie prenante des crimes de l'OAS mais le fait est que ceux qui s'en démarquèrent ne furent pas suffisamment nombreux pour peser sur le destin collectif. Hommes en armes et en guerre, ils demeurent ainsi éligibles aux lectures admises des conflits et en l'espèce figurent-ils bien dans les rangs des vaincus de la guerre d'indépendance et en aucune manière dans la catégorie des victimes. Les images récurrentes — assurément pathétiques — de files dans les ports et les aéroports ne disent pas tout et sur tout le monde et masquent sous l'émotionnel ce qui relève sans ambiguïté d'une fin de guerre. Il s'agit bien, pour l'essentiel, du cortège des vaincus. Cette position doit être assumée — Susini pour sa part revendique sans ambiguïté ses engagements — et non plus masquée par une construction victimaire qui sature, dans la complaisance et les calculs politiciens, l'espace public français depuis des décennies. En la matière, les victimes sont celles du terrorisme aveugle de l'OAS niées en France et facilement oubliées en Algérie et le rappel de leurs mémoires devrait mettre le sang sur les mains qu'il faut et réserver la compassion à ceux qui y ont droit. Cinquante années après l'accord du 17 juin — dont la singularité tient aussi au fait que ce soit la seule négociation formelle entre représentants des autochtones musulmans et ceux des communautés migrantes européennes en plus d'un siècle de colonisation — aucun éclairage n'est venu, du côté algérien, informer la réflexion ou réactiver les mémoires sur les rapports entre communautés d'une part et plus précisément sur leurs positions et leurs responsabilités durant la guerre d'indépendance. Comme si Alger n'avait pas encore appris que le silence ne pouvait indéfiniment apprivoiser l'histoire. De l'autre côté de la mer, les anciens de l'OAS qui s'en revendiquent et dressent des stèles, les harkis — sans doute aucun stigmatisés et ostracisés par la République française mais dont il faut bien rappeler que l'histoire violente ne peut se réduire aux chiffres fantaisistes de massacres de 1962 — continuent de figurer les victimes d'un fanatisme algérien sans cesse remis au goût du jour. En juin 1998, dans un échange avec le Dr Mostefai, le président Benkhedda écrit : «En fin de compte, je me dois malgré tout de rendre hommage aux frères du groupe FLN de l'Exécutif provisoire pour avoir conclu l'accord avec l'OAS. L'histoire leur a donné raison. Ils ont sauvé la population d'Alger d'un bain de sang et évité à la capitale algérienne des destructions massives et ruineuses. La nation leur en saura gré.» (16) «C'est à toi en premier lieu que la nation devrait être reconnaissante puisque sans ton accord, l'opération n'aurait jamais eu lieu», observant que «l'hommage aux frères de l'Exécutif provisoire» aurait plus de sens en juin 62. (17)


A. M.


NOTES


1-Farès (Abderahmane) : «La cruelle vérité» Casbah Editions-Alger 2000.


2-Dard (Olivier) : Voyage au cœur de l'OAS» Perrin Editions Paris 2005.


3- Legendre(Bertrand) «Confessions du N° 2 de l'OAS».


4-Dard op cité


5-Legendre op cité


6-Dard op cité


7- Peyroulou (Jean-Pierre) «Guelma,1945» Editions La Découverte Paris 2009.


8-Dard op cité.


9-Legendre op cité.


10 Farès op cité.


11- Cdt Azzeddine : «Et Alger ne brûla pas» ENAG Editions Alger 1997.


12- Haroun (Ali) «L'été de la discorde» Casbah Editions Alger 2000.


13 Daum (Pierre) «Ni valise ni cercueil» Editions Acte Sud Paris 2012.


14 Daum op cité.


15 Daum op cité.


16 : Dr Mostefai (Chawki) Dans les coulisses de l'indépendance Témoignage.


