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EVOCATION ISABELLE EBERHARDT



EVOCATION ISABELLE EBERHARDT
C’EST COMME REPORTER ET DANS LE VOYAGE QUE CETTE APATRIDE AUTODIDACTE « CONNU » DES FAMILLES, DES FOYERS ET DES FEUX DE BIVOUAC QUI RESTERONT DANS SON SOUVENIR »… MALGRE L’IMPREGNATION PERNICIEUSE DU MILIEU COLONIAL, ISABELLE EBERHARDT A SU SEPARER LE JUSTE DU MAL.

C’est surtout en 1983 et 1991 que les ouvrages d’Isabelle Eberhardt et les publications à son propos – sans compter les traductions et les rééditions – se bousculent dans les librairies. Les journées d’étude au sujet de ce personnage de légende sont devenues, depuis, des rendez-vous littéraires. Deux productions cinématographiques ont vu le jour, tout à l’honneur de cet écrivain différent de tous les autres. Née le 17 février 1877 à Genève, elle deviendra le reporter de guerre nommé « Si Mahmoud », chevauchant à travers le petit sud algérien, et refusera de collaborer avec l’armée française. Perçue comme une « réfractaire », elle remplira avec conscience son rôle d’envoyé spécial à Ain-Sefra. Ses œuvres sont littéraires, même si une fois décédée, elles deviennent la proie de récupérations de toutes sortes. Evocation de cette femme hors du commun, morte lors de l’inondation d’Ain-Sefra le 21 octobre 1904.

ISABELLE EBERHARDT est un de ces personnages à la fois universels et uniques. Elle a aimé le peuple algérien, a embrassé sa religion et l’a soutenu dans sa lutte anticoloniale par sa plume précise et chaleureuse, en sa qualité de romancière et de reporter aux journaux l’Akhbar et la Dépêche algérienne.

Nous avons conservé de cette personnalité le souvenir brûlant, passionné, rêveur d’ « A l’ombre chaude de l’Islam et des Journaliers ». Ses œuvres sont la plus vive image de la physionomie mystérieuse de l’être qui a su vivre la vie affective de ces « hamadas » du Sud qui savent si bien prendre un être qui a parfois manqué d’affection.

Elle repose maintenant au cimetière musulman de « Sidi Boudjemâa », à Ain-Sefra, sur cette terre d’Algérie qu’elle a tant chérie pendant les quelques années que la vie tourmentée qu’elle a eue, lui a laissées pour pourvoir mieux aimer les pauvres musulmans.

Isabelle Eberhardt, dite « Si Mahmoud », restera légendaire dans ce pays, l’Algérie qu’elle aime de tout son être.

Isabelle Wilhelmine Marie Eberhardt est née le samedi 17 Février 1877 à Genève d’une aristocrate russe, Natalia Nicolaiva de Morder, et d’un père à l’identité controversée que personne n’a pu résoudre. Mme de Morder, éprise par la personnalité du précepteur de ses enfants Alexandre Trophimowsky, s’enfuit à Genève avec lui. C’est dans cette dernière ville que naquit Isabelle, que, dans la capitale du sud oranais Ain-Sefra on a nommée « Si Mahmoud ». Isabelle a une jeunesse très dure, élevée un peu comme un garçon par Trophimowsky, particulièrement hostile à la coquetterie ; il lui interdit toute manifestation de féminité. C’est grâce à lui qu’elle acquiert ses premières connaissances en arabe, langue qu’elle perfectionne durant son premier séjour en Algérie en 1897.

Elle maîtrise aussi plusieurs langues, le russe, l’italien, l’allemand et le français. Elle a une bonne culture en histoire et en géographie et possède des connaissances en philosophie. Son niveau d’instruction doit être appréciable puisqu’on sait qu’en 1896 elle suit des cours de médecine à l’université de Genève. Elle consacre ses loisirs au dessin et à la peinture. Trophimowsky lui apprend aussi à monter à cheval et, plus tard, elle prouve ses qualités de cavalière. Très tôt, elle lit des romans de Loti, Dostoïevski, Zola et Chateaubriand ... Par ses lectures, elle s’éprend très vite de l’Afrique ; elle part pour Annaba avec sa mère, elle se trouve émerveillée par cette ville et la vie affective des musulmans. Elle se passionne pour l’Islam et s’y convertit avec sa mère qui meurt peu de temps après et est enterrée dans le cimetière musulman de Annaba.

