La présence humaine à Aïn-Séfra et ses environs est très ancienne. Elle remonte, au moins, à la période néolithique où l’on utilisai t les outils en pierre. Les preuves de cette présence nous sont fournies, en particulier, par les gravures rupestres, très nombreuses dans la région –- les gravures les plus proches représentant des éléphants se trouvent à Mehisserat, à 7km d’Aïn-Séfra . Ces gravures représentent en général les animaux de l’époque et quelques personnages ; pour ce qui est de la signification de ces gravures, l’on pense que, suivant les cas, ces dessins gravés dans la roche devaient jouer un rôle magique, artistique ou religieux –- on rappellera qu’à cette époque, il y avait des tendances à la zoolâtrie, comme, par exemple, le culte du bélier . En ce qui concerne la datation, un
grand problème se pose car l’on n’a pas trouvé, à proximité de ces gravures, de restes humains. Nous n’entrerons pas dans les détails mais, selon la répartition des différents étages de gravures, les différentes techniques et les différentes théories des chercheurs tels Hamy (1882), Dr Bonnet (1888), Flamand (1892), suivis, au 20e siècle, par Breuil, Roubet, Vaufrey, Pallary et Lhote, l’on peut situer la réalisation de ces gravures entre 10 000 et 2 500 ans av. JC. Nous pouvons dire, avec Lhote, que l’âge moyen des gravures rupestres de la région est de 5 000 ans av. JC.
Les gravures rupestres sont des témoignages inestimables légués par les peuples anciens; elles attestent de leur genre de vie, de leurs coutumes et de la faune qui les entourait. La plus grande partie de ces œuvres ont été réalisées, notons-le, avant les ouvrages de la civilisation sumérienne et des plus anciennes pyramides égyptiennes. H. Lhote n’oublie pas de noter que l’art rupestre du sud-ouest « ne doit rien à l’Egypte prédysnatique » et que « les gravures du sud-oranais sont certainement parmi les plus anciennes manifestations artistiques et cultuelles de l’Afrique. » En matière de préhistoire, l'Atlas Saharien, qui compte plus de 150 stations, est l'un des plus grands musées à ciel ouvert du monde. Concernant l'origine et l'expansion de l'art rupestre, H. Lhote avance que les données actuelles « incitent à penser que le grand art naturaliste, qui s'affirme être le plus ancien, à dû prendre naissance dans le sud-oranais d'où il se serait diffusé dans le sud algérois et, dans une phase ultérieure, vers le sud marocain. » Le même auteur considère que le sud-oranais était « le centre principal de l’art pariétal des régions sahariennes », et rappelle que F. E. Roubet avait conclu que le sud-oranais et le djebel Amour devaient certainement avoir été le berceau de l'art pariétal de l'Afrique du Nord.
En plus des gravures, la présence humaine est attestée par les différents outils dont une quantité abondante a été retrouvée dans les nombreuses stations-ateliers de l’oued d’Aïn-Séfra et de la région environnante.
« Une population nombreuse, dit S. Gsell, a donc vécu dans le désert actuel pendant une période aux limites incertaines, mais très longue, qui descend peut-être jusqu'à l'époque historique et remonte sans doute beaucoup plus haut. » Le Dr Lènez, chercheur en préhistoire, auteur d'une notice sur les stations parue en 1904, écrit à propos de la région d'Aïn-Séfra : « Si elle nous apparaît aujourd'hui désolée, aride… il n'en fut pas de même aux époques reculées. Des eaux coulaient alors dans les lits desséchés, une végétation luxuriante croissait dans ces plaines arides; des peuplades nombreuses habitaient là où tourbillonne aujourd'hui le sable ». Dans la nomenclature de 236 stations qui a fourni des échantillons à la collection présentée par les chercheurs G. B. Flamand et E. Laquière lors du congrès des Sociétés Savantes à Alger en 1905, on en dénombre la moitié pour le seul sud-ouest. Entre autres, en plus des nombreux ateliers situés à proximité de la plupart des stations de gravures citées précédemment, on peut ajouter, pour la région d’Aïn-Séfra : Fortassa, Oulaqaq, Tachatouft, El Brij, Mékalis, Aïn-Aïssa…
Dans ces endroits, on a retrouvé les nombreux restes de l'industrie des artistes primitifs : silex taillés, grattoirs, couteaux, aiguilles, pointes de flèches, etc… Il convient également de signaler que dans toute la zone des hauts plateaux, Les gisements trouvés en surface sont considérables. La notice du Dr Lénez, qui a résidé à Aïn-Sefra entre 1896 et 1898 donne d’admirables échantillons des vestiges préhistoriques trouvés le long des oueds ainsi que sur ou près des dunes de cette ville.
Outre les gravures rupestres et les vestiges d’outillage qui constituent les plus anciens signes de la présence humaine dans cette région, l’on trouve une quinzaine de stations de peintures rupestres, représentant surtout des bovidés, plusieurs stations de gravures de chars qui indiquent qu’à cette époque, cette région était une zone de passage et de forte circulation entre le sud et le nord et entre l’est et l’ouest, ainsi que des stations où se trouvent des inscriptions de l’alphabet dit libyque, ou libyco-berbère ou tifinagh.
Les plus anciennes sépultures semblent être la vingtaine de monuments à enceinte circulaire, situées à quelques kilomètres d’Aïn-Séfra, notamment à la source à Argoub El Moghar, au pied du djebel Mekhter et à Aïn Ben Serrara dont le capitaine Dessigny explora une partie entre 1902 et 1907. Quelques ossements y furent découverts dans certains de ces édifices. Cependant les premiers renseignements assez sûrs sur le peuplement de la région d’Aïn-Sefra commencent véritablement avec les tumulus.