17 Dr Mostefai (Chawki) op cité.


LES PROTAGONISTES


Abderrahmane Farès


Notaire, ancien élu au Conseil général d'Alger, ancien président de l'Assemblée algérienne. Placé à le tête de l'Exécutif provisoire chargé de la transition aux termes des accords d'Evian. C'est lui qui prend l'initiative des premiers contacts avec Susini.


Dr Chawki Mostefai


Militant indépendantiste, membre du comité central du MTLD. Il représente le FLN à Tunis puis à Rabat avant d'être désigné à la tête du groupe FLN de l'Exécutif provisoire. Il lui revient de rendre publics, sur les ondes de la radio et de la télévision, les termes de l'accord FLN-OAS.


Jean-Jacques Susini


Etudiant en médecine, milite dans les rangs des syndicats ultras en France avant de revenir à Alger. Condamné pour sa participation à la semaine des barricades, réfugié en Espagne, il prend part à la création de l'OAS en janvier 1951. Chargé de l'agitation-propagande dans l'organigramme de l'organisation, proche du général Salan ; il est considéré comme le premier responsable politique de l'OAS. Conduit les négociations avec les représentants du FLN et donne lecture de l'accord lors d'une émission radio pirate le 17 juin.


Jacques Chevalier


Ancien maire d'Alger, considéré comme l'une des figures libérales de la communauté européenne, il avait associé des élus du MTLD à son conseil municipal. Ancien ministre dans le gouvernement Mendès France, il joue un rôle de médiateur dans les négociations FLN-OAS qui se déroulent, en partie, dans son bordj d'El-Biar.


Jean-Marie Tiné


Entrepreneur, proche de Jacques Chevalier, il met sa villa à la disposition des négociateurs le 15 juin et prend part à la rencontre décisive.


La déclaration du Dr Mostefai


«Je sais le désarroi dans lequel vous êtes. Vous vous posez des questions sur votre avenir dans ce pays, sur votre sécurité, sur le respect de votre personnalité et de votre dignité d'hommes. Ces sentiments ont été exprimés par des dirigeants des organisations syndicales et professionnelles, et en particulier par les dirigeants de l'OAS avec lesquels nous nous sommes entretenus. Et si j'ai participé à cet entretien c'est parce que son utilité a été reconnue par les dirigeants algériens dont vous entendez recevoir les assurances nécessaires. »


La déclaration de Jean-Jacques Susini


«Au nom du haut commandement de l'armée secrète, Jean-Jacques Susini vous parle. Algériens musulmans et européens, depuis la conclusion de l'accord du 17 juin entre le FLN et l'armée secrète, vous attendez, par delà des paroles d'espoir, de solides raisons d'espérer. Certes, vous avez souscrit aux paroles d'apaisement de part et d'autre mais pour reprendre confiance, les assurances positives vous manquaient encore. Ces assurances commencent aujourd'hui à être données. Les accords du 17 juin entrent progressivement en application. Les internés administratifs ont été libérés. Le recrutement d'une première phalange de 225 ATO européens a été décidé par l'Exécutif provisoire. Cette mesure inaugure la participation des Européens au maintien de l'ordre et constitue un premier gage de sécurité pour les Algériens d'origine européenne mais leur donne l'occasion de manifester leur loyalisme vis-à-vis de l'ensemble du peuple algérien. Un premier pas a donc été fait dans la réalisation des accords conclus. Dans ces conditions, le haut commandement de l'armée secrète vous invite, européens d'Algérie, à reprendre confiance et à répondre à l'appel que le général Salan vient de nous adresser à tous.»