Une dangereuse agitatrice pour les colons de Ténès.

En août 1900, elle reçoit l’initiation à la confrérie Kadirya. Elle épouse Slimane Ehnni, musulman très pieux, suivant les rites de l’islam. Peu de temps après leur union, elle est victime d’une tentative d’assassinat le 29 janvier 1901 par le jeune Abdallah, à Behima (El Oued). Plus tard, l’agresseur passera devant le tribunal et déclarera l’avoir seulement frappée. Il est condamné aux travaux forcés et Isabelle, est, quant à elle, signifiée d’un arrêté d’expulsion en tant que sujet russe.

Par le fait de cet arrêté, Isabelle doit rejoindre la France. Elle se réfugie chez son frère Augustin à Marseille. Elle vit dans cette ville très misérablement, de la façon la plus pénible et la plus humiliante qui soit, en gagnant sa vie à décharger des bateaux sur les quais de La Joliette, comme portefaix.

Slimane Ehnni lui obtient la faveur d’une mutation dans un régiment de spahis à Marseille. Pour pouvoir rejoindre l’Algérie, Isabelle l’épouse une seconde fois, mais suivant la coutume européenne à la mairie de Marseille le 17 octobre 1901. Par le fait de ce mariage, elle prend la nationalité française. Quand Slimane Ehnni quitte l’armée en 1902, ils repartent en Algérie. Ils débarquent à Alger et trouvent une toute petite pièce chez un Israélite. C’est d’ailleurs ce logis qu’elle appellera « Eden Messeria ». Son maigre salaire arrive à les faire vivre. Dès lors, Isabelle entreprend à apprendre à lire et à écrire à Slimane qui, par la suite, obtient un emploi de Khodja (Secrétaire interprète) à la commune mixte de Ténès. Elle subira des humiliations de la part des colons qui la traitent de « dangereuse agitatrice » (Scandale électoral à Ténès). La vie quotidienne devient insupportable pour les Ehnni, épiés nuit et jour par des colons surexcités.

Isabelle quitte Ténès avec son mari pour Sétif (à Colbert). Peu après, Victor Barrucand, futur éditeur de ses œuvres, lui offre de partir en qualité de Reporter dans le sud oranais. La voilà donc de nouveau sur les pistes à chevaucher. Elle dira d’ailleurs : « Voyager, ce n’est pas penser, mais voir se succéder les choses, avoir le sens de la vie dans la mesure de l’espace, un esprit calme et vital qui fut celui de toutes les races humaines et qui s’éternise encore auprès de nous dans le sang des nomades. » Elle dira aussi : « Comme cela, j’ai connu des familles, des foyers et des feux de bivouac qui resteront dans mon souvenir. »

Isabelle, sous le pseudonyme de Si Mahmoud, arrive à Ain-Sefra comme reporter pour le compte de l’Akhbar, à la suite des évènements sur les razzias du Ksar de Sfissifa, le siège de Taghit, et l’affaire d’El Moungar (Insurrection du Cheikh Bouamama).

A Ain-Sefra, Isabelle fait connaissance du général Lyautey. Il lui demande de collaborer, mais elle refuse. Elle est traitée par celui-ci, dans ses écrits, de « réfractaire ». Le lauréat du grand prix littéraire de l’Algérie, Gabriel Audisio, en 1925, parlant des romancières algériennes dans le livre d’histoire Visages de l’Algérie, la traite « d’espionne ou d’insurgée », mais la question est toujours posée : « Espionne au profit de qui ? Sûrement pas au service de la France, sinon comment expliquer son absence de l’Encyclopédie Larousse, au côté de son éditeur Victor Barrucand. »

Elle prie à la Zaouïa de Kenadsa.

Emerveillée par Ain-Sefra, qu’elle décrit d’ailleurs dans « A l’ombre chaude de l’Islam », avec beaucoup de passion même, parfois avec des phrases brusques, elle séjournera quelques jours aux pieds des dunes d’or.