Les tumulus sont les tombeaux des gens qui vivaient dans ces régions à cette époque reculée. La tradition populaire les nomme krakir, rjam ou qbour El jouhala. Des études sur les tumulus de la région d’Aïn-Séfra ont été publiées par Petit en 1905 et par Dessigny en 1908. Dessigny les classe en trois genres selon le type de construction. Le premier genre se trouve dans un rayon de 35 kilomètres d’Aïn-Séfra, notamment à Theniet El Ghazala, Chegguet El Mouillah, Garêt Ed Dbaâ et Oued Séfra ; le second genre notamment au djebel Mekhter, Founassa, Mehisserat ; le troisième, à Aïn Bendouma, Argoub El Moghrar, Garet Ed Dbaâ.
La présence de ces nécropoles de tumulus, qui se comptent par dizaines selon l’inventaire effectué par Dessigny entre 1904 et 1907, montre bien qu’une population nombreuse a existé dans la région d’Aïn-Séfra à l’aube de l’histoire.
Dans ces tumulus, on a trouvé des squelettes mais aussi du mobilier funéraire et c’est ce mobilier qui accompagnait les morts qui a permis de dater ces tumulus : c’étaient surtout des bagues et des bracelets en fer, en argent ou en cuivre. En 1914, avant la première guerre mondiale, une mission de chercheurs allemands sous la conduite du professeur Frobenius est venue explorer les tumulus des Monts des Ksour. Gauthier qui a commenté les résultats de la mission Frobenius publiés en 1916 écrit : « ces innombrables tombeaux ont bien l’air d’être historiques, tout au plus protohistoriques ; nous n’en connaissons pas encore un seul dont il faille admettre nécessairement qu’il soit beaucoup plus vieux que Micipsa » Ce Micipsa est le fils du roi numide Massinissa et l’oncle de Jughurtha. Il a régné 30 ans, de 148 à 118 av. JC .
Aussi sommes-nous autorisés à dire qu’au 2ème siècle av. JC, la région d’Aïn-Séfra était déjà habitée par un nombreuse population. Ces gens étaient des semi-sédentaires qui habitaient des huttes et des branchages et élevaient du bétail, notamment caprin et bovin. Il n’existe pas de documents carthaginois écrits mais selon les auteurs romains du premier siècle, entre autres Salluste et Pline, les gens de cette région du sud se nommaient Gétules, alors que les gens du nord se nommaient Numides.
Durant les guerres que se livrèrent les Carthaginois et les Romains, nous noterons que les Gétules du sud ont fourni des contingents de combattants rétribués à Hamilcar le carthaginois, en 238 av. JC lorsqu’il est passé par route pour aller de Tunisie en Espagne, et ensuite, jusqu’en 207 av. JC, à son fils Hannibal qui est allé jusqu’en Italie. Il est à remarquer que de 146 av. JC, date de la destruction de Carthage, à 40 ap. JC, les rois numides qui régnaient sur le nord, n’exerçaient aucune autorité sur le sud, le pays des Gétules.
En l’an 40, le roi numide Ptolémée fut tué et les Romains envahirent l’Afrique du Nord dont la population s’était soulevée. Après de nombreux combats dans le nord, les Romains poursuivirent les Gétules du Sud qui étaient allés aider les Numides. Pour la première et dernière fois, en fin 40/début 41, les Romains, sous la conduite de général Suetonius Paulinus, vinrent dans la région, passèrent à l’ouest des Monts des Ksour, et parvinrent jusqu’à l’oued Guir. C’est ainsi que, grâce aux sources romaines, nous apprenons que le nom du grand fleuve existait déjà au premier siècle : « et ultra ad fluvium qui ger vocaretur ». D’après Pline, qui a écrit en l’an 72, les Gétules de cette région du sud-ouest se nommaient Vesunes et formaient une branche de la confédération des Autololes. Grâce à Ptolémée le géographe, qui a écrit au 2ème siècle, nous apprenons que la chaîne de montagnes, nommée aujourd’hui Monts des Ksour, se nommait alors Mons Malethubalus.
Ksar d’Aïn-Séfra Novembre 2005
Khelifa BENAMARA
Les plus anciennes gravures rupestres datent de la préhistoire , avant l'usage des métaux et de l'écriture,elles subdivisent des périodes successives :
A) Naturaliste B) Sub-naturaliste C)Bovidienne
A) Période Naturaliste: Influencée par un aspect figuratif et stylisé entre 5000 et 10 000 ans avant l'ère présent.
B) Période Sub-naturaliste: C'est la période de domestication des boeufs et des moutons,elle date entre 5000 et 6000 ans avant l'ère présent.
C) Période Bovidienne: C'est la période des pasteurs de boeufs ,elle date entre 5500 et 3500 ans avant l'ère présent.
Les gravures rupestres de la région du haut atlas saharien constituent un véritable trésor,ils sont le témoins
irremplaçable de l'évolution du climat et du couvert végétal. Le déchiffrement minutieux des représentations"animaux
Gravés" sur les roches,permet de suivre pas à pas la dégradation de climat et de la végétation,et montre comment
quelques 10 000 ans,le sol est passé de riche savane arbustive à un sol semi-désertique à peine tempéré par l'altitude.
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Posté Le : 04/02/2013
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Mr .Khelifa BENAMARA
Source : www.arcencieldz.org