@Ouldbrahame yacine: Ce n'est pas en injuriant l'autre que l'on affirme la Vérité! Tout ce que j'ai dit dans mon mail est certifié par les coupures de journaux, les photos, les archives. A Oran, les autorités en place le 5 juillet ont reconnu ces exactions, ces égorgements, en les mettant sur le compte d'"éléments incontrôlés". Quant à affirmer que les biens des Européens ont été respectés, c'est une belle plaisanterie. N'avez vous jamais entendu nparler de la nationalisation des fermes, de la réquisition des logements et des occupations sans titre ? Pourquoi le cadastre pos-t-il un problème encore aujourd'hui en Algérie? Parce que la majorité des occupants de maison de cette époque là, ont forcé les serrures, et sans aucun titre, ont occupé les biens des Européens. Mon père, parti en juillet 62, est revenu en octobre et a trouvé notre maison, totalement meublée, occupée par un "chef"local du FLN qui lui a fait comprendre qu'il valait mieux ne pas insister pour récupérer le logement sinon...
Cazuela Jean - Marignane, Algérie

19/07/2012 - 36232

Commentaires

Bonjour Monsieur Cazuela! A la lecture de votre message, j'ai tout de suite compris que vous colportez des commérages. Mais, la vérité c'est que 99,99 % des enlèvements et des égorgements dont vous parlez sont l'oeuvre de l'OAS et des HARKIS. Je vous parle en connaissance de cause. La veille de l'indépendance j'ai été kidnappé par les harkis du tristement célèbre sergent belgacem et, lorsque j'allais être introduit à l'abattage où il y avait une boucherie, j'ai commencé à hurler et des femmes qui n'étaient pas très loin avaient entendu mon crie qui ressemblait à la mort ont hurlées avec moi jusqu'à l'arrivée des ATO commandaient par des militaires français. Sachez qu'aucuns des petites gens que nous étions et que nous sommes toujours, malgré le racisme avéré de la majorité, nous n'avions jamais souhaité le départ des Européens. La preuve, presque personne n'a touché à leurs biens. Pourtant, nous habitions des taudis et lorsque les services de je ne sais quelle organisation ont voulu nous déménagés, nous avions tous refusés. Si vous nous disiez que des calculateurs se sont enrichis de parts et d'autres ont souhaités que leurs départs feraient leurs affaires je vous croirais et, si vous nous disiez aussi que certains ayant l'esprit conquérant ont refusé d'être égal au bougnoul, là aussi je vous croirais, d'autres racistes avérés, ont réservés des plages avec un écriteau, interdit aux chiens et aux arabes. Meme cherif hamia l'ancien champion de boxe qui a élevé très haut les couleurs de la france n'a pas été admis à entrer, ça c'est la vérité, facile à vérifier et vous pouvez vérifier que c'était un véritable apartheid. Et, vous savez comment ils appelaient nos femmes : la fatma et, à l'école lorsque le maître nous disaient d'aider notre maman à la maison, leurs enfants criés à l'unisson : à la boniche. Je n'oublierais jamais cette image, lorsque le maître qui était un humaniste a rougi et leur a fait des remontrances.Alors, svp! ce n'est pas avec des commérages qu'on fait l'histoire/
OULDBRAHAM YACINE - Retraité - alger, Algérie

17/07/2012 - 36097

Commentaires

Ce très long texte avec ses inévitables digressions comporte quelques affirmations mensongères énormes. Prétendre que le FLN n'a mené aucune action violente dans le but de pousser au départ les Européens relève d'une grossière propagande. N'avez-vous jamais entendu arler des 3ou 4000 enlèvements intervenus après le 19 mars et jusqu'en octobre 62 ? N'avez-vous jamais entendu parler des enlèvements et égorgements du 5 juillet à Oran, avec sa liste macabre de plus d'un millier de victimes. La référence à l'ouvrage de propagande de M.Daum pourrait être complétée par celle du livre sorti toiut récemment de J.J. Jordi: 'les disparus, un silence d'Etat" ou du documentaire que la chaine Histoire vient de diffuser sur le même sujet. Travestir la vérité est une bien petite manoeuvre...
Cazuela Jean - agent commercial - Marignane, France

16/06/2012 - 34267

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