Elle remplit avec conscience son rôle d’envoyé spécial et interviewe les blessés d’El Moungar, en donnant quelques détails sur les circonstances de la bataille ; elle s’attarde surtout à expliquer l’état d’esprit des troupes. Voilà la thèse officielle qu’elle donne : « C’était le bled d’El baroud (Le pays de la poudre). Ces attaques n’étaient que le moyen de s’opposer ou de se défendre contre la mainmise coloniale. »

Elle rencontre le journaliste Jean Rodès, envoyé du « Matin » à Ain-Sefra. Tous les journaux d’Algérie et de France publient articles, reportages ou témoignages sur la défaite d’El Moungar qui a eu un retentissement international. En sa qualité de journaliste, elle obtient du commandement militaire l’autorisation pour aller séjourner quelque temps dans la zaouïa de Kenadsa. Elle rencontre le muqaddem de la confrérie des Zianya, Sidi Brahim Bencheikh. Elle séjourne dans cette zaouïa pendant deux mois (Juin et Juillet). Elle y médite et prie. De retour à Béni-Ounif, elle est atteinte par la maladie palustre (Paludisme) qui s’est répandue dans la région. Elle est terrassée par la douleur et la fièvre, elle rejoint Ain-Séfra pour entrer à l’hôpital. Elle est hospitalisée durant quinze jours.

Un témoin raconte l’inondation d’Ain-Sefra.

Le 21 Octobre, jour de la catastrophe, le matin à 9 heures, elle descend de l’hôpital quelle vient de quitter pour rejoindre son mari qui vient d’arriver à Ain-Sefra.

Kohn Richard témoigne :

« Isabelle a quitté l’hôpital le 21 au matin, vers neuf heures. Elle aurait retardé d’une heure sa descente de l’hôpital qu’elle échappait à son destin funeste. Mais, comme on dit, quand on est marqué par la mort, il n’y a rien à faire pour la tromper. Je commençais à prendre mon repas quand le fourrier, alors debout près de la porte restée ouverte m’appela : « Kohn, viens donc voir ça, bon Dieu que c’est curieux. Dépêche-toi ! Parole, tout le patelin en bas se couvre d’eau et écoute ce tapage ! ». Je le rejoins au plus vite et m’exclame (…). Un torrent jaune avec d’énormes bouillons d’eau se précipite dans le ravin de l’oued entre la ville et le camp, il charrie à grands fracas des tas de saloperies, des arbres, des zéribas. Voilà que l’eau envahit les quartiers, où je m’étais rendu tout à l’heure, comme un fleuve plein de rapides et de remous qui tourbillonne et s’élargit en montant, et les communications se trouvent coupées avec l’agglomération. Soudain, retentit un bruit de tonnerre, et je vois s’effondrer la moitié du pont qui franchit le ravin. A cette heure de la matinée, il y avait très peu de militaires à Ain-Sefra … A ce moment, nous étions tous assemblées devant le camp ; de là nous assistions empoignés par l’angoisse, à l’engloutissement de la ville par l’inondation. Nous demandions de quelle façon nous pourrions venir en aide aux habitants. Un de nos camarades, un soldat lorrain nommé Beck, aperçut le postier, sa femme et un petit enfant qui se cramponnaient au toit de leur maison, sur lequel ils s’étaient hissés ; ils étaient en danger imminent de mort, Beck (…) essaya de sauver les malheureux, il se jeta à l’eau, il ne parvint pas à rompre le courant (…), il fut roulé et entraîné par les eaux furieuses et disparut à nos yeux. On ne retrouva son corps que deux jours après. Pendant ce temps, le toit sur lequel s’étaient réfugiés le postier et sa famille, qui criaient au secours s’abîma sous la poussée du courant qui charriait des troncs d’arbres et roulait jusqu’à des roches, et les malheureux furent emportés à leur tour. A ce moment toute la partie basse de la ville était submergée.

Ce ne fut que vers quatre heures de l’après midi que des copains, et moi avec eux, réussirent à lancer une solide corde de l’autre côté du torrent où des sauveteurs l’attachèrent convenablement. Ceci fait, nous essayâmes, en nous cramponnant à la corde, de traverser l’oued, dont la décrue avait d’ailleurs commencé. Nos efforts furent vains, l’eau était glacée, il nous était impossible d’y séjourner longtemps. Lyautey nous envoya l’ordre d’interrompre notre entreprise qui était au dessus des forces humaines comme il dit. Ce ne fut que très tard dans la nuit qu’à la lumière des lanternes nous parvînmes à construire un pont de fortune ; nous utilisâmes à cet effet des prolonges d’artillerie, des charrettes et des arabas. L’eau baissait rapidement et le courant avait de moins en moins de force. D’énormes bouillons d’eau emportent les maisons.

Le lendemain, à la première heure, Lyautey organisa une équipe, dont je fis partie, sous les ordres d’un lieutenant : elle avait pour mission de découvrir Isabelle Eberhardt, dont on avait appris la disparition. Isabelle occupait une maisonnette à un étage dans le quartier riverain de l’oued. Laissez moi signaler ici qu’aucune des constructions de ce quartier si exposées aux crues ne s’effondra, alors que d’autres plus éloignées s’écroulaient. Parmi celles qui s’abattirent sont l’école où une dizaine d’enfants se noyèrent, et plusieurs maisons de tolérance où périrent de nombreuses pensionnaires. L’habitation d’Isabelle était plutôt un gourbi qu’une maison. Le rez-de-chaussée était en contrebas de la rue et on y descendait par une ou deux marches. Nous arrivâmes sans trop de peine, mes camarades et moi, à cette masure située dans une rue maintenant crevassée, boueuse, encombrée de dépôts de pierres et de toutes sortes de décombres puants entassés par l’inondation. Nous éprouvâmes beaucoup de peine à ouvrir la porte, derrière laquelle, s’étaient amassés des débris, et à pénétrer dans la maison. Le rez-de-chaussée avait été à demi comblé par des apports de fange et de pierres détachées par le torrent. La façade était lézardée, mais aucun autre dommage n’apparaissait à l’étage supérieur.

C’est dans cette boue que nous nous frayâmes un chemin. La pièce était très basse de plafond. Dans le fond, en face de l’entrée, s’élevait, plaquée à la muraille, une sorte d’escalier rudimentaire qui accédait à la chambre de l’étage. On respirait là un air empesté. Dans l’obscurité du grossier réduit formé par la volée de l’escalier, j’entrevis des pieds humains qui sortaient d’un monceau de débris. Nous écartâmes sur le champ ceux-ci. Sous une grosse planche que nous dûmes rejeter gisait le cadavre aux jambes repliées d’Isabelle, revêtue de costume de cavalier arabe.

Je suppose que peu après son arrivée chez elle, elle fut surprise par l’arrivée du mascaret. J’ai constaté aux traces laissées par l’eau limoneuse sur les murailles de la chambre, que la crue y avait dépassé la taille d’un homme. A mon estime, quand nous fîmes la découverte du corps, il y avait vingt heures environ qu’elle avait cessé de vivre. Aidé par un camarade, je recouvris le corps d’une couverture sous la direction de mon officier. Voici comment a dû se produire l’accident. J’ignore la version officielle qu’on en a donnée. Mon opinion est simplement celle d’un homme qui a vu. Entrée dans sa maison. Mme Eberhardt a dû repousser la porte derrière elle, monter les escaliers et gagner sa chambre à l’étage. Peu de temps après les eaux, montèrent et devinrent torrent qui s’engouffra dans l’habitation. C’était un effroyable, un étourdissant vacarme, mais il ne surprit pas les indigènes d’Ain-Sefra. Ceux qui le purent prirent aussitôt la fuite ; les gens du Sud ont l’habitude de ces crues tumultueuses et rapides qui balaient le lit des oueds, emportent hommes, troupeaux et tentes, charrient les matériaux les plus lourds et abandonnent sur les rives les épaves les plus surprenantes. Troublée et éveillée par les grondements de l’oued, Mme Eberhardt en reconnut la nature ; elle se précipita au bas de l’escalier pour tirer au large et se réfugier dans les hauts quartiers, la crue était déjà trop forte pour qu’elle parvienne à sortir de la maison. Le mascaret déferlait au rez-de-chaussée, elle fut empoignée par l’eau en furie. Affaiblie par la maladie, elle perdit pied, fut étourdie, affolée, lancée contre une muraille, ne parvint pas à retrouver l’escalier sous le plafond sur abaissé ; rejetée dans le réduit, assommée, elle se noya. Sa sortie prématurée de l’hôpital était une grave imprudence ! Sûrement, elle n’offrit pas une longue résistance à la mort. »

Tel a été le récit de M. Kohn (Juin 1936).

DES ECRITS QUI INTERESSENT ET EN INSPIRENT DE NOMBREUX AUTRES

Isabelle était bien pauvre pendant sa vie, après sa mort son cadavre devait être exploité. Il était apparu à certains détrousseurs que la proie était bonne à dépiauter au lendemain du succès qui assura la réputation du jeune écrivain, lorsque Barrucand eut publié « A l’ombre chaude de l’Islam ». Dès que les détrousseurs s’avisèrent qu’Isabelle avait gagné l’audience du public et la faveur de la critique, dès qu’il fut notoire qu’elle n’avait point laissé d’héritiers directs susceptibles de défendre son bien, des brigands vinrent qui signèrent de son nom dans un but de lucre les pauvretés de leur plume et jurèrent d’en avoir déniché le manuscrit oublié au fond de quelque gourbi, tel que « Mektoub » de Vigné d’Octon pleins d’insanités touchant la vie privée d’Isabelle.

Œuvres d’Isabelle Eberhardt

A l’ombre chaude l’Islam : 1906 – Paris – Victor Barrucand.
Notes de route : 1908 – Paris – Victor Barrucand
Pays des sables – Bône – 1914
Pages d’Islam – 1920 - Victor Barrucand
Trimardeur – 1922 – Paris - Victor Barrucand
Les journaliers – 1929 – Paris - Victor Barrucand
Amara le forçat – L’anarchiste – 1923 – Paris.
Contes et paysages – Paris – 1925.
Yasmina et autres nouvelles algériennes – 1986 – Paris.
Lettres inédites – Internationale de l’imaginaire – 1987 – 1988 – Paris.
Ecrits sur le sable, (Récits – Notes et Journaliers) – Paris – 1988
Son premier roman est Rakhil (1898/1900). A 17 ans, elle publie Yasmina.

Pour la production d’ouvrages sur Isabelle Eberhardt, ou pour la parution d’écrits de cette dernière seulement de 1983 à 1991 on ne compte pas moins de dix sept livres ; soit presque deux livres par an et cela sans tenir compte des traductions et des rééditions en livres de poche (en sept langues différentes). Il y a aussi la multiplication des journées d’études, à l’université euro-arabe à Malte en 1987, à l’institut du monde arabe de Paris en 1989 et en mai 1991, une dernière parmi les journées consacrées aux écrivains voyageurs à Saint Malo (France), sans rappeler la journée avortée d’Ain-Sefra en octobre 1987.

PEU D’ECRIVAINS DE L’EPOQUE COLONIALE N’ONT EU CET HONNEUR

Deux films, dont un tourné en Tunisie sous la direction de l’Australien Ian Pringle (1991) avec des acteurs de haute stature tels que Peter O’ Toole dans le rôle du général Lyautey et Matilda May dans le rôle d’Isabelle Eberhardt. Nous n’avons pas encore vu ce film, mais nous espérons qu’Ian Pringle ne sera pas un Vigné d’Octon du cinéma.

Le jugement de l’écrivain Alain Calvez dans l’idéologie du roman colonial avant 1914 conclurait parfaitement cet hommage : « Dans des circonstances pénibles, malgré un entourage hostile qui la poursuivait de sa vindicte, malgré l’imprégnation pernicieuse du milieu colonial, elle sut séparer le juste du mal. Pour toutes ces raisons, elle est devenue un écrivain universel, comme les traductions des ses œuvres en témoignent. Peu d’écrivains coloniaux ont eu cet honneur : Isabelle Eberhardt a bien mérité de la littérature ! Quelle image symbolique que celle de cette jeune apatride autodidacte qui se lance, comme un Rimbaud à corps perdu dans l’aventure de l’écriture ».



PAR BELLAREDJ BOUDAOUD



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